You are currently viewing Mayotte n’est pas prête à sortir des tôles

Mayotte n’est pas prête à sortir des tôles

Tous les intervenants qui reviennent du département français de Mayotte sont unanimes : la destruction de l’île par l’ouragan Chido a atteint une ampleur exceptionnelles dont la métropole n’a pas conscience. Avec presque un demi-million d’habitants dont 200 000en situation irrégulière le territoire de l’Océan indien a accumulé depuis son vote en faveur du maintien de sa présence dans la république Française les problèmes de tous ordres. La situation actuelle catastrophique a mis en évidence ces carences de la nation à l’égard d’un territoire ayant une importance stratégique pour la défense et la géopolitique africaine. Dotée de l’une des six stations d’écoutes sur la planète permettant de suivre les conversations de tous ordres sur le continent africain la terre française des Comores n’a pas vraiment suscité d’autres intérêts de a part d’un État lointain et incapable de juguler une immigration intéressée.

Les collectivités d’Outre-mer sont précieuses à la France, non seulement pour son rayonnement international, mais aussi parce que grâce à ces îles ou territoires dans l’Atlantique, l’Indien ou le Pacifique, les services de renseignements français disposent des systèmes d’écoutes dans le monde entier. Selon le journal Le Monde sur la vingtaine de stations d’écoute dont dispose la DGSE (Direction Générale de la Sécurité Extérieure, les « services secrets »), cinq sont implantés Outre-mer. Elles se situent à « La Tontouna » (Nouvelle Calédonie), Papeete (Tahiti) ; Kourou (Guyane) La Réunion, Djibouti pourtant pays indépendant et Mayotte.  Sur les flancs du cratère de Dziani Dazna, sur l’île de Petite-Terre à Mayotte, des bâtiments discrets et des antennes : c’est la station d’écoutes de la DGSE les services secrets français. Installée en 1998, cogérée avec le BND allemand, elle permet d’espionner les communications dans le sud de l’Afrique et de l’océan Indien. Elle aurait été sévèrement touchée par le cyclone tropical.

Pour la population la situation est encore plus grave. Toutes les autorités qui ont défilé sur Mayotte ont annoncé directement ou indirectement que les bidonvilles ne seraient pas reconstruits. Des déclarations dont, encore une fois, il faut relativiser la sincérité et l’efficacité. En effet À Mayotte, une grande partie de la population réside dans des bidonvilles, que l’on appelle des « bangas ». Les dernières statistiques vieilles de sept ans mettaient en évidence que38 % des logements de l’île étaient construits en tôles et en matériaux de récupération et 37 % de l’habitat en dur ne bénéficiait pas du confort sanitaire de base. Loin de constituer une spécificité mahoraise, ce type de situation d’habitat informel existe dans les pays comme une des principales modalités de logement pour des populations à faibles revenus. Et d’ailleurs elle est d’ailleurs toujours d’actualité en France.

Des millions de familles n’ont donc pas d’autre choix que de reprendre avec des moyens dérisoires la reconstruction de leur hébergement de fortune. Il n’y pas d’autres solutions quand on connaît l’incapacité inéluctable des gouvernements à proposer une politique globale de logement. Les immigrés sont là et le choix est réduit : laisser-faire la débrouillardise pour retrouver des abris provisoires qui durent ou l’éradication des constructions sans aucune proposition possible de logement. Quant on connaît la problématique actuelle de la construction de logements de tous types en métropole où seuls 250 000 logements ont été mis en chantier en 2024, selon la Fédération française du bâtiment (FFB), un niveau plus atteint depuis les années 1950.

