Inexorablement sur Bordeaux mais aussi dans de nombreuses autres villes, le monde de l’Ovalie conquiert davantage d’adeptes… et celui du ballon rond s’étiole. Cette mutation de l’approche du sport professionnel fait actuellement le bonheur des chaînes de télévision payantes qui ont désormais installé le rugby dans les meilleurs créneaux de leurs diffusion. Canal + a par exemple sauvé (provisoirement) la Ligue 1 des pousse citrouilles mais a accentué sa diffusion des confrontations plus resserrées du Top 14 ! Il faut bien avouer, sauf à être un « fan…atique » invétéré que le spectacle du foot n’attire guère des spectateur.trice.s nouveaux.
La concurrence était par exemple très vive, ce samedi avec quasiment sur les mêmes horaires une confrontation de Coupe d’Europe de rugby et une rencontre « historique » de l’élite nationale du football. La différence a été saisissante. Dans le premier cas l’intensité, le suspense et malgré le fait que les essais n’aient pas été au rendez-vous, un affrontement vigoureux ont vraiment été au rendez-vous. De l’autre coté des écrans de pitoyables prestations avec des joueurs songeant déjà à leur avenir mais pas nécessairement celui du club dont ils portent le maillot.
Les joueurs de l’UBB affichent une vraie sincérité dans l’effort et un esprit de solidarité qui forcent l’enthousiasme de celle ou celui qui suit leur prestation. Le phénomène prend de l’ampleur et la légion étrangère menée par un Jalibert particulièrement inspiré n’a jamais donné l’impression de lâcher son rêve européen. Comment ne pas penser, pour moi qui les aient vécues, aux épopées des Girondins les rendant capables de renverser les montagnes !
Le problème des matchs de rugby vient de la complexité des règles qui perturbent singulièrement le jeu. Le nombre de fautes sanctionnées devient problématique gâchant en grande partie l’intérêt du jeu. Paradoxalement alors que le ballon ovale devrait voler de mains en mains pour assurer le succès d’une équipe, elle s’en remet à la qualité de… ses buteurs ! On entend alors l’éternel refrain : « l’essentiel était de se qualifier ! », ce qui est exact mais qui constitue une justification de stratégies manquant de panache.
Sport considéré à la grande époque des Boniface comme « d’évitement » le rugby s’installe dans celui de « l’affrontement ». Si dans les années à venir cette tendance devait se confirmer elle finirait par poser problème pour les puristes certes mais aussi pour le renouvellement des générations. Les enfants et les jeunes influencés par des parents parfois effrayés par la violence des chocs hésitent à accepter l’adhésion à un club.
Les mauvaises langues diront que les débutant.e.s sur les pelouses des clubs de football risquent moins pour leur intégrité physique quand on voit l’engagement des joueurs sur les terrains français. Effondrés au moindre tacle, passant de longues minutes étendus sur les pelouses, ayant un « melon » proportionnel à leur compte en banque le footeux agacent singulièrement le spectateur avide d’autres pratiques et d’autres valeurs. L’état d’esprit général fleure souvent avec le je-m’en-foutisme intégral !
J’ai suivi des centaines de matchs de ballon rond de tous niveaux avec enthousiasme mais j’avoue ne plus éprouver grand plaisir dans le contexte actuel. En revanche je ne boude pas du tout mon envie de m’installer devant une rencontre de l’UBB et ce quel qu’en soit l’issue, car j’ai le sentiment que je ne serai pas déçu. Qu’ils perdent (ça leur arrive!) ou qu’ils gagnent les Bordelos-Béglais permettent de vibrer alors qu’il ne reste rien de positif des occupants du puits sans fond du grand stade. Le stade Chaban-Delmas affichera en revanche complet le jour où la crise sanitaire le permettra. C’est une certitude.
Il n’y a aucune exigence latente parmi les supporteurs des rugbymen car ils apprécient l’ambiance, la simplicité des rapports humains avec les joueurs, la farouche volonté mise par ses derniers pour les satisfaire. Une forme de culture qui perdure et qui rassure. La télévision va donner un élan supplémentaire à cet état de fait. Il durera tant que le voudront les dirigeants et qu’ils ne pervertiront pas avec une distribution inconsidéré du fric qu’ils n’ont pas !
