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Sale attente en salle d’attente : le temps dort

Je ne sais pas vous mais moi j’ai horreur des salles d’attente, ces lieux que l’on ne fréquente que l’on est dans l’incertitude. Depuis la crise sanitaire elles deviennent froides car elles ont été dépouillées de ces revues dépenaillées qui ne parlaient que des personnages n’ayant jamais fréquenté les espaces dédiées à la plus difficile des qualités à acquérir : la patience. Nous en manquons tous et nous la sollicitons des autres quand nous-mêmes nous sommes incapables de la mettre en oeuvre. 

Attendre…attendre… attendre… un verbe que je n’aime pas et que je n’ai jamais aimé ! Pour moi il ne le faudrait jamais car le temps s’écoule lentement, trop lentement quand on connaît l’issue de la période où l’on donne plus que son temps au temps. On voudrait en finir avec le sujet de ses préoccupations afin de passer à autre chose, tourner la page et envisager une autre échéance. En fait dans une société de l’extrême rapidité le pire des supplices consiste à devoir se plier aux horaires des autres.

La vitesse devient tellement Obsessionnelle que l’on est obligé de prendre des mesures coercitives pour en endiguer ses effets néfastes. La France est pavée désormais de « dos d’ânes artificiels », de « gendarmes couchés » ou « d’écluses » construits à grands frais pour justement contraindre les automobilistes à ralentir leurs véhicules achetés pour… rouler vite !On s’extasie sur une vingtaine de parcours Bordeaux Paris en TGV qui feront gagner une petite demi-heure de trajet mais perdre plus d’une heure de route, de quête d’une place de stationnement à celles et ceux qui n’auront pas d’autres moyens que l’automobile pour rallier la gare !

Si le monde est accessible en un coup d’aile supersonique le parcours pour accéder aux aéronefs reste problématique puisqu’il est demandé de débouler une heure avant l’embarquement après avoir passé des contrôles filtrants. Partout et de plus en plus, il faut attendre… pour diverses raisons liées à un fonctionnement social dénué de toute humanité.Dans le secteur de la santé il n’y a rien de plus stressant que de patienter avant et après les examens.

Les nouvelles technologies de la communication et des échanges ont considérablement diminué les délais entre l’envie et la réponse. Un mail, un SMS, un clic et l’affaire est faite ! Les activités financières se règlent au milliardième de seconde et le commerce électronique ne travaille plus sur la qualité d’un produit mais sur la promptitude avec laquelle il sera livré. Une sorte de course effrénée à l’abolition du temps s’empare du monde du profit comme s’il fallait amasser le plus possible dans le temps le plus réduit.

Il n’y a plus de limites à ce processus de négation de la communication réelle. Chez les consommateurs on ne veut plus entendre parler du célèbre vers de Corneille prétendant que « le désir s’accroît quand les faits se reculent » : il est impratif d’obtenir ce que l’on pense indispensable, tout de suite ! Cette impatience qui favorise l’achat immédiat et direct est de plus en plus dévoyée par les supports technologique.

Quand la puissance publique propose le « haut débit » pour des liaisons somme toutes banales entre les hommes il y a toujours des adeptes du « très haut débit » bientôt supplantés par les fans du « très, très haut débit » qui ne savent pas encore réellement ce qu’ils en feront à part se donner une illusion de puissance pour échanger des banalités virtuelles.La salle d’attente est devenue insupportable, exécrable…et elle constitue un vrai sujet de conflit entre responsables publics et utilisateurs putatifs. Il ne s’agit même plus de parler en années ou en mois.

Un embouteillage dû à des travaux réclamés et d’intérêt général excite les humeurs belliqueuses.Une coupure d’électricité imprévue (et même annoncée) déchaîne des orages dévastateurs sur les standards de EDF. On impute à la paperasse des décisions retardées et le fonctionnaire pourtant submergé par les demandes devient un « frein » à l’initiative ou à la créativité. Espérer une réponse de sa banque prend vite des proportions scandaleuses. Et alors qu’écrire sur les TER en capilotade ou en rade qui sont accusés d’être exceptionnellement à l’heure ?

