Les enjeux sociétaux et politiques autour des médias n’occupent vraiment pas les esprits des Français. Les prises de contrôle, les ventes, les disparitions, les synergies, les fusions qui ne cessent de se produire or elles conditionnent en grande partie l’avenir de la démocratie. Désormais l’essentiel des télés (hors service public), des radios nationales, des grands titres de la presse sont aux mains directement ou indirectement de neuf milliardaires dont on connaît les objectifs : Bolloré, Drahi, Niel, Krétinsky, Arnault, Bouygues, Dassault, et Saadi ! Si on cumule les audiences et les tirages ils couvrent plus de 80 % de la population. D’autant que certains possèdent aussi des maisons d’édition et des réseaux numériques.
Le plus puissant est incontestablement le premier nommé qui aligne devant lui, le groupe Canal + (Canal +, C8, CNews), Prisma Media (Capital, Femme Actuelle, Télé Loisirs, GEO, Voici, Gala), une partie de Lagardère (Paris Match, Hachette Livre, le JDD, Europe 1), et même France Catholique. Excusez du peu. Son comportement a dissipé toutes les ambiguïtés qui pouvaient exister sur la réalité du pouvoir du propriétaire sur les contenus éditoriaux et aussi sur les femmes et les hommes chargés de les mettre en œuvre. Une nouvelle période est ouverte et nous en mesurerons l’impact que lors des prochaines échéances électorales. Nul ne peut prétendre que cet empire ne concourt pas à façonner une opinion dominante orientée vers « les valeurs traditionnelles » culturelles et sociétales.
La récente campagne de promotion massive du livre de Bardella a démontré la puissance de ce réseau. Une date de sortie parfaitement maîtrisée pour combler le « trou d’air » provoqué par le réquisitoire dans les emplois des assistants RN au Parlement européen. Rien n’a été négligé. L’impact a été à la hauteur des moyens mis en œuvre. Il s’agissait pour moi d’une répétition grandeur nature, un test destiné à évaluer la force dont dispose le grand maître des médias. Le résultat est exceptionnel avec plus de 60 000 exemplaires vendus par Fayard fin novembre pour un tirage estimé à 220 000 ouvrages. Il faut rajouter à cette statistique le nombre d’heures de radio ou de télévision avec l’auteur et un nombre d’articles de presse tout aussi impressionnant.
Lentement le Groupe Bolloré ajuste ses avoirs médiatiques. Ainsi la préoccupation dans une période où le pouvoir d’achat des foyers ne progresse pas, des réaménagements sont en cours autour de Canal +. Comme l’Arcom, organisme régulateur a confirmé son intention de débrancher C 8 de la TNT pour entorses répétées au cahier des charges (7,8 millions d’amendes) il se prépare à reconsidérer les objectifs de la chaîne cryptée.
L’assemblée générale lundi de Vivendi racheté par Bolloré, a donné le feu vert au groupe Canal+ pour une cotation à la Bourse de Londres dès lundi 16 décembre. Cette entrée dans la City d’actions valorisées à près de 6,9 milliards d’euros, constitue une véritable bouffée d’oxygène pour la Bourse britannique et elle détache Canal ° des vicissitudes actuelles en France. Le siège social suivra un jour ou l’autre puisque ça été… démenti. Autre réplique de Bolloré : le retrait des chaînes cryptées du groupe accessibles par 600 000 abonnés que grâce à la TNT.
Le communiqué destiné à… la presse est éloquent : « Tirant les conséquences du retrait de la chaîne C8, première chaîne de la TNT, par l’ARCOM et d’un environnement fiscal et réglementaire de plus en plus contraignant pour le groupe en France, CANAL+ annonce le retrait de ses chaînes payantes de la TNT. Le groupe CANAL+, leader européen des médias et l’un des principaux groupes mondiaux du secteur, ne cesse de subir des décisions fiscales et réglementaires pénalisantes pour son exploitation en France : augmentation de sa taxe versée au CNC, menaces sur son taux de TVA pourtant directement lié à son statut de premier financeur du Cinéma français, et enfin décision de retrait de C8, première chaîne de la TNT (…). » Cette explication est claire : « vous nous sanctionnez et bien on se barre ! »
Dans la pagaille politique actuelle ces faits n’ont pas été commentés par celles et ceux qui n’aspirent qu’à fréquenter les émissions « bolloresques » ou à profiter des supports qu’il contrôle. Il y a pourtant fort à parier que dans quelques semaines on reparlera des récriminations de Canal + ; La pétition en faveur du sauvetage de Hanouna a dépassé le million de signatures et Il y a fort à parier que le « boss » veillera au nom du prochain Ministre de la Culture.
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» vous nous sanctionnez et bien on se barre ! »
Quelle heureuse initiative ! Et si les autres pouvaient en faire autant !