En savoir plus sur Roue Libre - Le blog de Jean-Marie Darmian
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
OUI Jean-Marie,
Ce rugby des Boni, des Camberabero, de Gachassin et de Danos de l’ASBiterroise n’étaient pas des mastodontes mais de sacrés joueurs. J’ai en mémoire une phrase donnée à Pierrot DANOS : <>; Car à l’époque, il y en avait aussi ! « Tu me files une taloche, je t’en rends une »
Très sportivement,
Gilbert aujourd’hui à Pertuis
J’aurais du ajouter ce qu’il proclamait : <>
Sorry,
Gilbert de Pertuis
Et le vélo dans tout ça? Un dimanche sans « Roue Libre », c’est long comme un Milan sans Remo…
C’est vrai que le Milan, on le préfère avec Remo, en tout cas c’est Le Chat (de Geluck) qui l’affirme.
Alors là… Je partage !
Un dimanche sans « Roue Libre » c’est long comme un jour sans pain ! Hi ! Hi ! Hi !
La réflexion de Pierre DANOS qui aurait dit qu’au Rugby, il y a ceux qui jouent du piano et ceux qui les déménagent, ne plait pas ?
Ô rage, ô désespoir …
Gilbert de Pertuis
Quand j’étais jeune, c’est il y a longtemps… J’étais supportrice du CA Béglais !
Coupe du monde 2007. Avec de la famille et des amis on va voir Afruquf du Sud (futur champion du monde) contre les Fidji (une équipe que j’adore, des joueurs extraordinaires).
Nous sommes au vélodrome à Marseille. Les stadiers nous accueillent tout sourire, nous disant qu’ils savent qu’ils ont une après-midi tranquille, il n’y aura pas de problème avec les amateurs de rugby. Les cages à fauves du vélodrome ont été démontées, le public est au ras du terrain. Les supporters de toutes nationalités sont mélangés dans les tribunes. Juste devant nous un papa Sud-Af’ et son fiston qui doit avoir 7 ans. L’ambiance est bonne enfant, même si nos voisins sont surpris de nos voir encourager les Fidjiens qui font trembler les futurs champions et sont tout près de marquer à 10 mètres devant nous qui sommes tout près du terrain.
Nous assistons à un superbe match, les stadiers sont toujours aussi souriants et détendus. La pelouse n’a pas été envahie, pourtant, rien ne l’empêchait.
Nous repartons comblés vers la gare St Charles pour retourner à Bordeaux…
Ah ce Vélodrome !
Hélas aujourd’hui, Covid-19 oblige, il n’y a plus personne ou presque plus …
Gilbert de Pertuis
Jean-Marie, je ne changerai pas une ligne à ce que tu as écrit. La Coupe du Monde de rugby 1995 en Afrique du Sud restera mon dernier grand et beau souvenir comme reporter à à « Sud-Ouest ». Mais, comme le chardon des Highlands, il me faut piquer là où ça fait mal. Est-ce du rugby quand, dans le Tournoi des VI Nations, le tableau presque final inscrit: Italie – France, 10-50; Angleterre-Italie, 41-18; Italie-Pays de Galles, 7-48; Ecosse-Italie, 52-10? Il ne me reste qu’Ezio pour pleurer.
Malgré ces échecs retentissants, j’admire la ténacité et l’acharnement de l’équipe d’Italie.
« Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre i de réussir pour persévérer »
Pierrot Danos était un super demi de mêlée, mais pour les 3e mi-temps je lui préfèrerai toujours Pierrot Lascourrèges.
Quel que soit la pratique du sport et du pays où est pratiqué ce sport, il serait raisonnable d’être solidaire des victimes du virus Covid19. J’en appelle à toutes ces chaînes privées et aux téléspectateurs. Eteignez les écrans ! et laissez tranquille la population.