Sur l’île de Mayotte où les matériaux sont rares et chers, où les terrains utilisables sont maîtrisés par des grandes familles hostiles à la solidarité, où tout doit être importé et où il faudra en priorité consacrer les ressources à la remise en état des bâtiments collectifs ou d’intérêt général, qui osera prétendre par un coup de baguette magique construire ces logements impossibles à bâtir en Métropole ? Il est question de centres d’hébergement collectifs ? Où ? Pour qui ? Quel financement ? Quelle gestion ? Par qui ? Les « bangas » repousseront sur leurs propres ruines. Les constructions montées à la hâte Seront donc aussi précaires que les précédentes qui n’ont pas résisté aux vents violents. La pauvreté et l’urgence empêchent de faire autrement. La saison des pluies arrive…

Il faut reconnaître que le gouvernement actuel n’est en rien responsable de la situation. Il doit réduire les dépenses et surtout trouver des moyens humains et matériels qu’il n’a pas afin de transformer son « plan » en outil réel de reconstruction. Le problème est un problème de fonds et de fond. Personne n’est en capacité dans le contexte actuel d’effectuer autre chose que des annonces dont nul ne sait qui les transformera en réalités. Mayotte va souffrir et de manière durable. Un texte devrait reprendre des mesures annoncées par le Premier ministre dans le cadre de son plan « Mayotte debout ». Pour les mesures de plus long terme, le gouvernement prévoit un autre projet de « loi programme de refondation » de l’archipel « préparé et conçu avec les élus de Mayotte », qui sera « mis au point dans les trois mois ». D’ici là…

Ce champ est nécessaire.

En savoir plus sur Roue Libre - Le blog de Jean-Marie Darmian

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Cet article a 5 commentaires

  1. J.J.

    Une question idiote : d’où viennent-elles, toutes ces tôles ondulées ? À ma connaissance ça ne pousse pas en zone tropicale (ni ailleurs ).
    Que ne ferait on pas pour installer de grandes oreilles ! La curiosité est un vilain défaut.

  2. faconjf

    Bonjour,
    Liberté, égalité, fraternité le triptyque inscrit dans la mémoire révolutionnaire du « peuple  » Français proposé par Robespierre. Oublié longtemps il refait surface en 1848 pour disparaître et revenir s’inscrire aux fronton des mairies en 1880. La devise figure dans les constitutions de 1946 et 1958 et fait aujourd’hui partie intégrante de notre patrimoine national.
    1880 c’est le grand retour de la politique coloniale de la France, le débat est vif à cette époque notamment au sujet du mot fraternité ce que de nombreux politiques voulaient remplacer par solidarité. Solidarité venant se placer entre liberté portant la notion d’individualisme et égalité portant la notion de collectivité. L’ensemble du « nouveau » triptyque formant un ensemble cohérent entre la défense des libertés individuelles, la force du collectif et le lien républicain en direction des exclus.
