Comme le veut une tradition bien française les effets d’annonce tiennent lieu de réalisations potentielles. La « politique » meurt à petit feu de ces pratiques consistant en quelques secondes à sortir un projet grandiose du chapeau sans aucune concertation, sans tenir compte de ce qui existe et surtout de mouiller les autres. Les ministres sont des spécialistes depuis des décennies. Les exemples ne manquent pas comme l’augmentation du RSA…annoncée comme une mesure sociale gouvernementale avec d’autant plus de facilité que ce sont les départements qui en assument le coût. Le dédoublement des classes sans s’assurer que les écoles peuvent matériellement l’assumer ou la réduction de la vitesse à 80 km/h sans financer tous les changements de panneaux routiers. La liste est longue !
Là le Président de ce qu’il reste de République a eu une fulgurance : les dix grandes métropoles seront dotées d’un RER. Il s’agit selon des exégètes présidentiels de « donner un coup d’accélérateur » à la mobilité collective. « Pour tenir notre ambition écologique, explique le chef de l’Etat, « je veux (NDR : Le Roi disait simplement nous voulons pour au moins entretenir l’illusion du pouvoir partagé) qu’on se dote d’une grande ambition nationale » . « C’est un super objectif pour l’écologie, l’économie, la qualité de vie », projette-t-il. Une annonce destinée à désamorcer une nouvelle crise des « gilets jaunes », symbole extrême des aspirations au désenclavement de la France périphérique et au ras-le-bol potentiel face à la hausse du prix du carburant qui se profile.
Il n’y a pas d’annonce plus trompeuse. Installer une voie ferrée nouvelle ou même en rénover une ancienne demande au minimum une dizaine d’années si tout se passe au mieux. Même accélérées les procédures dans l’hypothèse où tout le monde serait d’accord nécessite de longues études environnementales ou techniques. Le tissu urbain ou périurbain a depuis belle lurette bloqué toute opportunité d’effectuer des tracés simples. Et quand ils existaient ils ont été transformés ou abandonnés au privé. Découvrir le train ou une adaptation du train comme moyen de déplacement offre une image d’un réveil tardif.
J’ai personnellement porté la volonté il y a exactement quarante ans de restaurer une liaison ferroviaire souple entre Créon et Bordeaux. En 1982 alors que la voie ferrée était fermée par la SNCF au maigre trafic marchandises qui subsistait il était possible avec un investissement équivalent à un kilomètre de tram actuel de desservir la métropole. Il n’y avait aucune atteinte à l’environnement, aucun équipement à construire (la rocade n’existait pas!) et une fréquentation assurée.
Le Comité d’Information, de liaison et de défense de la voie ferrée Bordeaux-Espiet avait réalisé toutes les études : recueilli des centaines de signatures citoyennes ; organisé des réunions, des expositions, un colloque ; envoyé des dizaines de dossiers pour être raillés (on m’avait offert une casquette de chef de gare) et présentés comme de doux dingues. Qui se souvient de ce qui tourna au combat quand la SNCF a mis en vente l’emprise et les ex-gares. En fait l’État nous renvoya vers les collectivités territoriales (Conseil régional et communauté urbaine) et ces dernières nous adressèrent à l’État et à la SNCF ! Il faudra que le Conseil général nous suive sur le projet de piste cyclable pour sauver un espace public promis à la découpe immobilière !
La métropole bordelaise, la région et le Département ont entamé de ceinturer son périmètre avec un RER et ils ont mis ma main à la poche. La déclaration ex abrupto vaut engagement sur des crédits d’investissements et surtout un soutien de l’État pour faciliter l’avancée de ce qu’ils ont déjà lancé depuis des années. Cette situation dénote une déconnexion totale entre le pouvoir centralisateur et les réalités des territoires et plus en plus étranglés par le volonté étatique de les priver via le garrot financier de leur liberté de gestion.
