Les alertes à la bombe se multiplient et perturbent considérablement le fonctionnement des lieux les plus fréquentés. On évacue. On fouille. On rouvre. On referme. On refouille. La facilité de ce genre d’actions destinées à semer la pagaille dans le fonctionnement normal des structures, est évident. Un mail ou un coup de téléphone suffisent à faire basculer le lieu visé dans l’inquiétude et la nécessité de mobiliser les forces de l’ordre. Les vrais spécialistes savent en effet échapper à toutes les investigations possibles pour remonter à l’émetteur. La question reste posée : sont-ce des initiatives individuelles ou des émanations d’officines lointaines et spécialisées,
La fragilité générale des sociétés soumises à l’informatique triomphante devient problématique. Il n’y a vraiment aucune protection réelle contre les intrusions ou les démolitions des systèmes les plus sophistiqués. Lors de son attaque meurtrière les terroristes du Hamas ont totalement détruit les caméras et les dispositifs de surveillance du mur séparant Gaza du territoire israélien. Avec des armes peu sophistiquées, les combattants du Hamas ont réussi à franchir ce qui était devenu une ligne Maginot. . «Ils ont d’abord neutralisé les caméras et les dispositifs de surveillance pour rendre aveugle et sourd l’État-major israélien, puis ils se sont emparés des points de contrôle et sont passés par des points de passages latéraux créés par Tsahal pour lui permettre de mener des incursions dans Gaza» explique un spécialiste de l’analyse stratégique .
En pensant que la technologie rend invincible ou protège de tous les dangers Israël a connu l’une des pires tragédies de son histoire. Cette leçon a des cotés inquiétants car elle démontre combien ce que l’on pense comme en pointe est fragile car il existe toujours des solutions en devenir ou en fonctionnement pouvant le réduire à néant. C’est valable dans un contexte de guerre mais le plus inquiétant c’est que dans le quotidien le numérique nous rend plus faible et surtout de plus en plus angoissé.
En une période où les paiements par carte bancaire sont présentés comme la solution économique la meilleure il faut savoir que le temps que vous lisiez le début de cette chronique, un hacker aurait déjà fini de pirater votre CB. C’est du moins ce qu’indique une récente étude de NordVPN, basée sur les données de 4,5 millions de cartes bancaires piratées. Six secondes. Et pas une de plus. C’est le temps qu’il faut à un pirate informatique pour hacker une carte bancaire, selon les résultats d’une étude NordVPN. L’entreprise s’est récemment intéressée à 4,5 millions de cartes bancaires, provenant de 140 pays, dont les données ont fuité sur le Dark Web. Et les résultats font froid dans le dos.
Dans un autre registre en Chine où la reconnaissance faciale, la classification ethnique, l’identification de personnes fichées sont devenues monnaie courante une faille dans le système a permis que les données de toute une ville soient accessibles en ligne C’est la réalité angoissante de la ville intelligente à la sauce chinoise transparaît dans des données en ligne que quelqu’un a oublié de protéger. Elles étaient librement accessibles en ligne depuis un navigateur web, sans aucun contrôle d’accès. Or il faut rappeler que pour les Jeux Olympiques de l’an prochain à Paris les parlementaires ont autorisé la mise en œuvre d’un système moins évolué mais inspiré de cette technologie.
L’Assemblée nationale a validé l’article 7 qui prévoit le recours à la vidéosurveillance « intelligente », c’est à dire automatisée. Que prévoit l’article en question ? Qu’à titre expérimental, la sécurisation « de manifestations sportives, récréatives ou culturelles » puisse recourir à des algorithmes. Ces logiciels basés sur l’intelligence artificielle serviront à analyser les images saisies par le réseau des caméras de surveillance mais également les drones ou les aéronefs. Ils détecteront automatiquement des situations potentiellement à risque comme des bagages abandonnés, des mouvements de foule inhabituels ou encore des rassemblements. Pour le moment.
Partout le numérique prend une place croissante dans le quotidien sans que nous ayons la moindre assurance sur sa fiabilité. Il ressemble à ces icebergs dont la partie immergée totalement invisible est nettement plus importante que celle qui se situe au-dessus de la ligne de flottaison. Impossible d’échapper à l’angoisse personnelle d’être piraté, espionné, détourné. Elle est palpable chez tout le monde tant la jungle du numérique est complexe et impénétrable
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La question reste posée : sont-ce des initiatives individuelles ou des émanations d’officines lointaines et spécialisées ? Je me pose la même question et j’en ajouterai une autre, complotiste : une initiative occulte destinée à resserrer un peu la vis en semant un vent de panique, ou une résultante des trois options ?
» les combattants du Hamas ont réussi à franchir ce qui était devenu une ligne Maginot » qui elle même mal employée avait démontré sa parfaite inefficacité.
« Il n’existe aucun obstacle infranchissable s’il n’est battu par un feu. » J’ai du lire ça dans un manuel de formation des sous officiers. Curieuse lecture me direz vous, mais nul n’est parfait.
Ce principe est très bien illustré dans le roman et l’excellent film (à mon avis …) qui en a été tiré : Capitaine Conan (Roger Vercel 1934).
