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La stratégie suicidaire du cul de sac

Mais quel a u être le raisonnement qui a poussé un Président d’une République chancelante à la plonger dans le chaos de manière durable ? Tous les experts de la politique nationale cherche vainement les fondements d’une stratégie rationnelle. Chaque jour l’inquiétude monte. Il n’y a pas en effet de perspectives un tant soit peu positives aux élections législatives qui arrivent. Même en triturant les chiffres dans tous le sens ; même en espérant un sursaut démocratique ; même en considérant que les résultats des Européennes ne sont pas transposables pour un scrutin national ; même si l’on promet tout et n’importe quoi, il n’y pas de lumière à l’horizon. La Constitution de la V° République qui a été taillée sur mesure pour un homme providentiel, montre ses limites lorsque le maître des horloges n’est pas à la hauteur.

Comment ses conseillers, sauf s’ils sont sous influence, ont approuvé l’idée que la dissolution redonnerait la main à leur mentor ? Ignorent-ils que la défiance croissante dans les responsables du pouvoir actuel a atteint un tel niveau que quoi qu’ils fassent ou ils décident, ils n’ont plus aucune crédibilité. Le pire c’est que quelques ministres ont accompli un travail convenable souvent effacé par une intrusion présidentielle imprévue ou calamiteuse. François, Édouard, Bruno, Gérald, Eric et les autres se se priveront pas de la ramener aulendemain des législatives. Le blanc-bec Attal risque de faire un caprice. Bref l’été sera chaud sous les maillots des caciques macronistes.

L’occupant du logement de fonction présidentiel a toujours raison et surtout ne cesse de donner la leçon, d’aggraver les inquiétudes ou de saborder les avancées constructives. D’ailleurs ce n’est pas pour rien que pas un seul de ses proches (j’écris bien pas un seul) n’a desserré les dents pour approuver une décision cataclysmique. Le 7 juillet au soir que lui restera-t-il comme soutiens ? Déjà ses troupes ressemblaient de plus en plus à celles que Soubise les cherchant à plat ventre avec sa lanterne, il aura réussi à les dissoudre.

L’épigramme célèbre de la mésaventure du Baron résume parfaitement la situation actuelle de la Macronie : « Soubise dit, la lanterne à la main, J’ai beau chercher ! où diable est mon armée ? Elle était là pourtant hier matin. Me l’a-t-on prise, ou l’aurais-je égarée ? Ah ! je perds tout, je suis un étourdi ! Mais attendons au grand jour, à midi. Que vois-je ! Ô ciel ! que mon âme est ravie ! Prodige heureux ! La voilà, la voilà ! Ah ! ventrebleu, qu’est-ce donc que cela ? Ma foi, c’est l’armée ennemie. » Ce sera indubitablement la situation du 7 juillet au soir.

Sans soutien dans le pays. Sans groupe parlementaire tant au Sénat qu’à l’Assemblée; dans l’incapacité de constituer un gouvernement subissant sa hargne ou sa suffisance, il lui faudra cohabiter ou se démettre. Peut-il vraiment choisir la seconde option à quelques jours du…14 juillet et de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques dont il nous a tant vendu l’importance ? Acceptera-t-il de partager le pouvoir avec Bardella ? Peut-être plus facilement qu’avec un Ruffin ou un Mélenchon. Rien n’est prévisible. Dans toutes les hypothèses il n’y aura pas de majorité et n’importe quel gouvernement ne tiendra pas longtemps face aux mesures impitoyables à prendre dans la prochaine loi de programmation budgétaire.

Une nouvelle dissolution ne pourra intervenir que dans un an avec cette fois un contexte international encore plus compliqué (les élections américaines seront passées) et probablement une crise sociale profonde en France. Solution qui accentuerait l’instabilité générale et provoquerait un désastre sur le plan de la dette. Elle ne saurait donc être envisagée. Mais sait-on jamais.

Il reste le fameux gouvernement « technique » restreint qui aurait en charge d’expédier les affaires courantes mais c’est ignorer le verdict du suffrage universel. le « dissoluteur » en chef pourra regarder les J.O. à la télé. Il lui restera peut-être à s’extasier devant le défilé l’armée française. Il ira faire du jet-ski à Brégançon. Il donnera la leçon.  Il inaugurera le moment venu les chrysanthèmes. Il délivrera ses vœux du nouvel an. Et de temps en temps il interviendra sur TF1 pendant que la chienlit s’installera dans un pays fracturé. 

