Il fut un symbole lors de la campagne pour ou contre le traité constitutionnel européen de 2005. Ila même servi d’épouvantail alors qu’il n’était qu’une illustration de l’absence de vision sociale de cette Europe qui avait comme principe essentiel le fameux principe de la « concurrence libre et non faussée. Le plombier polonais n’a jamais envahi la France mais n’empêche qu’il a joué un rôle essentiel dans le vote du 29 mai 2005. La peur de l’arrivée massive de personnels issus de l’Europe de l’Est acceptant des salaires dérisoires a vraiment conduit au rejet du texte.  le « non » recueille rappelons lé 54,68 % des suffrages exprimés, soit 2 641 238 voix de plus que le « oui ». Depuis bien d’autres aspects négatifs de cette Europe du profit reposant sur la liberté totale du marché sans pondération sociale a effectué bien plus de ravages. Les valeurs que portaient le Traité nous ont conduit à la ruine de nos services publics, à la désindustrialisation et à l’effondrement de pans entiers de notre économie.

Actuellement cette carence de repères sociaux communs pèse sur le quotidien de manière plus subtile que celle de l’envoi de personnels qualifiés vers nos chantiers ou nos usines. Le dumping reposant sur des astuces de domiciliations d’entreprises, sur des embauches externes ou sur de la facturation décalée bat son plein. Le récent meurtre de Grenoble avec un chauffeur conduisant une voiture de luxe immatriculée en… Pologne sert de révélateur à toutes ces filières de contournement des lois françaises. En effet cette pratique reposant justement sur la concurrence libre et non faussée à tendance à se répondre. Elle existe dans le domaine du transport puisque les « tracteurs » et les remorques sont de plus en plus souvent basés administrativement dans des pays européens à bas coût avec des chauffeurs domiciliés dans d’autres nations.

Après l’Allemagne, la Suisse et le Luxembourg, la Pologne devient le pays le plus attractif pour les amateurs de grosses cylindrées. Les sociétés de Varsovie pratiquant des prix très attractifs sur les locations de voitures, afin d’attirer toujours plus de clients en Europe, et notamment en France. Elles tiennent le marché du haut de gamme en ajoutant deux atouts supplémentaires : assurance bien moins chères et en cas de fautes graves sur la route l’impossibilité de retirer des points au conducteur. la Pologne et la France n’ont pas d’accord pour les amendes routières. Ainsi, les locataires échappent à la fois à la perte de points, mais aussi à l’amende elle-même. Toutefois, ce n’est valable qu’avec le contrôle automatisé ce qui est déjà pas mal.

Les locations par internet avec des paiements à distance évitent aussi parfois quelques soucis sur l’origine des fonds de celui qui souhaite conduire une Mercedes, une Audi ou un véhicule encore plus « visible. » On trouve de ces automobiles avec une immatriculation parfaitement en règle entre 50 et 60 € par jour. Bien moins cher qu’un achat à crédit en évitant les charges de propriété. Un autre avantage de cette location à prix cassés, c’est la possibilité pour des événements comme des mariages ou des anniversaires de sous-louer les véhicules à des gens soucieux de frimer. Le bénéfice réalisé au black paye une bonne part du montant demandé dans les agences effectuant le lien entre la France et la Pologne.

En effet, les sociétés polonaises ont totalement le droit de louer des voitures en France et ces véhicules peuvent circuler en France. Et il ne faut pas croire béotien qu’il n’y a qu’une catégorie de personnes (les délinquants et les trafiquants de drogue) qui louent ces bolides à Varsovie, Cracovie ou Gdansk. Bien des entreprises françaises ont créé des filiales dans ce pays membre de l’UE. Elles leur servent de boîtes aux lettres ou à contrats divers et variés. Les plus malins prennent donc un leasing polonais via leurs succursales. Il est bien moins cher et échappe ainsi aux signes extérieurs de richesses fiscaux tout en signifiant un excellent train de vie. Il n’y aucune parade possible puisque rien n’empêche un Européen d’effectuer de telles opérations.

En 2005, les débats s’étaient cristallisés sur la « directive Bolkestein » du nom de son promoteur, le Néerlandais Frits Bolkestein, ancien commissaire européen au marché intérieur. Elle datait pourtant de 1996 et a été adoptée par la Commission européenne en janvier 2004 soit il y a vingt ans et elle tuent toujours. Cette « directive Services » ou « relative aux services dans le marché intérieur » – c’est son vrai nom – autorise toujours des travailleurs d’un pays européen à effectuer une mission temporaire (c’est contourné en permanence) dans un autre pays membre. Il paye ses cotisations sociales dans son pays d’origine mais bénéficie du salaire minimum de son pays d’accueil. Une aubaine, estimaient ses détracteurs, pour des patrons qui recrutent des salariés étrangers sans payer les mêmes charges sociales que pour les Français. Dans le bâtiment, le BTP, l’agriculture, l’industrie, le tourisme c’est désormais répandu avec des durées des CDD très ajustées selon les secteurs. Aucun des salariés concernés ne viennent en voiture de location polonaise…

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