Enfin , je ne juge pas très objectivement car je ne me suis jamais sali les yeux ni pollué le cerveau à regarder, ce que je considère, selon le avis avisés que j’ai entendus ou lus, des émissions torchonesques et d’infréquentables présentateurs (ce qui ne fait guère défaut hélas, sur les étranges lucarnes).
Bonjour,
aujourd’hui mission casse-cou, j’encoure devant vos yeux ébahis le risque de dire du mal du milliardaire Breton. Le petit Vincent qui aura 73 ans le 1er avril prochain est un fervent catholique tendance traditionaliste. Il a pour conseillers religieux un prêtre du diocèse de Paris, l’abbé Grimaud, qu’il a nommé directeur du Foyer Jean-Bosco, un foyer d’étudiants créé dans un ancien couvent du 16e arrondissement de Paris et Guillaume Seguin, ancien aumônier des collèges privés Stanislas et Saint-Jean-de-Passy. Usant de son pouvoir et de ses acquisitions dans le domaine de l’industrie, de l’édition et des médias, Vincent mène une croisade très claire : défendre l’Occident chrétien.
Si bien entouré de paroles chrétiennes, il serait déplacé de ma part d’évoquer les droits humains « catastrophiques » dans les plantations au Libéria de Bolloré où travaillent « des enfants de moins de 14 ans ». C’est très méchant de dire cela au sujet du très pieux Vincent car en vérité c’est la société Socfin ( une holding Luxembourgeoise*) qui détient ces plantations, dont le breton ne possède que 39% des parts via le groupe Bolloré. Ce serait particulièrement mesquin de souligner qu’ en 2019, les 387 939 ha de concessions détenues par Socfin pour ses plantations recouvrent tout ou partie de 42 villages au Cameroun, 13 en Côte d’Ivoire, sept (850 familles) au Cambodge, 52 en Sierra Leone et 81 au Libéria, soit au total presque 200 villages et des milliers de familles impactées, qui ont plus ou moins perdu leurs terres de cultures vivrières et leur accès aux ressources naturelles (viande de brousse, plantes, poissons des forêts et rivières). Ces villageois (particulièrement ingrats) qui ont accepté de céder leurs terres en échange d’emplois et d’aides au développement local jugent souvent à terme les compensations insuffisantes ou injustes, et les collectivités locales dénoncent fréquemment des promesses non tenues, bien que contractuellement intégrées dans l’acte de vente ou de concession (continuité de la mission de service public : éducation, santé, logement, l’entretien des routes, etc.). Salauds de pauvres qui mordent la main qui les nourrit si bien.
Les gens sont méchants avec les bons catholiques, heureusement que le financier Vincent les défend à travers ses merdias. Tous les auteurs des rumeurs malveillantes qui ont motivé le CSA à museler la « bonne » parole seront poursuivis par l’armée d’avocats payée à l’année pour punir ces malotrus. Comme c’est dommage de voir tous les amis se défiler comme des pleutres au lieu de rejoindre sa croisade sacrée. Où est Sarkozy ? «Amis de vingt ans», pour qui Vincent à mise à sa disposition son yacht et un avion d’affaires. Où est passé Gérard Longuet son ex-beau-frère ? Où sont passés les héritiers spirituels de Pompidou? Georges Pompidou, intime de son père, Michel Bolloré. C’était dans les années 60, avant que Pompidou ne devienne Premier ministre : banquier d’affaires de profession, il aimait à fréquenter les Bolloré et surtout naviguer sur leur yacht amarré à Saint-Tropez. Où sont passés tous ces dirigeants Africains qui considéraient Vincent comme un ami ? Pourtant Vincent fait des efforts pour se rabibocher avec le méprisant Mac-ronds. Il lui aurait proposé en septembre 2023 de l’aider à lancer des ponts entre la droite extrême et l’extrême droite en échange d’une intervention dans le dossier du rachat du groupe Lagardère réalisé sans attendre le feu vert de l’UE, et qui fait l’objet d’une enquête formelle qui pourrait se conclure par une amende à hauteur de 10 % du chiffre d’affaires de la société.(le Monde « Vincent Bolloré, parrain d’une alliance entre la droite et l’extrême droite » Publié le 20 décembre 2023 )
Vincent a raison de diviser Vivendi en plusieurs morceaux et de l’éparpiller hors du champ de pouvoir de tous ces mécréants, Dieu saura lui rendre justice.
Bonne soirée
*la participation du groupe Bolloré n’est pas limitée à ses 39 % de participation directe dans la holding Socfin. Le groupe français détient également 22 % de Socfinasia et 8 % de Socfinaf, deux entités dont Socfin (lui-même détenu en partie par Bolloré) détient la part majoritaire. (rapport profundo)