Les déclarations fusent. Toutes louent l’esprit de résistance ou de conquête des porteurs du maillot blanc de l’équipe de France de rugby. L’enthousiasme général s’exhale après un succès arraché à 14 contre 13 sans un ultime sursaut jugé héroïque. La victoire permet d’oublier tout le reste. Ou presque. Un match violent, sans grande imagination, limite acceptable dans l’esprit a satisfait une opinion dominante qui ne juge désormais toute rencontre sportive qu’à l’aune du résultat attendu. Le reste n’a aucune importance. Le Stade « Orange mécanique » a étrangement ressemblé à l’espace dans lequel évolue, dans les foires ou les fêtes locales, les voitures tampons !
Deux expulsions définitives, une autre temporaire, quatre passages à l’infirmerie pour des suspicions de commotion dont trois se sont révélées avérées… Et si ce sont ces faits qu’il fallait retenir de ce match ? Certes diront les « rugbyphiles », ce n’est pas un « sport de gonzesses » et on ne se « Neymardise » pas sur un terrain. N’empêche que l’image de marque de ce sport risque bel et bien d’être écornée. A moins d’être née au bord d’une pelouse du grand Sud-Ouest, les mères qui voient cet hécatombe auront un brin d’hésitation quand leur fils ou leur fille prétendra regagner un club d’Ovalie.
Cette « guerre des tranchées » avec ses principes stratégiques identiques à ceux des combattants jouant leur vie devient extrêmement préoccupante. « Franchir la ligne d’avantage » ; « prendre l’axe profond » ; « s’enfoncer dans le camp adverse » ; « tuer le match » ; « sortir le casque à pointe » ; « découper » ; « emplafonner » ; « tamponner » ; « désosser »… On est de plus en plus loin de l’évitement qui constituait le fondement du rugby et qui a toujours valu aux « artistes » leur célébrité. Où est passé mon pauvre Christian Grené le challenge Boniface dont tu as eu à vanter les mérites dans Sud-Ouest? Une autre époque!
Les Springboks ont voulu imposer une épreuve de force. A tel point que Pieter-Steph du Toit a valu une tuile à son équipe en perdant tel un assoiffé de violence, la boule avec un geste terrifiant. Tel un obus ayant pris de la vitesse ce joueur exceptionnel a donné du « casque » sur Danty. Comment ne pas retenir cette image désastreuse, dangereuse et honteuse ayant valu à l’arbitre de rapidement voir rouge? Le geste est délibéré ce qui aggrave son impact et il va causer un tort considérable au rugby.
Celui de Dupont, punissable de la même manière n’a pas la même genèse. Certes la chute de Kolbe spectaculaire aurait pu avoir des conséquences graves mais le capitaine français n’avait pas une intention avérée de blesser comme du Toit. N’empêche que le résultat n’était guère plus glorieux. « Seulement, je ne quitte pas le ballon des yeux durant tout le temps où il est en l’air. Et voilà… » a expliqué le Toulousain qui risque d’avoir quelques soucis dans les prochains jours. « La faute, elle est y est. Même si ce n’est pas volontaire ! » Il n’avait pas eu son influence habituelle sur le jeu et il était visiblement pas très à l’aise dans ce qui constituait une bataille de chars d’assaut. Il avait oublié sa « valise » pour s’esquiver et se faufiler entre les mastodontes dans le camp adverse et N’Tamak avait des semelles de plomb ce qui ne permit jamais à l’imagination d’être au pouvoir.
Kolbe n’est pas revenu sur la pelouse allongeant la liste des « secoués du jour . Avant lui en première période les percussions brutales et les plaquages appuyés ont émaillés les débats envoyant au tapis quatre colosse au crane pas si fragile que ça. Ils ont laissé leur place. Après Danty ce sont Uini Antonio et Thibaud Flament côté bleu, et Bongi Mbonami qui ont été sonnés ! Trois d’entre eux n’ont pas été autorisés à revenir en jeu. La victoire aurait été plus belle si les Springboks ne s’étaient pas transformés en buffles rageurs. Le score final aurait pu être France, 1 expulsé et 3 commotions – Afrique du Sud, 1 expulsion et 2 commotions. Pour le reste il vaut relativiser.