    La situation actuelle de Mayotte relève totalement de la politique néo-coloniale héritière de la période de 1880. En 1883, Jules Ferry est ministre des affaires étrangères et il justifie les conquêtes coloniales en Afrique et en Asie (au Tonkin). Il considère que les pays riches ont pour mission de civiliser les « races inférieures ». C’est aussi un moyen de s’enrichir économiquement. Dans ces années là, l’Europe connaît un grave crise économique. Les industriels français souhaitent se constituer des « chasses gardées » où ils pourront écouler facilement leurs produits et s’approvisionner en matières premières bon marché, sans être concurrencés par les pays étrangers. Georges Clemenceau n’est pas de cet avis. Il s’oppose aux idées de Jules Ferry sur la colonisation en dénonçant les arguments racistes des « races inférieures et supérieures » développés par Jules Ferry lors de son discours le 30 juillet 1885 au Parlement. Dans ce même discours fondateur, Jules Ferry justifie l’expansion coloniale, par la nécessité d’avoir des escales disséminées sur toutes les mers du globe, affin que les navires de guerre, dotés de machines à vapeur comme moteur, qui surveillaient les grandes routes commerciales puissent « faire du charbon » , c’est-à-dire se ravitailler en combustible pour alimenter leurs machines à vapeur, sans dépendre d’une puissance étrangères.
    On voit très bien que les « valeurs » de la république de l’époque servaient principalement les  » valeurs  » économiques des puissants … Rien n’a changé aujourd’hui, la présence militaire sert les intérets économiques et géopolitiques.
    Difficile à l’heure actuelle de mettre en avant la fraternité pour réaliser le projet baudruche « Mayotte debout » du Béarniais. On sait tous que la fraternité est un concept projeté par les pensées religieuses monothéistes travesties sous l’idée de la famille. Difficile de faire reconnaître la population de Mayotte, très majoritairement Musulmane (envahie d’immigrés non souhaités) sur le département le plus pauvre de France, comme faisant partie de la fraternité républicaine.
    Comment faire pour que le métropolitain accepte de ripoliner la porte d’entrée de l’immigration illégale de cette partie du monde vers le territoire national? Pensez-vous vraiment que le nouveau gouvernement va reconstruire en « dur » TOUTES les habitations créant ainsi une invitation insolente à un déferlement de malheureux migrants vers ce nouveau mirage?
    Ma conviction c’est que seule la communication sera accélérée en attendant de pouvoir enjamber cette catastrophe.
    Le cynisme des mamamouchis, qui croient nous gouverner, conduira à un oubli bien pratique des promesses de reconstruction. Quoique nous disent les belles âmes, il faut que les condition de vie des migrants soient infectes pour les dissuader de venir à Mayotte. Tout sera fait pour étrangler le flux des migrants vers Mayotte porte magique vers l’espace Schengen. L’opinion publique, dans son dérapage incontrôlé à droite, fera tout pour pousser les gouvernants à construire des murs et des barbelés face aux migrants à Mayotte comme ailleurs. Le temps est à l’émotion face à la catastrophe, la réalité va très vite estomper ce sentiment éphémère.
    Pour le penseur athénien Thucydide, l’Histoire était un éternel recommencement. Les mêmes causes engendrent les mêmes effets. Les pauvres doivent rester pauvres pour que les riches deviennent de plus en plus riches … hier comme aujourd’hui.
    Bonne journée

