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Autant que l’on vous mette au courant…

La pression ne cesse de s’accentuer pour que la transition écologique passe par des investissements personnels ou collectifs dans les véhicules électriques. Des heures de pub avec des tarifs attractifs reposant sur des aides et des comparaisons de tarifs de plus en plus sensationnelles. La fée électricité doit résoudre dans tous les secteurs de nos vies les problèmes créés par ceux qui maintenant les combattent avec retard dans l’urgence. A-t-on des analyses objectives à moyen terme sur le phénomène qui ne cesse de croître ? Tous les lanceurs d’alerte qui ont des interrogations sur cette mutation sont rangés dans la catégorie des climato-sceptiques. Et pourtant…

Le récent accident dramatique de l’autobus transportant des touristes entre le centre de Venise et leur camping a pourtant brièvement posé le problème des conséquences liées à sa propulsion électrique. Le véhicule, un modèle de marque chinoise E 12 Yutong tout électrique a vite été enlevé à l’aube du lendemain de sa chute d’un pont non sécurisé. Le chef des sapeurs-pompiers a expliqué que « parmi les difficultés rencontrées figurait le fait que l’autobus aurait été mixte électrique-méthane et avait donc des batteries au lithium ». Il y a eu quelques paroles autour des difficultés à éteindre l’incendie qui s’est immédiatement déclaré après l’accident. Elles ont été très vite éludées ou oubliées.

Sous couvert de l’anonymat un responsable des sauveteurs aurait « assuré que rien ne permettait d’affirmer que la présence de batteries électriques auraient ralenti les secours ». En attendant les résultats de l’enquête il subsiste un doute global sur la cause de l’incendie. la généralisation des véhicules électriques programmée en Europe pour la prochaine décennie, la sécurité des véhicules électriques, tous dotés de batteries au lithium, fait naturellement l’objet d’interrogations de la part même des personnels en charge de combattre le feu. Bien entendu on restera discret sur ce sujet ! Les incendies, à la suite d’accidents moins graves ont pourtant déjà parsemé la courte histoire contemporaine du véhicule électrique ou hybride.

La maîtrise du lithium progresse tant il a envahi l’espace quotidien. On évalue à 1 500 millions le nombre de piles et d’accumulateurs actuellement en service en France. Leur usage très large a multiplié la forme de ces accessoires absolument indispensables à tous les appareils qui utilisent de l’électricité en situation de mobilité. Ce sont 270 000 tonnes de batteries sont ainsi produites et diffusées sur le territoire et qu’il faut éliminer avec plus ou moins d’efficacité. Vient de s’ajouter les volumes considérables des accumulateurs de plus en plus lourds des véhicules qui envahissent le marché (1 sur 4 désormais en France).

Pour le moment les structures spécialisées travaillent sur la mise en place de protocoles d’attaque des incendies dans toutes les situations climatiques ou de confinement (parkings souterrains par exemple). J’ai le souvenir d’une question débattue en conseil d’administration du service départemental d’incendie et de secours de la Gironde autour des ombrières posées sur les parkings. Que se passerait-il si un véhicule prenant feu sous ce support de production d’électricité ? Impossible d’arroser avec de l’eau puisque les panneaux continuent à fonctionner même s’ils sont coupés du réseau. La durée de ce phénomène peut en effet conduire à l’apparition d’un arc électrique dangereux.

L’enjeu est majeur pour le développement des filières de la décarbonation. Pour le moment on n’a pas trop de nouvelles de mesure de sécurité particulière et de maintenance. Il faut aller vite et ne pas trop entraver la dynamique en cours autour de la mobilité électrique. On verra à l’usage. En attendant rien que sur Paris quatre bus électriques ou hybrides ont été touchés au cours des douze derniers mois par des incendies plus ou moins expliqués. Ces phénomènes ont conduit à retirer les véhicules Bolloré de la circulation au sein de la RATP.

Bien évidemment il ne s’agit pas de remettre en cause une mutation indispensable mais de ne pas la présenter tout le temps et partout comme la panacée indiscutable. Combien coûte véritablement l’utilisation de ces véhicules (entretien, conditions de fabrication des batteries, prix réel des investissements annexes pour le particulier et la collectivité, solutions d’élimination en fin de vie…) ? Aurons-nous l’assurance que notre production électrique suffira dans l’état actuel des structures ? Mais avons-nous vraiment le choix ?

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Cet article a 15 commentaires

  1. christian grené

    Désolé Jean-Marie, mais ce matin je n’ai qu’Ezio pour pleurer après le raz-de-marée qui a emporté la squadra azura!

    1. J.J.

      « À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. »

      J’admire la constance et le courage des joueurs italiens à continuer à participer aux épreuves internationales de rugby en espérant qu’un jour ils gagneront.

