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Une énième loi ne changera rien à la pression migratoire

Une énième loi sur l’immigration est en préparation donnant lieu à un marchandage politicien tellement dérisoire qu’il en devient comique. Encore une supercherie pour amuser la galerie et surtout provoquer des débats spécieux indispensables pour éviter les vraies catastrophes qui menacent. Le spectacle parlementaire avec son absence de débat réel sur le fond mobilisera les médias et évitera que de se pencher sur les causes réelles d’un phénomène planétaire majeur. L’immigration ne cessera jamais et se fout pas mal de la loi en préparation. Elle résulte de phénomènes tellement graves que nous préférons ne pas les voir.

L’augmentation de la température ajouté à la raréfaction des ressources en eau va rendre la vie impossible sur la plupart des continents et même chez nous. Les guerres ne cesseront plus et se multiplieront tant partout sur la planète les rivalités pour les terres arables, les ressources naturelles et la maîtrise des océans s’exacerberont sur les continents les plus déshérités. Les aléas climatiques qui frappent dans notre environnement immédiat auront un impact encore plus dramatique sur des zones déjà mal en point. Bien évidemment on en prend conscience que quand on les subit mais les autres…

L’immigration ne cessera pas car tout être humain cherche un avenir meilleur (ou du moins le croit-il) et face aux dangers qui le menacent il est prêt à tout tenter pour y parvenir. Traverser les déserts, les montagnes, les mers n’arrêtera pas un affamé, un persécuté ou un désespéré alors un texte de loi qui a comme seul objectif irréalisable de le renvoyer en enfer n’aura qu’un effet à la marge.

Comme le veut une tradition française on empile des textes sans même se poser la question de savoir si les précédents sont réellement appliqués ou même applicables. La démagogie ou le populisme aident bien à s’ériger en inventeur de solutions sans lendemain. Malgré le respect que j’ai pour lui la phrase célèbre de Rocard la France ne « peut pas accueillir toute la misère du monde » est dépassée car la question essentielle reste « que faisons nous pour lutter contre la misère du monde qui nous conduit à devoir accueillir celles et ceux qui en sont victimes ? »  C’est l’essentiel du débat. 

L’immigration n’est pas un fléau pour tout le monde. Une économie colossale, pratiquement toujours souterraine, exploite justement ce phénomène planétaire. Des filières exploitent le désespoir de millions de jeunes et de moins jeunes. Cette réalité ne sera pas traité dans la future loi. Renforcer les sanctions non pas contre les migrants mais ceux qui les exploitent avant leur arrivée et même après ne seraient pas populaire. En début de semaine les policiers ont par exemple démantelé une équipe qui attribuaient des faux papiers pour… 15 000 euros !

Les clients du réseau de « bons Français » dont certains travaillaient dans les services préfectoraux, tous présents dans l’Hexagone en situation irrégulière, obtenaient le « kit » parfait pour accéder au droit de séjourner en France, en toute illégalité. Passeports, cartes d’identités, permis de conduire, fiches de paie, avis d’imposition, ordonnances médicales, contrats de travail… une bonne part étaient fabriqués en Turquie.

Les faux étaient ainsi faits sous des identités de nombreuses nations européennes : Tchéquie, Slovénie, Lituanie, Croatie, Italie, Pologne… Autant de pays dont les documents officiels sont plus faciles à reproduire, car moins sécurisés que ceux fabriqués par exemple par les autorités françaises.

Dans le même temps, soixante-dix-huit personnes se sont noyées hier dans le naufrage au sud-ouest de la Grèce d’une embarcation transportant des « centaines » de migrants. C’est l’une des pires catastrophes du genre dans ce pays. Le bateau de pêche à bord duquel se trouvaient les victimes a chaviré dans les eaux internationales au large de la péninsule du Péloponnèse. Une vaste opération de sauvetage entamée mercredi matin a permis de secourir 104 personnes au total, ont-ils ajouté.

