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Un mort qui sent vraiment le sapin

Mieux que le Coronavirus qui se promène allégrement à Bordeaux ou la montée exponentielle de la précarité, les médias nationaux se dont emparés d’un sujet d’une importance capitale pouvant faire vaciller la solidité de la France. Le maire écologiste de Bordeaux vient en effet de décider de supprimer les sapins de Noël dans la ville et de récupéré les 60 000 € de leur achat, de leur décoration et de leur installation.

L’événement est d’une telle importance que les ténors politiques parisiens (dont Rachida Dati en personne) y sont allés de leurs commentaires. Les mesures annoncées par le Premier des Ministres masqués ont failli être éclipsées par cette information capitale. Un comble !

«Le sapin de Noël de la place Pey Berland est l’arbre mort qui cache la forêt de nos propositions de rentrée » constate avec une pointe d’amertume Pierre Hurmic comme s’il découvrait brutalement que l’on ne prête attention qu’ à ce qui prête à polémique. Lorsqu’il était dans l’opposition il savait en effet fort bien que toute position qui ne génère pas de débat n’a aucun impact dans l’opinion dominante. Chacun va en effet s’efforcer de tirer profit de cette annonce et voué aux gémonies celui qui tout à coup se positionne en vert et contre tous !

Inutile de préciser que l’argument relatif à la dimension protection des arbres n’a absolument aucune chance de convaincre en dehors des supporteurs du nouvel édile bordelais. Cet arbre va en effet être tracé et il va être aisément prouvé qu’il était extrait d’une forêt PEFC ( programme de reconnaissance des certifications forestières – PEFC – qui atteste d’une gestion durable), il n’y a pas de pesticide, pas de désherbant, c’est 100% naturel.

Celui des années précédentes venait de Corrèze et appartenait à la famille des pectinés, les ‘arbres européens les plus hauts pouvant atteindre 60 mètres voire 80 et vivre 500 ans avec un tronc de deux mètres de diamètre.

Planté il y a 30 ans dans le terrain de 8 ha d’un particulier, il atteignait 16m de haut en 2019. La Société Agro Forest Company d’Ussel, regroupant des entreprises et des professionnels du secteur agro-forestier en Corrèze, l’avait vendu à la Mairie de Bordeaux pour illuminer à Noël la place de Bey-Berland.

L’opération de coupe avait duré une heure et avait justifié l’intervention de trois employés. Trois autres sapins avaient prix la direction des mairies de Toulon et de Cannes. C’est au total une forêt de 119 sapins qui avaient quitté la Corrèze rien que pour la ville de Bordeaux et plus de 600 « petits » pour les écoles de l’agglomération. Pas moins de dix kilomètres de guirlandes l’avaient embelli pour que le « mort » ait meilleure allure.

Ce conifère dans la force de l’âge aurait été, diront les défenseurs de son installation, de toutes les manières, abattu et n’aurait pas fini ses jours en paix dans les montagnes. Alors autant qu’il fasse le bonheur et la joie des citadins amateurs de décorations et de lumignons artificiels.

Il n’a fallu que quelques heures pour que la polémique enfle sur tout le territoire national. Certains ont convoqué la religion pour s’attaquer à cette décision constituant une atteinte aux traditions de la France catholique. Comme la plupart des symboles de Noël, le sapin trouve pourtant ses origines dans les religions païennes qui ont précédé le christianisme. Ce qui n’est guère surprenant, la date de la Nativité du Christ ayant elle-même été choisie de manière à supplanter les fêtes païennes du solstice d’hiver.

La décision d’un maire écolo, catholique pratiquant,constituerait une sorte d’insulte faite à la France judéo-chrétienne. Dans un concert de vierges effarouchées le Ministre Marc Fesneau a fait dans la nuance en dénonçant une « Police de la pensée ». L’ineffable Eric Ciotti a parlé d’« extrémisme de gauche » secouru par la marie nationale qui elle a dénoncé un « rejet viscéral des traditions françaises ».

Il reste tout de même à se pencher sur une autre prise de position savoureuse citée sur Le Point.fr en cette période de crise économique. Elle est venue de la formidable et représentative « Association Française du Sapin de Noël Naturel » qui est aussitôt montée au créneau : . « Monsieur le maire s’offre une couverture médiatique à bon marché tout en jetant l’opprobre sur toute une profession et porte atteinte à notre production et à nos emplois ». dans un communiqué relayé bien évidemment, celui-là par les lédias nationaux préoccupés par cette affaire.

