Le mot qui va faire fureur à la rentrée est celui de « primaire ». Non pas que l’in s’intéresse enfin à l’éducation à travers l’enseignement portant ce qualificatif mais plutôt que les médias focalisent leur strabisme convergeant vers ce qu’il va ses passer dans les deux camps de la politique. Le comportement social général sera donc « primaire » c’est-à-dire marqué par l’utilisation des instincts « primaires », des formules « primaires » et par surtout un débat « primaire » ! La France entre donc dans l’ère primaire pour le plus grand malheur de la République. En effet c’est quand les gens en général se détournent vraiment avec constance de la vie publique que l’on va leur infliger une course à la mise à sac des idéaux devant présider à un grand rendez-vous électoral.
Il leur sera proposé une caricature désastreuse du fonctionnement social reposant durant des mois sur l’affrontement d’egos surdimensionnés. Chacun veut pour exister se confronter à l’autre avec l’espoir non pas de l’emporter mais d’exister un peu plus sur le baromètre de la notoriété. On sait jamais ça peut servir § Je n’ai jamais aimé et approuvé e système du choix par des « supporteurs » d’un éventuel candidat à un rendez-vous électoral car il accélère la disparition d’un lien essentiel, celui des partis ! D’ailleurs ils sont en passe de se vider de leurs militants (surtout à gauche) car en réduisant les échanges au niveau de ceux des « virages nord et sud » des stades politiciens on a ôté tout intérêt à la participation à une structure uniquement utile pour les scrutins locaux ou nationaux !
Actuellement chaque candidat « primaire » tente de dépasser le cadre du parti pour aller pêcher des voix ailleurs ! S’ils ne comptent en effet que sur les forces « internes » ils se condamnent à ne faire socialement que de la représentation. Dans cette optique de l’élargissement éventuel de leur audience ils leur faut des moyens financiers de communication vers le grand public. Un contexte qui accroît considérablement le caractère néfaste du système américain reporté dans une République déjà malade du culte du pognon ! On dit déjà que certains des postulants à l’investiture présidentielle n’iront pas jusqu’au bout faute de moyens humains, matériels et financiers suffisants ! Que faut-il payer en tant que « supporteur », sa cotisation au parti ou faire un don aux bonnes œuvres des candidats ? A moins que ce ne soit pour les plus motivés deux participations afin de faire payer à l’état via les déductions fiscales une bonne part des primaires !
En fait ce système mène la démocratie représentative droit dans le mur… Sauf si on imagine que le pays puisse être gouverné par des individus non-solidaires échappant à tous les principes et que l’on ouvre ainsi la porte à des vedettes de la télévision ( Hulot? Cavada ? Mamère ?) du sport (Douillet? Lamour ?) ou du show-business (Tapie ? Coluche ?) ou du monde des affaires comme c’est le cas dans de plus en plus de pays ? En fait les citoyens lambda convaincus, motivés, dévoués n’ont plus leur place dans cette véritable course de fond qu’est devenu une élection présidentielle. Un René Dumont qui a, par ses interventions lancé l’écologie politique ne serait pas du tout retenu sur la ligne de départ. D’autant qu’il n’avait que ses bonnes paroles à offrir à un électorat coincé entre les grands noms de l’époque ! Si les primaires existent pourquoi conserver ensuite le principe des signatures de maires, de conseillers départementaux, régionaux, nationaux pour acter une candidature déjà retenu par les citoyens les plus motivés ? En fait on assistera dans les prochaines semaines à un grand poker menteur durant lequel les exagérations tiendront lieu de propositions afin de draguer les plus extrémistes de chaque camp.
Le système « primaire » n’attira pas davantage d’électrices et d’électeurs vers les urnes lors du « vrai » choix à effectuer. Est-on certain que l’exemple de la désignation du président actuel sur la base de promesses non-tenues dans un contexte mal évalué va générer davantage de participation à une désignation de gauche ? En fait dans à gauche la pagaille est telle qu’un Arnaud Montebourg adepte fanatique des primaires en 2012 se refuse désormais à y engager ! Sarkozy qui avait raillé celles organisées par le PS en est devenu un partisan méfiant mais contraint… du moment qu’il en contrôle dans les faits l’organisation. Il devrait se rappeler que ça n’a pas considérablement aidé Martine Aubry ! Alain Juppé les réclame mais sait déjà qu’il lui faudra être très fort pour parvenir à ses fins ! Un raisonnement « primaire » paraît adaptable selon les circonstances et els intérêts personnels circonstanciels.
En fait les votants lors de ces scrutins officieux viennent essentiellement pour « écarter » l’un ou l’autre des participants mais pas pour adhérer à un programme que tout le monde publie dans des bouquins ne servant en faut qu’au financement déguisé de leur campagne « privée »… Ils n’y donneront aucune suite et s’arrangeront pour que les médias donnent le retentissement aux écrits de « nègres » plus ou moins performants. En fait il faut regarder ce temps de la campagne électorale élyséenne avec les principes de Pierre Bourdieu : « En mettant l’accent sur les faits divers, en remplissant ce temps rare avec du vide, du rien ou du presque rien, on écarte les informations pertinentes que devrait posséder le citoyen pour exercer ses droits démocratiques. » Et c’est là que ça coince vraiment chez moi !
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Bourdieu a publié un livre qui s’appelle « ce que parler veut dire ».
Personnellement, je pense que les politiques du moment ne sont pas clairs. Manque de transparence sur la situation de l’ensemble des communes.
Les communautés de communes font disparaître les communes. Seul le pouvoir du Maire soumet la population a une sorte de communautarisme incomprehensible.