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Bilan 2016 : l’ère primaire n’a pas gelé les vocations présidentielles

Pour exister en France en 2016 il fallait être candidat(e) à la présidentielle. Que l’on accepte de passer par des primaires, que l’on décide de ne pas les respecter, que l’on se plaigne de ne pas avoir été admis, que l’on fasse semblant d’y aller sans y aller tout en finissant par ne pas y aller il était de bon ton pour accéder aux médias d’annoncer une intention de partir aux présidentielles. Le système est devenu tellement pervers que ce n’est même plus la peine de construire un projet : une conférence de presse ou si on n’a pas les moyens d’acheter l’apéro et les gâteaux allant avec, un communiqué largement diffusé sur les réseaux sociaux autorise l’accès aux grands supports médiatiques nationaux et à fortiori les locaux.

Il existe en effet une nouvelle opportunité depuis 2012, la période de candidature à la candidature ! Ce créneau de promouvoir son nom a atteint les sommets avec au total depuis le début 2016 une… cinquantaine de président(e)s putatifs dont la grande majorité n’a aucune illusion sur la chance qu’il a de figurer dans la dernière ligne droite ! L’ère « primaire » a donc vu naître des étoiles filantes que le ridicule ne tue pas puisque la moindre pub est une aubaine pour elles. Il existe même des dinosaures qui reviennent sur le devant de la scène à chaque scrutin afin d’entretenir leur petite « entreprise » personnelle constitué par un micro-parti qui sera financé ou au minimum indemnisé par un plus important. On murmure par exemple dans le Canard enchaîné (mais c’est pure calomnie) que Michèle Alliot-Marie, ex-Ministre ayant besoin d’une petite immunité parlementaire échangerait son renoncement contre une « belle » circonscription dans les Hauts de Seine ! Il en va de même à gauche où nombreux sont celles et ceux qui veulent tirer quelques marrons du feu pour le congrès… mais chut ce n’est que pure calomnie.

Faisons le compte chez les ex-UMP où sont partis dans l’ordre alphabétique et ont bénéficié d’une couverture médiatique utile à leur avenir : Coppé, Fillon, Geoffroy, Guaino, Juppé, Morano, Juppé, Kosiusko-Morizet, Lefevre, Le Maire, Mariton, Morano, Myard, Poisson, Sarkozy : pas moins de 15 prétendants à une résidence à l’Élysée. On sait déjà que presque une douzaine d’entre eux seront candidats aux législatives… et c’est tout bénéfice dans leur circonscription que cette campagne de notoriété nationale non comptabilisées dans leurs frais ! Il faut y ajouter pour les mêmes raisons Dupont-Aignan dont marseille devrait être la ville d’accueil tellement il fait depuis des années la coup du score « sardine » qui va boucher le port à tous les autres et se révèle être un anchois !

Il faut ajouter le Mao-Tsé-Toung béarnais, spécialiste de la « longue marche » : Jean Lassalle qui prétend aller jusque sur la ligne d’arrivée ! En matière de marche il a fait comme émule Macron ! D’autres ont pas mal réussi leur coup via les réseaux sociaux comme Rama Yade mais ont aussitôt disparu. François Asselineau a tenté de se présenter il y a quatre ans, en vain, faute de parrainages nécessaires. Il est le président de « l’Union populaire républicaine » (UPR) et récupère les dons à ce titre . L’inénarrable Jacques Cheminade en est à troisième candidature au titre lui-aussi de son parti « solidarité et progrès »… tous se sont auto-désignés et cherchent surtout désormais plus de 50 apôtres aux législatives sur leur nom. En effet une voix aux élections législatives entraîne un financement pendant cinq ans d’à peu près 1,68 euro par an ( loi du 11 mars 1988 complétée par une ordonnance de 2003) à condition de dépasser le seuil de 1% des suffrages exprimés dans 50 circonscriptions aux législatives.

La belle alliance passé à l’annulaire gauche de la politique française a permis à 9 postulants de se présenter au départ : Bennahmias (UDE), de Rugy (Ecologistes!), Filoche, Hamon, Montebourg, Peillon, Pinel (PRG) et Valls. Il faut ajouter Jadot (EE-LV) qui a devancé Rivasi, Duflot, Karima Delli mais qui retrouvera Waetcher (MEI). Faudot (MRC) tente d’exister au milieu de cette furieuse mêlée. Inutile de préciser que Mélenchon trace sa route en solitaire sur l’océan de la campagne présidentielle. Artaud (Lutte ouvrière) et Poutou (NPA) sont eux-aussi déjà lancés dans la quête des 500 parrainages. Et bien entendu Macron qui navigue entre la Droite et la gauche. A l’extrême-droite on trouve certes Le Pen bleu Marine mais aussi Henry Lesquen président de Radio courtoisie, Carl Lang et Renaud Camus ont décidé d’aller au combat.

Une bonne quarantaine d’autres plus ou moins connus ont également annoncé leur volonté farouche, au nom de leurs valeurs, de briguer une fauteuil présidentiel mais sans pouvoir assurer qu’il dépasseront le cap de l’intention… Le site Wikipédia en 2016 a recensé comme candidats déclarés (que des hommes): Daniel Adam, François Bervas, Yves Bontaz, Jacques Borie, Naea Bourgeois, Olivier Delafon, Sylvain Durif, Yves Gernigon, Stéphane Guyot, Alexandre Jardin, Jean-Pierre Mélia, Kamel Messaoudi, Alain Mourguy, Paul Mumbach,  Sébastien Nadot, Jacques Nikonoff, Robert de Prévoisin, William Rouanet, David Saforcada, Gérard Schivardi, Cyril Pommier dit « Super Châtaigne », Sébastien Taupin, Le général Didier Tauzin, Oscar Temaru, Emmanuel Toniutti, Christian Troadec, Maxime Verner, François Vigne…. alors qui a dit que la politique n’intéressait plus en 2016 les Français ! En tout cas la constitution de la V° République fonctionne à plein !

