Les sondages se sont trompés. Les médias ont été totalement à coté de la plaque. L »influence du réseau TikTok a dépassé toutes celles des autres systèmes de communication. Le premier tour de l’élection présidentielle en Roumanie annonce des événements similaires dans bien des pays européens dans les prochaines années. Un homme venu de nulle part est arrivé en tête devant une élue rurale aussi peu intégrée dans la vie politique. En fait tous les représentants des partis organisés ont été désavoués par le vote de la population.
Ainsi le Premier Ministre Marcel Ciolacu a été éliminé de la présidentielle et a annoncé sa démission de la tête du parti social-démocrate. Favori haut la main des sondages, il est arrivé troisième du premier tour avec 19,15% des voix, derrière la centriste Elena Lasconi (19,17%) que le candidat ultranationaliste affrontera au second tour. L’extrême-droite que l’on annonçait comme redoutable est tombée à 14 %. Le désaveu pour ce qui est « institutionnel » est on ne peut plus évident.
Colin Georgescu ne jouissait pas avant l’élection d’une vraie notoriété et il ne figurait même pas dans les résultats des sondages. Son arrivée en tête du scrutin (22,94%) constitue donc une immense surprise. du grand public, ignoré des sondages, le candidat prorusse. Il a tablé toute sa campagne sur une hostilité contre l’OTAN et il a affiché un soutien inconditionnel à Poutine et à la Russie dans un pays quia près de 600 kilomètres de frontière commune avec l’Ukraine. « Ce soir, le peuple roumain a crié pour la paix. Et il a crié très fort » a-t-il clamé lors de la proclamation de son résultat devant un nombre restreint de supporters. Rien d’autre !
Autre particularité de sa campagne : la place accordée à la religion. Comme pour Trump, comme pour de nombreux autres élections le phénomène est devenu essentiel dans les résultats. La religion envahit la politique. Lors de sa campagne, Calin Georgescu a en effet largement vanté sa foi chrétienne. Soutenant l’Église orthodoxe roumaine il a utilisé de nombreuses références religieuses à des considération réactionnaires et nationaliste Il s’est affiché comme le défenseur des valeurs chrétiennes et traditionnelles. Il n’a pas fait dans le détail affirmant être un « vengeur envoyé par Dieu pour servir les Roumains » . Pour lui l’élection n’était rien d’autre qu’ une véritable « prière pour la nation », affirmant vouloir donner une voix aux « humiliés » et à « ceux qui ont le sentiment de ne pas compter et qui comptent en réalité le plus ».
L’autre spécificité de cette percée fulgurante réside dans l’utilisation de Tik Tok par celui qui a appartenu à la nomenklatura des hauts fonctionnaires gérant le pays. Il était devenu un « influenceur » incontournable du réseau et un animateur permanent via des vidéos répétitives échappant à tout contrôle. Il a délaissé volontairement tous les plateaux des télévisions qui, même s’ils s’en défendent, entretiennent le système. Le candidat prorusse a vite éta suivi par 277 000 et a cumulé, mi-novembre, plus de 92,8 millions de vues, avec un bond de 52 millions la semaine précédant le premier tour des élections. Un vrai miracle dont il serait intéressant de vérifier s’il est naturel ou par qui il a été boosté.
Bien des analystes devraient donc se pencher sur ce résultat et s’interroger sur sa signification. La déconnexion totale entre des discours, des comportements et des programmes n’ayant plus aucune crédibilité se paiera cash dans les prochaines élections. La Roumanie qui bascule vers l’irrationnel alors qu’elle est sous la menace directe de l’ogre russe. La Géorgie qui sombre dans l’incertitude la plus complète sur son avenir. La Moldavie qui tangue. « Nous devrions être observateurs. Nous ne devrions pas être impliqués, ce n’est pas notre affaire», a-t-il déclaré. Une position qui ne cesse de progresser dans les pays de l’ex-pacte de Varsovie hormis peut-être la Pologne.
Aux frontières de la confrontation en cours entre l’OTAN et la Russie, les peuples déboussolés et apeurés cherchent des solutions pour sauver leur existence. La Roumanie est membre de l’UE depuis 2007 et appliquait déjà certaines parties du cadre juridique de Schengen, notamment celles liées aux contrôles aux frontières extérieures de l’UE, à la coopération policière et à l’utilisation du système d’information Schengen. Cette Europe craque de tous les cotés et bientôt plus personne n’appliquera réellement les règles communes. Il s’agit d’une claque monumentale à l’OTAN et à l’UE.
Au second tour il profitera du soutien de l’extrême-droite et surtout il pourrait bénéficier de la parcellisation de ses adversaires ce qui pourra l’amener à près de 40 % des voix. Il faudrait un barrage inédit en Roumanie pour l’empêcher de gagner. Comme les législatives se dérouleront le 1° décembre la victoire de celui qui représente le nationalisme le plus dur et l’anti-système facile va constituer un nouveau séisme en Europe.
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Bonjour,
la folie guerrière s’empare des dirigeants « trouposols » Européens, je lis ce matin dans « Le Monde » :
Guerre en Ukraine : l’envoi de militaires européens en discussion
Dans la perspective d’un désengagement américain vis-à-vis de Kiev en raison du retour de Donald Trump à la Maison Blanche, Paris et Londres n’excluent pas de prendre la tête d’une coalition en Ukraine, selon des modalités qui restent à préciser.
Ma question est: de quel droit Mac-Ronds prendrait-il cette décision? Le peuple Français lui a-t-il donné mandat et la constitution l’autorise-t-elle à le faire sans consultation des 2 chambres ? Une telle décision nous entraîne de facto dans une guerre contre la Russie et tous les états qui sont dans son sillage. Les conséquences de cette décision ont été bien identifiées par l’Italie. Le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, a déclaré que son pays n’envisageait pas d’envoyer ses troupes participer au conflit en Ukraine.