Les recherches se poursuivaient en fin de journée, les autorités grecques ayant affirmé que des personnes embarquées sur le bateau de pêche leur avaient assuré avoir été au moins 750 à son bord ! Quelques secondes dans les médias. Un oubli très rapide afin de ne pas faire pitié. Une chamaillerie diplomatique en prévision pour savoir qui accueillera parmi les 451 millions de résidents au sein de l’Union européenne quelques dizaines de survivants. La loi en préparation règlera le problème ! Heureux hasard un débat s’engage au moment idéal sur l’abaya ! Il faudra l’entretenir encore quelques jours pour que revienne le burkini ! 

Partout la grande migration de notre République est celle de l’Humain. Les lois par essence en manquent singulièrement. L’époque n’a rien de fraternel, de libre et d’égalitaire. Ce n’est pas prévu dans le monde du profit, de la haine de l’autre, de la violence sous toutes ses formes. Nous mourrons heureux chez nous victimes du sort que nous pensions réservé aux malheureux de là-bas.

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Cet article a 4 commentaires

  1. Gilles

    Oh que oui Jean-Marie!
    Mais tu le sais bien: la maison brûle et l’on ne voit rien…
    Tout va très bien Madame la Marquise, tout va très bien.
    En attendant bonne journée quand même.

  2. patrickG

    Une peinture bien triste mais décrivant bien cette époque de crises actuelles, et à venir, où le repli sur soi fait appel à des mécanismes de survie qui prennent certainement racines dans notre cerveau reptilien. Chacun pour soi et dieux pour tous, un leitmotive qui ressurgit quand on refuse de voir que malgré le climat de détérioration tout azimut de notre société, seul ce qui nous reste d’humanité est susceptible de nous extirper des griffes qui nous maintiennent dans un état collectif de sidération agitée. Sans remède clair et satisfaisant, nous sommes contraints à lutter contre un désarroi mental qui n’est finalement que l’expression de siècles de cycles d’avancées et de reculs sociétaux dont nous sommes tous les jouets. Et ce n’est certainement pas l’hyper robotisation que l’on tente de nous imposer comme un mantra triomphant du libéralisme pour tous qui va puiser dans ce qu’il y a de meilleur en nous.

  3. J.J.

    Il est une évidence que l’on n’a pas encore vraiment « intégrée » , et même pas du tout pour certains à vrai dire : l’homme (entendez le genre humain) est un animal migrateur depuis son apparition sur terre.
    Il devient parfois sédentaire, mais pour une durée plus ou moins longue (de quelques jours à quelques millénaires, ça dépend). Mais tôt ou tard il reprend son errance ou sa pérégrination, pacifique ou belliqueuse, poussé par les circonstances ou peut être tout simplement par atavisme.
    J’ai connu et fréquenté des « gens du voyage », commerçants bien installés, parfaitement sédentarisés, les enfants à l’école, intégrés à la société locale, avec maison, famille etc..
    Quand ils ont été adultes, les enfants sont repartis sur les routes…

    L’histoire de l’humanité nous le montre, vouloirs arrêter ce mouvement est illusoire, contre nature, alors, des lois sur l’ immigration …. autant vouloir faire voler une carpe ou nager un hanneton.

  4. facon jf

    Bonjour,
    quelle que soit la hauteur des murs si la faim, la misère ou la guerre poussent les migrants au pied de ces murs ils les franchiront car pour eux c’est une question de survie. Risquer la mort en passant les frontières n’est rien si ces malheureux sont convaincus de mourir si ils restent là où ils sont.
    La seule solution efficace aux migrations c’est d’aider au développement là où sont les migrants. Développer les partenariats dans des projets gagnant/gagnant c’est tourner résolument le dos aux principes libéraux du pillage des ressources juste dans le but de s’enrichir.
    Si rien n’est fait le réveil sera terrible.
    Bonne journée

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