Avez-vous remarqué qu’en été le café pris loin de chez soi, n’a pas du tout la même saveur que celui que l’on avale en vitesse le matin ou que l’on va soutirer à la machine collective le reste de l’année ? Même s’il est issu de la même cafetière il ne ressemble pas du tout à celui que l’on avale au petit matin d’un jour de labeur ou à la fin d’un repas à la cantine. Le temps que l’on a devant soi pour le boire, donne toute sa dimension à la tasse de bonheur qui vous attend. La manière de l’absorber compte autant que le breuvage et il n’y a pas plus grand plaisir que celui de savoir que chaque gorgée constituera un instant unique car justement intemporel. Il reste cependant à se pencher sur le contexte dans lequel on le prend. Selon le pays le breuvage n’a vraiment pas les mêmes atouts et selon les traditions on peut lourdement regretter sa dose quotidienne « normale ».
Bien évidemment l’idéal consiste à pourvoir se faire préparer son « expresso » à son goût. Une marque précise, un équilibre des origines, une mouture adaptée à la technique de fabrication accentuent les vertus du principe mitterrandien voulant qu’il faille en toutes circonstances, surtout en été, « donner du temps au temps ». Chez soi, en se levant sans contrainte, en sentant l’odeur subtile et familière du café qui vous attend, vers 9 ou 10 heures on se sent véritablement important. Le petit-déjeuner ne devient plus une corvée matinale démoralisante mais un vrai moment de plaisir puisque la liberté de la gestion de sa durée enrichit considérablement le temps des congés. Que vous le vouliez ou non rien ne remplace cette situation puisque dès que l’on voyage la déception naît souvent des pratiques en matière de fabrication du « petit noir ». Une véritable déception matinale, une véritable pénitence que celle d’être privé de sa tasse quotidienne parfaitement adaptée à son caractère. Un mauvais café peut gâcher totalement un séjour dans un hôtel, chez des amis ou des familiers.
Allez donc aimer cette lavasse volumineuse que l’on sert par exemple dans les pays anglo-saxons! Certes on vous en donne pour votre argent mais la quantité proche de celle que l’on offre pour le thé, transforme ce qui doit être tonique en une « tisane » pisseuse imbuvable. Aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, au Canada même quand on fait paradoxalement payer le prix fort pour un « expresso » alors que l’on est inévitablement déçu par ce qui est servi. mais bon on se contente de ce rappel du vrai café! Il faut aussi admettre que dans certaines régions françaises on n’est pas loin de constats identiques. Et souvent, la fréquence des « bols » finit par saturer la relation que l’on peut avoir avec sa dose quotidienne indispensable de caféine. pour moi l’abstinence est alors préférable à la saturation!
Il est devenu assez rare de terminer un menu dans un restaurant par un excellent café… et il devient rarissime de pouvoir apprécier une tasse convenable dans un bistrot, un bar ou une brasserie. Vendu souvent à prix d’or car il constitue la « rente » du lieu il n’a aucun parfum, une amertume cramée, une teinte « marronasse » qui justifient l’expression « avaler son café » plutôt que « déguster son café ». Tout se joue, quel que soit le lieu, sur la fraîcheur du café (ouvert au dernier moment), son mode de torréfaction (pas trop grillé), la grosseur du grain moulu (pas trop fin), la qualité (source si possible) et la température de l’eau ( 95°) et ensuite sur le récipient dans lequel il est servi pour lui permettre d’exhaler son parfum. Ces conditions ne sont que rarement remplies dans les commerces très fréquentés ou, à l’inverse trop peu fréquentés usurpant souvent sur leur façade le titre historique de « café ». Oubliez vite la décoction recuite qui mijote sur la cuisinière de certains estaminets de campagne!
En été on peut aussi trouver des contrées dans lesquelles il existe une vraie culture autour de ce breuvage seulement arrivé sur le vieux continent au début du XVII° siècle. Rappeler que le Pape a failli l’interdire car il était considéré hérétique d’en boire puisqu’il fut durant de siècles la boisson des musulmans bien avant le thé, permet de bien comprendre les rapports entre l’Italie et ce nectar précieux et rare. Tellement rare qu’on a vite imposé le principe des doses « serrées » jusqu’à l’extrême du coté de Milan. Les vrais amateurs ne goûtent à Rome ou ailleurs qu’au plaisir farouche de la densité du breuvage issu du principe technique de la percolation. En été ce type de produit ne concerne d’ailleurs que les vrais amateurs d’émotions intenses car le plaisir du lien entre la dégustation et la durée n’existe pas. Il faut donc se concentrer sur l’essentiel de la tasse. La vérité se situe donc probablement entre le modèle transalpin et celui du la France. Mais ailleurs comme par exemple en Amérique du Sud, le café a également du volume, de la pureté, de l’ampleur dans un contenant pas encore totalement américanisée. Savoir en profiter fait alors partie intégrante du voyage!
En tous cas la saison des émotions ne permet pas de considérer le « décaféiné » ou le « lyophilisé » comme étant acceptable par un vrai vacancier comme il ne saurait l’être dans un verre en matière plastique ou un gobelet aseptisé. Attention aussi au « lait au café » (et rarement l’inverse) matinal qui ne permet vraiment pas de trouver le tonus nécessaire aux journées actives des vacances. En été il faut absolument se mettre au café bien brûlant que l’on ne va pas prendre d’un coup dans un bol mais dans une tasse réduite blanche, dépouillés pour avoir le vrai plaisir de ne pas se priver de son parfum. D’autant que toutes les études médicales sérieuses indiquent que 3 ou 4 cafés quotidiens sont excellents pour la santé et en particulier dans la lutte contre certaines formes de cancers. Commencez donc votre traitement le plus vite possible et comme en tout, préférez la qualité à la quantité.
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L’alternance, le choix, un must dans nos sociétés…
Le matin, j’alterne, un thé vert chinois, un nuage de lait ou alors dans une cafetière italienne, une chicorée française, avec là aussi un nuage de lait français. Fort geste consumériste républicain, d’autant que le pain est réalisé par des paysans-boulangers de Baron et la confiture soit maison, soit de Belle-Maman !
Le café, le vrai, avec sa mousse, le petit noir serré, viendra plus tard en milieu de matinée ou après le repas. L’expresso sera bu devant l’ordinateur si le temps presse le matin, sinon dans un fauteuil l’hiver à treize heures, avec Charlie H.. Mais pris au jardin, sous un beau soleil, c’est déjà une part de relaxation vacancière…
Et j’ai d’excellents souvenirs de café « turc » pris en terrasse, chez les Grecs ! Comme du vrai thé « russe » dégusté chez une moscovite.
Bonne fin de vacances à toi et à Mme, Jean-Marie.
Votre blog est formidable, si juste, si bien écrit et souvent si drôle.
Odette ex belle -sœur d.Annie Pietri
Bonjour Odette,
Merci pour votre commentaire. Annie me manque pour sa motivation et ses indignations . lisez la chronique de ce lundi 24 août !