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Les raisons de la dégringolade des Girondins (1)

Sud-Ouest dans son édition de ce jour établit de manière exhaustive les éléments relatifs à la situation financière du club des Girondins de Bordeaux. Un désastre économique qui conduirait toute entreprise sans lien avec les collectivités territoriales vers le dépôt de bilan. Entre les dettes à court ou à moyen terme dépasse allègrement les 100 millions quand en 2025 s’ajouteront les 140 dus à la Métropole auxquels il faudrait ajouter le loyer du centre du Haillan ! A part l’usage d’une exceptionnelle planche à billets sortie de derrière les fagots ou quelques tours de passe-passe dont le Président actuel à le secret il n’y a pas d’avenir pour le club avant dix saisons ! Les responsabilités sont évidemment bien antérieures à celles de l’équipe en place.

D’abord il serait trop facile de considérer que M6 a tenu ses engagements en matière de soutien à une équipe à laquelle les actionnaires de la chaîne de télé promettait monts et merveilles. Les propriétaires avaient obtenu le 26 avril 1999 du conseil d’administration des Girondins de Bordeaux votant, à l’unanimité, la reprise des Girondins de Bordeaux. Les promesses fusaient car l’espoir des repreneurs consistait à en faire une formation européenne jouant les seconds rôles mais lui permettant de diffuser via des coupes d’Europe « annexes » quelques matchs à bon marché.

Rapidement malgré des investissements limités mais réels les perspectives d’avenir se sont dégradées. Saison après saison le club a constitué un handicap pour les nouvelles orientations de la chaîne. Il fallait valoriser en bourse l’action M6 et les Girondins constituaient un « caillou dans la chaussure de foot » empêchant de présenter un bilan nickel. Nicolas de Tavernost répétait à l’envi que l’entreprise qu’il dirige est une « société cotée en bourse, avec des actionnaires, des collaborateurs et des comptes à rendre ». Grâce à l’influence de Juppé le désengagement a tardé mais dès que l’appel des pantoufles dorées du conseil constitutionnel sont arrivés, les engagements pris ont été oubliés.

La construction du grand stade dans le cadre d’un partenariat public-privé a même accéléré la décision de quitter le navire ancré dans le port des illusions sportives. Lier le sort d’un financement à des résultats sportifs constituait une hérésie que seule la cogestion pouvait justifier. Encore une fois le Maire de Bordeaux obtenait que M6 crache 20 millions au bassinet d’un financement très hasardeux et s’engage sur 20 ans pour une contribution de 3,6 millions de loyer annuel. Les analyses pertinentes et irréfutables de Matthieu Rouveyre alors conseille municipal d’opposition sur un contrat dangereux et hasardeux restèrent lettres mortes même si le Conseil d’État finit par lui donnera raison.

La vente du club le 6 novembre 2019 permettait à l’action M6 de bondir en bourse et de renforcer le groupe qui visait déjà le rachat de RTL et son alliance avec TF1 pour constituer l’un des plus groupes médiatiques de France. Croix de bois, croix de fer nous resterons à vos cotés… Rappelons que Juppé avait filé à la landaise vers Paris en février de la même année. En plus les quelques 100 millions encaissés permettaient une bonification des résultats de la chaîne cette année-là. En 2019, le Groupe M6 a réalisé un chiffre d’affaires consolidé de 1 456,1 M€, en hausse de +2,4%, soutenu par la croissance des recettes publicitaires plurimedia (+3,8%), qui incluent notamment le pôle Jeunesse TV (exLagardère) sur les 4 derniers mois de l’année. En hausse de +18,3 M€, le résultat opérationnel courant atteignait 284,4 M€, nouveau plus haut historique. Plus de caillou bordelais !

M6 qui préparait ses grandes manœuvres sur son groupe avait dans son réseau des investisseurs américains ne connaissant rien au football mais prêts à rendre service pour des bénéfices hors football ultérieurs. Il faut donc s’interroger sur leur intérêt pour un club pas au mieux de sa forme. Pour eux il y avait une vraie stratégie qui explique le fiasco ultérieur : acheter le nom de Bordeaux (les Girondins ils s’en foutaient) et avoir comme vecteur de promotion des leurs actions aux USA une belle équipe… féminine. Ils confièrent la L1 à des « associés » réputés efficaces et bien introduits dans le milieu du foot professionnel. Les filles ont atteint leur objectif avec un investissement modeste alors que les masculins recrutés avec des salaires sans rapport avec leur apport sur le terrain sombraient lentement mais sûrement. Comme le veut le réflexe en pareille circonstance il fallait un bouc-émissaire que les supporters dégotèrent avec Frédéric Longuépée. Da Grossa parti en catimini après avoir dilapidé quelques millions il ne restait il est vrai que lui pour assumer la déchéances sportive.

Les Américains reprirent seuls la main et rappelèrent les objectifs initiaux : le label Bordeaux (d’où le fameux épisode du logo!) et les féminines. Leur vrai problème c’est que le club ne possédait aucun actif patrimonial réel valorisable en dehors d’un potentiel de joueurs de plus en plus dévalué. Pas de centre d’entraînement réellement à eux (il loue le terrain à la ville de Bordeaux) et un stade qui coûte très cher sans rapporter. Un investissement qui est vite apparu comme à fonds perdus…

(à suivre)

Cette publication a un commentaire

  1. José FERNANDEZ

    Bonjour Jean-Marie,

    Le football, en tant que sport le plus populaire au monde, est le reflet parfait de nos sociétés.
    Ne l’oublions pas, bien que cette réalité déplaise à certains!
    Merci d’avoir eu la délicatesse de souligner que le problème du football français, ne repose pas sur « Ribéry, Mbappé ou autres Joueurs ».
    Abordons plutôt les intérêts Qataris, de Florentino Perez (Grupo ACS), des oligarques Russes, des Fonds d’Investissement et autres opportunistes nationaux qui n’hésitent pas à sacrifier plus d’un siècle d’histoire, si besoin.

    Amitiés.

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