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Cet article a 5 commentaires

  1. faconjf

    Bonjour,
    Petite histoire condensée du quinquennat sous la forme d’une question constitutionnelle, le quinquennat a-t-il tué la fonction présidentielle ? Si l’approbation du peuple au référendum du 24/09/2000 n’était pas sujette à caution –73,2% en faveur du quinquennat–, en revanche, son enthousiasme pour la consultation n’était pas flamboyant, avec une abstention de 69,8%. Un taux digne d’un scrutin européen! Et pourtant, il engageait sérieusement l’avenir des institutions de la Ve République.
    Le septennat est en place en France depuis 1873. La réduction de la durée du mandat présidentiel est apparue comme une innovation indispensable après la fin du second mandat de De Gaulle. En 1973, le président Georges Pompidou, le premier, tente de faire cette réforme par voie parlementaire, mais renonce finalement à porter le projet devant le Congrès faute de majorité. Suite aux deux septennats de François Mitterrand, beaucoup jugèrent cette présidence trop longue. Lionel Jospin s’était prononcé en faveur du quinquennat lors du débat présidentiel de 1995 avec sa réplique, devenue célèbre : « Il vaut mieux cinq ans avec Jospin que sept ans avec Jacques Chirac ; ce serait très long ». A l’origine, le mandat de président de la République n’était ni de sept ans ni de cinq ans quand la fonction fut instituée, en 1848, à l’avènement de la IIe République, mais de quatre. Cette durée de sept ans fut le fruit d’un compromis boiteux initié ensuite par Patrice de Mac Mahon, un président monarchiste de la IIIe République.
    Les royalistes qui siégeaient à l’Assemblée nationale étaient alors plutôt partisans d’un mandat de dix ans alors que les républicains penchaient majoritairement pour une durée deux fois moindre. Les premiers, par sa longue durée, y voyaient un «mandat de monarque» qui pouvait préparer une nouvelle Restauration; les autres, par une durée abrégée, introduisaient une sorte de «dépersonnalisation» dudit mandat pour asseoir définitivement la toute jeune République.

    Hostile à ce changement, Chirac déclare, le 14 juillet 1999:
    «Le quinquennat serait une erreur, et donc je ne l’approuverai pas.»
    la concordance de la durée des mandats du président et des députés qui, en raccourcissant l’un, le «rabaisse» institutionnellement parlant au niveau de l’autre.

    Pour affirmer sa prééminence sur des députés élus pour une durée identique à la sienne, Sarkozy a fait le choix d’une hyper et d’une omniprésidence. Elle correspondait aussi certainement à sa nature intrinsèque mais, d’une certaine manière, s’imposait à lui pour éviter une banalisation de la fonction.

    La présidence Hollande offre quasiment le cas d’école inverse. Se voulant un «président normal» dès son entrée en fonction, l’homme est très rapidement devenu un président banal, en même temps que très impopulaire –beaucoup plus que son prédécesseur– en raison du flou et des contradictions de sa politique. Il a programmé lui-même son effacement.
    La question est maintenant de savoir si le quinquennat, par sa brièveté, a définitivement tué cette présidence. Et toutes celles qui suivront, en ne promettant qu’un seul mandat, sans lendemain, à toutes celles ou tous ceux qui se lanceront dans l’aventure.
    Une chose semble certaine, la réforme du quinquennat, qui reste incomplète et inachevée car elle n’a pas tranché entre un régime présidentiel et un régime parlementaire, laissera toujours planer sur la tête des postulants la menace de l’échec sans possibilité de se rétablir à temps.

    La 5éme république me semble bien fatiguée, une nouvelle constitution tranchant enfin le nœud gordien entre régime présidentiel ou parlementaire me semble souhaitable.
    Salutations républicaines

  2. bernadette

    Je pense que les missions du chef d’État de la Veme république écrase le peuple.
    Le peuple n’a aucun droit à l’expression.
    Lorsqu’il veut s’exprimer, il est renvoyé au pied du mur.
    Pour s’exprimer, il faut une carte de militant et être à jour de ses cotisations.
    Chut, il ne faut rien dire qui puisse nuire à notre personnalité.

  3. Dupart Lescure

    Tu as oublié Hugues Aufray !!!!!

  4. SOULET Gilbert

    Meilleurs vœux Jean-Marie pour toi et les tiens tout d’abord.
    Que tes billets nous abreuvent toujours et encore de tes impertinences qui frappent juste et là où il faut !
    Très cordialement aux lecteurs.
    Gilbert SOULET de Pertuis, Porte du Luberon

  5. Baillet Gilles

    Cazeneuve menace ceux qui « seront jugés devant l’histoire » (Macron et Mélenchon)… responsables d’un deuxième tour Fillon-Le Pen. Le problème ce serait l’éparpillement des candidatures qui diviserait la gauche… Si l’on considère Macron « de gauche » ce qui n’est pas le cas… En 2012, la candidate FN faisait un peu moins de 18% des voix. Aujourd’hui, après cinq ans de Hollande et compagnie au pouvoir, elle atteint 25% des voix… A qui la faute?
    D’autre part, faire croire que si Mélenchon ne se présentait pas, ses électeurs voteraient automatiquement pour le candidat du PS dont ils ont combattu la politique économique et sociale pendant cinq ans, c’est se moquer du monde…

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