Pour parodier une célèbre prédiction que l’on accorde à Malraux sur l’avenir et la religion, il faut bien convenir que le XXI° siècle sera « électrique ou ne sera pas ». L’année 2022 aura d’ailleurs marqué une brusque entrée dans le monde de cette énergie réputée propre, inépuisable, peu chère. Enfin encore une fois, sous la pression des turbulences planétaires, une solution réputée miracle a été sortie du chapeau en quelques mois par les tenants directs ou indirects du profit. Alors qu’ils ont durant des décennies on a démantelé le système de production et de distribution, les chantres de la privatisation reviennent en arrière pour renationaliser EDF de manière totalement absurde.
En fait les conflits multiples qui existent sur terre (certains sont oubliés !) reposent sur la volonté des uns ou des autres de maîtriser l’énergie connue ou en devenir. Quelles que soient les appréciations que l’on porte sur la gouvernance nationale du Général de Gaulle il avait largement avant les politiques à courte vue, compris que l’indépendance nationale ne tenait pas seulement dans son armée mais dans sa capacité à se libérer des importations énergétiques.
Produire de l’électricité grâce à l’atome, c’est possible depuis les années 1950 en France. A l’époque, le site de Marcoule dans le Gard avait été choisi pour une expérimentation. Le 28 septembre 1956, pour la première fois, la France réussit à fabriquer de l’électricité grâce à l’atome. Deux ans plus tard, en 1958, le Général de Gaulle se rend en personne sur le site de Marcoule. Sa visite, commentée à la télé, est un enjeu politique et très patriotique.
Les années passent, de Gaulle continue de faire la tournée des centrales, en construction ou déjà achevées. Septembre 1963, direction le site nucléaire du Tricastin dans la Drôme. Pour lui, ça ne fait aucun doute, l’énergie de demain viendra du nucléaire. Il y déclarera : «Nous avons décidé d’avoir ce qu’il nous faut. Et d’autant mieux, et d’autant plus, que cette puissance nucléaire comme on dit est liée directement à l’énergie atomique elle-même qui est comme vous le savez tous, le fond de l’activité de demain.»
Au fil des années les risques de ces installations ont été maintes fois dénoncés et combattus. Qui se souvient des manifestations violentes ayant précédé la construction de Blaye et Golfech? Hier encore Tchernoblaye protestait contre l’agrandissement de la centrale du Blayais. Les catastrophes de Tchernobyl (1986) et Fukushima (2011) a renforcé une certaine méfiance contre ce mode de fabrication d’une énergie réputée salvatrice.
La propagande en faveur de l’électricité partout et tout le temps a vraiment renforcé l’idée que grâce au nucléaire nous étions dans une source infinie écartant les usages des autres sources plus coûteuses. Le bois puis le charbon et le fioul ont été abandonnés. Seul le gazole et l’essence ont survécu au nom de la protection des emplois dans l’automobile. Aucune recherche anticipatrice autour de l’utilisation par exemple de l’hydrogène.
En 2022 contrairement, encore et toujours sous la pression, le pouvoir politico-économique a pris le virage de l’électricité. Le gouvernement s’est mis sur 100 000 volts ! La solution serait à nouveau dans l’utilisation d’une fée providentielle qui sauvegarderait notre indépendance. Rien n’a été véritablement construit stratégiquement car l’anticipation a été une nouvelle fois inexistante. L’une des grandes vedettes de la révolution écologique est devenue en 2022 la voiture électrique présentée comme la huitième merveille du monde.
Elle est présentée comme non-polluante avec zéro émission carbone, silencieuse, respectueuse de l’environnement… sauf que la réalité est bien différente de cette image idyllique ! Le feu vert donné aux voitures électriques serait plutôt au rouge vu l’état réel des avancées technologiques actuelles dans le secteur automobile.
