You are currently viewing Dans l’éducation on parle de tout sauf de pédagogie

Dans l’éducation on parle de tout sauf de pédagogie

Vous avez toutes et tous rempli en vous appliquant la fameuse feuille de rentrée avec les renseignements concernant certes votre identité mais aussi celle de vos parents. Si ce passage était relativement facile antérieurement il devient désormais concernant la dispersion familiale beaucoup plus délicate. Un certain nombre d’élèves ont bien du mal à se situer dans leur famille. Il est aussi souvent constaté qu’un pourcentage d’entre eux ne parvient pas à formuler le métier de leur père ou de leur mère. Et même s’ils le savent ils ont bien du mal à décrire en quoi consiste ce statut social. Que fait exactement papa? Que fait maman ?

En questionnant les élèves on a bien des surprises sur la vision des métiers qu’ils peuvent porter. Pourtant à un moment où un autre il faut opter pour des formations dont les noms ronflants sont en inadéquation avec la réalité du monde du travail. Des sections de Lycée professionnel ou d’IUT ne trouvent pas preneurs car les jeunes sont incapables de se projeter correctement sur des perspectives professionnelles car ils n’en connaissent absolument pas les réalités. On a très peu d’élèves de troisième qui demandent des stages hors du tertiaire et des métiers supposés valorisants (petite enfance, bibliothèque, santé…) ce qui provoque des choix ultérieurs totalement utopiques.

Comparé à d’autres modèles éducatifs, y compris ceux de nos proches voisins européens, le système français se montre particulièrement efficace pour dégager une élite, écrémer progressivement les meilleurs ou supposés tels, repérer les pépites qui occuperont les postes les plus en vue dans l’administration, la politique, l’économie, la recherche…En fait tout le système travaille comme s’il lui fallait avoir le major de Polytechnique et considère que s’il ne l’a pas c’est de la faute aux effectifs, aux programmes, à l’environnement de l’éducation. !

Une propension très forte existe sur la notion d’excellence, à tel point que dès l’école primaire, les enfants sont notés et évalués alors qu’il ne s’agit que de compétences à acquérir et surtout de méthodes permettant à chacun de les acquérir. L’éducation française occulte totalement le simple principe que, pour atteindre cette excellence, l’environnement social et familial reste un facteur déterminant essentiel. Seuls comptent les efforts que l’on produit en classe et donc dans un milieu refermé, plus du tout ouvert sur la réalité locale, sur l’environnement de proximité et sur les relations humaines.

Le principe méritocratique qui a été au fondement de l’école républicaine et indissociable de l’idée d’égalité des chances veut que plus un élève travaille, quel que soit son milieu d’origine, et plus il aura de bons résultats, il obtiendra la des diplômes inadapté au monde actuel pour beaucoup et s’assurera d’une place de choix dans une société qui ne donne plus d’emplois pour toutes et tous. Tout est dépassé et décalé avec l’époque qui a besoin d’autonome, de responsabilisation, de remise en cause constante.

On continue contrairement à bien d’autres pays le concours, avec ses épreuves anonymes passées dans les mêmes conditions par tous les candidats, est la procédure la plus sûre, la plus « pure », la plus juste, pour sélectionner les meilleurs élèves alors que souvent elle débouche sur des échecs sociaux dramatiques. Un concours de connaissances ne juge jamais du savoir-être, du savoir-faire, du savoir s’intégrer dans une société évolutive car ils consacre un savoir qui fait abstraction de l’autonomie, de la responsabilité, la capacité de remise en cause de ce que l’on croit savoir mais qui devient obsolète face à la réalité.

Fabriquer une élite reste une obsession qui transparaît dans les méthodes dites pédagogiques et que les instruction faites par des gens ayant réussi dans ce système renforcent en permanence. Même à l’école maternelle des familles réclament l’apprentissage de la lecture à 3 ou 4 ans sous prétexte que comme ça il aura… de l’avance ! Les génies sont ceux qui savent lire de bonne heure ou jouer du piano avant d’aller découvrir l’intérêt de la musique.

Comparé à d’autres modèles éducatifs l’école française doit être louée pour sa propension efficace à dégager une élite, filtrer progressivement les meilleurs ou supposés tels, repérer les « sachants » qui occuperont les postes les plus en vue dans l’administration, la politique, l’économie, la recherche… mais qui se révéleront totalement déconnectés du monde réel.

