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Un pays… sens dessus dessous

Il restera des éléments de langage de la crise actuelle du monde agricole. Ils seront resservis à la moindre occasion dès que montera une contestation. Le premier des ministres du gouvernement croupion a par exemple fait dans la démesure en déclarant : « on a décidé de mettre l’agriculture au-dessus de tout ». Ce qui est rassurant c’est que ce n’est qu’un effet d’annonce qui ne durera que quelques jours. Il lui faudra très vite mettre « l’éducation : au-dessus de tout », « la sécurité : au dessus de tout », « la défense : au-dessus de tout », « les collectivités locales : au-dessus de tout », « les hôpitaux : au-dessus de tout », « les EHPAD : au-dessus de tout », la « diminution du gouffre des finances publiques : au-dessus de tout » et qui sait la résorption de la précarité au-dessus de tout.

Il reste à savoir quel est le niveau du « tout ». Tous les observateurs s’amusent de la mise en scène de la sortie chez les contestataires haut-garonnais. Un occupant de Matignon sur la paille : on ne pouvait rêver d’un symbole plus authentique. Le mot à la mode qui est soigneusement évité dans les discours c’est celui de « déficit » ! Il est pourtant partout.

Alors les agriculteurs ont tout intérêt à se méfier puisque leur secteur se situe au-dessus d’un trou affolant. Pas un jour sans que les constats se multiplient. Comme ceux qui les dressent ne manifestent pas, ne déversent pas du lisier, ne vident pas du purin et ne font du principe qui peut le pneu peut le moins ils ne leur permettront pas d’être au-dessus de tout !

Les trente-deux centres hospitaliers universitaires débouchent les artères plutôt que les obstruer : leurs directrices et directeurs, les présidents des conseils d’administration et les représentants des universités se font pourtant du mauvais sang. Ils annoncent qu’après la clôture de l’exercice 2023 ils affichent un écart recettes-dépenses de 1,2 milliard d’euros soit trois fois plus qu’en 2022. Leur capacité d’autofinancement pour l’achat de matériels performants ou les investissements indispensables a chuté de 86 %. Des déficits au-dessus de tout ce qu’ils ont connu dans la gestion d’un service public.

Les établissements du secteur médico-social traversent une crise similaire. Le milieu scolaire prendra en ricochet de la fragilité des finances des collectivités territoriales de tutelle, une baisse de ses crédits de fonctionnement. Le secteur du logement s’enfonce dans une crise sans précédent. Les faillites se multiplient et 2025 risque d’être celle de la dégringolade de l’économie de proximité non-délocalisable. Un nouveau « quoi qu’il en coûte » étant inenvisageable, le recours à l’État providence disparaît.

Les pertes des recettes pour l’État et les collectivités vont s’emballer. La construction au point mort ou presque (terrains rares et chers, prêts bancaires encore trop élevés et verrouillés, absence de main d’œuvre…) la taxe sur le foncier bâti seule recette évolutive s’étiolera et la TVA ne rentrera plus. Les investissements publics fléchiront inexorablement. « Au-dessus… du dessus de tout » il n’y aura pas le ciel bleu mais les nuages noirs d’une contestation globale. C’est alors que ressortira la voix de l’Intérieur. « Nos agriculteurs souffrent et ils ont le droit de manifester » (…) Il fallait selon lui : «les laisser faire sans envoyer les CRS.(…) « Est-ce que les agriculteurs s’en prennent aux policiers et aux gendarmes ? Est-ce qu’ils s’en prennent aux bâtiments publics ? Ce n’est pas le cas. » Il reviendra sur TF1 pour prôner la fermeté et la répression face à des blocages effectués par d’autres catégories professionnelles. Il sera difficile de convaincre.

A la place des agriculteurs je me méfierais car les soignants furent des « héros » acclamés par l’opinion dominante pour leur dévouement et leur solidité durant la crise sanitaire et ont aussi vite oubliés qu’ils avaient été mis en avant. Ils occupèrent la position « au-dessus de tout » et ils se retrouvent dans un service public qui lutte avec l’énergie du désespoir pour ne pas être… « en-dessous de tout ». Nombreux sont ceux qui les rejoindront dans les prochains mois car ils n’en peuvent plus.

Après avoir déversé leur défiance dans un vote extrême aux européennes et à quelques semaines des Jeux Olympiques, le moment sera venu de se faire entendre. Ce scrutin ne modifiera pas en effet d’un iota la stratégie ultra-libérale de la majorité-minoritaire en France… qui continuera à refuser une nécessaire solidarité des plus nantis ou du monde des financiers profiteurs. Dès aujourd’hui la campagne d’esbroufe débute : elle devrait être au-dessus de tout.

Ce champ est nécessaire.