Toutes les salles d’attente des urgences ou des professions médicales sont emplies de gens stressées qui espèrent être guéries avant même d’avoir été soignées ! Les femmes et les hommes ont perdu la notion du temps et pensent orgueilleusement qu’ils le domineront aisément grâce à des technologies sans cesse plus performantes. En fait ils même le combat de Sisyphe car jamais il ne parviendront à installer le rocher de la certitude sur la montagne des espoirs. L’attente est douloureuse. L’attente est angoissante. L’attente écrase la raison. L’attente peut rendre fou. L’attente ronge les énergies mais l’attente remet la vie dans le bon sens car elle tempère son cours en offrant des plages de réflexion.

Certain(e)s la trompe par la méditation, d’autres par la lecture, d’autres par l’écriture, d’autres par les mots croisés ou par une activité artistique ou par tout autre forme d’occupation de l’esprit… mais parfois je dois l’avouer le temps paraît bien long même si l’échéance attendue n’a aucune urgence.

Le cœur craint le temps qui passe. La raison suggère que dans le fond il vaut mieux qu’il prenne son temps… La pendule qui fait tic-tac au salon n’a pas que de mauvais cotés ! « Si on bâtissait la maison du bonheur, la plus grande salle en serait la salle d’attente. » a expliqué Jules Renard. Je veux bien mais c’est assez frustrant.

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Cet article a 18 commentaires

  1. Philippe CONCHOU

    Rdv ce matin chez mon toubib. Avec un peu de chance, car cet excellent médecin prend son temps, je passerai vers 10h et sortirai vers 10h30.
    Le cabinet ne desemplit pas.
    Tous les patients arrivent avec un livre, et les impatients vont chez sa collègue voisine qui prend un patient toutes les 15 mn.
    Le temps, heureux privilège du retraité.

    1. Laure Garralaga Lataste

      à mon ami Philippe…
      Merci pour cette belle démonstration des jours heureux de ceux qui… « …connaissent le temps d’avoir le temps… ! » Mais dont le seul soucis… demeure « vivre encore… un peu de temps » !

  2. François

    Bonjour J-M !
    La salle d’attente ! ! ! Quel lieu de supplice pour personne « surbookée » … même à la retraite ! ! !
    Effectivement sans lecture ! Oh, des vieux journeaux écornés dont tu ne pouvais point terminer la lecture d’un article, un client gourmand ayant détaché la page verso … de la recette du poulet de grain roti façon Grand’mère ! !
    Durant mon adolescence, c’est avec cette littérature hebdomadaire chez mon dentiste que j’ai appris la confection d’un nœud de cravate double : on peut aussi s’instruire ! !
    Cette carence littéraire m’a permis une observation en rapport avec ton feuillet sur l’addiction aux mobiles : sur la douzaine de patients …impatients (enfants, jeunes et … moins jeunes, un seul avait recours au sudoku papier ! ! ! Je vais postuler pour une place au Musée ! !
    Lors de mon dernier contrôle technique trimestriel chez mon toubib, après une discussion amicale avec le dernier patient avalé par la salle d’examen, je me suis plongé dans mon quart d’heure sudoku …niveau moyen ! Résultat : T.A. : 13/8 avec les félicitations de ma cousine-toubib ! Chuuuutt ! Ne lui dites pas car les sudokus ne sont pas sur ordonnance !
    Je termine par ma plus belle salle d’attente :
    Lyon St Exupéry, mon baptème de l’air ! Cinq heures d’attente : avion retardé suite à accident à Toulouse, sandwich Easyjet, client énervé par fermeture des portes devant son nez, emmené au poste par les deux costauds de la Sécurité, trois heures de retard à Bordeaux : pas de Champagne mais un souvenir …indélébile ! ! !
    Amicalement

    1. Laure Gaeealaga Lataste

      @ à mon ami François…
      Je suis sûre de me trumper… (excuses) mais… La difficulté de l’attente ne se résumait-elle pas à l’angoisse du diagnostic du Maître… !

