Le 27 avril 1969, les Français rejettent le référendum sur la régionalisation et la « rénovation » du Sénat. Désavoué, Charles de Gaulle quitte ses fonctions de président de la République, comme il s’y était engagé. Le Sénat, l’un des fers de lance du camp du « non », sort renforcé de ce conflit. Il ne sera jamais plus attaqué bille en tête par un gouvernement même si de temps à autres des audacieux tentent de lancer des ballons d’essais sur une éventuelle réforme. Au Palais du Luxembourg depuis la dissolution quelques ténors ayant moins d’embonpoint que le Président bombent du torse : sans la Chambre Haute il n’y aura jamais de possibilité de trouver un budget 2025 pour la France. L’heure de gloire a sonné et il faudra que les ministres se déplacent avec une bonne volonté ostentatoire pour espérer être « toléré » par la majorité de Droite et des multiples filiales constellant un hémicycle respectable et désormais respecté.
En 1969, de Gaulle tente un coup de force en modifiant la Constitution par référendum. Il prône une révolution institutionnelle encore plus profonde, onze ans à peine seulement après la rédaction de la Constitution de 1958. L’idée est d’élargir la composition du Sénat, avec l’entrée des corps intermédiaires, pour le rendre « plus représentatif ». Mais cette assemblée fusionnée avec le Conseil économique et social perdrait son pouvoir législatif pour devenir une simple chambre consultative. Ce serait la fin du bicamérisme dans le processus de la fabrication de la loi, et la fin d’un contre-pouvoir pour les textes les plus sensibles sur lesquels le Sénat a un pouvoir de blocage : réformes constitutionnelles ou projets de loi organique. Quant à l’intérim de la présidence de la République, celui-ci reviendrait non plus au président du Sénat mais au Premier ministre. Une défaite attendait le promoteur de cette réforme.
Bizarrement dans la situation politique actuelle l’exécutif se retrouve dans un étau. D’un coté il craint la perspective d’une motion de censure de l’Assemblée pouvant tombé selon la Pythie mélenchoniste au pied du sapin de Noël et les « Sages » l’attendent pour détruire une bonne part de mesures liées à la situation catastrophique des finances publiques. Il a sciemment laissé filer les amendements de Gauche au palais Bourbon pour rendre la copie inacceptable par la majorité sénatoriale valorisant ainsi sa version initiale. Le premier des ministres compte bien négocier avec les « amis » du Sénat des aménagements limités de « son » budget.
Alors pour éviter un affrontement autour du sujet essentiel pour les représentants des collectivités locales il abandonne les mesures dirigées contre celles-ci. Il l’annonce avant de telle manière qu’il coupe l’herbe sous le pied des défenseurs institutionnels des communes, des départements et des régions dont ils sont les représentants. Tout le monde s’attendait à ce que la bataille soit spectaculaire au moment où les associations d’élus locaux se réunissent. On évite ainsi un casus belli très mauvais dans la période actuelle.
Plus habile que l’on veut bien de dire, Barnier annoncera au Congrès des Maires : « Je suis là pour vous dire que, tenant compte de votre situation très spécifique, qui n’a peut-être pas été bien vue dans les premiers scénarios budgétaires, nous allons réduire très significativement l’effort qui vous est demandé » comme il l’a fait à la convention des conseils départementaux.
Il s’est bien gardé d’annoncer un chiffrage de la baisse envisagée de leur contribution au redressement des comptes publics qui dépendra de la discussion au…Sénat. Habile : il refile la patate chaude de diminuer la contribution aux Sénateurs mais comme les oblige à la loi à trouver ailleurs une compensation en recettes. « Allez-y, messieurs. A vous l’honneur ! » Il laissera la bride sur le cou aux « cavaliers » du libéralisme. Comme il y a eu la date butoir du vote des recettes à l’Assemblée nationale il y aura au bout de cette « amélioration » du texte la Commission mixte paritaire au sein de laquelle la Droite soutien de l’occupant de Matignon sera majoritaire. Ou presque. Il suffira que le RN se mette en retrait…
Un 49-3 posé à quelques heures de la clôture du débat sur le budget et l’affaire sera entendue. Le Sénat dans les faits l’aura emporté sur les représentants du suffrage universel. La dissolution en parcellisant l’Assemblée nationale a ragaillardi le palais du Luxembourg. Le maître du jeu de dupes n’est autre que le vétérinaire de Fontainebleau. L’autre bénéficiaire de ce tour de passe-passe démocratique se trouve place Beauvau car il a les clés de la majorité sénatoriale. Il avance à pas feutrés…et s’installe dans le fauteuil d’un premier ministrable le jour où le RN décidera d’appuyer sur le bouton de la censure. Et au Sénat où on joue à chat perché on attendra la suite avec le sourire.
En savoir plus sur Roue Libre - Le blog de Jean-Marie Darmian
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
Mon souvenir du référendum de1969, c’est que le non a gagné pour faire partir De Gaulle. Il n’y a pas 1 français sur 10 qui connaissaient vraiment le contenu de la réforme.
Bonsoir,
les castors qui ont sauvé les Mac-Ronnistes seront très heureux de regarder les 3 dernières minutes de cette vidéo
https://www.publicsenat.fr/emission/le-grand-jury-rtl-le-figaro/linvite-du-grand-jury-bruno-retailleau-e13
Pour ce qui concerne les Sénateurs mon emploi du temps ne m’a pas permis de développer mon point de vue sur ce sujet très intéressant. Ouff! dirons ceux qui n’apprécient pas mes commentaires.
Bonne soirée
« Quousque tandem abutere, Catilina, patientia nostra?
Bonjour @J.J. !
Tout dépend la qualité de l’élastique … et avec les Chinois, c’est comme la météo: VARIABLE … malgrè un fort potentiel: voyez le Bordeaux et le …Cognac ! ! !
Cordialement
« quamdiu etiam furor iste tuus nos eludet ? quem ad finem sese effrenata iactabit audacia ? »
@JJ à l’usage exclusif des complotiste cette vidéo sur le scandale qui agite le monde politico-médical en Allemagne cette vidéo
https://www.youtube.com/watch?v=d-Wwnfz2UxQ
Petite explication , les procès-verbaux de l’équipe de crise du RKI (Protokolle des RKI-Krisenstabs, en allemand), également appelés les procès-verbaux RKI (RKI-Protokolle) ou les fichiers RKI (RKI-Files), sont plus de 200 procès-verbaux rédigés par l’équipe de crise créée au sein de l’Institut Robert Koch (Robert Koch Institut, RKI) en raison de la pandémie de COVID-19 en Allemagne. Ils comprennent 456 fichiers PDF contenant 2 065 pages de texte, qui datent de janvier 2020 à avril 2021 et ont été initialement traités comme informations classifiées par le RKI. Le RKI a déclassifié les documents en avril 2023,( sur décision de la justice) mais en noircissant environ mille passages. Le 23 juillet 2024, les documents entièrement dénoircis pour la période 2020-2023, ainsi que d’autres documents, ont été publiés par l’activiste et journaliste Aya Velázquez. Elle a déclaré qu’elle avait reçu les documents d’un ancien employé du RKI.
Ici en France on attend en vain que les décisions politico-médicales sur la Covid soient enfin mises sur la place publique… on peut rêver.