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On aura du mal à traiter les causes et à supporter les effets

Le dérèglement climatique constitue pour une très grande majorité de personnes un danger théorique tant qu’ils n’en subissent plus les effets. Et bien entendu lorsque ces derniers se font sentir ils évitent de se pencher sur les causes. En fait quelles que soient ces dernières elles ne suffisent pas à expliquer les dégâts constatées sur les biens et les personnes durant toute l’année. Les accusations déferlent au même niveau que le cours des torrents, des rivières, des fleuves ou s’enflamment à l’allure des incendies estivaux.

Il s’agit d’une enchaînement de phénomènes naturels amplifiés par des aménagements que personne ne pensait sous-dimensionnés ou accélérateurs du désastre. Là encore le doigt se dirige vers les élus locaux qui seraient imprévoyants ou incompétents. Soumis aux conseils des bureaux d’études aux ukases des administrations et poursuivis par la théorie du « moins cher » et donc pas forcément du plus efficace ils se retrouvent face à des situations totalement disproportionnées à celles qui avaient été prévues.

L’explication des chutes exceptionnelles de pluie est bien connue. Elles se rapprochent de plus en plus de ce qui provoque la période des « moussons » en Asie ou dans les régions subtropicales du monde. L’augmentation des températures mondiales accélère en effet l’évaporation de l’eau, entraînant une hausse du taux d’humidité dans l’atmosphère. Elle génère des répercussions directes sur le climat et l’environnement car la vapeur d’eau est à l’origine d’environ 60% de l’effet de serre sur Terre.

Sans cet effet de serre naturelle aurait une température moyenne de -18°C. Avec les émissions de carbone, l’effet de serre augmente, ce qui augmente la température globale. Mais lorsque la quantité de vapeur d’eau dans l’atmosphère augmente, elle piège davantage de chaleur, contribuant ainsi à augmenter encore plus la température de la planète. C’est un cercle vicieux : plus il fait chaud, plus il y a d’évaporation, augmentant l’humidité de l’air, ce qui augmente à son tour la température. Ce n’est ni une nouveauté, ni une surprise, ni inédit. Et pourtant chaque fois le phénomène a des conséquences désastreuses. « On n’avait jamais vu ça de mémoire d’homme » répètent toutes les personnes interrogées en pareilles circonstances. Rien d’étonnant.

Le taux d’humidité augmente aussi les risques de crues, d’inondations et aussi paradoxalement de sécheresses. Dans les régions où l’air est déjà saturé d’humidité, comme les tropiques, cette hausse peut provoquer des précipitations plus intenses et plus fréquentes. Il vient de tomber au Maroc et dans une partie du Sahara il y a quelques jours des trombes d’eau qui ont provoqué des crues inédites.

La cause des malheurs des départements des Cévennes ou des contreforts alpins vient de la confrontation entre un front d’air chaud et humide rencontre un front d’air froid. Les sols artificialisés (routes, trottoirs, parkings, toitures…) ou ceux qui sont de moins en moins cultivés et donc inaptes à l’absorption des eaux qui ruissellent accentuent les inondations. Les dégagements (canalisations, fossés, bassins de rétention) n’ont jamais été conçus pour des afflux aussi importants sur des délais très courts. Ils ne le seront même jamais car il faudrait revoir toute l’urbanisation dont les principes ont été basés sur des repères inexistants lors de l’élaboration des plans « officiels ». Le taux d’humidité augmente les risques naturels extrêmes.

Ainsi d’après la chaîne Météo depuis mardi 19 h jusqu’à ce à jeudi 19 h, il est tombé 800 mm au total sur la croix de Bauzon (Ardèche) ; 663 mm à Mayres (07) ; 547 mm à Villefort (07). ; 80 à 100 mm sur les Alpes-Maritimes (jusqu’ 250 mm à Caussols) ; 50 à 80 mm sur le Limousin (Corrèze surtout) ; 40 à 50 mm aux confins de l’Eure-et-Loir et du sud des Yvelines ; 20 à 35 mn sur Paris et sa couronne. Des niveaux de précipitation totalement tropicaux. Comment pouvait on prévoir sur ces territoires ou dans ces communes de tels phénomènes. Le vrai problème c’est qu’il faudrait détruire une bonne part de leurs constructions ou imaginer des travaux gigantesques pour absorber de telles chutes de pluie. Inimaginable…

Les principes de précaution ou de prévention sont souvent méprisés car réputés inutiles. Ils ne résistent pas à la pression des « citoyens » persuadés que « ça n’arrivera jamais chez nous ». Désormais ces phénomènes seront inexorablement récurrents. Selon un rapport du Sénat plus d’un quart de la population française est confrontée au risque d’inondations. Celles-ci représentent 50% de la sinistralité des catastrophes naturelles (1982-2023). 53% des départements ont été touchés entre novembre 2023 et juin 2024. C’est un vrai motif d’inquiétude car les mesures à prendre nécessitent des milliards que personne n’a plus et ce qui est encore plus incertain, un changement de mentalité.

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Cette publication a un commentaire

  1. J.J.

    Rendre l’activité humaine uniquement responsable de ces évolutions climatiques me parait quelque peu naïf, outrecuidant et prétentieux : c’est prêter à l’humain un pouvoir de nuisance qu’il possède, certes, mais pas à ce point.
    Je ne nie pas l’influence négative de l’activité humaine sur les phénomènes climatique et leur ampleur, en particulier l’imperméabilisation des sols. Mais je pense, peut être à tort, que cette évolution des climats est un phénomène naturel. Il s’est souvent produit au cours des temps géologiques, amplifié sans doute par les actions irresponsables des « terriens ».
    Des réchauffements climatiques, alternant avec des refroidissements(périodes glaciaires) il y en a eu au cours des temps, et pourquoi n’y en aurait il pas encore ?
    « L’affaire » devait être dans les tuyaux depuis longtemps sans que des observateurs en aient pris conscience , et pourtant il y avait des signes discrets qui ne trompent pas.
    Les observations faites de « mémoire d’homme « ou même en utilisant des archives météo ou historiques me semble un peu manquer de perspective.
    PS Je ne suis pas climato-sceptique mais plutôt anthropo-sceptique…..

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