Rarement confrontation n’aura été aussi brillante par son résultat mais aussi décevante dans son contenu. Si l’on se fie au constat de Pierre Danos vouant qu’au rugby il y ait « ceux qui jouent du piano et ceux qui les déménagent. » on a manqué singulièrement de virtuoses dans un gala marseillais où le public exultai tant il n’a pas l’habitude de voir autant de cœur à l’ouvrage. Il en a fallu beaucoup dans le camp français. Le spectacle a tenu ses promesses comme celles que devaient créer les gladiateurs dans les cirques romains. L’intensité physique restera dans les mémoires comme une référence. Bonne ou mauvaise ? A vous de choisir sans risque de commotion cérébrale !
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Bonjour J-M !
Le choc fut si violent que même le chroniqueur mâtinal a été déclaré en état de commotion cérébrale ! Je découvre que le Parc des Princes est rendu à …Marseille : même La Bonne Mère a dû en trembler sur son socle ! ! !
Encore un coup du réchauffement climatique …à moins que …l’Ukraine … ? ? ? ????
Amicalement
@ à mon ami François…
Attention à ce que tu écris… Tu vas te mettre tout Marseille sur le dos… !
Bonjour @Laure !
Même si la gomme de l’Instit a joué, ma lecture matinale était bien claire et en adéquation avec le commentaire ! ! ! !
En souriant encore de la … mésaventure,
Respectueusement
@ à mon ami François…
« les sourires » forment la jeunesse… !
Bonjour et merci Jean-Marie
Je vais adresser ton magnifique billet à Lucien MIAS du côté de Mazamet et les souvenirs d’époque à son sujet… J’ai aussi apprécié tes références à BONIFACE et à Pierrot DANOS. Mes souvenirs remontent à leur fréquentation de près ou de loin, lorsque j’étais junior à l’ASBiterroise. J’ai joué une demi-finale en ouverture du match Mont de Marsan – La Voulte des frères BONIFACE contre les CAMBERABERO … C’était il y a longtemps. Très amicalement, le vieux Gilbert aux 83 printemps le 25 novembre prochain.
@ à mon « vieux » Gilbert…
qui va rentrer dans la carrière des 83 printemps… 9 mois (le temps d’une grossesse) après moi !
Beurk!..
@ à mon ami christian…
.… à qui destines-tu cette expression de ton dégoût ?
A cette partie de soule qui m’a vraiment soûler.
Et dire que l’Afrique du Sud reste mon meilleur dernier souvenir de reporter à Sud-Ouest!
@ à mon cher ami christian…
… à qui réserves-tu cette série de… soule… poule… roule… moule…foule… « goule »… houle… joule…K/coule… boule…
Si j’en ai oublié… ¡ « máxima culpa mía » !
J’ai trouvé…!
Tu voulais parler de . »saoul…erie »…
Comment n’y ai-je pas pensé plus tôt !
« Le spectacle a tenu ses promesses comme celles que devaient créer les gladiateurs dans les cirques romains. »
N’étant pas un aficionado du rugby, j’ai surtout retenu le côté « évènementiel » de cette rencontre qui m’a évoqué un combat de gladiateurs, le ballon n’étant là que comme faire valoir.
Mais au fait, le rugby pourrait bien évoluer et devenir l’équivalant des combats de gladiateurs, vu le succès de la rencontre et les commentaires dithyrambiques que cette performance a suscité.
Le goût des spectateurs pour la violence depuis l’Antiquité est intact : lutte gréco romaine, pugilat, pancrace etc. qui n’étaient pas des distractions de première communiante.
@ à mon ami J.J.
Je garde le souvenir d’une expression qui, déjà à l’époque, me révoltait… « le rugby… c’est pas un sport de gonzesse… ! »
Je crois bien que mon combat féministe a débuté là… !
Le rugby ancien n’était pas moins violent. J’ai souvenir d’un match terminé à 12 (pas de remplaçants à l’époque) en 1973 ou le seconde ligne adverse coupable d’avoir « chaussé » plusieurs de mes collègues ( dont notre talonneur de 20 ans qui de réveilla le soir à l’hôpital de Libourne) fut viré de son club le soir même…
C’était une époque où il valait mieux faire circuler le ballon en essayant de « cadrer » au mieux et éviter de se faire prendre balle en main pour ne pas rentrer à la maison le corps couvert de traces de crampons.