Encore une fois l’annonce n’a aucun intérêt car la dimension métropolitaine est dépassée en raison de l’étalement urbain. C’est un transport ferroviaire girondin de proximité (TFGP) pas forcément en étoile depuis Bordeaux qui mérite d’être amélioré, développé ou créé. Les élus locaux y travaillent et attendent une annonce présidentielle pour agir. On roulera probablement sur des RER ou des formes de RER (ligne 407 entre Créon et Bordeaux) conçus par leurs soins avant que l’on pose le premier rail d’une initiative étatique. Mais rassurez vous c’est toujours ainsi … mais il ne faut pas l’écrire !
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Bonjour à tou(te)s!
On ne fait pas Hamlet sans casser des oeufs. Il y a vraiment quelque chose de pourri au royaume de France!
@ à mon am christian…
Seulement « quelque chose… » ?
Pas grave… !
À +
Pas bien réveillée ce matin… !
Ami de toujours
Évidemment, c’est plus « porteur » de faire des annonces fracassantes de projets mirifiques que de remettre en état ce qui existe déjà et qui rendrait de véritables services.
Oui, un projet d’une telle ampleur et d’un tel impact mérite la plus large concertation ou consultation, une construction partagée.
Mais notre pays, très critique vis à vis de la Russie, lui a quand même piqué le principe de gouvernement par oukases…
Y aurait-il de l’argent qu’on se sait pas « oukasé »?…
Bonjour,
comment allumer un contre-feu face à l’avalanche de mauvaises nouvelles qui obscurcissent l’horizon de Mac-rond? Comment réenchanter à peu de frais une opinion publique tombée dans la dépression écologique?
La solution ne peut pas venir de l’ânerie énorme de la voiture électrique. La voiture électrique est une immense co..erie aussi bien économique qu’écologique. Non, rouler en voiture à batteries au lithium n’a rien d’écolo, ni de vertueux, mettre à la casse ( pardon je voulais dire déconstruire ) des voitures, qui fonctionnent parfaitement n’a rien d’écolo et le bilan carbone sur l’ensemble du cycle d’une voiture électrique est une catastrophe. La pollution se voit moins parce qu’elle se fait bien loin de chez nous et que nous n’en voyons pas les ravages environnementaux.
Alors comment faire pour que » fin de l’abondance se traduise par bond de la finance » ? Les cabinets de conseil, type Mac qui ne sait rien, ont élaboré à grands frais une nouvelle stratégie destinée à éviter une nouvelle flambée de GJ. Le principe (génial ?) est de réaménager notre territoire en circuit court ce qui veut dire simplement retrouver notre organisation historique autour de la civilisation du hameau, du village, du bourg de la sous-préfecture et de la préfecture. Une belle utopie, dans laquelle demain on rasera gratis, vendue aux Français comme une nouveauté alors que c’était le modèle d’organisation du territoire depuis des siècles. Modèle que les financiers ont patiemment détricoté depuis un siècle pour remplacer le rail par la route pour engranger des profits records. Modèle économique qui parque les salariés dans des cités dortoirs sans âmes ni commerces pour les contraindre à prendre la route pour gagner et acheter son pain. Sauf que les pénuries subies et orchestrées bouleversent les équilibres précaires et la rentabilité du modèle s’efface. Il faut réinventer l’avenir pour que la finance puisse rebondir et que les moteurs de la consommation tractent les profits.
En fait il suffit de faire croire que demain avec un passe Navigo l’habitant isolé pourra se déplacer grâce aux « nouveaux RER » Mac-rond depuis la gare désaffectée et la voie de chemin de fer démantelée proche, ou pas, de son domicile vers le lieu de son choix.
En fait nous repartons pour un cycle de reconstruction d’un réseau ferré que nous avons patiemment détruit. Pas grave si on butte sur les réalités du genre qui paye les 20 milliards ? qui réalise les travaux? qui sera exproprié ? quel délais ?
Tiens au fait ils en sont où les bus Mac-rond?
bonne journée
Un petit extrait ?
https://youtu.be/9uyrEbyctSg