Georges Vasseur était l’instituteur secrétaire de Mairie de Sadirac depuis les, années 1920 jusqu’en 1952. Blessé à la guerre il avait abandonné son Pas de Calais natal pour épouser l’infirmière qui l’avait soigné au Grand-Hôtel de Biarritz reconverti en hôpital. Homme de rigueur il symbolisait ces enseignants sortis de l’école normale et qui avait une mission à accomplir. Il m’a donné des heures et des heures de cours pour me préparer au cours complémentaire et les vacances étaient avec lui très studieuses.
J’ai en mémoire son goût pour une culture fine et diversifiée. Il recevait chaque semaine « La revue des Deux Mondes » qui n’avait pas encore viré à droite toute. Quels étaient ces deux mondes ? Je ne pouvais vraiment pas ke savoir caar digérer malgré ma soif de lire, des pavés intellectuels de haute volée mais totalement abscons me dépassait.
Si je créais une publication de ce genre, j’aurais l’ambition de l’appeler celle de « mes quatre mondes ». En effet je pense avoir parcouru des espaces différents dont malheureusement je m’aperçois qu’ils n’intéressent guère les autres. selon leur spécificité J’espère que l’on ne retiendra pas de ma vie que le périple dans la politique. C’est probablement celui qui a été le plus difficile à traverser car il repose sur des idées reçues, sur des supputations hasardeuses et une mauvaise réputation que Brassens aurait pu chanter. De moins en moins de personnes ont envie de se frotter aux réalités de la gestion publique tant elle conduit parfois à la désillusion et au précipice. Je les comprends;
Explorer les « contrées » à gauche et à droite n’enthousiasme guère des générations ne voyant plus l’intérêt de cheminer vers une improbable destination sans avenir. Il y aura une crise des voyageurs de la politique ! En cinquante ans, de mon entrée au bureau départemental du Syndicat National des Instituteurs en 1973 à ces derniers mois où je ne cours absolument plus après la moindre responsabilité, j’ai marché en solitaire dans des déserts, j’ai franchi des cols, j’ai pataugé dans des marécages, j’ai avancé à tâtons, j’ai éprouvé de belle satisfactions et j’ai surtout pédalé pour ne pas me casser le gueule. Le pays de la politique se rétrécit et il y a longtemps que je ne m’y sens plus à l’aise.
Le second qui fut on ne peut plus passionnant fut celui du journalisme. Ce monde là j’y suis entré par effraction, à la force du poignet, avec patience et obstination. Il m’a fallu bien des complices pour me frayer un sentier qui m’a permis de découvrir cette partie de la société qui a perdu pour moi une belle part de son intérêt depuis 2002, où j’ai tourné la page. La vie médiatique mérite comme pour celle qui précède que l’on ne se contente pas de critiquer, de juger, de vilipender mais de comprendre, de pratiquer et de se donner le temps de réfléchir.
Là encore en quasiment 25 ans j’ai eu la chance de côtoyer des belles personnes et surtout j’ai appris à écouter, à rapporter et à transmettre. Je ne m’y suis jamais ennuyé. Je n’y ai pas souvent perdu mes repères. On me parle rarement de ce voyage en terre inconnue dans une tribu assez particulière, celle des journalistes d’atant pou qrui le métier était essentiellement une passion.
En fait j’étais destiné de puis soixante ans à faire mes classes en arpentant les cours des écoles. J’ai débuté comme instituteur et j’ai terminé de la même manière. J’ai connu des contrées exceptionnelles avec même la plus belle des planète celles des hommes et des femmes de demain. Se promener sur les routes du savoir avec des enfants de toutes les origines sociales de tous les niveaux scolaires constitue une gageure, une aventure humaine exceptionnelle, enrichissante et que souvent je rêve de reprendre.
Je ne saurai jamais ce que j’ai pu leur apporter si ce n’est leur procurer les rudiments d’une boussole leur évitant de se perdre dans la dangereuse forêt de la concurrence, de l’échec, du profit et de la violence. Cette balade aura duré une bonne trentaine d’années avec des bornes posées dans bien dess communes.
Le monde de la famille est le plus restreint mais le plus précieux. J’ai su d’où je venais et à qui.que je devais mes racines et ma réussite. L’oublier c’est se condamner à se croire arrivé un peu trop vite puisque on a perd la distance du point de départ. Il y aura bientôt 55 ans que je tente de donner aux miens ce que les autres leur laissent. Ils en ont souffert car les « explorateurs » abandonnent trop souvent le bercail en invoquant les nécessités de respecter leurs engagements. Il faut alors serrer les rangs. La présence d’une « seconde » capable de tenir la barre dans la discrétion et la solidité prend alors toute son importance.
Mes quatre mondes n’ont jamais été parallèles ou concurrents. Ils se sont emmêlés ou complétés. Ils ont constitué un patchwork qui a été tissé et assemblé pat des centaines et des centaines de femmes, d’hommes et d’enfants que je n’imagine pas regrouper tant ils sont différents. Ma revue ce soir où je traîne un filet de fièvre. Pas facile. Le monde de la santé ne me réussit guère.
En savoir plus sur Roue Libre - Le blog de Jean-Marie Darmian
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
Cher Jean-Marie, ce beau texte frappé au coin de la nostalgie ressemble à un bilan, et pour la « Roue Libre » il ne saurait y avoir de bilan sans Remo.
« Si je fais comme ce personnage de Maurice Constantin Weyer(Un homme se penche sur son passé), auteur bien oublié, ….(mon commentaire(tronqué) dans « Surprise Jubilatoire ».
C’est apparemment l’exercice auquel tu te livres. Nostalgique pour Christian, peut être. Un bilan ? Je ne le pense pas car un bilan implique de tirer des conclusions et faire des plans sur la comète. Or, je pense que pour nous (pour moi, au moins ), on ne compte guère sur l’avenir, et si je me livre au même exercice, je n’obtiendrai pas un résultat aussi positif.
Il me reste à me laisser porter comme une barque abandonnée au fil de l’eau, comme Ophélie voguant dans ses princiers atours.
P….. ! Mais je deviendrais rêveur et poète sur mes vieux jours ? Pas de ça ! Ça serait vraiment un grave signe de sénilité.
Ho J.J.! Tu sais ce qu’il disait Oscar Wilde? « Le monde est construit par le poète pour le rêveur ». Tu es donc bien (encore) de ce monde.
Rassures-toi ( s’il le fallait), tu as laissé de belles traces dans les 3 mondes que tu ne fréquentes plus que sur des chemins parallèles. Le quatrième monde, celui de ta famille, de tes racines est toujours bien présent, même s’il est parfois moins « pétaradant » et joyeux. Il est tendre et rieur, attentionné et présent, même par intermittence. Et cela crève les yeux.
Réjouis-toi, cher ami, et quand la fièvre t’aura quittée, tu sentiras encore une chaleur tenace: celle de ceux que tu aimes.
Bon courage à toi,
Et que la chaleur ne te quitte pas