Depuis deux ans les rendez-vous de fin d’année se délitent sous la pression d’une nouvelle donne sociale et sociétale. Ce que beaucoup appellent les « traditions » n’ont plus leur impact habituel. Le fameux « regroupement familial » explose. La pandémie et ses contraintes plus ou moins suivies ont miné le sens du collectif. Une sorte de méfiance plane dans tous les secteurs. La Covid 19 débarque dans les espaces privés. Le danger de la contamination ou la contamination elle-même bouleverse in extremis les prévisions. La montée en puissance de la grippe et les effets de la bronchiolite aggravent ce sentiment d’insécurité sociale. Les fractures sont partout.
Tout le système hospitalier est au bord de la rupture. La pression s’accentue sur les urgences et elle écrase les urgences qui continent vaille que vaille à répondre dans des conditions déplorables à un afflux croissant de malades. Les SAMU, les SMUR, SOS Médecins ne voient qu’un chemin escarpé vers une catastrophe annoncée : sur le terrain ils constatent les dégâts des dysfonctionnements antérieurs. Et ce n’est pas le seul « service public » qui est concerné !
Les contrôleurs de la SNCF constituent donc le rideau de fumée derrière lequel se cachent les lambeaux des entreprises ayant eu en charge le confort du quotidien. Le secteur de l’énergie n’est plus lui aussi en mesure d’assurer leur mission. Chaque jour on prévoit la défaillance qui n’interviendra (si elle intervient!) qu’après Noël en raison du réchauffement de l’atmosphère. Le Père Noël 2023 ne trouvera plus beaucoup de cheminées inutilisées puisque les foyers font feu de tout bois pour éviter que leur facture gaze trop ou allume leur fin de mois. La flambée du stère a des retombées sur les marges habituelles du pouvoir d’achat.
L’os de la grève autogérée de la SNCF a permis au bon moment de trouver des boucs émissaires. On frôle le lynchage. Des heures de directs de gares avec des intervenants soigneusement sélectionnés. Des tonnes de critiques approximatives sur tout et n’importe quoi. Des rodomontades ministérielles destinées à effacer le fond du problème : l’état de l’entreprise dans la proximité. Un jour ou deux problématiques déchaînent un tsunami d’insultes, de propos véhéments alors que les énormes défaillances dans la desserte du quotidien ne suscitent aucune réaction de ce type. Mais bien évidemment la magie de Noël sera brisée par des « trop payés, inconscients et jamais satisfaits». Une chance ils ne sont pas immigrés ! Ouf !
Jusqu’à hier dans les les super ou hypermarchés, rien ne dénotait une fébrilité festive. Les consommateurs restent sur des achats classiques et les « folies » sont encore rares. « Je crains que samedi il me reste des quantités impressionnantes de produits qui les années d’avant pandémie partaient massivement explique le directeur d’un Discount. Les volailles, les rôtis, les huîtres, le saumon, les bûches… rien ne sort dans mon magasin qui pourtant est l’un dans lequel le panier moyen est élevé par rapport aux autres. Il va falloir solder à la hâte. Je ressens comme jamais des restrictions liées aux moyens financiers. »
La réalité française transparaît dans cette période crispée, incertaine, angoissante Il sera difficile de considérer que la liberté, l’égalité et la fraternité trouvent leur place dans cette période attendue pour justement sortir de l’ordinaire. « Oublier » et « s’oublier » risquent de devenir extrêmement difficile. Une mobilité réduite, des risque sanitaires, des budgets réduits : l’intergénérationnel tellement essentiel continue à être malmené. La Covid a amputé les liens qui sont indispensables aux jeunes générations surtout dans les milieux modestes ou précarisées.
L’isolement que Noël permettait de réduire gagne du terrain. Le repli sur ses difficultés se répand comme une tache d’huile. Personne n’évoque les conséquences sociétales de cette évolution effaçant la notion même de fête. Le rassemblement familial ou amical risque bel et bien de devenir un privilège surtout si la pandémie se maintient à un niveau élevé. Tout se complique. Les certitudes n’existent plus. On se parlera par téléphone ou tablettes interposées considérant que c’est ainsi désormais qu’il faut vivre la normalité des rapports humains. Quelques SMS avec des photos de selfies s’ajouteront au dispositif. Ils permettent parfois d’avoir seulement bonne conscience…
Noël n’est pas une fête, ni un jour ni une saison, c’est un état d’esprit, celui qui paraît le Moins répandu, le partage. Encore faut-il que l’on en ait conscience… et profitez au maximum de ce que les autre proposent et offrent. Quels qu’ils soient…
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Survol exhaustif et objectif de la situation, il n’y rien à ajouter.
@ à mon ami J.J.…
» On se parlera par téléphone ou tablettes interposées considérant que c’est ainsi désormais qu’il faut vivre la normalité des rapports humains. »
Alors si je comprends bien… ADIEU … Bises, Caresses, Tendresse… Amour !
L’ expérience de la séparation vécue par ma famille côté maternel m’a très vite fait comprendre que le « rassemblement familial » était un leurre ! Et cette orange déposée chaque année au pied du sapin ne m’invitait-elle pas à respecter ce conseil … « si tu veux savoir où tu vas, apprends d’où tu viens…! »
Celui qui ne sait pas d’où il vient ne peut savoir où il va car il ne sait pas où il est. En ce sens, le passé est la rampe de lancement vers l’avenir
Otto Von Bismarck
@ à mon ami jf…
Un grand merci.
cette année j’ai la chance de passer Noël avec 2 de mes enfants, 3 petits enfants. les autres sont trop loin, hélas. Je ne ressens pas l’atmosphère des Noëls d’autrefois à Bordeaux, c’était beaucoup plus festif et amical, même si il y avait moins de cadeaux de distribués. A minuit la messe à l’église ST LOUIS des Chartrons, retour à la maison, 1 bol de chocolat et de la brioche et dodo. le lendemain découverte des cadeaux arrivés dans la nuit……….. souvenirs.
JOYEUX NOEL A TOUS CROYANTS OU NON