Si la voiture elle-même reste à un prix abordable, rien n’est réglé pour les batteries qui restent fragiles, dont on ne connaît pas le durée réelle de vie et qui selon le contrat (achat ou location) peuvent coûter de 6 à 12 000 € pour une Zoé Renault ! L’autonomie reste aussi un handicap bien que les distances annoncées soient rassurantes et surtout la vitesse de recharge (quand elle est possible en raison de bornes en nombre insuffisant) annoncée n’est pas la bonne. La fabrication elle aussi n’a rien d’écologique. Bref la solution n’est guère meilleure que le mal mais en 2022 on a oublié de débattre de cette mutation.
Demain il faudra produire davantage d’énergie électrique or on en manque ! Demain il sera indispensable d’acheter ce qui nous fait défaut dans les pays voisins à des prix prohibitifs. En effet, ce n’est pas la production actuelle ou prévue dans les trente prochaines années d’électricité verte qui compensera cette aberration économique. Les panneaux solaires, l’énergie marémotrice, les éoliennes et les autres sources vertes sont encore très loin de pouvoir compenser la fin de l’électricité nucléaire. On ajoute une autre forme de dépendance énergétique à celle qui existe encore pour le gaz et le pétrole ! Quelle cohérence ?
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Bonjour à tou(te)s.
Cher Jean-Marie, c’était tellement mieux au Siècle des Lumières…
Oui, mais quel est le con qui a éteint?
Bonne journée à toutes et tous
Oui, même maintenir l’existant au niveau d’aujourd’hui est un problème insoluble.
Alors, faire croître notre production f’énergie, n’en parlons pas.
Pour le pétrole, le film » Mad Max » nous a déjà décrit notre avenir si l’on continue comme aujourd’hui, ce qui semble rassembler un consensus extrémemnt mou, extrêmement lâche.
Pour le nucléaire, pas de problème, on devrait pouvoir assurer notre prétendue « indépendance énergétique » à coups de Barkhane Ii, puis Barkhane III, pour convaincre nos « amis » africains de continuer à nous approvisionner en uranium.
Ensuite, on pourrait aussi faire de la politique : mettre tous les problèmes sur la table, réfléchir, anticiper, débattre, se concerter, choisir, construire un avenir collectif, bien sûr, au delà même de nos seules frontières.
Mais là, on aborde un domaine au delà de la science fiction…
Effectivement, en faisant abstraction de dangers qu’il représente, l’avenir semble être le nucléaire. Question à 1 € : mais où se procure t-on le combustible ? La question, primordiale, n’est apparemment pas abordée, or il est difficile d’imaginer qu’on va le sortir d’un chapeau.
Et si par hasard, le fournisseur n’a pas l’heur de plaire à Jojo ou à ses successeurs, on va « embarguer « derechef ?
Et en « prétéritant » j’aouterais : Et je en parle pas des déchets !
D’une autre côté, tout semble fait pour « dépromouvoir » les énergies dite vertes qui rencontrent, à bon droit de nombreux détracteurs.
Tant que l’on aura pas pris la peine de faire évoluer le parc éolien vers des modèles moins monstrueux et plus efficaces(depuis l’invention des moulins à vent, l’éolien n’a fait que de maigres progrès, d’autres systèmes plus performants sont déjà trouvés et d’autres à l’étude, mais on clôt le bec à leurs promoteurs, donc ils restent confidentiels) tant que l’on ne se décidera pas à tirer le maximum de l’énergie solaire en utilisant le rayonnement direct (du producteur au consommateur), tant que les installations type Odeillo resteront des curiosités touristiques, l’électricité dite verte restera un source d’énergie aléatoire.
Autre ennui préoccupant, le froid ! Blizzard, blizzard.
L’électricité, du moins batteries et caténaires ont horreur du froid.
Il y a quinze jours des T.G.V. furent bloqués par le léger coup de froid en France.
Comment se comporteront les waattures quant le Gulf stream sera inversé ou inexistant et qu’à quant à Bordeaux, la météo sera celle de New-York / blizzard ?
Tout comme l’eau*, nos gouvernements nous ont laissé accroire que l’électricité est bon marché, oui mais sans inclure le « recyclage/assainissement ».
*Eau : source de refroidissement de plus en plus manquantes de nos centrales nucléaires…
Bonjour,
Pas de démonstrations mathématique ou physique qui saoulent les lecteurs des commentaires, juste une réflexion sur où va NOTRE monde.
