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L’eau précieuse n’a pas un avenir sans taches

Depuis hier nous sommes entrés dans la belle saison de l’espoir qu’est le printemps. Peu de monde en a parlé tellement l’ambiance générale s’alourdit avec des sujets qui éclatent à la une de l’actualité comme si depuis sept ans il ne fallait pas s’attendre à les voir éclore. C’est ainsi ! Par exemple dans la journée de hier une information a pointé le bout de son nez. Elle concerne l’été… et donc comme nous n’y sommes pas encore il faudra attendre qu’elle débouche dans le paysage médiatique pour que les réactions viennent. Nous allons manquer d’eau sous toutes ses formes en France dans quelques semaines ou dans quelques mois selon les régions.

La première alerte a déjà retentit dans l’Hérault. En effet dans ce département on trouve déjà 12 communes sur 342 ont atteint le seuil de crise (en rouge) alors que nous sommes fin mars. Elles sont situées sur les bassins-versants de l’Orb aval et de l’Aude aval Berre et Rieu au nord et à l’ouest de Béziers. D’autres sont en alerte renforcée (en orange) dans les bassins-versants du Lez-Mosson, de l’Hérault aval, de l’axe Orb soutenu, de l’Orb amont, du Jaur, de la nappe astienne et de la Cesse.

Après les rares pluies hivernales, les recharges en eau sont au mieux à 40% des possibilités. Les précipitations des dernières semaines n’ont en réalité eu qu’un effet limité sur l’humidité des sols en surface mais n’ont pas ou peu rechargé les nappes phréatiques. Cette situation devrait rapidement toucher les Pyrénées Orientales. Alors que des inondations dues aux phénomènes cévenols ont mobilisé les populations en raison des dégâts qu’ils provoquent, il faut annoncer des restrictions.

Les premiers signes de sécheresse zigue se profilent sur le bassin méditerranéen avec. 40% à 60% de pluie en moins depuis 2021. La hausse des températures ajoutées aux périodes caniculaires estivales durables, des épisodes de vents asséchant la nature et la pénurie de chutes de neige sur les Pyrénées ont accentué la raréfaction de toutes les sources d’alimentation en eau. Certains prévisionnistes affirment que les Pyrénées Orientales pourrait devenir la première zone «désertique » française puisque il n’est tombé que 31 mm de pluie alors que la moyenne française sur la même période a été de 324 mm.

A ces constats climatologiques s’ajoute une très mauvaise gestion des réseaux de distribution. Focalisé sur le prix du m³ facturé à l’abonné les élus n’ont pas toujours eu une stratégie d’entretien. La situation est catastrophique sur de nombreux territoires. Une étude constate que dans de trop nombreuses communes françaises les réseaux perdent plus d’eau qu’ils n’en consomment. Les fuites sont nombreuses et les délais de détection (sous-sol) ou de réparation confiée aux entreprises exploitantes ne sont plus à la hauteur des enjeux car désormais il n’y a pas de petites fuites. Selon un rapport dans près de 200 communes, plus d’un litre sur deux n’arrive pas en effet jusqu’au robinet. Catastrophique à deux titres : le gâchis pour une ressource naturelle et une perte pour les structures publiques devant investir dans le renouvellement des tuyaux.

Il va falloir d’une manière ou autres répondre à des besoins croissant et à des financements déconnectés de la réalité. A Créon alors que la commune gérait ce service nous avions, après une vraie concertation citoyenne institué un tarif proportionnel inversé de l’eau potable. Par tranches successives décidées par une commission consultative le tarif augmentait par pallier afin de considérer que le premier usage de l’eau était pour l’alimentation et non pas pour des usages de confort (piscines, lavages divers, arrosages intensifs). Les économies sur la consommation par foyer ont été immédiates. De nombreuses autres dispositions avaient été prises dès 2002. Elles ont ralenti la consommation.

Le seul problème c’est que comme pour tous les autres services, si les volumes baissent les ressources de la collectivité diminuent et elles n’a plus les moyens nécessaires pour faire face aux investissements indispensables. Les subventions se sont également taries pour ces travaux pourtant essentiels. Comme les budgets doivent obligatoirement être équilibrés les situations deviennent précaires et donc le serpent se mord la queue. Dans tous les autres secteurs tournant autour de l’usage de l’eau la situation se tend et tourne à l’affrontement.

Plus que jamais la nationalisation de toutes les ressources aurait du sens afin de la protéger contre la sur-exploitation ou pour réguler des privatisations désastreuses. La notion de « pénurie » va en effet prendre tout son sens. Celle de « restrictions » du même type que celles des temps de guerre s’accentuera dans les prochaines années. Là encore je regretterai de ne pas m’être trompé !

