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Comparaison n’est pas forcément raison

Selon « les statistiques des recettes publiques » publiées par las services de l’OCDE la France occuperait la plus haute marche du podium en 2022 en matière de prélèvements obligatoires. Un classement qui devrait nourrir la haine française de ce que l’on appelle à TORT les impôts. Avant d’entrer dans le détail de cette performance (46,1 % du PIB) il faudrait bien comprendre ce que recouvre la notion de prélèvements obligatoires.

Pour l’OCDE, il s’agit du cumul des impôts et cotisations sociales prélevés par les administrations publiques ainsi que les taxes fiscales et les institutions européennes. Il est en effet important de préciser que les participations au système de solidarité collective à l’égard de sa situation personnelle participent à ce calcul. Bien entendu, un pays n’ayant aucune couverture maladie ou des caisses de retraite inexistantes aura facilement un niveau de prélèvement forcément inférieur. Il serait honnête de mettre en contrepartie des sommes annoncées les « bénéfices reçus ». La comparaison brute n’a donc aucun sens si ce n’est celui d’affoler les adorateurs du système libéral.

La privatisation que tente par tous les moyens d’imposer le système de l’OCDE est en effet totalement hostile et contraire à celui de services publics solidaires. On peut baisser les sommes collectées si le système de santé ou de pensions suppose des cotisations libres n’entrant pas dans la statistique diffusée. Dans la suite du classement, on trouve en effet des pays dans lequel il n’y a aucune solidarité basée sur une solidarité. Malgré toutes ses tentatives directes ou indirectes et le discours présidentiel la France a vu ces ponctions passer sur un an de 45,2 % du PIB en 2021 à 46,1 en 2022. En cause les taxes fiscales qui ne cessent d’augmenter (se prépare celle par exemple sur l’électricité).

Le Danemark qui en 2021 occupait la première place vient de couper drastiquement dans les cotisations liées au revenu. On est descendu ainsi à 41,9 % à Copenhague. Il faudrait lier cette décision à la diminution des services proposés désormais pas l’État. Dans l’ordre se suivent notre pays la Norvège qui selon l’OCDE serait « imposé » à hauteur de 44,3 % de son PIB très élevé en raison de ressources pétrolières et gazières en Mer du Nord. Ce classement est totalement artificiel puisque la croissance des prélèvements est liée à un bon de l’impôt… sur les sociétés ayant réalisé des profits exceptionnels réalisés dans le secteur de l’énergie. Est-ce vraiment une décision critiquable ?

Avec un ratio PO/PIB de 43,1 %, l’Autriche monte sur la troisième marche du podium, devançant la Finlande (43 %) et l’Italie (42,9 %)… dont les services publics sont totalement différents. Mais la notion de prélèvement non liées aux seul impôts directs et des taxes mêlent des situations hétéroclites. Quand par exemple le classement place en dernière position du pays le moins pressuré le Mexique peut-on penser qu’avec 16,9 % il représente un modèle de propositions de services pour une population dans laquelle le niveau de pauvreté empêche d’accéder à des soins ou à une école de qualité. Il faut au Mexique présenter sa carte bleue comme en Colombie (19,7 %), en Turquie (20,8 %) ou en l’Irlande (20,9 %) et même aux USA (35,3%)

Nous glissons chaque année davantage vers cette déclassification de la France. La carte bleue pour les soins contre la maladie remplace de plus en plus la carte Vitale. Les suppléments d’honoraires explosent et bien évidemment la part portée par les cotisations sociales risque de baisser. Les exonérations proposées pour tenter d’abaisser les prélèvements prive l’État de ressources qu’il compense par une dette massive destinée à assumer son fonctionnement. Pour les retraites la situation est similaire avec la nécessité d’investir dans des caisses privées pour renforcer après 64 ans la pension officielle.

Si les libéraux parvenaient à privatiser toute la vie collective, nous serions le pays le moins « prélevés » de l’OCDE avec une inégalité face au fonctionnement de la vie quotidienne entre ceux qui pourraient payer et les autres laissés au bord du chemin. On paye trop d’impôts et nous gueulons comme des putois. Personne ne fait la comparaison entre les sommes payées et les avantages reçus ! Les cotisations sociales devraient être exclues de cette comparaison qui ne vaut certainement pas raison.

