Dans la vie publique il est souvent extrêmement difficile de ne pas sombrer dans le jeu de rôles. La vision qu’a l’opinion publique dominante des fonctions électives souvent obtenues sur la base d’une étiquette politique ne tient pas compte des valeurs humaines. Elle se fie au choix fait pour elle par des « appareils » ou à des « stratégies » totalement artificielles. Et il semble bien que l’électorat soit décidé à changer. Il ne fait plus confiance à ce système mais il n’en tire pas les conséquences en se contentant des rester à la maison.
Les prochaines élections qui s’annoncent traduiront cette propension à ne pas regarder les programmes, les qualités humaines, les valeurs portées par des candidats mais simplement de se fier à la personnalité nationale avec laquelle ils s’affichent ou qu’ils représentent. Comment comprendre autrement la pauvreté des arguments déployés ? Si ce n’est en se rendant compte que le fond est devenu inutile. Une rapide analyse des candidatures démontre en effet que l’on se moque vraiment des électrices et des électeurs. Tout est possible !
Il suffira par exemple d’envoyer un tract ou une profession de mauvaise foi avec un montage standard montrant les candidats du Front national avec la Marine nationaliste pour que les voix tombent du ciel de l’ignorance. Ce n’est plus du parachutage mais des semailles à la volée… Dans des dizaines de canton se présentent des couples sans aucune cohérence et n’ayant absolument aucun lien avec le territoire qu’ils devront représenter. Pas grave… ils auront les voix du rejet des autres !
Une conseillère municipale RN de Saint Savin de Blaye sollicite les suffrages… sur le Nord Libournais ; une ex-candidate aux municipales de cette commune du Blayais tente sa chance à le Bouscat-Bruges ; un autre élu RN de Cubnezais part sur le canton de Blaye-Saint-Ciers…et un élu municipal de Saint-Yzan de Soudiac ira conduire la tête de liste aux régionales dans les… Deux-Sèvres. Sur Créon, nul ne sait d’où ils arrivent. Il y aura une kyrielle de situations similaires dan le Département.
Il n’y a rien d’illégal à ces pratiques puisque pour postuler au conseil départemental il suffit d’être domicilié et électeur en Gironde et pour le conseil régional en Nouvelle Aquitaine. Un habitant de le Verdon peut donc demander au collège électoral du canton de Bazas, Langon et Captieux de lui accorder sa confiance et un résident de Biarritz doté d’une étiquette porteuse n’a aucun obstacle à aller se présenter dans la Creuse. La crédibilité en prend un sérieux coup et les électiosna ussi !
Bien évidemment on ne verra pas ces personnes sur le secteur électoral qu’elles prétendent défendre sur les bases de thèmes nationaux sans aucun lien avec les enjeux des scrutins mais elles auront des milliers de voix. Dans le système électoral actuel elles seront comptabilisées par le parti et donneront des pourcentages impressionnants à quelques mois de l’échéance présidentielle. La supercherie n’affole pas forcément les… intoxiqués « Zémouriens » qui veulent seulement témoigner de leur rejet d’un système à bout de souffle.
Le débat n’ayant pas lieu dans le contexte actuel toutes les outrances, toutes les propositions démagogiques, toutes les approximations volontaires vont fleurir dans les prochaines semaines. On sortira les mots susceptibles de correspondre au matraquage médiatique sur certains sujets. « Insécurité » ; «immigration » ; « impôts » ; « gaspillage » ; « cas sociaux » ; « sectarisme » ; « dette » … et quelques autres constitueront un programme et les valeurs d’avenir pour une meilleur quotidien. Peu importe que ce soit nullement l’enjeu des scrutins.
Il y a tout lieu d’être inquiet sur l’évolution démocratique d’un pays dans lequel la défiance négative sert de référence aux actes électoraux. Maintenant et demain. Il faut bien avouer que les forces de progrès sont quand même en panne de projet et qu’elles se contentent de tenter d’affaiblir l’autre pour se targuer d’un pouvoir de nuisance potentiel. Là encore c’est d’une pauvreté affligeante. L’espoir de devenir le roi d’un champ de ruines n’a jamais constitué une solution favorable aux plus fragiles qui attendent des solutions et pas des postures. Et pourtant on y va tout droit !
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Il suffit d’écouter Bardella-Goebels sur France inter pour voir combien tu as raison.
Aucune chance que mon petit bulletin de vote ne s’interpose, face à cette glissade collective.
Il ne pèsera pour rien, encore une fois.
Quand a-t-il pesé pour la dernière fois ?
A-t-il jamais pesé ?
Oui, la démagogie n’a jamais autant primé sur les arguments, le raisonnement, le programme construit.
