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La stratégie répandue du « j’y suis, j’y reste! »

Drôle de période avec des journées susceptibles de saper le moral du plus optimiste des observateurs. Une étrange similitude entre le sport et la politique laisse à croire que dans le fond ils ont beaucoup de points communs. Un président de fédération qui s’accroche à son fauteuil pour espérer revenir et un député qui après s’être auto-amnistié a retrouvé le chemin de la Chambre font la une de l’actualité.

L’un est suspecté de comportements de vieux libidineux vis à vis des femmes dans l’exercice de son pouvoir autocratique et l’autre a été condamné pour avoir giflé son épouse qu’il considérait probablement comme insoumise. Tous deux ont été exclus temporairement de leur groupe d’influence et espère bel et bien revenir sur le devant de la scène au cours de 2023.

C’est désormais une attitude des plus communes. Quel que soit le contexte les gens qui comptent se confectionne un code de l’honneur lié soit à un calendrier judiciaire , soit à une immunité supposée conférée par leur poste. Tous accréditent l’idée que plus rien ne saurait être amoral dans la vie publique et donc qu’il est possible qu’il en soit ainsi dans le quotidien.

La liste est longue et s’étire dangereusement dans le temps. Tous ne sont que des victimes d’une forme d’injustice qui le poursuit malgré leur innocence. Ils savent que dans le monde actuel l’empilage des événements réels ou montés en épingle, effacent aussi rapidement les affaires que la marée le fait avec les inscriptions sur le sable. Pour le Graet les déclarations racistes, anti-sociales, méprisantes, la connivence avec les émirs, une propension aux grands crus et tutti quanti n’ont eu aucune effet. Par contre s’en prendre à une icone lui a  été fatal ! 

Le principe qui réunit les Présidents de tous ordres : ils sont victimes de complots médiatiques ( c’est vrai qu’il y en eu quelques exemples retentissants!) et ils se défendent en utilisant les plus grosses ficelles permettant de masquer la réalité des faits. Le Graet n’a jamais envoyé de SMS graveleux puisqu’il ne sait pas le faire. « « je n’ai rien fait, je jure sur votre tête à tous (sic) que je n’ai rien fait et que le rapport de l’audit sera très positif pour moi, il n’y aura rien contre moi »» Il aura tenu ainsi durant plus de deux heures avant de se décider sous la pression « amicale » de ses amis de se mettre au vert.

Quatennens lui a pris l’air en participant arrivé en catimini pour une petite commission des affaires étrangères. Non-inscrit il récupère son fauteuil et va se glisser une nuit dans l’hémicycle avant de retrouver son statut et ses prérogatives et dans quelques semaines il reprendra le train-train parlementaire. Son passage hors de la Nupes lui servira de purgatoire pour une « faute » majeure que le temps aura minimisée car il y aura eu bien d’autres faits divers plus grave.

Au plus haut niveau du pouvoir les adaptations circonstancielles avec les valeurs essentielles devant régir le comportement des femmes et des hommes qui l’incarnent, deviennent de plus en plus lourdes et incertaines. Il semble que l’on ait deux niveaux adaptables de la morale. Un pour les puissants et un pour les misérables selon le vieux principe de la fable. Laporte a quitté son poste à la FFR avec une évidente mauvaise volonté et il joue la montre. La Ministre ne peut rien contre eux sauf à faire pression sur des situations qu’un instituteur de village n’aurait pas accepté de la part d’un élève ayant commis une faute.

Selon Albert Schweitzer « l’exemplarité n’est pas une façon d’influencer les autres. C’est la seule. » Une vision passéiste car désormais ce n’est vraiment plus d’actualité. Le Graet et Laporte ont totalement oublié, probablement grisés par les vapeurs d’une fonction les rendant dans les faits « intouchables » s’ils le souhaitent, que des milliers de gamins, de jeunes, de dirigeants bénévoles dépendent de leur fédération. Le sport n’avait pas encore trop souffert de la défiance générale qui constitue un gaz incolore et indolore qui envahit la société. En quelques mois c’est plié !

Heureusement que Mbappé a eu une réaction qui l’honore et conforte l’idée que le courage reste la vertu des meilleurs. Quand on voit les atermoiements de la bande de 98 et de quelques anciens coéquipiers de Zidane, la position du nouveau leader du football français prend un relief rassurant. La trouille, les arrangements, les rivalités, les besoins d’exister conduisent à de surprenantes prises de positions ou à des silences inquiétants.

Le rugby n’a pas de leader aussi charismatique que MBappé pour sauver les meubles. La politique non plus. On se contentera donc dans les milieux bien pensants comme c’est de plus souvent le cas de reprendre en chœur la fameuse réplique du sketch des Inconnus : « ça ne nous regarde pas ! » et on contera sur la force de l’oubli. La célèbre pièce de théâtre « j’y suis, j’y reste » mériterait d’être rejouée pour l’exemple.

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Cette publication a un commentaire

  1. J.J.

    Je trouve que mêler les affaires du vieux satyre Le Graet et celle de Quatennens est un peu hasardeux.
    On a d’un côté un personnage qui s’est livré à des actions dégradantes en profitant de sa position (on est un peu plus discret d’ailleurs avec une autre présumé prédateur ancien présentateur de télé) et de l’autre une affaire privée, déterrée par un canard qui fut un temps un honorable journal et qui semble s’être avili en devenant le délateur de service.
    Je le répète, c’est une affaire privée qui, si des personnages à l’ambition pathologique et aux positions quelques peu ambigües n’envisageaient pas de devenir le futur calife à la place du possible futur calife, cette affaire ne serait jamais sortie.
    Le naïf Quattennens a avoué ce moment de violence, ce qu’il n’aurait jamais dû faire, on sait bien que l’honnêteté ne paie pas. Il est des situations où garder son sang froid demande un effort qui n’est pas à la portée de tout le monde.
    Toutes proportions gardées, cette affaire est comme une réminiscence de Roger Salengro.

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