Merci Jean-Marie pour ce constat partagé car pas plus tard que ce mois-ci j’ai dû faire opposition à ma carte bancaire pour la deuxième fois cette année. C’est hallucinant la soi-disant sécurité informatique…
Et c’est encore plus dramatique lorsqu’on y ajoute les usurpations d’identité et autres délits qui peuvent transformer la vie de gens biens en enfer!
Et tout le monde politique est d’accord pour que ça continue; pire, que ça empire. Il faut tout faire par informatique.
Alors je comprends la misanthropie; mieux j’y adhère de plus en plus et exècre ce soi-disant progrès qui devait résoudre tous les problèmes dont la faim et la misère (voir la situation catastrophique des associations caritatives)
Allez, bonne journée quand même…
Bonjour,
un beau sujet très complexe qui s’appuie coté gouvernement sur la sûreté de l’État et de l’autre sur les défenseurs du droit à la vie privée.
Le contexte actuel très anxiogène est parfaitement exploité par les tenants de la loi et l’ordre. Les raids permanents des hackers sur nos intérêts privés facilitent encore plus la tâche du législateur ( piratages de comptes, chantage, cryptage des données personnelles contre rançon…).
Les enjeux de la surveillance renforcée des foules et des individus est aussi sous-tendu par les aspects sécuritaires et ( surtout )économiques des J.O prochains.
L’examen de la loi SREN par l’assemblée nationale ( projet de loi visant à Sécuriser et Réguler l’Espace Numérique ) vient d’être adopté le 17 octobre en première lecture.
Deux objectifs définis pour cette future loi Protéger les enfants de la pornographie en ligne et Protéger contre les arnaques, le harcèlement et la désinformation en ligne.
Les intentions peuvent paraître pures et bonnes, mais voila le diable se niche dans le dernier terme » la désinformation en ligne » et c’est sur ce point que se cristallise les objections des défenseurs de la vie privée.
Le problème essentiel de l’application de cette nouvelle loi c’est le comment faire et son efficacité. Cramponnez-vous je rentre dans la mécanique du système ! Aujourd’hui, lorsqu’une censure d’un site est demandée, soit par un juge, soit par la police, elle passe par un blocage DNS. Pour simplifier, le DNS est le système qui traduit un nom de domaine en une adresse IP (par exemple http://www.laquadrature.net correspond à l’adresse IP 185.34.33.4). Quand un internaute veut consulter un site Internet, son périphérique interroge un service appelé « serveur DNS » qui effectue cette traduction. Chaque fournisseur d’accès Internet (FAI) fournit des serveurs DNS, de manière transparente pour l’abonné·e, qui n’a pas besoin de configurer quoi que ce soit : les serveurs DNS du FAI sont paramétrés par défaut.
Les injonctions de censure jouent aujourd’hui sur ce paramétrage par défaut : les FAI soumis à une obligation de censurer un site font mentir leur service DNS. Ainsi, au lieu de retourner à l’internaute la bonne adresse IP, le serveur DNS du FAI répondra qu’il ne connaît pas l’adresse IP du site censuré demandé, ou répondra par une adresse IP autre que celle du site censuré (par exemple pour rediriger l’internaute vers les serveurs du ministère de l’intérieur, comme c’est le cas avec la censure des sites terroristes ou des sites pédopornographiques). La censure par DNS menteur a deux problèmes majeurs. Premièrement, elle est facilement contournable : il suffit à l’internaute de changer de serveur DNS. L’internaute peut même, lorsque sa box Internet le permet, paramétrer des serveurs DNS différents de ceux de son FAI, pour ne pas avoir à faire ce changement sur chaque périphérique connecté à son réseau. Deuxièmement, cette censure n’est pas précise : c’est tout le nom de domaine qui est bloqué. Il n’est ainsi pas possible de bloquer une page web seule. Si un FAI voulait bloquer avec un DNS menteur l’article que vous êtes en train de lire, il bloquerait aussi tous les autres articles sur http://www.laquadrature.net.
Jusqu’à ce jour si je vais sur un site dangereux je peux quand même le consulter avec le bouton » j’ai compris la menace » et j’y vais.
Voila ! j’ai perdu tout le monde… Pour simplifier imaginons que mon commentaire soit pédopornographique et/ou mensongé, arnaqueur, désinformatif etc, c’est l’ensemble du site de JMD qui obtiendra un DNS interdit. L’URL ( adresse du site ) ne sera plus consultable.
C’est l’objectif de l’article 6 qui supprimera le bouton « j’ai compris mais j’y vais quand même ». Il en résulte donc une véritable censure pilotée par la police en contournant les juges.
Nous vivons une époque formidable, au nom de la sécurité chaque jour les pouvoirs nationaux cherchent à restreindre le peu de libertés qui nous reste. La période Covid et son passe sanitaire était un très bon test, jusqu’où irons nous ? Les JO vont constituer une nouvelle étape.
bonne journée quand même
C’est bien ça: tout devient de plus en plus compliqué pour que le simple quidam ne s’y retrouve plus et confie son âme au diable…
Alors il ne reste plus qu’à revenir à nos vieux proverbes romains (mais les jeunes ne les connaissent même pas):
Alea jacta est
Carpe diem etc.
O fortunatos nimium sua si bona norent, agricolas !
Dura lex ,sed lex,
Sic transit gloria mundi …