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Cet article a 4 commentaires

  1. Gilles Jeanneau

    Même si ton titre a été victime d’une coquille, tout cela est très bien dit et très juste!
    Bonne journée à toutes et tous

  2. J.J.

    Charges sociales, dixit le patronat, cotisations sociales (et solidaires) pour les travailleurs.
    Abominables impôts directs, pour les nantis, injustes et très discrets prélèvements de taxes sur les consommations courantes, touchant proportionnellement plus durement les moins fortunés. C’est ça la justice sociale ?

    Un petit retour en arrière à propos de la citation de RJ Facon d’hier : Où l’auteur de ce ce chef d’œuvre de la littérature a-t-il appris l’existence de si belles manières et élégantes expressions ? Au lycée Saint louis de Gonzague(16éme arrondissement, détail inutile) dirigé semble -t-il à l’époque par son auguste mère (née Fradin de Bellabre) ?

  3. facon jf

    Bonjour,
    l’économie n’est autre que ce que  » mon général » nommait l’intendance, intendance choisie par le politique. “Quand les hommes ne peuvent changer les choses, ils changent les mots.” J. Jaurès. Les charges sociales sont le travestissement du salaire indirect perçu en différé par les salariés au cours de l’existence ( accidents, maladies, vieillesse …). Changer le mot cotisation par le mot charge n’est pas anodin, c’est bien une volonté politique de baptiser cette cotisation d’un synonyme de fardeau ou poids. L’idée étant de suggérer que cette avancée sociale « pèse » sur les salaires, tout en induisant la notion que cette « charge » interdit l’augmentation du salaire demandée pour faire face à l’inflation. La cerise sur le cageot étant de laisser croire que le versement du salaire brut ( sans les cotisations) serait une prodigieuse augmentation. Bien naïfs sont ceux qui croient en cette fable !!!
    Brider les salaires est justifié par la concurrence internationale qui nous ferait perdre des marchés et jeter les salariés au chômage. C’est cette logique qui conduit à réduire toujours plus les salaires, les dépenses de santé, les prises en charge en cas d’accident, réduire les pensions en montant et en durée.
    Tout ce mécanisme a été démonté par Maurice Allais, (1911 – 2010 ) économiste et physicien français, Prix de la Banque de Suède en 1988 ( prix Nobel ) oublié de nos merdias.
    Issu d’un milieu modeste, il sort major de l’École polytechnique et rejoint le Corps des mines. Sa vocation d’économiste naît d’un voyage d’études aux États-Unis pendant la Grande Dépression, où il est frappé par la misère et l’incompréhension des élites face aux événements. Ce besoin de comprendre l’amène à s’intéresser à l’économie comme autodidacte.
    Titulaire de la chaire d’économie de l’École des mines de Paris pendant quarante ans, il enseigne aussi à l’université, à Genève ou aux États-Unis. Il est aussi directeur de recherche au CNRS pendant trente ans.
    Critique de la mondialisation, se disant à la fois libéral et social, il est favorable au libre-échange uniquement à l’intérieur de groupes d’États homogènes économiquement, et donc opposé à l’ouverture douanière entre pays à fortes disparités de développement. Selon lui, la crise et la mondialisation sont liées : « La crise financière et bancaire qui n’est que le symptôme spectaculaire d’une crise économique plus profonde: la déréglementation de la concurrence sur le marché mondial du travail ». « Le chômage actuel est dû à cette libéralisation totale du commerce […] En tant que tel, il constitue une folie majeure, partant d’une contradiction incroyable. De même qu’attribuer la crise de 1929 à des causes protectionnistes est une contradiction historique. La véritable origine était déjà le développement insouciant du crédit dans les années qui l’ont précédé. »
    En 1992, Maurice Allais critique le traité de Maastricht pour son insistance excessive sur le libre-échange. Il a également exprimé des réserves sur la monnaie unique européenne. En 2005, il a exprimé des réserves similaires concernant la Constitution européenne.
    Ces positions contraires à la pratique généralisée des États occidentaux depuis 1974 ont peu à peu mis Maurice Allais dans la position d’un dissident. La crise en cours depuis 2007, la désindustrialisation en Europe et les délocalisations massives ont redonné une certaine actualité à ces positions longtemps contraires à l’esprit du temps.
    On comprend pourquoi Maurice Allais a été jeté dans l’oubli des merdias et des dirigeants politiques.
    RIEN n’arrive par hasard en économie, nous payons cash les choix des gouvernements ayant choisi le libéralisme au détriment des salariés et au bénéfice de l’oligarchie. TUER la sécu et les retraites par répartition c’est enrichir les fonds vautours internationaux, reste à trouver un mot pour diaboliser ces 2 institutions…
    Je leur fait confiance pour trouver comment les rebaptiser.
    Bonne journée

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