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Une nouvelle crise pétrolière se dessine

La présence d’intérêts communs gomme fortement les différences en géopolitique. Les pires ennemis théoriques se mettent aisément d’accord lorsque leur avenir stratégique est en jeu surtout quand il s’agit de financement par l’économie de leurs actions politiques. Il est assez aisé de la constater dans le secteur de l’énergie et notamment du pétrole. L’organisation des pays producteurs de l’or noir (OPEP) est l’exemple même des ententes destinées à profiter de la loi du marché. Dans ce cénacle où l’on trouve quasiment que des nations autocratiques les manipulations de l’indispensable production dont a encore besoin la monde sont régulières ;

La stratégie est toujours la même : ajustement de l’offre pour contraindre la hausse (et rarement la baisse) sur le marché. En diminuant les quantités mises sur le marché ils favorisent une hausse du baril qui plombe avec un certain décalage les consommateurs. L’essentiel des mesures destinées à réduire les moyens de financement de la guerre par la Russie n’a que peu d’effets puisque la demande est telle que la Chine et l’Inde absorbent tout ce qui sort du sol de l’ex-union soviétique. Les pays satellites en profitent car eux-aussi se tournent de plus en plus vers l’Occident. Même les États-Unis se régalent car leur pétrole de schiste dont l’extraction coûte plus cher trouve un niveau de rémunération plus conforme aux bénéfices à réaliser pour les exploitants.

Hier l’OPEP adonc décidé de réduire les volumes envoyés sur le marché. Cette décision validée par la Russie et … l’Arabie saoudite aura de fortes répercussions sur les économies occidentales. L’inflation liée aux prix de l’énergie risque bel et bien de repartir. Ainsi Riyad poursuit la réduction de sa production d’un million de barils par jour pour la période d’avril à juin et Moscou va réduire la diminuer à hauteur de 471.000 barils quotidiens, portant à la fois sur la production et les exportations. Des annonces qui aujourd’hui majoreront le prix d’achat du baril de manière très importante. Il est déjà certain que le gazole, l’essence, le fioul reprendront une courbe ascendante dès la rentrée 2024.

Bien entendu la décision a vite été reprise par les autres producteurs. L’Arabie et la Russie avaient déjà appliquées une réduction de 500.000 barils par jour pour une durée de dix-huit mois annoncée en avril 2023. Les Émirats arabes unis (EAU) diminue leur production de pétrole de 163.000 barils par jour jusqu’en juin, le Koweït de 135.000, l’Algérie de 51.000 et Oman de 42.000. L’Irak prolonge également la baisse de sa production. Cette stratégie coordonnée avait été dévoilée au printemps 2023 pour un total de 1,6 million de barils quotidiens, avant d’être renforcée par l’effort supplémentaire de Moscou et Riyad. Dans les minutes ayant suivi cette annonce le pétrole brut a bondi jusqu’à 80 dollars.

En France un autre problème risque d’augmenter la crise. La raffinerie de Donges la seconde du pays a annoncé ce week-end , « l’arrêt de (ses) installations ». Celui-ci a « été décidé par les équipes de la raffinerie afin de réaliser des réparations nécessaires consécutives à des corrosions sur une unité et à un bouchage sur une seconde ». Elle serait totalement bloquée par ces graves défauts depuis une semaine. Un représentant syndical indique que plus de 32 000 kilomètres de tuyauterie seraient à restaurés. Une simple question : Quel contrôle a-t-il été exercé par les services compétents sur des installations classées ? S’est-on contenté des fameux auto-contrôles que tout le monde pratiquent mais dont la fiabilité devient de plus en plus suspecte ?

Total sort de cette installation d’envergure 11 millions de m³ de fioul soit 12 % du traitement national annuel de brut. Outre les carburants automobiles, elle produit du kérosène, du butane, du propane, des fiouls domestiques et … du bitume. Elle devrait être arrêtée durant un mois minimum pour les réparations urgentes soit une mise sur la marché intérieur réduite de 1 million de m³. Il n’est pas inutile de rappeler que le propriétaire de cette raffinerie a réalisé en 2023 un bénéfice record de de 21,4 milliards de dollars (19,9 milliards d’euros). Ce rappel pour dire que la puissance financière de ce groupe le rend intouchable dans de nombreux domaines.

La France ne maîtrise pas cette situation malgré des rodomontades peu crédibles. La mondialisation tant vantée comme la grande solution constitue désormais un poids terrible sur les pouvoirs nationaux. L’augmentation du prix de l’énergie constitue une preuve de la dépendance des États prétendant mettre la Russie à genoux, à l’égard de fournisseurs sans scrupules n’ayant d’autres visions que leurs intérêts financiers.

