Durant la fin du siècle précédent et dans les premières années de celui qui lui a succédé, les adeptes du néo-libéralisme nous ont rebattu les oreilles avec les performances de l’Allemagne de Merkel. Tout était parfait. Un peuple travailleur. Une cogestion rassurante. Une gestion des finances publiques exemplaire. Une capacité à maintenir un niveau d’emploi et de salaires élevé. Un système d’alliance politique reposant sur la transgression de la partition « Droite-Gauche ». Une immigration contenue et choisie. Un niveau de vie élevé. Bref une sorte de paradis pour une économie de marché souhaité par l’UE.
Il n’est pas inutile de rappeler combien cette Allemagne puissante grâce à son industrie exportatrice avait incontestablement un rôle essentiel sur le Vieux Continent. D’ailleurs nous lui devons le fameux Traité constitutionnel ayant défini une gouvernance technocratique de l’Union européenne ainsi que le fameux concept (avantageux pour elle) de la concurrence libre et non faussée. Rien ne nous a été épargné en matière d’exemplarité d’un pays qui a pourtant « tué » la Grèce lors de sa période noire. Les retraités bavarois avaient pesé dans les décisions ayant contraint les pays du Sud à se plonger dans l’austérité.
Cette Allemagne est désormais sur la pente descendante avec le délitement inexorable de ce qui faisait sa puissance. Bien entendu l’ère Merkel est passée et la coalition au pouvoir doit assumer l’obstination libérale des trois dernière décennies. Les élections régionales ou locales voient monter inexorablement les nostalgiques du nazisme dédiabolisé. La balance commerciale largement excédentaire s’amenuise chaque mois un peu plus. L’inflation a corrodé le pouvoir d’achat. L’option de tabler sur la croissance chinoise a pris un sacré coup dans l’aile. La dépendance au gaz pose de plus en plus de problème. Et des pans entiers de l’industrie s’affaiblissent en raison d’erreurs graves des dirigeants. L’Allemagne vit une période difficile et recherche des solution comme tous les autres pays pour relancer la croissance.
La référence pour juger de cette chute se trouve dans les récentes informations ayant trait à Volkswagen. Depuis pas mal de temps la marque automobile historique accumule les déboires. Elle a été fortement secouée par le « diesel-gate » et les mensonges de ses dirigeants qui depuis ont été virés. Le virage de l’électrique, comme pour tous ses concurrents a été très difficile à prendre au point que monte une revendication d’abandon de la date limite de la fin des moteurs thermiques. Cette situation commence à alarmer la coalition politique au pouvoir.
Depuis quelques mois, le constructeur automobile prépare donc un projet de restructuration. Hier le groupe a présenté les grandes lignes de ce dernier, annonçant la fermeture « d’au moins trois usines » en Allemagne, et la suppression de plusieurs dizaines de milliers d’emplois. Il s’agit d’une nouveau coup dur pour l’industrie automobile puisqu’il s’agit de la suppression d’un peu plus de 10 000 emplois. Le comité d’entreprise évoque un plan social « historique » visant à faire « saigner » les sites du constructeur automobile.
L’autre annonce constitue un signe annonciateur de ce qui attend bien des salariés européens puisque le plan prévoit également une réduction de 10 % du salaire de tous les employés ainsi que leur gel en 2025 et 2026, selon le communiqué de presse émis par l’entreprise. Le plan évoque également un transfert à l’étranger de nombreuses activités et départements du groupe basés en Allemagne. Ces différentes mesures prises par le groupe leur permettraient d’économiser jusqu’à 4 milliards d’euros selon plusieurs médias allemands, alors que le constructeur automobile fait face à des problèmes de surproduction et à l’explosion de l’arrivée des voitures électriques chinoises sur le marché européen.
