Les statistiques, les ratios, les taux relatifs à la progression quotidienne de la pandémie placent la société dans un état de siège sanitaire permanent. Désormais plutôt que de prendre de plein fouet les réactions après des annonces restrictives sur les habitudes de vie du monde d’avant qui s’éloigne, le gouvernement teste par des fuites organisées la résignation collective.
Il s’agit pour lui de rester sur une ligne de crête entre la tentation du retour à un re-re-confinement face à une situation de plus en plus dégradée et des demi-mesures ponctuelles qui ne mécontent que des « clusters » sociaux limités. L’exercice va être de plus en plus difficile, car bien des maux impalpables et non quantifiables découlent des mesures prises.
Le basculement général dans le repli sur soi institutionnalisé, sur l’enfermement dans un monde se voulant aseptisé et la rupture du vrai lien social fait d’échanges directs sans médiatisation technique constituent la nouvelle menace. Toute la planète plonge jour après jour, dans les valeurs virtuelles oubliant l’intérêt de toutes les formes de partage.
Le nationalisme montre ses muscles et bombe le torse puisque le concept de la réhabilitation de la notion de frontières a retrouvé une place prépondérante dans les débats. Les nécessités d’éviter les brassages de populations ne sont pas à occulter, mais bien entendu elles justifieront dans les mois à venir des revendications démagogiques sur l’immigration. C’est d’ailleurs parti et ce n’est qu’un début.
Si les échanges de marchandises ne sortiront pas affaiblis de la période, ceux qui reposaient sur les déplacements des personnes ont de forte chance de ne pas retrouver leur intensité antérieure. Le secteurs du tourisme sous toutes ses formes a bien du souci à se faire car la Convid-19 ne disparaitra que quand la population mondiale sera vaccinée.
Perte du sens de la vie. Le seul repère absorbe toutes les réactions : éviter l’inévitable c’est à dire la mort par le Coronavirus. Comme tout un chacun se considère désormais comme détenteur.trice d’un droit inconditionnel et illimité à rester sur terre, l’attente collective vis à vis des dirigeant.e.s, c’est qu’il trouve la potion miracle permettant de mourir d’une autre manière que par le Coronavirus. Ne dit-on pas que l’espoir fait vivre.
D’ailleurs quel que soit l’âge, l’état général, les comorbidités connues les fameuses statistiques attribuent un décès d’un individu ayant été testé positif au virus à ce dernier. Malheureusement bien d’autres facteurs bien connues (psychiques notamment) peuvent hâter les phénomènes de glissement bien connus chez les personnes âgées. De plus en plus de voix de qualité s’élèvent pour décrire le désarroi de la jeunesse et pas seulement celle qui étudie.
Quelle est en effet la différence de situation vis à vis de la COVID-19 entre une octogénaire oubliée en EHPAD dans une unité spécialisée Alzheimer et une étudiante d’un vingtaine d’année ne voyant plus sa famille, sans moyens matériels, sans vie sociale réelle, sans partage avec les autres, isolée dans un appartement type boite à chaussures ? Seul le rapport à la mort porté par la société les sépare. Les lycéen.ne.s des deux dernières années entre grèves et pandémie sortiront fortement marqués par la crise.
La « distanciation sociale » qui avait soulevé une polémique avant d’être remplacée par le « distanciation physique » est revenue de manière concrète et durable dans le quotidien. Elle se traduit par le remplacement de la « liaison sociale réelle » par la « connexion sociale virtuelle ». Cette mutation se propage à tous les étages d’une société matérialiste !
Les GAFAM tant vilipendés ont accru leur influence en se rendant désormais indispensables. Jamais ils n’ont été aussi puissants. Ils se frottent joyeusement « les écrans » car ils prétendent gommer la notion d’éloignement dans des domaines des études, de la culture, de la santé, de la vie institutionnelle, du travail, de l’amitié, de l’amour. Ce qui est totalement absurde et faux ! Ils le renforcent !
Plus on passe de temps chez soi et plus par choix ou par obligation, Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft, Whatsapp, Instagram, Tik-tok et tant d’autres comme les chaînes de télé… profitent et prospèrent. Un re-re-confinement inévitable et généralisé ne va pas changer cette donne…
Que pèseraient en effet un psychiatre, un sociologue, un psychologue ou un philosophe parlant des conséquences sociales et sociétales de la pandémie face à un infectiologue, un virologue, un urgentiste, un gérontologue, un épidémiologiste ou un médecin vaccinateur qui évoqueraient la saturation des hôpitaux ou des urgences et débattraient des variantes menaçantes du virus ? Ne parlons même pas d’un.e élu.e locale de proximité ! Le combat pour la vraie vie est perud d’avance!
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Je crois et crains que tu aies raison cher Jean-Marie !
Je precise que même les relations téléphoniques ont tendance à s’estomper, les gens n’ont rien à se raconter, les gens ne sortent que pour le stricte necessaire, on se retrouve de plus en plus isolé s.
Combien tu as raison Jean-Marie !
Gilbert de Pertuis
Le lien social réel écrasé par la conne… rie.
Rien à ajouter, sinon à présenter mes voeux à ceux que j’ai oubliés.
Une note d’optimisme : ça fourmille d’initiatives innovantes, pour retrouver le lien social de proximité, recréer une forme d’esprit village et de coopération autour de soi. Je travaille sur l’une d’elle (coop-ère-asso.org) et bien d’autres existent, alors ne nous résignons pas, le possible est en chacun, et ce possible est grand.