« Nous devons éviter l’escalade », a souligné M. Tajani lors d’une réunion des ministres des Affaires étrangères du G7.
L’arrivée prochaine de Trump à la maison blanche accélère le calendrier. La victoire de Calin Georgescu au premier tour marque une surprise majeure dans une campagne dominée par les débats sur le soutien à l’Ukraine. « Ce soir, le peuple roumain a crié pour la paix. Et il a crié très fort, extrêmement fort », a déclaré le candidat prorusse dimanche soir, réagissant à l’annonce des premiers résultats des élections dans le pays membre de l’Union européenne.
Pays stratégique de l’Otan, accueillant 5 000 soldats de l’Alliance, la Roumanie partage 650 kilomètres de frontière avec l’Ukraine et joue un rôle clé pour le transit des céréales ukrainiennes. La question ukrainienne devrait à nouveau dominer les débats lors du deuxième tour de l’élection présidentielle prévu pour le 8 décembre. La Roumanie est le lieu de transit de la production céréalière et agricole de l’Ukraine – par le port de Costanza et le Danube- production totalement aux mains des grands trusts de l’agroalimentaire où loin d’être envoyé dans les pays en développement, elle vient concurrencer les productions paysannes européennes. Comme la Pologne la Roumanie a accueilli un maximum de réfugiés et continue à être la voie de désertion de ceux qui de plus en plus nombreux refusent de poursuivre une guerre constamment marquée par de la corruption, dans le recrutement forcé, dans les soldats fictifs pour lequel les recruteurs touchent la prime, pour les armes qui n’arrivent jamais sur le front et qui donnent lieu à un marché fructueux de mafias génératrices d’insécurité. Il s’agit là de constats établis par les Ukrainiens eux-mêmes. En Roumanie, la social démocratie aussi pro-européenne que celle de Pologne ou la Moldavie est devenue impopulaire d’abord pour son choix d’une politique qui sacrifie les productions locales, génère de l’inflation, et place le pays en première ligne de l’escalade de la guerre. Après dix ans au pouvoir de Klaus Iohannis, fervent soutien de Kiev, celui-ci est devenu très impopulaire à cause notamment de ses coûteux voyages à l’étranger financés avec l’argent public, les électeurs ont donc porté leur dévolu sur trois candidats antisystème.
La réalité économique de la guerre en Ukraine est ici : « … le sénateur américain Lindsey Graham a déclaré ouvertement (il n’est pas diplomate et ne cache pas ses pensées) que les États-Unis doivent s’assurer que la Russie subisse une défaite en Ukraine, car il y a beaucoup de terres rares, dont le lithium…Il l’a dit à Vladimir Zelensky lors de sa récente visite. Il a dit que les Etats-Unis avaient besoin de ces richesses. Et il a ajouté qu’ils aideraient l’Ukraine et qu’en retour ils lui prendraient tout cela en guise de compensation ».
La guerre est un massacre de gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui se connaissent bien mais…. ne se massacrent pas. Paul Valéry
Bonne journée
Les bruits de bottes s’intensifient nouvelles du sujet en Allemagne:
https://www.msn.com/de-de/nachrichten/politik/koalition-der-willigen-milit%C3%A4rexperte-masala-bringt-entsendung-von-bodentruppen-ins-spiel/ar-AA1uKMLx?ocid=socialshare
je vous traduit approximativement un petit bout de l’article
Tout en soutenant l’Ukraine, l’expert militaire Carlo Masala * ( expert militaire Allemand) a également évoqué la possibilité d’envoyer des troupes terrestres européennes si le président élu américain Donald Trump réduisait drastiquement l’aide militaire à Kiev. « Nous avons besoin d’une option de repli au cas où les États-Unis cesseraient de fournir des armes à l’Ukraine », a déclaré Masala au « Réseau éditorial Allemagne (RND) ». Il s’agit d’une « coalition de volontaires qui, en cas de doute, sont également prêts à envoyer des troupes terrestres en Ukraine ».
» … À cet égard, il se passe actuellement « beaucoup de choses en France, en Grande-Bretagne et en Pologne », a expliqué Masala. En ce qui concerne l’Allemagne, Masala a déclaré : « L’Allemagne est exclue de la plupart des développements. » Mais le ministre fédéral de la Défense Boris Pistorius (SPD) « poursuit apparemment l’objectif de ramener l’Allemagne dans le jeu ».
Pistorius a rencontré lundi soir à Berlin ses collègues de France, de Grande-Bretagne et de Pologne. Selon les participants, le ministre ukrainien de la Défense Rustem Umerow était également présent à la réunion avec le ministre français de la Défense Sébastien Lecornu, le ministre britannique de la Défense John Healey ainsi que leur collègue polonais Wladyslaw Kosiniak-Kamysz et la secrétaire d’État italienne à la Défense Isabella Rauti.
En 2003, Masala a été nommé professeur temporaire à l’Université de Munich et en 2004, il a commencé à travailler au Collège de défense de l’OTAN à Rome. De 2006 à 2007, il a été directeur adjoint de recherche au collège. En juillet 2007, Masala a pris la chaire de politique internationale à l’Université de la Bundeswehr de Munich.
Masala se considère comme un néoréaliste. Ses principaux domaines de recherche sont les théories de la politique internationale, la politique de sécurité ainsi que les relations transatlantiques.
Que ce soit Calin ou Colin, selon les deux prénoms utilisés par JMD, je crains que ce Georgescu ne soit qu’un nouveau Nicolae. Question: les balles, quand?