Cet article a 15 commentaires

  1. christian grené

    Comment veux tu Jean-Marie qu’un hydrophobe comme moi s’intéresse à l’eau précieuse? Sinon parce qu’elle m’aura appris à compter à l’école. 1, 2, 3,.. 45, 51. Tu n’auras pas oublié qu’au goulot – heu! au boulot – on m’avait surnommé le nain jaune..

  2. facon jf

    Bonjour,
    l’eau potable un sujet injustement simplifié par des merdias aux ordres des fontainiers qui s’intéressent plus à leurs dividendes qu’aux services qu’ils sont sensés rendre à la communauté. Retourner aux sources ( n’est-ce pas?) est indispensable c’est le site du BRGM qui détient les observations et les chiffres. Ce que l’on peut dire au vu des chiffres c’est que la situation 2024 est meilleure que 2023 ouf! En fin pas vraiment, il faut regarder la situation alarmante des nappes du sud du massif central, du sud Alsace et de la vallée de la Saône. Il faut savoir que le sous-sol du territoire métropolitain est varié et que la répartition des pluies n’est pas homogène ( tautologie sortez !).
    BRGM nous dit : L’impact de la qualité de la recharge hivernale est différent selon la cyclicité de la nappe, c’est-à-dire sa réactivité à l’infiltration d’une pluie.On parle de nappes :
    – réactives (dans des aquifères constitués de sables, graviers, calcaires karstiques, granites altérés). Elles se distinguent par des réactions rapides : elles peuvent se recharger lors de fortes pluies estivales, mais ont également une sensibilité importante à la sécheresse. Leur état de remplissage peut donc varier très rapidement au cours d’une même saison.
    – inertielles (dans des aquifères constitués de craie, calcaire non karstique, grès). Leurs réactions sont lentes. Leur cyclicité peut être pluriannuelle, c’est-à-dire qu’elles nécessitent une longue période pour se recharger ou se vidanger.
    Il se trouve que deux des trois secteurs préoccupants, sud Alsace et bassin de la Saône sont des nappes inertielles qui cumulent plusieurs années de déficit pluviométrique. La situation restera préoccupante encore cette année pour ces territoires.
    Voila pour l’analyse technique, reste l’aspect socio-économique pour lequel il faut rappeler haut et fort  » l’eau est un bien commun de l’humanité ». Les acteurs utilisateurs intensifs de l’eau ne l’entendent pas de la même oreille et ne voient que la gouttière financière qui se déverse dans leurs citernes à pognon. Je citerais pour mémoire les géants de l’eau en bouteilles, l’industrie des micros conducteurs, l’agriculture intensive et bien sûr les fontainiers qui prétextent la rareté du produit pour augmenter les marges.
    Alors que faire ? l’idéal serait de créer un service public nationalisé de l’eau qui reprendrait la compétence et le contrôle de l’eau, qui créerait un réseau interconnecté de l’eau intercommunal, départemental et national. Un service de contrôle de la qualité de l’eau, indépendant, avec la compétence juridique pour pouvoir poursuivre pollueurs et fraudeurs.Une compétence pour rénover et améliorer les réseaux adossée à la Caisse des dépôts et consignations permettrait la levée des fonds nécessaires.
    Tout cela relève de l’utopie, jamais les utilisateurs intensifs de l’eau ne le permettraient et l’UE(rss) nous mettrait à l’amende sous la pression des maffieux qui gouvernent. Jamais les sociétés de distribution d’eau n’accepteraient de céder la place. Jamais les politicards locaux et nationaux ne lâcherons leur os.
    Et pourtant selon l’UFC que choisir, notre réseau est vieillissant et, chaque année, nous ne remplaçons que 0,67% du parc. Sans un investissement bien plus massif, il faudrait 150 ans pour le renouveler entièrement. Or, les récentes annonces d’Emmanuel Macron sont une goutte d’eau : 180 millions d’euros d’aide par an alors qu’il en faudrait entre 2,5 et 3 milliards ! Le scandale écologique se double d’une gabegie financière de plusieurs milliards d’euros supportée directement par les consommateurs, via leurs factures d’eau et redevances.
    Nous, consommateurs, payons cette eau dans nos factures ! Et l’addition est salée : plus de 4 milliards d’euros payés par les Français pour ces fuites.
    Les usagers domestiques continuent de payer au budget des agences de l’eau entre 51 % et 67% des redevances liées au prélèvement d’eau dans le milieu, alors que leur consommation nette ne représente que 24 % de l’eau produite. L’agriculture paie entre 2% et 15% pour une consommation annuelle de 48 % en moyenne (pas moins de 80 % en été). Il faut noter que non seulement, l’agriculture intensive est aujourd’hui en France le secteur le plus gros consommateur d’eau mais ce secteur est aussi l’un des plus gros pollueurs de cette ressource (utilisation massive de pesticides…)
    Mais tout ça il vaut mieux l’oublier … Et payer la facture qui va augmenter au fur et à mesure que la ressource se raréfie.
    bonne journée

