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La Ligue 1 est aux soins intensifs

Le football professionnel français n’a absolument aucune autonomie puisque sa survie dépend soit de capitaux étrangers pour les plus grands clubs soit des droits télé qui constituent une part importante de leurs recettes. Pas très attractifs sur le plan de la qualité du jeu, les matchs ont du mal à se « vendre » pour des diffusions mondiales. Le départ de Mbappé n’arrangera vraiment pas cette notoriété nécessaire pour captiver des publics plus attirés par les championnats anglais, espagnols, allemands ou italiens. La France c’est désormais et de loin, de la catégorie B. Les dirigeants de la LNFP n’en sont pas conscients et continuent à espérer un miracle économique qui n’arrivera pas.

Ils ont multiplié les erreurs au cours de ces dernières années en ayant des appétits démesurés en terme de retombées financières de la cession des droits de diffusion. Le Président de la Ligue annonçait fièrement 1 milliard alors que tous les analystes réalistes annonçaient que c’était impossible dans l’état actuel de la L1. En rompant avec Canal+, après avoir roulé des mécaniques car persuadées qu’Amazone serait un mécène naïf, ils se sont eux-mêmes coupés une voie de repli !

Dans le fond leurs prétentions ont causé leur perte puisque aucune offre n’a été à la hauteur de leurs espérances illusoires. Mieux le football ne faisant plus recette par ses excès en tous genres (racisme, violence…), ses gestions désastreuses, ses rencontres insipides la LNFP se retrouve à quelques mois de la reprise du championnat sans diffuseur. Une perspective qui mènerait la majorité des clubs à la faillite sauf le PSG qui n’est qu’une émanation sur le sol français d’un État étranger, Monaco qui jouit d’un statut particulier, Nice avec Inéos et à un degré moindre Marseille et Rennes si Mc Court et Pinault ne se lassent pas des désillusions permanentes que génèrent les résultats de leur club respectif ou Lyon qui a sauvé les meubles… Pour les autres ce serait la disette à plus ou moins long terme.

Faute d’offres suffisamment élevées le LNFP a entamé des discussions avec les chaînes traditionnelles mais avec la trouille qu’elles se détournent. Canal + vient de reconduire opportunément jusqu’en 2032 (sic) son contrat rugby (TOP 14 ET PRO D2), qui est en possession des droits exclusifs que la League anglaise et qui s’offre à sa guise les confrontations européennes. En fait la chaîne cryptée peut se permettre de se passer de la compétition hexagonale qui ne lui apporte pas des audiences (et donc des abonnés) à la hauteur espérée. Le rapport « qualité-prix » n’offre aucun intérêt. Or sans une participation de Canal + toute solution est vouée à l’échec.

Il ne reste qu’une issue possible : une vente indirecte de la LNFP aux Qataris ! Ils possèdent avec beIN la seule plateforme pouvant mettre quelques centaines de millions dans la balance. En train de diminuer ses budgets la chaîne a refusé d’acheter toutes les étapes de l’Euro qui s’annonce. Elle ne fera un geste de sauvetage que si la Ligue passe sous les fourches caudines du patron de la maison mère qui n’est autre que Nasser Al-Khelaïfi. Le choix n’existe plus car le temps presse. Or l’absence d’accord est lié à la seule présence de beIN Sports sur le dossier et à l’importance capitale de Canal+ dans la distribution. beIN est seul en lice mais beIN a un contrat de distribution exclusive avec Canal et ne s’engagera jamais seul dans un contrat avec la Ligue 1 si derrière Canal+ ne le rétribue pas convenablement dans le cadre de ce contrat de distribution. Le serpent qui se mord la queue !

Un élément nouveau est intervenu : la chute du pouvoir d’achat et la situation économique de la France. Réalisé par la société spécialisée Statista, une étude montre en effet que dans les cinq prochaines années, le nombre d’abonnés aux télévisions payantes va nettement décliner, et cela, dans toute l’Europe. Ainsi, en France, les chaînes vont perdre un million de clients, et forcément cela va ressentir sur les revenus des diffuseurs. Pas besoin de faire une grande démonstration pour comprendre que si les chaînes de télévision ont moins d’abonnés et gagnent moins d’argent, l’achat des droits TV de la Ligue 1 ne donnera plus lieu à une bataille gigantesque entre les diffuseurs. D’autant que les recettes liées à la publicité risquent elles-aussi de chuter sensiblement dans les prochaines années. Tous les voyants sont au rouge.

La DNCG va examiner des prévisions budgétaires des clubs dans un contexte inédit puisque pour les premiers auditionnés ils n’auront pas le montant des sommes « ristournées » sur les droits télé et même ils ne sauront pas s’ils en auront. Les rares joueurs transférables constituent la seule véritable variable d’ajustement pour les trésoriers. L’affaiblissement du niveau accentuera la dégringolade inexorable de la Ligue 1 et les résultats européens prépondérants risquent d’en pâtir. La crise menace mais tout va encore mieux qu’à Bordeaux… puisque là l’addition risque d’être salée, très salée pour les contribuables.

Cet article a 2 commentaires

  1. A. Blondinet

    Bonjour Jean-Marie.
    … Et ce n’est surement pas Vincent la Prune qui va sauver la situation. De toute façon, quand tu regardes un match de Ligue 1 en comparaison de la Premier League, tu comprends pourquoi les télés ne veulent pas satisfaire les exigences de la LFP. N’en parlons plus et préparons nous pour la finale de la Coupe de France. Ce soir, 21 heures, sur… France 2.
    Bonne journée à tou(te)s.

  2. Gilles Jeanneau

    Comment c’est qu’on disait autrefois: Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin, elle se brise… non?
    Allez bonne journée quand même!

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