    1. J.J.

      Bonjour JF.
      « Les « races inférieures » . C’est ainsi que l’on parlait encore lorsque j’étais à l’école primaire.
      On pouvait lire, et on apprenait dans la géographie Demangeon (CE2), je m’en souviens à peu près par cœur : « Il existe 4 races : la rouge, la jaune, la noire et la blanche. La race blanche est la race supérieure. »

  3. Michel Caron

    Mayotte est pauvre,en grande partie détruite,tout en étant un territoire attractif pour les Comoriens et l’Afrique de l’Est. Que peut donc faire l’Etat dans ces circonstances si prévisibles ? Car l’on savait qu’au premier cyclone très violent,les Mahorais se trouveraient démunis,et avec eux,les Comoriens immigrés,compte tenu de l’importance des bidonvilles,à quoi s’ajoute un état désastreux des équipements de base que sont l’alimentation en eau et en électricité.
    Bien sûr,les réflexes de survie conduiront à reconstruire les bidonvilles,et les déclarations péremptoires n’y feront rien. Mais reconstruire à Mayotte n’est pas simple. Disponibilité des terrains, coût des matériaux de construction, importance des investissements nécessaires,disponibilité d’une main d’œuvre qualifiée,ampleur des destructions et des besoins d’aménagement auxquels il faut répondre;le chantier est immense,tout comme celui des besoins sociaux de base,tandis que notre gouvernement et nos parlementaires se déconsidèrent au travers de l’absence de budget et de considèrations tactiques désespérantes.
    La France a pourtant connu dans son histoire,une pèriode de destruction massive;elle a su reconstruire. Faut il ré inventer les vieux outils en la matière?
    Alors que nous connaissons une crise du logement à l’échelle nationale,et particulièrement sensible dans les départements d’outre mer,il faut faire face aux urgences de Mayotte;le recours aux troupes du génie de l’armée de terre peut apporter des solutions à court terme concernant les infrastructures.
    Pour autant, en plein désastre,c’est aussi le moment de concevoir un plan de reconstruction et d’urbanisme adapté aux besoins de Mayotte.
    Mais ce plan d’avenir n’est concevable que si est mis en place une gouvernance et une unité de pilotage qui associe l’Etat,la collectivité territoriale et des représentants de la société civile,dotée de moyens budgètaires exceptionnels et de la volonté de FAIRE ENSEMBLE.Le ministre du logement devrait constituer une task force importante pour lancer et conduire ce grand chantier.Simultanément,c’est l’occasion de lancer un grand plan de formation et de qualification des jeunes Mahorais dans les métiers du bâtiment et des travaux publics,de sorte que ce sont les Mahorais qui bénéficient de la dynamique de reconstruction. Une politique d’investissements publics sur un tel territoire doit s’accompagner d’un plan prévisionnel d’emplois et de compétences qui fasse de cette dynamique de reconstruction une opportunité de développement local,encourageant aussi l’investissement productif des entrepreneurs locaux.
    C’est aussi le moment de mobiliser toutes les ressources humaines et d’investissement pour orienter l’avenir de Mayotte dans des perspectives de développement et de coopération au sein de la communauté des États de l’océan Indien et avec les pays du Canal du Mozambique;la construction d’une grande plate forme portuaire à Mayotte pourrait favoriser le développement des échanges dans cette région du monde,et redonner de nouvelles perspectives aux Comores,qui en ont bien besoin. La production agricole de cet ensemble de territoires pourrait trouver là de nouvelles opportunités de valorisation et de croissance. C’est en effet la montée en puissance d’une politique à l’échelle de cette région du monde qui,seule,permettra d’apporter des réponses aux questions posées par les diverses immigrations qui affaiblissent tous les états de cette région.
    Et puis je n’oublie pas que nombre de projets d’investissements peinent à seconcrétiser,compte tenu de multiples sources de complexité et de lenteur:ils faut décider que Mayotte bénéficie pour les 10 ans qui viennent ,de mesures de simplification règlementaire qui libèrent l’initiative locale;les Mahorais et Mahoraises entreprenant existent et doivent être encouragés.
    Ce Grand Projet de Reconstruction et d’Avenir est l’expression de ce que j’entends par solidarité nationale,alimentée par la participation démocratique des populations et élus concernés,doublée d’un devoir d’efficacité des Pouvoirs Publics. Quels sont les hauts fonctionnaires et les chefs d’entreprises qui veulent s’y coller pour un contrat de 10 ans? À grande ambition,grands moyens! Si la VOLONTÉ y est ,alors il y aura un chemin,en dépit du cortège habituel de ceux qui expliqueront que c’est impossible. Mais c’est précisément l’impossible qu’il faut faire. Et comme on a su faire appel aux compétences et à l’énergie des compagnons pour reconstruire Notre Dame,on peut faire de même pour et AVEC Mayotte.
    C’est le rêve que j‘ai fait en pensant au baobab millénaire que j’avais rencontré à Mayotte.Sa dimension spatiale et temporelle est une incitation à voir bien au delà d’un avenir étriqué et à concevoir l’après pauvreté actuelle des Mahorais. Beau projet pour un Premier Ministre!

  4. faconjf

    Pour aller plus loin sur le concept de solidarité, voici les réflexions menées par des américains se revendiquant de gauche à la veille du retour de Trump à la maison blanche. Si la gauche Française est en panne d’idées, ce n’est pas le cas de la gauche des USA.
    https://www.les-crises.fr/seule-la-solidarite-pourra-nous-sauver-de-l-isolement-et-de-la-defaite/

    “Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots.”
    Martin Luther King . Discours – 31 Mars 1968

Laisser un commentaire