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Cet article a 5 commentaires

  1. J.J.

    Au vu de la situation et après la lecture de cet article, me revient en mémoire (je sais que je me répète, c’est sans doute dû à l’âge….) un mot que je n’ai jamais oublié, de notre maître de septième, en leçon d’histoire, à propos de la situation de la France en 1789 : BANQUEROUTE, auquel on peut ajouter Faillite de l’état.
    Je crains que nous y soyons de retour

     » Est-ce que les agriculteurs s’en prennent aux policiers et aux gendarmes ? Est-ce qu’ils s’en prennent aux bâtiments publics ? Ce n’est pas le cas. » : Exemple de mauvaise foi caractérisé.
    Je n’ai jamais ouï dire que des manifestations syndicales ou de Gilets Jaunes, généralement sévèrement bousculée par les forces dites de l’ordre, se soient terminées par des dépôts de fumier et autres détritus, ou des bénédictions au lisier d’édifices publics ou privés.
    On note d’ailleurs dans ces manifestations paysannes l’absence remarquable autant qu’étonnante des Black Blocs. Seraient ils en RTT ?

  2. Gilles Jeanneau

    Le moins que l’on puisse dire c’est que jusqu’à présent, et depuis des lustres, la politique agricole a été en dessous de tout…
    C’est affligeant (hier très bon documentaire sur la 5 cela dit mais le débat qui a suivi n’a pas été à la hauteur, comme dab).
    Allez, bonne journée quand même.

  3. facon jf

    Bonjour,
    ce matin ça commence très bien le directeur de l’Insee est venu faire un numéro de trapèze volant dans ma radio. Après plusieurs saltos ébouriffants sur les bases de calculs de l’inflation, il a réussi dans son numéro de funambule à nous assurer que l’inflation ralentissait tout en reconnaissant à mi-voix que c’était le pourcentage de la hausse qui ralentissait, sous-entendu les prix augmentent toujours et ne reviendrons jamais aux valeurs précédentes. Une tentative particulièrement risquée de justifier la hausse de électricité a été évitée, l’exercice périlleux étant écarté par les faire-valoir injustement qualifiés de journalistes. Tout le savoir faire de l’Insee se résume en un mot  » les moyennes » cet artifice mathématique si commode pour écraser les extrêmes.
    Le syndrome du haut de la pile frappe le nouveau venu à Matignon qui est obligé de sacrifier ses beaux escarpins à la bouse des campagnes. De grâce mes seigneurs mettons fin à ce supplice enduré par nos Sinistres, à peine nommés et déjà sur la planche à bascule, c’est inhumain.
    Médiapart nous révèle que nos Sénateurs avaient pris de l’avance sur les députés en s’octroyant une rallonge de 700€ / mois de leurs indemnités, l’inflation ça ronge le pouvoir d’achat des élus il faut faire des sacrifices. Heureusement notre Gérard Larcher veille sur le bien-être des classes opprimées, gloire à lui et tout notre soutien dans son juste combat.
    Le Sinistre Dard-Malin lui pratique la politique de Gribouille en faisant le siège de Rungis avec ses jouets blindés pour empêcher les agriculteurs de faire le même siège avec leurs tracteurs. Il s’ensuit une partie hilarante de cache-cache entre paysans et forces du désordre, c’ est amusant à cet âge, faudrait pas qu’ils grandissent.
    Le Sinistre de l’agriculture fait les gros yeux à la FNSEA qui bloque la capitale, c’est pas bien dit-il courroucé. Prenez garde à son courroux ( cou-cou)! Il est capable de bouder au moins cinq minutes, incapable de faire du foin il fera du boudin ( expression Lyonnaise pour se moquer des enfants qui boudent ) .
    Notre  » mignon » premier Sinistre va faire lui aussi son numéro de trapèze à l’assemblée, mais lui a prévu son filet de sécurité en n’engageant pas le vote de confiance. Quel courage, quelle abnégation, quel sens du devoir j’en reste muet d’admiration.
    Le Méprisant de retour d’Inde va essayer de « Bombay » le torse face à Cruella Von der la hyène pour rétropédaler après ses promesses secrètes de signer tous les accords internationaux susceptibles de faire plaisir à nos « saigneurs économiques » US. Gloire à lui son sacrifice restera secret.
    En fait je suis un peu déçu, notre sinistre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse, des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques de France n’a pas encore gaffé aujourd’hui. Je reste confiant la journée n’est pas finie!

    Bonne journée

  4. Alain.e

    Après la hausse pour les députés et les sénateurs ………
    Hausse du prix de l’électricité…..
    Hausse du tarif des péages….
    Hausse du prix du tabac…
    Mais , Le ministère de l’Économie a choisi d’abaisser de 6 % à 5 % le taux du Livret d’épargne populaire (LEP) et
    Le taux du Livret A est quant à lui bloqué à 3 %, malgré une formule de calcul donnant un taux supérieur, à 3,9 %. Il s’applique également aux Livrets de développement durable et solidaire (LDDS).
    Salauds de pauvres , faudrait pas qu’ils gagent quelques centaines d’ euros en trop quand même et je ne parle pas de ça ……. et de ça ……. , ça pourrait énerver.
    Cordialement.

  5. facon jf

    Des propos chocs dans la bouche d’un membre dirigeant de la coordination rurale à retrouver ici et ça envoie du lourd
    https://youtu.be/JVilGwz9iEw
    Interview de Jean-François Chaperon sur l’agriculture et les problèmes agricoles. Jean-François Chaperon est président de la Coordination rurale de l’Hérault. Il explique comme la suradministration et le corporatisme agricole étranglent les agriculteurs, et pourquoi ceux-ci ont besoin d’avoir un marché libre et concurrentiel pour s’en sortir.

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