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La croix et la bannière de l’exploitation politicienne

L’affiche officielle des jeux Olympiques est à peine sortie que elle devient un enjeu politique. Une spécificité française. Très fournie et dans un style mi-bande dessinée, mi vue panomramique elle tente d’illustrer la richesse parisienne en monuments, en lieux de vie et en spécificités urbaines. Une telle profusion artistique contient obligatoirement des éléments discutables surtout quand l’arrière-pensée n’est autre que d’entretenir des polémiques utiles aux théories nationalistes ou populistes. Ce n’est pas une nouveauté puisque tout au long de l’histoire de l’humanité bien des œuvres d’art ont servi aux réactionnaires de tous poils à alimenter leur haine de l’originalité.

La médiocrité des journalistes qui évidemment se précipitent sur le moindre détail pour nourrir leurs analyses partisanes, a donc fonctionné à plein. Ignorants le cahier des charges imposé par le Comité international olympique ils ont décélé des signes affolants de la déchéance de la France éternelle. Il manque par exemple la croix au somment du dôme des Invalides et la bannière tricolore serait absente de l’affiche appelant à célébrer les J.O. Dramatiques absences qui illustrent la décadence de notre pays. Deux manquements graves à l’orthodoxie nationale. Deux exploitations politiciennes déplacées.

Pas certain que d’ici vingt-quatre heures on ne décèle pas une influence arabe sur ce patchwork parisien. Comme il y a des dizaines de personnages nichés dans divers espaces comme des abeilles symbolisant la ruche de la capitale, je prends les paris que les censeurs dénicheront un trop grand nombre de visages d’immigrés ! Ce comportement obsessionnel uniquement destiné à alimenter les thèses de la fin de la France, rongée par la perte de ses repères ancestraux, vire au cauchemar quotidien. D’autant que les arguments déployés sont sortie du contexte olympique.

Le CIO dans sa charte interdit en effet formellement l’apposition de « signes religieux » sur les documents de communication. C’est une constante depuis que les J.O. existent et Ugo Grattini a simplement respecté ce principe qui, si ce n’était pas le cas, aurait rendu son œuvre caduque. Heureusement le concepteur est né en France et de renommée internationale car autrement la contestation de la droite-extrême, de l’extrême-droite  et de l’extrème droite extrême aurait été encore plus virulente. Leur vision de la création artistique tient dans ces prises de positions : elle doit servir leur vision nationaliste étriquée d’un événement planétaire. Il faut un art officiel !  Le RN y est donc allé de ses couplets habituels :  « un exemple tristement ridicule du grand effacement de la France » ou « (du) wokisme (sic) [qui] doit être combattu partout sans relâche ».

Bien évidemment la surenchère a été immédiate et encore plus débile avec « Pourquoi avoir effacé la croix au sommet du dôme des Invalides ? Pourquoi aucun drapeau français ? Quel intérêt d’organiser les Jeux olympiques en France si c’est pour cacher ce que nous sommes ? » des propos venus de Maréchal nous voilà ! Croix de bois, croix de fer si je mens je n’irai jamais en enfer ! Mais au fait de quel pays parlent-ils ? Celui qui en 2021 a vu le nombre de non-croyants dépasser celui des croyants représentant respectivement 51% et 49% de la population française ? C’est une première dans l’histoire de notre pays, qui fait par ailleurs partie de la liste très restreinte des pays ayant un État laïc qu’ils ne défendent que quand c’est profitable à leur idéaux d’exclusion et de haine.

Cette affiche luxuriante et joyeuse possède par ailleurs de très nombreuses références aux couleurs du drapeau français. Il suffit de la regarder attentivement. Il suffit de ne pas avoir l’invalidité de la raison poussant à accuser pour diviser. Il suffit de considérer que l’universalisme tant oublié peut de temps à autre supplanter le nationalisme ferment de toutes les guerres. L’identité de la France transparaîtra dans sa capacité à accueillir chaleureusement les différences et à les intégrer à un événement qui mériterait de ne rester que sportif. Et cette croix supposée au tableau noir ne présage rien de bon pour cette période.

Cet article a 2 commentaires

  1. J.J.

    À part le fait que je trouve les couleurs un peu « barbie »(mais des goûts et des couleurs…), personnellement je ne vois pas grand chose à critiquer sur cette affiche.
    Il ne faudrait pas perdre de vue deux éléments :
    1) Les JO sont une manifestation internationale dont la France n’est que le pays d’accueil provisoire. Ce chauvinisme me emble particulièrement déplacé.
    2) Si l’on remonte aux origines, ce qui serait sage, les jeux olympiques avaient été organisés pour ménager entre les différentes villes, ou peuplades, ou tribus de la Grèce Antique, qui étaient en état de guerre et en conflits continuels des moments de calme et de paix. Alors, si les « polémiqueurs » avaient pour trois sous de culture antique, ils fermeraient leur clapet.
    Il semble que les organisateurs et participants actuels ont complétement oublié ces sages préceptes fondateurs et se livrent au contraire à des démonstrations de nationalisme exacerbé, avec des arguments de propagandes de guerre plus ou moins discrets.
    Quant aux jeux par eux mêmes, à part le fait que je crains surtout le risque de désordre, et la situation financière calamiteuse qui risque de découler de ce déploiement de dépenses, qui ne sont vraiment pas « de saison » (l’exemple de l’Espagne, de la Grèce et quelques autres pays organisateurs auraient peut être dû nous inciter à un peu plus de « prudence budgétaire ») ce n’est pas pour moi un sujet de grand intérêt.
    « Vanitas, vanitatum… » M’as tu vu dans mon bel anneau ?
    Comme disait, souvent à propos, un de mes élèves campagnard : « Y’en a, c’est la jalousie qui les fait parler. »

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