Les données douanières révèlent en effet un bond spectaculaire : en septembre 2024, la Chine a expédié 60 517 véhicules électriques vers les 27 pays de l’Union européenne, soit une augmentation impressionnante de 61 % par rapport à l’année précédente. Il s’agit du deuxième meilleur mois jamais enregistré après le pic d’octobre 2023, où 67 455 véhicules électriques avaient déjà été exportés, juste après l’annonce par la Commission européenne d’une enquête anti-subventions sur les véhicules chinois. L’Allemagne est prise au piège de ses exportations vers Pékin : si elle réagit les Chinois fermeront leurs frontières à ses produits.
Cette situation a un impact direct sur la production qui diminue. Selon les dernières données, environ un tiers des plus grands constructeurs européens ne font pas tourner leurs usines à pleine capacité. Des marques emblématiques comme BMW, Mercedes, Stellantis et Renault sont concernées. Certains sites ne fonctionnent qu’à 50% de leurs capacités, ce qui représente une perte financière considérable pour les entreprises. Encore une fois l’Allemagne prend la tête de ce qui nous attend !
En savoir plus sur Roue Libre - Le blog de Jean-Marie Darmian
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
Pierrefitte avait écrit, il y a longtemps « Quand la Chine s’éveillera », c’était prémonitoire ‘ il aurait pu ajouter « et nous on s’endormira « ….
« L’Allemagne est prise au piège de ses exportations vers Pékin : si elle réagit les Chinois fermeront leurs frontières à ses produits. »
Et la France aussi : l’augmentation de la taxe française sur les VH électriques chinois a provoqué la même hausse en Chine sur les produits d’exportation français : les producteurs de cognac voient arriver la catastrophe.
Si les grandes maisons tiennent encore le coup, certaines entreprises annexes sont déjà en grande difficulté, et ça ne va pas s’arranger.
Malgré ma bonne volonté, j’ai toujours eu de la peine à admirer le modèle allemand : je sais que c’est idiot, j’aurais dû oublier, mais quand je vois sur les étranges lucarnes des chars ou des avions portant l »Eeisernes Kreutz’, ça me met toujours mal à l’aise (sans oublier l’€ dont la parité avec le Franc a de curieuses analogies avec celle de années 40).
Et tout ça grâce à l’appui de nos bons amis d’Outre Atlantique.
Illustration de mon propos :
https://www.charentelibre.fr/economie/angeac-champagne-en-difficulte-la-maison-de-cognac-boinaud-annonce-un-plan-social-de-16-postes-21868003.php
J’ai encore tiré plus vite que mon ombre….
https://www.charentelibre.fr/le-cognac/gensac-la-pallue-o-i-france-ferme-son-atelier-de-production-victime-collaterale-de-la-crise-que-vit-le-cognac-17-salaries-sont-concernes-21787375.php
Bonjour,
Nous y voila, l’Europe va tuer le secteur automobile. L’industrie automobile pollue trop, elle va payer des amendes exorbitantes pour ne pas électrifier assez vite son parc, et les consommateurs ne veulent pas des voitures électriques dont l’usage est un enfer au quotidien par la faiblesse de l’autonomie et les problèmes récurrents d’accès aux bornes de rechargement. Cela évoluera mais mettra du temps. Vous pouvez rajouter l’incertitude sur le recyclage des batteries ou encore les problèmes d’accidents (un accrochage et la voiture est mise à la casse) sans oublier la valeur de revente très incertaine, et les automobilistes passent pour l’essentiel leur chemin. Résultat chute des ventes de – 68,8 % en Allemagne, avec seulement 27.024 livraisons, suite à la suppression surprise des aides à l’achat de véhicules électriques. La baisse aura été aussi marquée en France (-33,1 %) avec 13.143 unités vendues mais aussi en Espagne (-24,8 %) et l’Italie (-40,9 %). Les grands mamamouchis de l’UE ont trouvé une solution Alléluia! La bonne idée de Bruxelles est donc de rationner la fabrication de véhicules thermiques pour lesquels il va y avoir une liste d’attente. Quelqu’un de proche a commandé une VW dont la livraison devait se faire début septembre, elle attend toujours et le concessionnaire est incapable de donner une date de livraison.