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Cet article a 3 commentaires

  1. J.J.

    « leur pétrole de schiste dont l’extraction coûte plus cher trouve un niveau de rémunération plus conforme aux bénéfices à réaliser pour les exploitants….. » et est encore plus plus polluante que les moyens « classiques » qui sont déjà une catastrophe pour l’environnement.
    On achète du pétrole et du gaz hautement pollués et polluants aux Gringos, et nos thuriféraires de la « neutralité carbone » en 2050  » ne mouftent pas ?  »
    Ah , j’oubliais, on a trouvé la solution en incitant avec force arguments de réduire drastiquement la consommation de viande en pointant d’un doigt accusateur et en demandant des efforts aux citoyens, consommateurs et producteurs, ces pelés, ces galeux, ces inconscients par qui vient tout le mal.

  2. facon jf

    Bonjour,
    Pétrole ! Pétrole ! est un film français de Christian Gion sorti en 1981. Une aimable comédie qui traite, à l’âge d’or du pétrole des ressources des pétromonarchies.
    Le 8 mars 2022 le baril de Brent dépassait les 124 $ nous sommes 2 ans plus tard à 83,5 $. La métaphore que j’ai l’habitude d’utiliser (empruntée à Harrison Stetler) consiste à dire que le pétrole est le sang de la société contemporaine. Sortir du pétrole, ce n’est pas seulement faire une opération à cœur ouvert, c’est aussi changer les réseaux d’approvisionnement en énergie — et donc changer le fonctionnement et l’organisation des organes vitaux de la société. La question est de savoir qui doit payer pour cela.
    l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a publié son rapport annuel de référence, le World Energy Outlook 2021. « Les marchés mondiaux de l’énergie, peut-on lire dans le document, sont confrontés à une période de turbulence et de volatilité à venir » si la transition vers des sources d’énergie non carbonées n’est pas accélérée. Nous étions en 2021 et nous n’étions pas encore à l’heure de la redistribution des cartes entre l’occident et les BRICS.
    Une notion très importante dans l’industrie pétrolière, et qu’on retrouve dans le cas de toute industrie extractive, est la « maturité des ressources ». Lorsque l’on parle d’une ressource « mature », cela signifie que l’on a extrait au moins la moitié des réserves existantes. Aujourd’hui, l’AIE et les principales sources de référence ont déterminé que la moitié environ de la production mondiale de pétrole est mature. Cela signifie qu’elle ne peut que décliner. Le recours au pétrole non conventionnel est une illusion que colportent les merdias en occident.
    Le prix du baril est de nature à provoquer une récession, ce qui est la grande trouille des grands mamamouchis qui gouvernent le monde. La demande de pétrole est extrêmement peu sensible au prix du baril. C’est précisément ce qui s’est passé en 2008 : lorsque les gens n’ont pas les moyens de se payer de l’essence ou du mazout, ils réduisent leurs autres dépenses, comme les remboursements de prêts hypothécaires. Si on estime que pour réaliser des investissements, il suffit que le prix du baril monte à 150, 160, voire 200 dollars — comme on l’a imaginé au début des années 2010 — on se heurte alors au phénomène récessif du prix du baril… Il sera de plus en plus difficile et coûteux de compenser le déclin du pétrole facile à extraire par du pétrole non conventionnel, de gisements profonds, de l’Arctique ou d’ailleurs.
    Pour nous, cela signifie une chose très simple. Ce n’est pas seulement à cause du climat que nous devons sortir du pétrole. La fête est finie.
    Vous êtes-vous vraiment posé la question de ce qui a motivé la guerre d’Irak ? Pour les Hommes du secteur du pétrole il s’agissait de mettre la main sur la région la plus riche en pétrole du monde, d’y planter le drapeau américain une fois pour toutes. Comme nous le savons maintenant, ce fut un échec retentissant. Mais nous avons oublié trop vite, malheureusement, les raisons qui ont poussé Dick Cheney et sa clique à mentir devant le Congrès et les Nations Unies. Ce siècle est censé être celui de la sortie du pétrole, mais il a commencé dans une guerre pour le pétrole.
    Le 18 juin 2023, le cabinet de Benjamin Netanyahou autorise le développement du gaz naturel offshore de la ZEE de Gaza. Les champs gaziers de Gaza Marine 1 et 2, identifiés depuis 1999, possèdent des réserves extractibles estimées à environ 35 milliards de m3 et une capacité annuelle de production de 1,5 milliard de m3 sur une période de 12 ans.
    L’offensive sur Gaza serait un pur hasard découlant du massacre terroriste palestiniens ? Je vous pose la question ou pas ?

    Bonne journée

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