Dans sa chronique hebdomadaire de Sud-Ouest Dimanche (1) Jean-Claude Guillebaud démontre avec talent que « le débat démocratique contemporain (en) devient une étrange partie de colin-maillard ». C’est une manière réaliste de stigmatiser cette perte dramatique des convictions durables pour effectuer des évolutions tactiques à tâtons pour privilégier les destins individuels des responsables nationaux ou les événements strictement factuels. Le politique court les yeux fermés après l’émotion ou l’opinion qu’il pense dominantes sans plus chercher à convaincre ou à se référer à des valeurs intangibles. Ses décisions se succèdent mais n’ont aucun lien entre elles et ne se situent plus dans un cadre idéologique. Il faut désormais lancer une idée, essayer sa mise en œuvre, reculer devant les obstacles, renoncer face aux réticences, passer en force ou identifier les faiblesses des adversaires pour arriver à un résultat circonstanciel permettant de sauver provisoirement son pouvoir. Cette gouvernance « colin-maillard » pèse sur la vie nationale dans laquelle bien du monde porte un bandeau sur les yeux pour ne pas voir la réalité.
Je parlerai pour ma part, plutôt d’une France qui avance collectivement dans un long tunnel sous la conduite de gens, de tous bords, incapables d’éclairer le chemin. Pas à pas la « troupe » se laisse plonger de l’obscurité vers l’obscurantisme sous l’influence d’un sentiment déraisonnable qui est celui de la peur collective du déplacement. Elle est omniprésente, irraisonnée et même déraisonnable mais entretenue constamment par le déversement permanent de bruits, de rumeurs, d’ informations approximatives ou simplement de commentaires alarmistes déversés par des médias télévisés surpuissants. Le peuple qui erre dans ce tunnel n’a qu’une obsession : qu’on le préserve de tous les dangers possibles ou réels pouvant l’assaillir dans un contexte angoissant. Il fait donc confiance aux solutions faciles, aux annonces de mesures sans aucun fondement, aux solutions seulement destinées à renforcer sa peur de l’autre. Les meneu(ses)rs qui crient le plus fort, qui déploient des arguments simplistes trouvent des oreilles attentives dans ce « tunnel » démocratique où tous les «idées » sont grises et se ressemblent toutes.
De temps à autres quelques imprudents craquent une « allumette » pour tenter de donner de la lumière au plus grand nombre mais faute de relais elle s’éteint très vite étouffée par le courant d’air permanent des sondages ou de l’opinion dominante façonnée médiatiquement. Même les bougies allumées en série pour symboliser les valeurs éternelles du siècle des Lumières (liberté, égalité, fraternité, laïcité, solidarité) ne parviennent plus à lutter contre cette peur collective tombant sur les esprits « aveugles ». Qui n’a pourtant jamais eu peur dans le noir ? Qui n’a pas grossi le danger en éprouvant de la peur ? Qui n’a pas eu peur de sa propre peur ? Nous sommes tous sensibles à ce sentiment destructeur de la raison.
La vie politique hexagonale risque donc de reste confinée à ce tunnel qui n’a rien d’un huis-clos puisque il est ouvert sur un avenir restreint mais identifié : l’élection présidentielle. Arrêt au point kilométrique 2017 ! Les « chefs dominants » n’ont que cette obsession et n’en font pas mystère. Ils ne parlent que de « tactiques », de « techniques », de « pratiques », « de pragmatisme » et réfutent les vraies « valeurs » qui sont jugées impuissantes face à la montée de la peur du lendemain étreignant le pays. Ne voyant pas le bout du tunnel du chômage, de la précarité, du mépris social, la majorité du « convoi » se désintéresse totalement de ces propos qu’efface leur quotidien incertain. Eux-aussi avancent à tâtons sur les sentiers de la vie et personne n’est en mesure de les rassurer. Ils suivent les « parois » qui sont de plus en plus proches car la liberté se restreint au nom des risques d’embuscades ou d’attentats. Une minorité se rend compte que le danger est essentiellement là, dans un renoncement à s’appuyer sur ce qui fonde le vivre ensemble.