    1. J.J.

      « un service public nationalisé de l’eau qui reprendrait la compétence et le contrôle de l’eau, »…que l’on pourrait nommer :
      E D F : Eau De France. particulièrement utopique en effet !

      1. facon jf

        @JJ merci bonne remarque, j’ai bien peur que ça nous PFAS* une belle « histoire d’O**  » les »mas’O » victimes des  » sad’O » de la concurrence libre et non faussée ;-))).

        nota: * Les PFAS forment une grande famille de plus de 10 000 substances contenant au moins un groupe méthyle perfluoré (-CF3) ou un groupe méthylène perfluoré (-CF2-) sans aucun atome d’hydrogène, de chlore, de brome ou d’iode rattaché à celui-ci. La force des liaisons carbone-fluor confèrent une grande stabilité aux PFAS, qui se caractérisent par une persistance dans l’environnement ( terre et eaux) ou qui se dégradent en d’autres PFAS persistants. Ainsi, la persistance dans l’environnement des PFAS augmente selon le nombre de carbone contenu dans la chaîne de molécule. Les PFAS sont qualifiés de polluants éternels.
        ** histoire d’O le roman de Pauline Réage sous titré le bonheur dans l’esclavage … ça ne nous rajeuni pas.

      2. facon jf

        @JJ au sujet de l’arnaque du marché de l’électricité UE(rss) en lien le prix d’échange de l’électricité heure par heure sur le marché spot.
        https://www.rte-france.com/eco2mix/les-donnees-de-marche#
        A l’heure où j’écris ce message le MWh Espagnol se vend 2,44 € les 1000 Kwh et 32,87 € le Mwh Français. Merci à l’Europe qui protège !!!
        Les prix spot sont les prix établis sur le marché de l’électricité par les bourses le jour J pour le lendemain. Deux bourses de l’électricité opèrent sur le marché de l’électricité en France : EPEX Spot et Nord Pool Spot. Ce sont en fait les prix auxquels les entreprises productrices vendent aux entreprises demandeuses d’énergie heure par heure.

  3. LAVIGNE Maria

    Bonjour, Suis-je la seule à avoir des problèmes pour lire les articles ? Caractères très petits qui ne permettent pas une lecture confortable. Dommage !

    1. Christian C

      Sur votre smartphone, écarter votre écran avec 2 doigts pour agrandir la page. La luminosité de l’écran est trop faible peut-être. Sur ordinateur accroître la page à 120% par exemple.
      Mais il est vrai que cette teinte grise sur fond blanc, c’est pas facile.

    2. facon jf

      @Maria si vous êtes sur un ordinateur il suffit d’enfoncer la touche « CTRL » et simultanément actionner la molette de la souris dans un sens pour réduire (vers vous) ou dans l’autre sens pour augmenter la taille des caractères. Cette opération fonctionne sous Windows ou Linux sur mac je ne sais pas. Je confirme que sur votre téléphone sous Android comme l’a dit @ Christian posez le pouce et l’ index sur l’écran écartez vos 2 doigts le texte doit grossir. l’opération fonctionne aussi sur i.phone Apple.
      bonne soirée

      1. LAVIGNE Maria

        Merci, çà fonctionne. J’ai encore des progrès à faire mais je vais y arriver. Belle soirée

  4. Christian C

    Et une goutte de plus au flot d’informations en provenance du #CNRS #changementclimatique
    « Sans surprise, les modèles climatiques montrent que la hausse future des températures est directement proportionnelle aux émissions de gaz à effet de serre. N’en déplaise aux négationnistes du climat, l’origine humaine du changement climatique français ne fait aucun doute. Une chose, en revanche, a surpris les chercheurs : l’impact des aérosols. » Lire l’article…
    https://lejournal.cnrs.fr/articles/le-rechauffement-climatique-en-france-sannonce-pire-que-prevu/

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