A vos rangs…Fixe !

Lundi, durant toute la journée, les bancs des élus UMP au sein du Conseil Général ont été clairsemés ou peu occupés. On sentait bien que le budget du Conseil Général ne passionnait guère les rares présents. Il y avait le conseil municipal de Bordeaux qui expliquait le départ rapide de certains, le comité départemental de l’UMP, qui agitait les esprits, et surtout la position collective à prendre sur le document présenté. Au fil des dossiers, en dehors de remarques de détails, personne n’a jamais levé la main contre une proposition des rapporteurs. Et le lendemain, même passivité, avec un silence assourdissant. Toutes les dépenses liées ont été avalisées à l’unanimité avec des votes rapides, sans aucune remarque sur les grandes compétences départementales. Certes, il y a eu un échange sur les sommes relatives au monde associatif (conséquences de la circulaire Fillon), sur le montant de la participation du Conseil Général au budget du Service Départemental d’Incendie et de secours, dont les modalités de financement sont obsolètes. Au sein de l’opposition, certains trouvaient que ce n’était pas assez (82 millions d’euros), mais ils ont accepté de voter cette proposition. Le plan exceptionnel de soutien à la viticulture (2 millions d’euros) provoqua bien une polémique autour du financement de la construction du Centre culturel du Vin, mais tout rentra dans l’ordre au moment du choix…le paradis politique sur terre. Ou presque.
Les nombreux conciliabules, après le déjeuner, avaient pourtant donné un signe fort de la difficulté que le groupe aurait à accepter le budget présenté par Yves Lecaudey en début de nuit. En fait, une information en provenance de la Mairie de Bordeaux ne laissait planer aucun doute : le ministre de la défense et des…anciens combattants, maire, et surtout Président de l’UMP girondine, avait sévèrement sermonné les troupes indécises sur leur position. « On vote contre le budget du Conseil général ! »
Cette consigne passait mal, car elle allait obliger le porte parole de Gironde Avenir, lâché par déjà 4 absents, à mettre en évidence une contradiction entre plus de 20 heures de consensus et une minute de pure politique. Ce fut le cas, après une analyse agressive du budget (« les hordes de conseillers généraux propageant la peur et la ruine… », « L’instrumentalisation des chiffres », et bien d’autres appréciations). A croire que toute la journée, l’opposition UMP, qui n’avait pas fait la moindre proposition alternative, pas la moindre remarque de fond, pas le moindre amendement, pas le moindre vote contre, brutalement par une série de pirouettes approximatives, s’avouait outrée par un budget consacré à 55 % à l’action sociale. On eut même droit à un extrait du discours de « notre » président de la République qui parlait devant une assistance factice lors de l’assemblée générale de l’Association des maires de France, des efforts que faisait l’Etat pour soutenir les collectivités territoriales. Il oubliait simplement de préciser que la tendance politique libérale vise toujours à réduire les dépenses au détriment de l’emploi, de l’économie, de la solidarité, du lien social, des services publics, alors que jamais on ne parle d’améliorer les recettes.
Chômage accru, détresse matérielle augmentée, catastrophe sociale, cadrent mal avec préservation des profits, cadeaux aux nantis, exonérations en tous genres, mais il n’est pas question de faire jouer la solidarité. Il faut que le Conseil général, qui n’a plus aucune marge de manœuvre fiscale, se débrouille avec des marges réduites par le gel des contributions de l’Etat, la diminution des dotations de compensation diverses, une péréquation perverse et, dans le fond, c’est de sa faute puisqu’il faut tailler dans les effectifs, les crédits, les investissements, sans se poser de questions sur les conséquences en matière d’emploi et de réponses aux besoins des Girondines et des Girondins de tous les âges. Le poujadisme absolu et une mascarade dans la mesure où, depuis la veille au soir, après le bureau départemental de l’UMP, on savait que l’issue serait de ce type ! C’était tellement cousu de fil bleu UMP que les 3 conseillers généraux qui n’appartiennent pas à l’escouade militarisée de Juppé se sont abstenus… gênés par une position contradictoire avec toutes les autres.
Le budget adopté tente, en effet, de tirer le maximum des crédits prévisibles en cette fin d’année 2010. Des priorités ont été définies (par exemple 60,5 millions d’euros pour les collèges) et elles auraient pu être critiquées. La proximité (10,5 millions d’aide aux communes), la solidarité ( 660 millions pour les prestations multiples), l’équité (instauration d’un tarif unique à 2,50 euros pour tous les transports en commun voyageurs du département), la citoyenneté (maintien des crédits alloués à la culture, à la vie associative et au sport), la compétitivité (2 millions à la filière viticole), la sécurité ( 42 millions pour les aménagements routiers)…tout, absolument tout, est passé sans aucun problème avant que l’ordre du « généralissime » qui a perdu quasiment toutes les batailles girondines, tombe ! Il n’est pas sûr que ce soit une consigne rentable, car il sera facile d’expliquer, par exemple dans le canton de Sauveterre de Guyenne, que le « mérite » ne revient pas du tout à celui auquel on serait tenté de l’attribuer. Les maires de Gironde, qui viennent de recevoir une lettre leur recommandant surtout de ne pas faire de politique…apprécieront la sincérité UMP ! Mais ils sont libres de leur choix.

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