» Le formidable développement qu’ont connu les pays occidentaux depuis deux siècles a permis une extraordinaire amélioration du niveau de vie de leurs populations, que souhaiteraient connaître la quasi-totalité des pays, quel que soit leur régime politique.
Le hic, c’est que le moteur de ce développement a largement été alimenté par l’utilisation des énergies fossiles, dont l’augmentation de la consommation au niveau mondial continue à se poursuivre.
On a longtemps craint que la limite à la croissance économique provienne des ressources, à la fois de matières premières et d’énergie, mais on s’aperçoit depuis quelques années qu’elle porte davantage sur les rejets.
Les émissions de gaz à effet de serre provenant de l’ensemble des activités humaines représentaient en 2017 l’équivalent de 53,5 milliards de tonnes de dioxyde de carbone, le CO2 lui-même comptant pour les trois quarts.
Les émissions liées à la combustion d’énergie fossile et aux procédés industriels atteignent 37,1 milliards de tonnes ce qui représente près de 85 % de ce total, et fait de ce secteur le principal responsable de l’augmentation globale de CO2 dans l’atmosphère de 1,2 % par an environ.
Quelles que soient les grandes déclarations politiques lors des sommets internationaux sur le climat, les émissions de gaz à effet de serre continuent de progresser à rythme élevé, du fait de la croissance de la population mondiale et d’un développement économique auquel personne ne souhaite renoncer.
La grande difficulté de la lutte contre le changement climatique, c’est que celui-ci est un effet secondaire de politiques de croissance économique qui, même si elles peuvent être très différentes d’un pays à l’autre, poursuivent des objectifs semblables et sont universellement considérées comme désirables.
Peut-on envisager de renoncer à la croissance économique, alors qu’elle apporte tant sur le plan social, alors que tant d’hommes et de femmes souffrent de la pauvreté et aspirent à une amélioration de leur niveau de vie ?
Alors qu’il est de plus en plus évident que le changement climatique résulte de la recherche généralisée de la croissance économique, très peu de voix s’élèvent parmi les opposants aux politiques environnementales actuelles pour remettre en cause cette dernière.
L’histoire récente montre les difficultés de mise en œuvre des politiques de désengagement des hydrocarbures. Qu’il s’agisse de taxation diesel ou de taxe carbone, les populations ont de grandes réticences à accepter les contraintes de la transition énergétique, et ceci alors même que l’énergie n’est pas vraiment chère compte tenu des bénéfices qu’elle apporte.
Un accord international sur des politiques restrictives à visée climatique risque d’être difficile à trouver car tous les pays ne seront pas affectés de la même façon.
Pendant des siècles, les relations internationales ayant été davantage marquées par la compétition que par la coopération, il y a peu de chance que cela change suffisamment rapidement pour limiter le changement climatique d’ici le milieu ou la fin du siècle. »
Conclusion du Cours Énergie et changement climatique, les fondements d’un engrenage difficilement contrôlable par Renaud GICQUEL – École des Mines de Paris
Rien à ajouter si ce n’est pour les pays les plus pauvres la crise du bois de feu, crise qui concerne plus de 2,7 milliards d’êtres humains. Le manque de bois de feu ( indispensable aux populations les plus pauvres pour cuire les aliments) est la cause principale de la déforestation accélérateur du changement climatique.
Bonne journée
Pour ceux qui ne se contentent pas du brouet infect des merdias inféodés au grand capital … hihihi! Vous pouvez trouver le cours intégral » Énergie et changement climatique, les fondements d’un engrenage difficilement contrôlable » ici
https://direns.mines-paristech.fr/Sites/Thopt/fr/co/module_Problemes_globaux_2.html
Rien de complotiste juste des réalités.
Quand on tenait de genre de propos il y environ 50 ans, on se faisait traiter de complotiste (enfin, l’équivalant de l’époque ) de passéistes ou de fadas.
« Rien de complotiste » dites-vous. J’espère… car, sinon, je risque d’interpréter la faute d’orthographe relevée à la deuxième ligne : « … les climato-septiques… ».
très drôle en effet la fosse ( fausse) allusion ;-)))