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Tout et son contraire partout et tout le temps

Le poste de ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires n’a pas la tache la plus aisée du gouvernement. Il finira par choper un torticolis, un tour de reins ou une indigestion tant il doit effectuer des contorsions pour s’adapter aux changements de direction politique de ses collègues. Un jour il lui faut être intransigeant sur les mesures indispensables pour tenir le cap face au réchauffement climatique et le lendemain il doit plier l’échine et accepter de renoncer aux mesures prévues. Quand ce n’est pas dans la même journée qu’il lui faut pratiquer cette gymnastique idéologique éprouvante. Il suit gentiment le premier des ministres et il écoute assis sur des bottes de paille avec patience et étonnement des déclarations destinées à mettre à mal ce qui a été décidé en matière de protection des personnes et de la nature.

Lors d’un récent colloque il a été par exemple admis que la croissance en France de la température moyenne ne sera pas de + 1,7 ° C mais de 4 ! Cette augmentation suppose que tous les engagements pris soient suivis. Ce niveau servira pour la préparation du troisième Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC), qui devrait se traduire selon le ministère de la Transition écologique par une cinquantaine de mesures articulées autour de quatre axes. La brèche a été ouverte avec des déclarations fracassantes contre les écolos. Dans le contexte actuel il est déjà assez difficile de protéger la ressource en eau, la qualité de l’air, d’éviter des pollutions graves, de réguler les déchets, de construire une industrie et une agriculture éco-responsable, de se battre contre le mitage de l’espace rural sans que le pouvoir vienne discréditer les efforts nécessaires.

Le plan s’articulerait autour que quatre grandes orientations : – « protéger les Français », « adapter les territoires et assurer la continuité des infrastructures et des services essentiels », « assurer la résilience de l’économie », « préserver les milieux naturels et culturels ». Dans le premier on va revenir en arrière sur les pesticides, les intrants divers qui pèsent sur les vies de chacune et chacun d’entre nous. Forte augmentation des maladies neuro-dégénératives, recrudescence des cancers de toutes sortes, alerte sur les enfants exposés aux pesticides. Comment y croire ?

Pour le second « les services essentiels » comme par exemple ceux de la santé sont menacés. Les hôpitaux accumulent des déficits colossaux, les EHPAD publics sont en cessation de paiement, les centres sociaux (quand ils existent) ne savent pas comment ils boucleront les budgets 2024, les structures de solidarité souffrent : nul ne sait vraiment ce que sera la situation sur le terrain dans un an. Si l’on considère que l’agriculture et l’élevage sont des composantes de « l’économie », ceux qui sont industriels et extensifs auront bien du mal à s’inscrire dans une forme fiable de résilience. Il reste la protection des « milieux naturels et culturels » pour lesquels la loi de non artificialisation des sols constitue un espoir pour peu qu’elle soit applicable et réaliste.

Le plan doit faire l’objet d’une réunion gouvernementale autour du premier ministre Gabriel Attal « vers la fin du mois de février » puis sera mis en consultation un mois plus tard pour être ensuite publié « au moment du début de l’été ». Concrètement, il pourrait par exemple entraîner une refonte du code du Travail (pour adapter les horaires aux pics de chaleur), encourager les îlots de fraîcheur dans les villes ou encore prévoir une refonte des normes pour la construction ou les infrastructures. On peut y croire…

Avec + 4°C la tâche du ministère de la transition écologique s’annonce vertigineuse tant les répercussions du réchauffement climatique sont nombreuses, sur l’agriculture, la santé, les migrations, les milieux naturels, le tourisme ou les infrastructures… Pendant l’été, il faut s’attendre à ce que nos barrages reçoivent moins d’eau qui viennent des glaciers, que notre agriculture reçoive moins d’eau quand elle en réclame davantage.
Dans les projections du ministère à l’horizon 2100, Lille aura le climat de Bilbao, Paris celui de Montpellier, Brest celui de Vigo, Lyon celui de Rome, Toulouse celui de Valence et Marseille celui de Séville. L’enneigement serait limité à 10 jours dans les Pyrénées et à 20-40 jours dans les Alpes (avec des variations géographiques puisqu’on prévoit moins de 5 jours de neige par an dans le sud du massif alpin, par exemple). Les glaciers alpins pourraient avoir disparu en totalité à la fin du siècle.

Les zones urbaines de la moitié nord de la France pourraient connaître 40 à 50 nuits tropicales (température supérieure à 20 °C) par an, soit autant que le maximum du littoral méditerranéen aujourd’hui, et les zones les plus exposées du pourtour méditerranéen plus de 90 nuits à plus de 20°C par an. Il faut aussi s’attendre à des vagues de chaleur d’1 ou 2 mois l’été sur l’arc méditerranéen, le couloir rhodanien et la vallée de la Garonne, selon les projections du ministère. Il y a aussi à la fois un fort risque d’aggravation des inondations et de diminution des ressources en eau. On s’oriente donc vers des conflits croissants et des crises sociales corporatistes ou sectorielles à répétition… Libérons ! Libérons ! Libérons !

Cet article a 3 commentaires

  1. J.J.

    Y aurait-il encore des gens assez naïf pour y croire à cette transition écologique ? Tout ça c’est surtout du blabla pour faire croire que l’on fait ou que l’on pourrait faire quelque chose, autrement dit amuser le gogo.

    Quoi que l’on fasse, l’évolution du climat est en marche (probablement imperceptiblement depuis longtemps, mais ça s’accélère), aggravée et activée par les activités humaines.
    Pour ne pas affoler les populations, on évite de regarder en arrière, d’évoquer les périodes où nos « campagnes » éraient parcourues par des rennes ou des rhinocéros laineux, où les glaciers des Alpes descendaient jusqu’à Lyon. Et a contrario quand nos côtes étaient baignées par des mers chaudes où prospéraient les coraux.
    Tout cela est inscrit dans notre sol, mais il faut l’oublier (ce qui est facile, certains n’en ont aucune conscience) et se contorsionner en faisant semblant de faire « quelque chose » alors que de surcroît nous sommes dominés par un « impératif catégorique » : mon pognon d’abord.
    Autrement dit, à mon avis (défaitiste), ça ne peut pas être gagné, car dans l’histoire de notre Terre, ce n’est pas la première fois que ça arrive.

  2. ROCHER

    Cher Jean-Marie tu n’es plus affilié, mais fut un temps où nous avions porté (avec enthousiasme) François Hollande au pouvoir. Tu te souviens qu’il désigna un « breton » comme ministre de l’Agriculture. On s’aperçut rapidement que celui-ci était le porte-serviette de la FNSEA. Coupant, par exemple le financement des filières bio ( heureusement Alain Rousset compensa un peu) etc..etc…Pour le récompenser, les macronistes ne présentèrent pas de candidat contre lui aux Législatives. Depuis, pour ma part et beaucoup d’autres  » chat échaudé craint l’eau froide « 

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