Le week-end dernier, le hasard des calendriers sportifs a permis de vérifier le niveau des rapports entre les deux grands sports français : le rugby et le football ! La télévision a permis de clarifier une situation que l’on sentait évolutive depuis quelques temps. Plusieurs paramètres illustrent en effet l’impact « social » des équipes de chaque équipe de France et ils sont indéniablement à l’avantage du monde de l’Ovalie. Le basculement a eu lieu durant la semaine écoulée. Pas certain que ce soit vraiment une bonne nouvelle pour celui qui aime le sport pour le sport et pour ce qu’il porte comme valeurs essentielles en matière de vivre ensemble.
D’abord puisque les deux rencontres étaient diffusées sur la même chaîne presqu’aux mêmes horaires il est important de comparer les audiences et de les analyser. Le grand vainqueur est incontestablement le France-Nouvelle Zélande avec 7 300 000 téléspectateurs en moyenne ‘avec un pic de 8,3 millions en fin de rencontre) et une part d’audience de 37,9 ! L’un des meilleurs scores pour le rugby sur la chaîne. Loin derrière Italie-France de foot avec seulement 5,14 millions de téléspectateurs (pic à 6,3), soit une part d’audience de 24,8 %, Le verdict est implacable : il faudra des résultats exceptionnels pour que le ballon rond retrouve un ciel bleu !
D’ailleurs il est en chute constante et ce n’est pas très réjouissant pour l’avenir des clubs. Le crash de l’appel d’offres pour la diffusion de la Ligue 1 est inévitable après ce constat puisque la diffusion était « gratuite ». Il est donc aisé d’imaginer que dans le contexte actuel payer pour regarder des matchs « ordinaires » du championnat français. Et ce n’est pas le spectacle de France-Israël qui aura convaincu les hésitants.
Ensuite le football perd pied d’autant plus rapidement que ses vedettes nationales s’effondrent à cause de leurs comportements médiatisés. Mbappé n’a plus la côte et il a été supplanté de manière définitive par Dupont devenu le pote que l’on voudrait avoir. Le résultat de ce duel d’image à distance tourne nettement à l’avantage du demi de mêlée du Stade Toulousain capitaine exemplaire quand l’autre a « trahi » le symbole de celui qui doit donner l’exemple. Dupont symbolise la réussite du gamin motivé, sans obsession pour le fric, la simplicité et l’accessibilité, la solidité dans la tempête et plus encore la suprématie du collectif sur l’individuel. On veut vois jouer Dupont alors que ce n’est plus le cas pour les Bleus du foot les plus connus.
Le rugby a aussi ses enfants des îles lointaines ou ses « immigrés » intégrés grâce au sport. Ils jouent même un rôle de poids au sein de l’équipe. Certains ne chantent pas davantage la Marseillaise que ceux qui ont joué au Stade de France mais comme l’opinion dominante fait désormais de cette adhésion à l’hymne national une référence d’intégration les apparences comptent de plus en plus. Les footeux de maintenant ne sont pas plus chanteurs que l’étaient leurs prédécesseurs dans un contexte différent. D’ailleurs illico, les racistes masqués ont laissé ruisseler avec délectation les images des deux soirées au moment des hymnes. Il y aurait selon leurs insinuations les bons Français du rugby et les mauvais du foot !
Enfin la vraie différence réside dans la répartition des téléspectateurs présents devant TF1 samedi et dimanche. Pour le rugby 63 % de ceux qui regardaient depuis leur canapé avaient entre 15 et 44 ans et 52 % étaient des hommes entre 25 et 49 ans. Pour le match en Italie on trouve seulement que 29 % de 25-49 ans et 44 % de 15-44 ans. Le public du rugby devient de plus en plus large lançant une course à la pub pour les matchs qui ne tournera pas à l’avantage du ballon rond. Les jeunes et els femmes se tournent de plus en plus vers l’Ovalie. Ce phénomène tient aussi à l’ambiance dans et autour des stades.
Les sifflets sur la Marseillaise à Milan a même scandalisé la presse italienne. Le triste épisode des supporters d’Amsterdam ou le comportement de ceux du PSG ou d’autres clubs saborde la vision familiale que l’on avait du football. Même la manière de chanter l’hymne national est différente dans les deux sports. Une France restreinte géographiquement et culturellement limitée avait jusque-là le goût des envolées de trois-quarts ou des percées monumentales des avants. Le rugby offre une nouvelle philosophie de la vie, une ouverture sur des valeurs que l’on pense plus authentiques que celles véhiculées par des millionnaires aux pieds de moins en mois agiles. Il se créée un mythe autour de ce qui est devenu le sport d’un peuple à la recherche d’une identité. Un peu comme s’il trouvait dans les matchs des repères qui n’existent plus : la solidarité, la volonté, la résilience et le partage qu’ils pratiquent ainsi par procuration.
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Je n’ai aucune compétence dans ce domaine, n’étant ni amateur de rugby ni de football, mais je pense que la « professionnalisation » de ces sports, les sommes indécentes récoltées pour les droits de diffusion, avec l’exemple de ce brassement indécent d’argent amènera tôt ou tard leur disparition des étranges lucarnes.
Les conséquences sur la vie sociale sont également désastreuses avec ces parents qui veulent, souvent avec une violence bête et méchante, promouvoir leur rejeton qu’ils voient déjà en haut de l’affiche du Parc des Princes…
On verra peut être le retour sur le terrain communal les « locaux » et leurs voisins adversaires d’un jour et néanmoins amis.
Il n’est pas interdit de rêver.
Moi-même ancien joueur de foot bien que de bas niveau, ait, pour la première fois, zappé sur le France-Italie après le France-Israel de merde…
Et puis, il n’y avait pas Mateo DARMIAN en plus! n’est-ce pas Jean-Marie?
Non le foot ne m’amuse vraiment plus et je préfère maintenant le rugby, surtout à la télé…
Allez, bonne journée quand même
TF1 a bien senti le coup en payant sûrement très cher le droit de diffuser le match contre les Black. Pas forcément une bonne nouvelle, passons sur le commentateur rugbystiquement ignare et le quart d’heure de pub à la mi-temps à la place de reportages sur les coulisses du match, cette rencontre n’avait rien de rugbystiquement passionnante, qui a vu deux équipes jouer au bulldozer pendant 80 minutes; tous les vrais connaisseurs que j’ai croisés font la fine bouche. Toutefois ce résultat un peu usurpé est bon pour le rugby et il reste plus qu’à initier le bon public franchouillard.
ps: ces marseillaises incessantes sont insupportables, le rugby ce n’est pas la guerre…
Ouais, vraiment, le monde du football ne tourne pas rond. Pas étonnant étonnant que le public préfère se tourner vers le rugby, « un sport de voyous pratiqué par des gentlemen ».
Je profite de l’occasion pour envoyer un BUENGIORNO à mon copain Gilou qui déplorait l’absence de Mateo DARMIAN lors du France – Italie qui m’a réconcilié avec les pousseurs de citrouille.