Oui, déduction faite des votes du grand vainqueur des derniers scrutins – l’abstention – oui, à une écrasante majorité, le vote n’a jamais autant répondu favorablement à la démagogie.
Qu’est-ce qui a permis que vote ne soit plus que l’expression diffuse, irrationnelle, d’une (mauvaise) humeur collective ?
Notre pays est-il inexorablement condamné à voir l’accès à la démocratie lui échapper ?
Bien pessimiste, j’en convient, mais j’en suis venu à me poser cette grave question…
À ce pessimisme, il conviendra d’jouter à l’abstention le vote de ceux et celles qui se déplaceront pour voter blanc ou nul !
J’ai entendu hier une réflexion qui résume bien, à mon humble avis, la situation : Macron se lepénise et le Pen, se macronise.
Hélas, l’enjeu n’est pas à ce niveau, niveau que tous ces comédiens méprisent comme étant une affaire de ploucs, mais qui leur donne l’occasion de nous débiter leurs sornettes, et d’espérer des scores qui n’auront rien à voir avec la réalité.
@ Philippe Labansat & Laure,
Vous avez tous les 2 raisons sauf que si l’électeur (trice) ne se déplace pas à la convocation il recevra une amende. Savez vous où en est cette taxation ?
Bien cordialement et très bonne journée
Aux dernières nouvelles, le vote obligatoire n’est toujours pas dans les tuyaux, même si certains y pensent.
Ce ne serait sûrement pas le meilleur moyen de redorer l’image de nos institutions…
@ Philippe Labansat,
Voter est juste une signature sur la liste d’émargement.
Post dont il serait difficile de contester l’analyse… et dont la conclusion est hélas un constat qui la rend désespérante.
Je ne pense pas qu’il soit possible, à si peu de mois de l’élection présidentielle, de légaliser le principe d’une amende pour les abstentionnistes ! À cela, il faut ajouter que les votes blancs ou nuls n’étant pas pris en compte, selon le vieux principe « au premier tour on choisit au deuxième on élimine…, » les chances du FN pourraient diminuer… Sauf « coup de trafalgar » de certains, à Gauche…
Excellent billet qui illustre bien les difficultés. Pour éviter les problèmes il suffirait de changer les lois permettant de se présenter sans être domicilié sur la commune ou le département. C’est ainsi que nous avons vu arriver des personnes que l’on qualifiait parfois d’enfants du pays, qui avaient fait leur vie ailleurs, qui étaient toujours domiciliées ailleurs et ne partageait donc pas la vie et les soucis des autochtones et qui, une fois élus, ne faisaient que de rares apparitions. Le suffrage censitaire est de retour, ceux qui ont de l’argent, des relations seront investis et les autres resteront sur le bord de la route et ne pourront se faire entendre.
Il y a longtemps que ceux qui ne peuvent se faire entendre, les riens disait Jupiter, ne votent plus et ne sont plus réceptifs aux belles promesses jamais tenues. J’ai le souvenir lointain mais tenace où les ouvriers votaient à gauche, il est vrai qu’à ce moment là, nous avions les hussards de la République qui partageaient la vie de chacun localement et connaissaient les difficultés vécues par les familles.
Autres temps, autres moeurs…jusqu’à quand ?
Il y a 70 ans, le général de Gaulle donnait le droit de vote aux femmes.
@ Laure, une élection coûte chère et il se peut que les abstentionnistes soient taxés d’une amende
La crise de la dette en est ainsi.
Le général de Gaulle, que j’ai bien connu même si on ne se parlait pas les yeux dans les yeux (comme avec Giscard), aurait dit des Français qu’ils étaient des veaux. Le chanoine et député-maire de Dijon (1945-1967) devait croire qu’ils étaient dévots tant ces bovidés-là goûtent plus facilement le kir qu’ils ne boivent le bagout des politiques. Pour rire un peu, ce mot du bon chanoine Kir répondant à un député communiste qui moquait sa croyance en un Dieu qu’il n’avait jamais vu: « Et mon cul, tu ne l’as pas vu! Et pourtant, il existe ».
@ christian, Laure, Philippe,
Ma mamy n’aurait jamais refusé d’aller voter. Elle mettait dans sa poche le bulletin reçu au bon soin de la Préfecture et s’en allait à la Mairie. Elle, qui lors de la 2ème guerre mondiale portait à la population de la ville : oeufs, volailles etc. Elle participait au dernier du culte.
En fait très jeune ma mamy a appris à vivre dans les champs puisque les hommes étaient à la guerre. Se nourrir et nourrir la famille étaient d’une importance majeure.