Pour un système libéral comme celui qui domine l’Europe l’offre dans tous les domaines et portée par tous les moyens conditionne absolument tous les actes politiques. Il n’y a aucune autre solution que la loi du marché avec une consommation soutenue permettant aux États de survivre grâce aux taxes appliquées sur tous les types d’achat. Cette stratégie qui s’appuyait sur la mondialisation des échanges est à bout de souffle car elle dépend en grande partie du « moral » des populations et de leurs moyens financiers. La fameuse croissance qui dope les rentrées fiscales indirectes a été placée sur un piédestal et a servi à piller la planète, à détruire la confiance et plus encore à creuser des inégalités dangereuses. Le gouvernement cherche donc des sorties discrètes du système mais ne parviendra pas à obtenir des soutiens pour déroger à cette doxa économico-politique.
Depuis des décennies la production portée par les salariés enrichissait les propriétaires des outils puis les actionnaires et désormais le monde des finances. Les privatisations de pans entiers de l’intérêt général depuis 83 et prôné avec insistance par l’Union Européenne ont servi à entretenir le mythe d’une croissance profitable au plus grand nombre. C’est indiscutable mais ça ne provoque pas de protestations dans une population anesthésiée par des divagations sur le refus de réajustements des impôts solidaires et équitables directs.
Quand le gouvernement tente de récupérer sur le plus grand nombre une vingtaine de millions personne ne rappelle qu’en 2023 le résultat net cumulé de l’ensemble des entreprises du CAC 40 s’élève à 149 milliards d’euros en 2023. Le CAC 40 a battu le niveau de bénéfices engrangés en 2022, qui s’était élevé à 143 milliards d’euros. Il est bien difficile d’ignorer que ces sommes astronomiques sont les fruits du travail de salariés qui sont aussi et souvent les acheteurs des produits créant ces bénéfices. Ils bossent pour acheter ce que d’autres créent dans des conditions très souvent plus défavorables qu’eux.
L’inflation pouvait accroître les recettes de Bercy puisque toutes les taxes ont la particularité de s’appliquer en pourcentage sur une somme payée. En fait faute de disponibilités financières les clientes et clients ont ajusté leurs achats. Et désormais malgré la diminution de l’inflation (+ 1,2 % en septembre 2024 contre 4,9 il y a un an) la consommation stagne ou diminue. Or elle représente un peu plus de la moitié de l’activité économique en France. Il n’y pas de reprise et donc une perspective de renflouement des caisses de l’État très faible. Toutes les études le démontrent : chute dangereuse de tous les secteurs non lié à la nourriture. Priorité à l’assiette et diminution des achats de biens durables ou non prioritaires. Les grandes surfaces le constatent : le nombre d’articles baisse. Et sur cette situation l’État n’a aucune prise.
En avril 2024, la consommation alimentaire des ménages repart nettement à la baisse (-2,7 %), après trois mois consécutifs de hausse. Ce repli est porté principalement par les produits alimentaires divers de type chocolat et confiserie : la consommation recule après avoir nettement augmenté en mars, le dimanche de Pâques étant positionné en mars cette année. Les achats de conserves de poissons et autres poissons transformés sont également en forte baisse. Tout ce qui dépasse le prix référence de 10 € trouve de moins en moins de preneurs. Des habitudes nouvelles se sont crées avec une chute des achats de poissons, une augmentation de tout ce qui est issu de la volaille (facile à vérifier sur le marché du mercredi à Créon) et effondrement des ventes dans par exemple le vin, le miel, la pâtisserie ou le fromage. le bio souffre. Les surgelés pavoisent. On va au moins cher.
Des constats au quotidien démontrent ce tassement de la volonté de consommer. Dans les vide-greniers et les brocantes les chalands sont nombreux mais les achats se réduisent. Le nombre d’exposants augmente en revanche pour gratter des revenus supplémentaires échappant à tout contrôle réel. Dans les salons du livre, il y a de moins en moins de monde et les ventes sont faibles puisque le produit est considéré comme cher et non-essentiel. Dans les restaurants les commandes de « plats du jour » seuls fonctionnent au déjeuner alors que le choix à la carte le soir diminuent au point que de nombreux lieux n’ouvrent plus sauf le week-end.
Ce n’est pas pour rien que pour tenter de pallier la baisse angoissante des recettes Bercy lorgne vers les taxes sur les secteurs indispensables comme l’électricité. Il avait tenté avant la révolte des gilets jaunes de récupérer sur le carburant ses subsides en berne. On évoque les assurances et se profile le retour d’une taxe qui remplacerait… la taxe d’habitation. Bref, c’est la panique à bord du paquebot comme l’on surnomme à Paris l’immeuble où on pratique la course au Trésor. Nous paierons très cher leur entêtement.
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Un phénomène qui me semble également inquiétant est la multiplication des magasins de « déstockage ».
Peut être naïvement j’imagine que si l’on déstocke, c’est que ça ne se vend pas !
À côté de « gadgets » et de bagatelles futiles, on peut se procurer des produits ménagers, d’hygiène, de la nourriture, voire des outils à des prix hors compétition avec des magasins spécialisés, ou les « grandes surfaces », y compris les discounts.
Certains y trouvent profit et peuvent consommer des produits qu’il ne pourraient s’acheter dans un commerce traditionnel.
Et proportionnellement ça ne doit pas rapporter gros en taxes diverses !
Une précision à propos des taxes, que certains, par un abus de langage, ne considèrent pas comme un impôt : en réalité, une taxe est bien à considérer comme un impôt…indirect et injuste à la seule différence qu’il doit être acquitté même par les plus démunis .
Excuse moi Jean-Marie d’être à côté du sujet du jour, mais je voulais te dire que celui d’hier était beau comme du Dickens.
Je t’appelle ce soir si possible.
Amitiés de jeunesse.