Perdus face à des menaces inconnues nées dans l’obscurité du fanatisme ou portées par une prochaine crise financière dévastatrice les « guides » font la course vers la « sortie » en multipliant les crocs-en-jambe pour ralentir la progression des autres. L’essentiel échappe à la politique. Il n’a plus sa place dans ce tunnel dans lequel nous avançons au jour le jour sans vraiment savoir la longueur et la durée du parcours. On le paiera cher car les lumières de la raison sont éteintes !
Dans le fond les responsables politiques de tous les partis devraient absolument retrouver le célèbre almanach de « L’os à moelle » du 26 février 1981 dans lequel écrivaient les célèbres « politologues » Pierre Dac et Francis Blanche ayant largement prévu la situation présente : « Les constructeurs de tunnel n’ont jamais eu la foi qui déplace les montagnes.» C’est un fait elle a vraiment disparu alors qu’elle constituait la force des peuples !
(1) journal du 10 janvier 2016
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Cette liberté de parole met un peu d’air frais dans un climat ambiant qui va presque jusqu’à nous conseiller de ne pas trop penser et de ne pas dire notre pensée parce que ça serait (trop) critique, ce serait un discours anti-institutionnel et donc un affaiblissement de la République et de ses instituions (sous-entendu : rassemblons dans l’inaction c’est le meilleur moyen de répondre au terrorisme et aux extrémismes … ).
Parallèlement au jeu des symboles et de l’agitation médiatique que vous décrivez bien, on peut aussi chercher à viser une sortie du « bout du tunnel du chômage, de la précarité, du mépris social ».
Ça ouvre un chantier de questions : quelles orientations, quelles options, quelles actions peut-on concevoir et définir ?
Oui le journal sud ouest fait partie de la culture local.
Aujourd’hui est à l’honneur l’économie circulaire avec les ordures ménagères. L’impôt ou
Plutôt la taxe supportée par les pauvres et les riches consommateurs, c’est-à-dire la société de consommation qui se doit d’acheter ce que lui propose l’hyper distribution et l’eco taxe sur certains produits dont le consommateur est redevable n’est pas une économie pour créer des emplois stables et durables.
La perspective d’ouvrir un chantier de questions dans l’espoir de construire des réponses retient grandement mon attention.
En écho, permettez-moi de vous communiquer le rapport de Frédéric Bonnet intitulé « Aménager les territoires ruraux et semi-urbains » remis le 07 janvier 2016 à Sylvia Pinel, ministre du logement, de l’égalité des territoires et de la ruralité.
Il me semble que ce rapport (et il y en a sûrement d’autres) participe de cette recherche. http://www.territoires.gouv.fr/amenagement-des-territoires-ruraux-et-periurbains-remise-du-rapport-de-frederic-bonnet-a-sylvia-pinel
Ce rapport avec d’autres représentent des supports à l’engagement d’une réflexion.
Ces supports rappellent que d’autres choix sont possibles en lieu et place du « renoncement à s’appuyer sur ce qui fonde le vivre-ensemble ».
Bien amicalement
Sur ma commune à Et gènes de Fronsac, il y a aucun service public : la poste de Perissac est ouverte à 1/2 temps. La gare de saint André de cubzac existe mais avec une circulation TER au rabais. Il y a les trans Gironde avec un manque de protocole pour avoir la même chose avec la SNCF en terme de billet. A 35 km de Bordeaux,cette commune est hyper endettée et les petits viticulteurs âgés doivent attendre l’autorisation du maire pour vendre des parcelles declassees. Commune inerte, dortoire etc…
Sur ma commune à Et gènes de Fronsac, il y a aucun service public : la poste de Perissac est ouverte à 1/2 temps. La gare de saint André de cubzac existe mais avec une circulation TER au rabais. Il y a les trans Gironde avec un manque de protocole pour avoir la même chose avec la SNCF en terme de billet. A 35 km de Bordeaux,cette commune est hyper endettée et les petits viticulteurs âgés doivent attendre l’autorisation du maire pour vendre des parcelles declassees. Commune inerte, dortoire etc…