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Quand la culture se meurt c’est la société qui meurt

Il est bien difficile d’expliquer que l’avenir de la démocratie passe davantage par un effort en matière de développement de la culture que par celui des seuls apprentissages éducatifs. Lentement la situation se dégrade faute de crédits accordés à un secteur de la vie sociale jugé de fait comme coûteux mais non rentable mais encore plus par manque de considération pour celles et ceux qui prônent une revalorisation de la place accordée à la lecture, à la musique, au théâtre, à la peinture, au patrimoine et à la création en général. Reposant souvent sur une action associative bénévole le développement culturel local essentiel s’essouffle et se meurt faute non pas de moyens financiers (même si parfois c’est le cas) mais par manque d’intérêt d’une population écartelée entre tous les écrans diffuseurs d’une médiocrité rassurante. En fait tout se joue durant l’enfance et l’adolescence puisque trop souvent la paupérisation matérielle s’accompagne de la médiocrité culturelle faute d’une offre suffisante surtout en milieu rural.
Un véritable fossé se creuse avec des conséquences au moins aussi graves et durables que celles des inégalités matérielles qui conduisent à la situation que l’on connaît avec la montée des extrémismes religieux ou politiques. Il est en effet plus rassurant de se réfugier dans de fausses certitudes sur la société que d’oser se confronter à des idées, des créations, des réalisations qui nécessitent une analyse et une réflexion personnelle ou collective.
Il faudrait consacrer une bien plus grande attention à la culture et à l’art, car ils nous conduisent à ressentir plus de respect et de responsabilité vis-à-vis de nous-mêmes et des autres. C’est pour cette raison que la culture devrait être financée bien au-delà des sommes injectées pour soutenir les processus économiques. C’est vital pour nos sociétés essentiellement recentrées sur le seul mythe du profit salvateur. En diminuant constamment son importance au quotidien, nous nous appauvrissons dans de trop nombreux domaines. Le développement de la pensée, la littérature, la musique et les autres formes artistiques élargissent notre vision de l’économie, de la politique ou des phénomènes sociaux. Ils nous aident à découvrir ou inventer les nouveaux outils du changement… et surtout ils donnent une véritable opportunité de développement de ce qui fait la force réelle d’un individu : savoir comprendre le monde avant de le juger. Nous vivons en une époque des à priori, du prêt à porter idéologique, des concepts préfabriqués. Dès que l’on en sort, la peur de l’autre par capacité à le comprendre surgit et elle domine chaque jour un peu plus les relations humaines. Renoncer à se battre pour la culture c’est suicidaire !
Il y a 40 ans lorsque la municipalité créonnaise a changé d’orientation, une étude réalisée à la demande des nouveaux arrivants sur les perspectives d’amélioration de la vie collective avait identifié une seule piste possible : le développement culturel !
Je me souviens encore de ce trio composé d’un sociologue, d’un animateur socio-culturel et d’un urbaniste lyonnais (1) présentant leur rapport à une équipe assez éloignée de leur vision de ce que devait être la vie collective reposant depuis trois mandats sur une demi-douzaine d’associations. « Vous n’éviterez de devenir une cite dortoir que si vous créez du lien social par la culture ! Il vous faut une identité fédérative avec une implication citoyenne ». Des principes très éloignés de ceux que les nouveaux élus attendaient et il fallut toute la persuasion du Maire d’alors Roger Caumont pour persuader ses colistiers du bien-fondé de cette démarche !
Instituteur devenu professeur agrégé d’espagnol il choisit immédiatement « le livre » comme support de la première initiative. Dans la seule pièce libre de la mairie, sur quelques rayons furent installés les premiers ouvrages ! Le symbole était fort. L’initiative courageuse. La marge de progression immense. C’était le germe d’une nouvelle organisation sociale communale. La « plante » culturelle ne cessa de grandir arrosée par les initiatives prises par toutes les équipes municipales ultérieures. Le cinéma, la musique, le théâtre, les arts plastiques, la lecture avec des aléas divers furent les étapes suivantes d’une politique culturelle courageuse et durable.
Lorsque 35 ans plus tard j’ai quitté la Mairie, Créon comptait,a près beaucoup d’efforts, une dizaine d’associations communales ou devenues intercommunales gestionnaires d’apprentissages ou de propositions culturelles. J’ai la vanité de croire qu’elles ont contribué à la qualité de vie dans une cité vivante et ouverte. La culture a été une priorité absolue avec des investissements au cœur de la ville (cinéma, bibliothèque, espace culturel, danse, ludothèque, musique…) avec tous les locaux progressivement construits pour que les associations progressivement créées puissent offrir le meilleur accueil aux habitants. Les apprentissages sont dans tous les domaines la base de l’avenir de l’appétence culturelle. Et à cet égard l’aménagement du temps scolaire avec les opportunités de découverte constituait une ouverture considérable pour lutter contre cet appauvrissement collectif qui gagne du terrain. Je suis fier et heureux que la municipalité actuelle n’ait pas cédé sur ce point car c’est un atout considérable pour l’avenir d’une jeunesse en mal de repères.
(1) De mémoire elle s’appelait l’ATEC et avait son siège social à Lyon !

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Cette publication a un commentaire

  1. bernadette

    A Créon avec ses 4500 habitants environs est une commune importante.
    Dans une commune, il faut au moins une bibliothèque ou un accès à une bibliothèque (bibliobus ou autre).
    Oui les nouvelles normes édictées deviennent la rentabilité par la location de logements ou autres.
    Une commune doit être rentable, la commune doit faire payer toujours + à ses habitants, le pognon c’est la norme….

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