En fait son acte coupable de folie politique le conduit à une impasse totale. La voie politique est absolument sans issue. Les sondages pour l’instant en attestent. La réalité le confirmera. La stratégie du cul de sac est en marche. 

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Cet article a 3 commentaires

  1. J.J.

    Tu évoques à juste titre le maréchal de Soubise à la recherche de son armée (il ne faut quand même pas trop décrier le personnage qui s’est illustré en inventant une célébré sauce aux oignons).

    L’épopée branquignolesque du préposé aux clepsydres m’évoque, puisque nous évoquons l’élément aqueux(comme aurait dit Johny) un personnage mythique, Gribouille qui se jeta à l’eau dit on, de peur que la pluie ne le mouillât.
    C’est un peu la théorie du professeur Hahnemann, inventeur de l’homéopathie qui prétend(raccourci grossier) soigner le mal par le mal.

  2. facon jf

    Bonjour,
    Avec l’effondrement du centre, la possibilité d’un nouveau gouvernement de ce bloc, même élargi aux Républicains, semble très difficile à concevoir. Si l’extrême-droite apparaît aujourd’hui comme la force la plus dynamique, on ne peut en revanche pas écarter l’hypothèse qu’aucun bloc n’atteigne la majorité absolue. C’est le scénario privilégié du sondeur et essayiste Jérôme Fourquet, pour qui « nous allons vers une assemblée totalement ingouvernable » Une telle situation dans la deuxième puissance impérialiste européenne, et dans le contexte d’une crise profonde sur le continent, secoué par la guerre sans issue en Ukraine et par le génocide à Gaza, démontre l’impasse politique profonde dans laquelle sont enfermées les classes dominantes.
    Le nouveau front populaire tient plus quand à lui du cartel des gauches de 1924 que de son lointain ancêtre de 1936. Pour mémoire en 1924 Les radicaux sont souvent très favorables à une alliance avec les socialistes, au moins pour éviter que la loi électorale ne les marginalise comme cela a été le cas à l’issue des législatives précédentes de 1919. Au congrès de Marseille, la SFIO approuve la formation d’un cartel purement électoral, dit « d’une minute ». Le cartel est officiellement lancé. La crise politique qui en découlera ( 1924/1934) -le cartel est majoritaire en sièges tout en étant minoritaire en voix – débouchera en 1936 sur le front populaire. Le bloc des gauches profitant des divisions de ses adversaires : 286 élus (139 radicaux-socialistes, 105 socialistes et 42 républicains-socialistes) auxquels il faut adjoindre les 41 députés de la Gauche radicale, parfois élus sur des listes du cartel, plus souvent sur des listes poincaristes, mais désireux de ne pas se couper du Parti radical. Les députés du centre et de la droite, hostiles au cartel, ne sont que 233. Le mode de scrutin, qui leur avait profité en 1919, s’est finalement retourné contre eux.
    Comparaison n’est pas raison, cependant à droite extrême comme à gauche extrême ou à l’ extrême centre, la perspective reste dans une majorité relative corsetée dans une constitution qui sort des schémas de sa construction, l’impuissance totale en résultera. En conséquence la situation de crise permanente accouchera dans la douleur d’un nouveau bipartisme qui reste à construire et aujourd’hui personne ne peut dire quel bloc l’emportera à terme.
    Pour finir cette courte vidéo du professeur Mitterrand pour contrer les critiques du c’est trop onéreux.
    https://twitter.com/i/status/1802649929686356385
    bonne journée

  3. Alain.e

    La vrai question , c’ est comment peut on laisser autant de pouvoir à un seul homme , qui contre des millions de Français a décidé seul de dissoudre.
    Il faut d’ urgence revoir la constitution pour évité ce genre d’ imbécilité .
    Je ne l’ aimais pas des masses , maintenant , je le déteste vraiment .
    Pour ce qui est des forces en présence aux législatives , l’ extrême droite , ça n’ a jamais été pour moi , mais la gauche et l’ extrême gauche c’ est compliqué .
    je ne pardonnerais jamais aux bouffeurs de curés pendant des années et ils avaient raison d’ avoir déroulé le tapis rouge à une autre religion , bien pire par ailleurs et assassiné la laïcité .
    Entre le vote blanc et la gauche , le choix va être difficile , les mystères de l’ isoloir ….
    Mais ma modeste personne, et mes états d’ âmes et opinions pèsent bien peu dans tout ce capharnaüm et tant mieux.
    Cordialement

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