Le « modèle » Teuton a du plomb dans l’aile, l’ouverture du rayon boucherie de l’UE concerne l’automobile, pour le moment, les salariés du secteur vont subir une énorme saignée. “le premier groupe automobile européen, Volkswagen, veut fermer au moins trois usines et supprimer des dizaines de milliers d’emplois en Allemagne, a affirmé lundi le comité d’entreprise du constructeur, qui parle d’un plan social «historique» visant à faire «saigner» les sites du constructeur. Le plan prévoit également la réduction de 10% de tous les salaires et leur gel en 2025 et 2026, a-t-il indiqué dans un communiqué de presse, parlant aussi de transferts à l’étranger de nombreuses activités et départements du groupe actuellement basés en Allemagne.”
Les vannes sont ouvertes, rien ne pourra arrêter la volonté de détruire ce dernier secteur industriel aucune marque ne sera épargnée.
Le secteur bancaire va aussi entrer dans la tourmente selon bloomberg 23/10/24 « L’augmentation des créances douteuses chez Deutsche Bank est le dernier signe du malaise économique qui se propage dans l’Union Européenne. Deutsche a déclaré qu’elle devra mettre de côté plus d’argent que prévu pour les prêts en difficulté, c’est la 2e fois cette année qu’elle doit ajuster ses prévisions.
Les provisions ont doublé le trimestre dernier chez le prêteur le plus important de la plus grande économie du bloc européen… » Au plus haut de la folie des CDS en 2008 , le cours de la DB flirtait avec les 100 euros, alors que, et 16 années plus tard, sa valeur n’est plus que de 15 euros !
L’économie allemande dépendant largement de l’industrie automobile, ces licenciements massifs risquent d’accroître l’amertume de la population allemande et de faire le jeu de l’extrême droite. Cela pourrait avoir un impact majeur sur les élections fédérales de l’année prochaine.
Tout cela résulte en fait de la guerre en Ukraine qui a fermé le robinet du gaz Russe vers l’Allemagne et augmenté l’effort économique de l’UE pour soutenir une nation qui va être contrainte militairement à s’asseoir en état de capitulation à la table de négociations.
L’entêtement du clan occidental aura conduit à des centaines de milliers de victimes des deux cotés du front. Tout cela au bénéfice des industries d’armement (US) payées par des emprunts Ukrainiens qui ne seront JAMAIS remboursés. Ces prêts sont adossés sur la confiscation des avoirs Russes, qui n’en doutons pas seront restitués avec intêrets aux oligarques à l’issue du traité de paix . Le Parlement approuve (22/10/2024) un prêt de 35 milliards d’euros à l’Ukraine soutenu par des avoirs russes.
Comment faut-il dire que l’UE est dirigée pour les intérets des USA par des larbins qui se moquent des peuples et se remplissent les poches sans risque de devoir rendre des comptes.
Pas grave ici en France le besoin d’Europe est constamment passé à la brosse à reluire par les intellos qui écrivent dans les merdias.
Tout va bien le bateau coule normalement.
Bonne journée
Pour ceux qui doutent
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2024/08/20/l-allemagne-fait-partie-des-pays-qui-ont-le-plus-aide-l-ukraine-depuis-le-debut-de-l-invasion-russe_6126677_4355775.html
M’sieur, en préambule de votre articles, vous écrivez « Les adeptes du néo-libéralisme nous ont rabattu les oreilles avec… » Mon papa qui, comme vous, était instit et intransigeant avec le français, ne m »aurait pas (re)battu mais tiré les oreilles pour cette faute de français. Mais, comme aurait dit Panurage, revenons à nos moutons. Ou plutôt à nos coccinelles, fleuron de la marque VW. Vous avez bien raison.
Christian Grené ou l’élégance dans la correction : « castigat ridendo mores (ou les lapsus calami)…