  3. Darmian Marie-Christine

    On dit bien que ceux qui attendent dans les salles d’attente sont des « patients »
    L’attente c’est apprendre la patience

    1. J.J.

      Le patient doit être doublement patient, car le mot patient, pour désigner une personne ayant besoin de soins vient de patere (latin souffrir).
      C’est la double peine, non seulement il souffre mais de surcroit il doit patienter.(le cas échéant se morfondre).

      1. Laure Garralaga Lataste

        à mon ami J.J.…
        Et nous n’ignorons pas combien est grande… « la souffrance d’attendre »… une lettre d’amour ou une réponse, un rendez-vous… même autre que d’amour ! Quant à se morfondre… je ne puis me morfondre que sur mon propre sort !

    2. Laure Garralaga Lataste

      à mon amie Marie-Christine…
      Le n’ai qu’un mot… BRAVO !

    3. Laure Garralaga Lataste

      @ à mon amie Marie-Christine
      Et de la patience… il nous en faut par les temps qui courent… !

  4. J.J.

    Un peu stressant ce texte quand on envisage pour la semaine prochaine un certain nombre de passages en salle d’attente et d’attentes de résultats.

    « En fait ils mènent le combat de Sisyphe car jamais ils ne parviendront à installer le rocher de la certitude sur la montagne des espoirs.  »
    Belles figures de style. Réponse en alexandrin : « Sont-ce des catachrèses ou des métonymies ? »

  5. christian grené

    Chez mon toubib, mon précieux recueil d’anagrammes renversantes à la main, j’ai appris que la favorite du roi Louis XV pouvait être patiente et même… socialiste. Voyez un peu: JEANNE ANTOINETTE POISSON, MARQUISE DE POMPADOUR.
    « Ainsi attendais-je qu’on poudre et pomponne ma rose ».
    C’était mon anagramme du jour. En l’attente de votre appréciation, je vous prie d’agréer … patati, patatras!

    1. facon jf

      @Christian pour votre Prénom seulement 8 lettres sur 9 donnent
      CHIANTIS
      CINTRAIS
      TRICHAIS
      désolé ! = soldée!
      L’anagramme consiste à mélanger les lettres d’un mot, d’une expression, en vue de former un nouveau mot, une nouvelle expression. C’est ainsi que les tripes ne sont pas sans esprit, les morues sans mœurs, le pirate sans patrie, le sportif sans profits et l’étreinte sans éternité. Il n’est tenu compte ni des accents ni de la ponctuation.
      La magie poétique du renversement des mots un vrai jeu de patience pour salles d’attente.

      1. Laure Garralaga Lataste

        @ à mon ami facon jf…
        Je n’ai qu’un mot… OUF !… qui n’a rien à voir avec…fou !

    2. Laure Garralaga Lataste

      à mon toujours ami christian malgré…
      Ce pas de côté HORS de mon ennemi héréditaire… « la royauté, » car elle ne mérite pas de majuscule… !

      1. christian grené

        Buenas tardes, Laurita mia. No queria hablar del rey o de la reina, sola poner mi « anagrame » en el asunto de Don Juan Maria.
        Abrazos.

  6. DGN

    J’aime beaucoup les « salles d’attente « . C’est un moment de temps suspendu sur lequel on n’a pas de pouvoir. C’est aussi , comme à la terrasse d’un café, un lieu d’observation des gens très instructif. Et puis, on peut aussi se mettre en mode pause, rêvasser, …… et ne surtout pas regarder ses mails sur le téléphone !!!!! Laisser du temps au temps, luxe suprême…

  7. Alain.e

    Si la patience est mère de toutes les vertus , qui est le père ???
    La patientèle doit elle être obligatoirement patiente sous peine de poursuite ??
    Rina Ketty et son célèbre  » J’ attendrai  » a t’ elle finalement perdue patience ??
    Si l’ antonyme d’ attente est action , activité , pourquoi n’ y a t’il pas de salle d’ action ??
    Des questions que je me serais pas posées si je n’ avais pas lu  » roue libre  » activateur officiel de neurones , donc , merci .
    Cordialement .

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ à mon ami Alain.e…
      Enfin… une bonne question… !
      Qui n’a pas de réponse car…  » le féminin l’emporte toujours sur le masculin… ! « 

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