Les grandes écoles restent le nec plus ultra de la réussite éducative alors que le diplôme de meilleur apprenti ou ouvrier de France acquis par des connaissances non liées à l’apprentissage scolaire ne sont regardé que de très loin. Un grand cuisinier étoilé ne vaudra jamais un agrégé de grec ou de physique chimie dans l’esprit de bien des familles.
Le système éducatif court vers un mirage : effacer de l’horizon des élèves le spectre de n’être jugé que sur ce qu’ils ne savent pas faire dans un cadre normé alors qu’ils ont en eux une envie différente de parvenir à une autre réussite.

En cette rentrée réputée paisible et marquée par la mesure tant attendue de la suppression de l’usage du portable ou de l’abbaya je rêve, pour ma part, d’une vraie révolution pédagogique et humaine. Je ne la verrai jamais !

Cet article a 10 commentaires

  1. christian grené

    « Que fait exactement papa? Que fait exactement maman? » Chez moi, m’sieur, papa se pique et maman le secoue.

  2. Philippe CONCHOU

    Mieux vaut un bon maçon (ou menuisier ou autre) qu’un mauvais architecte.

  3. Philippe CONCHOU

    Le bon maçon peut se passer du mauvais architecte mais pas le contraire.

    1. François

      Bonjour @ Philippe CONCHOU !
      Oui, certainement mais qui est le plus reconnu administrativement ? Le second … grace aux corrections du premier !
      Cordialement.

    2. Laure Garralaga Lataste

      à mon ami Philippe Coucou…
      Bravo ! Je valide les 2

      1. Laure Garralaga Lataste

        Devinette… : qui est coucou… ?

  4. François

    Bonjour J-M !
    Non ! Je ne suis pas un fin limier mais SURPRENANTE la similitude de ta chronique … avec la thèse défendue par un certain Monsieur Brighelli, un « druide » comme celui de Marseille, professeur retraité agrégé de lettres et « La fabrique du crétin »(Éd. L’Archipel ) ! ! Peut-être ta lecture de clinique …
    Alors, en plagiant une rengaine publicitaire, j’ose dire : « Bon, J-M, maintenant ça suffit, tu vas te mettre à table et nous dire ce que tu penses de la thèse de ce Monsieur » ! ! !
    Amicalement.

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ Merci François
      Grâce à toi… Je peux écrire à notre ami Jean-Marie…
      Confies ( et non confit… mais je me doute que ce plat type de notre gastronomie est prévu pour bientôt ! ) ton cas à la Science.
      Tu as la chance de te trouver en d’excellentes mains… !

  5. J.J.

    « Un grand cuisinier étoilé ne vaudra jamais un agrégé de grec ou de physique chimie dans l’esprit de bien des familles.  »
    Voilà un préjugé qui remonte à l’antiquité ou presque, l’admiration pour les connaissances théoriques, que l’on ne peut généralement juger que par ouï dire, et le désintérêt, le dédain pour les aptitudes aux tâches manuelles(qui, contrairement à l’opinion générale demandent aussi des compétences intellectuelles).
    Léonard de Vinci était méprisé par les « intellectuels » de l’époque car ne sachant pas l’hébreu. Les dits intellectuels sont oubliés depuis longtemps (s’ils n’ont jamais été connus) ; quant à Léonard, qui ne le connaît ?

    « Vous avez toutes et tous rempli en vous appliquant la fameuse feuille de rentrée avec les renseignements concernant certes votre identité mais aussi celle de vos parents. »
    Quand j’étais écolier, puis lycéen, cette tâche était mon cauchemar, ma panique des jours de rentrée, usant de procédés qui relèvent de la mythomanie pour cacher une situation familiale non conforme aux us et coutumes de l’époque.

  6. Laure Garralaga Lataste

    @ à mon ami J.J.
    Dans ma famille… :  » grande cuisinière » (même non étoilée) fait l’admiration de nos héritiers de la bonne bouffe… !
    D’où … la transmission de recettes du terroir : Foie gras, confit de canard, lamproie, cèpes (cueillis à la main… dans les bois de Targon et, quand on a de la chance, dans notre bois de Lormont…) Si… si, de quoi faire « una tortilla » ou de quoi accompagner un tendre filet de bœuf ! Et, plus lointains, « cocido » y « paella » … !

Laisser un commentaire