A l’époque, les fautes de samedi provoquant les cartons rouges n’auraient même pas ému l’arbitre, mais on aurait eu droit à deux énormes bagarres générales avec coups de poing et de pied, quelques blessés supplémentaires et puis finalement les joueurs auraient décidé enfin de « jouer au rugby » comme lors du mémorable 0 à 0 en Afrique du Sud en 1961.
Qui n’a jamais manié l’ovale n’a pas idée du plaisir qu’on peut prendre à ce jeu.
@ à mon ami Philipe…
Ce début de réponse est fort juste, et même en 1949, « les mauvais coups » pleuvaient… vite oubliés par la victoire… !
Philou, je me doutais bien que le sujet du jour ne te laisserait pas sans voix.
Amitiés lycéennes.
@ à mon christian…
pris les doigts dans le pot à confiture…
Qui répond à ses amis en ignorant ses amies car… je n’en fais pas un « cas personnel »…
Sacré J.M…
Ce matin, ton billet d’humeur m’ a rajeunie de (73 ans !)… quand, depuis le banc de touche, je « supportais » le C.A Béglais de 1949, vainqueur de la coupe de France de cette même année ! Je veux parler… des Moga (André, Alphonse et Alban dit « Bambi »), Hericé, Lafforgue, Lajus, Siot, Dulout, Lecuona, Mora, Sallenave, Marrens, Pazino, Berteaud, Geneste et son meilleur copain… Campo Alfred dit Frédo, mon cousin/grand frère… puisque j’y étais comme fidèle supportrice… !
Le rugby est le sport collectif par excellence. C’est le socle de travail des sports collectifs pour le professorat d’éducation physique, parce dans ce sport, l’individu n’est rien sans les autres.
Jusqu’à présent, tous les gabarits pouvaient y trouver leur place, mais j’avoue que je n’aime pas ce qu’est en train de devenir ce sport, du fait du professionnalisme et du fric, comme toujours.
Il a copié le pire du foot, pour ce qui est des transferts, des limogeages de managers, de la pub, bref le sport spectacle (cependant, une qualité fondamentale préservée, le respect absolu de l’arbitre, inexistant au foot, que c’en est à vomir).
Je vais jouer au vieux grincheux mais même si on se moquer des « anciens » en disant qu’ils jouaient à 2 à l’heure, je crois que je préférais le « rugby des villages » au rugby mondialisé.
Abonné à l’UBB depuis le début, j’ai raté le coche cet année et jen’ai qu’un regret c’est de ne pas retrouver mon grand fils au prétexte de ces matchs…
.
Dans la copie du foot vous oubliez le public minable comme celui de Marseille samedi soir.
@ à mon ami Philippe
Nous n’oublions rien…
Surtout pas « un public minable » !
@ à mon ami Philippe…
Je n’oublie pas cette devise des 3 mousquetaires…
» Un pour tous… Tous pour un… »
…même si on se moque des anciens… toujours le correcteur…
@ à mon ami Philippe…
Toujours le respect…
Jamais le correcteur.
Nous n’avons plus l’âge de » la badine… «
Merci Jean Marie de t’être en quelque sorte jeté à l’eau ! Mais que retenir de tous ces commentaires ? Moi aussi j’ai connu et pratiqué le Rugby de Papa ! Les principales évolutions : des joueurs en condition physique indeniable ! Avant permettez moi d’en douter, Apéro d’avant match, sorties en boîte la veille Aujourd’hui et je suis bien placé pour le dire, les entraînements et les consignes d’avant match, sont bien claires et précises ! Nos violences ! Les mises en condition physique sont très suivies ! Le jeu a évolué et les contacts se sont durcis, mais pas de coups de crampons sur la gu…et respect pour arbitre et vainqueurs !
@ à mon ami jacques…
« … mais pas de coups de crampons sur la gu…et respect pour arbitre et vainqueurs ! »
Rien que du classique… du moins… à mon époque !