L’arrogance et son compagnon le mépris se promènent fièrement dans notre société. Dans tous les secteurs de la vie sociale, celles et ceux qui se persuadent qu’il leur a été attribué un pouvoir particulier finissent par oublier les principes fondateur du vivre ensemble que sont la modestie et le respect. Pas un jour sans que la certitude d’être le plus fort et de le montrer n’éclabousse l’action de l’élite. Que ce soit avec l’argent, que ce soit grâce à une activité sportive, culturelle, politique ou scientifique les signes de cette supériorité deviennent insupportables. Quelques exemples durant ces derniers jours attestent de cette déviance dangereuse et pourtant très répandue. 

Tadej Pogacar a largement dominé le Giro d’Italia. Avec six étapes remportées il a écrasé la concurrence et a imposé avec facilité sa domination sur un peloton désemparé par cette répétition d’exploits. Le coureur slovène du Team UAE-Emirates a gagné avec 9 min 56 s d’avance sur Daniel Martinez (Bora-Hansgrohe) et 10 min 24 s sur le Britannique Geraint Thomas (Ineos-Grenadier). Soit le plus grand écart enregistré depuis 1965. Sa supériorité indécente a évidemment soulevé de nombreuses questions. Cette domination suscite autant de louanges que de critiques. Elle alimente aussi d’une manière insistante les rumeurs sur le coté « surnaturel » de sa force.

Sa désinvolture, ses facéties vestimentaires, le détail des gommettes collées sur le cadre de son vélo après chaque victoire, la condescendance à l’égard de ceux qu’il avait dominé témoignent amplement d’une forme de mépris à l’égard du reste des concurrents. Il est certain qu’à la moindre occasion sur les routes du Tour de France certains de ses rivaux se souviendront de cette attitude. A la tête d’une équipe financée sans aucune limites par les Émirats arabes unis entièrement dévouée à sa personne, il pratique une stratégie UAE imparable : user ses adversaires par une cadence infernale de ses équipiers, accélérer dans les moments difficiles pour décourager toute velléité de rébellion, écraser les autres à point nommé pour imposer sa domination.

Dans le monde politique les Pogacar existent aussi. Déclarations provocatrices, décisions déclenchant des humiliations pour des milliers de personnes, indifférence à l’égard des réalités palpables : on impose avec le concours d’acolytes soucieux de profiter des retombées de cette tactique. Bien des actes du gouvernement actuel relève du passage en force avec les conséquences que l’on connaît. Les épisodes de l’utilisation du 49-3 pour par exemple faire adopter une loi des finances totalement insincère et fausse constituent des marques de mépris. Les propos tenus après le périple néo-calédonien accentuent cette perception d’une gouvernance personnelle écrasante pour les valeurs républicaines. Le boomerang reviendra avec violence le 9 juin prochain.

Il y a bien d’autres adeptes de l’arrogance et du mépris dans le secteur de la politique. Ils exercent leur « talent » à l’égard de catégories sociales en les stigmatisant, en les dénigrant ou en les utilisant sans aucune retenue. La généralisation du déclassement des immigrés par les uns, des musulmans ou des juifs par d’autres, des allocataires du RSA et maintenant des chômeurs âgés n’est qu’une manifestation de cette constance dans le complexe de supériorité qui écrase les plus faibles ; Le vrai problème c’est que cette attitude ne génère pas une véritable opposition Au contraire l’opinion dominante s’en nourrit avec l’illusion que ce qui arrive aux autres ne lui arrivera jamais.

Dans la culture cette même déviance éclate au grand jour avec les abus commis par des metteurs en scène, des personnalités médiatiques, des comédiens de renom à l’égard des femmes ou des jeunes… Toujours les mêmes fondements et les mêmes conséquences. L’appartenance à un monde où l’on se débarrasse des règles élémentaires à cause de sa supériorité financière, sa notoriété ou psychique conduit aussi aux pires excès. Ces faits maintenant dénoncés n’ébranlent pas la caste des « pouvoirs » en place. Il faut donc toujours du courage pour affronter la force néfaste de ce milieu avec des conséquences imprévisibles et pas nécessairement bénéfiques.

Même si au cours de l’Histoire ce constat a existé sous d’autres formes. Il a fallu des révolutions pour la disparition souvent provisoire de ces attitudes. Les mépris nourrit en effet des inégalités et les renforce donc. Il s’abreuve des de la puissance de l’argent ou des outils du pouvoir dont on dispose. Dans quinze jours on le constatera avec tristesse.

Veuillez laisser ce champ vide

E-mail *

Ce champ est nécessaire.

Vérifiez svp votre boîte de réception ou vos indésirables afin de confirmer votre abonnement.