« Réduire les professionnels français du sapin de Noël naturel à de simples producteurs « d’arbres morts » relève, selon nous, d’une vision dogmatique, sans aucun fondement, qui vise clairement à nier une tradition familiale appréciée et largement suivie, comme à détourner les français du sapin de Noël cultivé en France » ajoute ces acteurs de la relance. Fermez le ban. Voici un beau mort qui sent le sapin !

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Cet article a 10 commentaires

  1. Gilbert SOULET

    Bravo Jean-Marie
    Nos us et coutumes tanguent car remisent en causes ; Croyants ou pas, nous fêtons Noël avec nos enfants petits et grands autour de nos traditions. Il y a des manifs de gilets jaunes ce jour, pourvu qu’on invente pas d’en dresser 1 en lieu et place du sapin à Noël ?
    Le vieux Gilbert de Pertuis, Porte du Luberon

  2. Trupin

    Le sapin de Bordeaux c’est l’arbre qui cache la forêt des décisions écolos -burlesques qui nous attendent

  3. Philippe Conchou

    Il y a longtemps que la fête de Noël n’est plus qu’un vaste barnum commercial, et le paradis du gaspillage.
    Les églises sont vides même pour Noël, alors le côté religieux…
    Des illuminations couteuses et inutiles aux innombrables cadeaux que les gamins n’utilisent jamais préférant jouer avec les boîtes, en passant par les sapins sacrifiés (pas pour tout le monde car c’est devenu une industrie) tout est fait pour « faire marcher le commerce ».
    Le pompon c’est la revente de cadeaux le jour même sur le web, on touche là à ce que notre société de consommation a de plus vil.
    Qui se souvient qu’il n’y a pas si longtemps LE cadeaux de Noël de beaucoup d’enfants était une simple orange ?
    60000€ économisés ce n’est pas rien, espérons qu’ils seront utilisés pour aider ceux qui sont dans le besoin et ils sont nombreux même à Bordeaux.

  4. Laure Garralaga Lataste

    Moi ! Je me souviens de cette « orange de Noël » qui me rattachait à mon pays d’origine que ma famille avait dû quitter en janvier 1939 … chassée par des ULTRAS CATHOLIQUES (en réalité pas très « catholiques »…) !
    Merci Philippe.
    Bravo Jean-Marie

  5. Dany Cazeaux

    Là, tu avais une perche toute tendue

  6. J.J.

    Je ne suis pas vraiment un « aficionado » de monsieur Humic, mais il faut rendre à César ce qui est à César : j’approuve cette initiative.
    Si certains politiques se hissent sur leurs grands dadas pour fustiger cette décision,ayant trouvé là plus de grain à moudre que dans la fade et creuse intervention du premier sinistre, les bordelais apprécieront peut être que leurs nécessaires impôts soient dépensés dans des actions plus utiles à la collectivité.
    Et c’est moins pénalisant et moins pingre, pour qui veut faire des économies, que de piquer 5 € aux bénéficiaires de l’allocation logement.
    Maintenant, si j’ai bien compris, monsieur Humic ne semble pas avoir interdit aux particuliers d’ériger en leur demeure un sapin de Noel, si « tel est leur bon plaisir », et à leurs frais, ce qui rend parfaitement ridicule et disproportionnée l’intervention de l’ « Association Française du Sapin de Noël Naturel ».

  7. BORTOLETTO Francoise-Micheline (dite Michou) née CHAVANSOT

    Quelle histoire ! il ne manquait plus que celle-là pour éclipser tous les problèmes du moment……..
    Par définition je suis pour les économies, je suis pour que l’on prenne soin du mieux possible de notre planète mais arrêtons, en France il n’y a jamais de demi-mesure on passe d’un extrême à l’autre………….. Si l’on ne conserve pas nos us et coutumes que va-t-on mettre à la place, des nouveautés venues d’ailleurs ?
    Les écolos, bobos et extrémistes, commencent à me sortir par les yeux…….. J’ai souvenir, dans mon enfance, qu’il n’y avait pas de sapins dans les rues ou sur les places mais que de nos petits villages nous allions admirer les « illuminations » des rues principales de Bordeaux….. pourquoi ne pas revenir à des choses basiques sans faire ce pata-caisse assourdissant…….

  8. Laure Garralaga Lataste

    « Conserver nos us et coutumes » !… venus d’ailleurs : le père Noël nous vient des pays scandinaves… Quant à la crèche de Noël, elle nous est venue… tout droit de Jérusalem !

    1. J.J.

      Et la fête de Noel, solstice d’Hiver, des temps préhistoriques !

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