    2. Laure Garralaga Lataste

      @ à mon ami christian…
      Allez Cristian, courage ! Ezio s’en remettra car il n’en manque pas !

      1. christian grené

        Que tal Laurita mia desde todo este tiempo?
        Abrazos.

  2. Philippe Conchou

    Le tout électrique c’est sympa surtout pour ceux qui ne roulent jamais.
    Comment aurais-je fait pour mon aller-retour en Suède (3200km) cet été avec un véhicule électrique? Obligé de m’arrêter, tout les 300 ou 400 km pour faire le plein à des bornes déjà sur-utilisées. En roulant bien mais prudemment, il m’a déjà fallu 3 jours, 2 nuits d’hôtel, et une traversée en bateau de 9 heures pour rejoindre le sud de la Suède.
    Par ailleurs, grande prudence avec les batteries au lithium, je recommande à ma femme de charger la batterie de son vélo électrique en extérieur car les risques d’auto-inflammation sont réels et connus ( mais pas des utilisateurs).
    De toute façon avec l’électrique on ne fait que déplacer les problèmes, tant que nous tous n’aurons pas compris que la solution est dans la limitation de la consommation d’énergie, rien ne changera électrique ou pas et qu’on ne me parle pas des isolés de la campagne, le bus qui passe devant chez moi tous les matins est vide hors période scolaire, alors que la moitié du village travaille en ville.
    Mes enfants vivent en Suède depuis 10 ans et ils n’ont toujours pas de voiture, vélo quand il fait beau, bus ou train, ils se déplacent toute l’année sans problème alors qu’ils n’habitent pas en ville et travaillent à 15km de leur domicile.

    1. J.J.

      .. je recommande à ma femme de charger la batterie de son vélo électrique en extérieur car les risques d’auto-inflammation sont réels et connus ( mais pas des utilisateurs).
      Je ne quitte guère des yeux ma tablette, les téléphones, les batteries de la petite tronçonneuse ou de la pompe du jardin, quand elles sont en charge, pas toutes en même temps, et l’extincteur n’est pas loin.
      Quant à la batterie de la voiture, quand elle a besoin d’être rechargée, c’est sur la terrasse, les vantaux ouverts (dégagement d’hydrogène possible !).
      Mais ça me donne un idée, je vais essayer d’installer un point de recharge sur la terrasse.

      1. Laure Garralaga Lataste

        @ à mon ami J.J.…
        En voilà au moins un… qui aime sa femme… !

    2. Laure Garralaga Lataste

      @ à mon ami Philippe…
      Un grand merci pour avoir réhabilité cette intelligence bien malmenée aujourd’hui…
      Remis au goût du jour :  » Je crois qu’on nous prend pour des cons ! Et je déteste ça… Mes excuses.

    3. Laure Gaeealaga Lataste

      @ à mon ami Philippe…
      Tes enfants habitent un pays heureux où Ecologie n’est pas un gadget ou un marche pied pour l’attribution d’un poste… !

  3. J.J.

    « Sous couvert de l’anonymat un responsable des sauveteurs aurait « assuré que rien ne permettait d’affirmer que la présence de batteries électriques auraient ralenti les secours »
    J’ai entendu un pompier vénitien déclarer exactement le contraire(pas deux fois …) !

    Même si j’avais l’idée saugrenue d’investir dans l’achat d’un véhicule électrique, je ne sais comment je le rechargerais : pas de station à proximité : au moins 6 ou 7 km pour les plus proches, et pas moyen de raccorder depuis mon appartement.

    1. Laure Gaeealaga Lataste

      @ à mon ami J.J.…
      Je partage. Et moi, à 84 ans, je ne sors ma voiture qu’une fois par semaine pour aller faire les courses à 2 km… Je ne m’aventure pas à les faire à pied et à les ramener sur mon dos ! J’applique le principe :  » qui veut voyager loin… ménage sa monture ! »

  4. Alain .e

    Je déconseille personnellement l’ usage de la voiture électrique suite à la foultitude d’ accidents subis durant mon enfance à la fête foraine , en effet les autos tamponneuse vous laissaient souvent des bleus …..
    J’ utilise volontiers le vélo électrique pour de grandes balades avec plaisir mais l’ autonomie des voitures électriques reste trop insuffisante pour que j’ y vienne actuellement , ainsi que le prix évidemment .
    Cordialement .

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ à mon ami Alain…
      Ah le prix… Mais il n’y a pas que le prix !
      Un conseil d’amie…Si tu veux avoir de belles jambes… continues à pédaler en vélo.

  5. facon jf

    Bonjour,
    En voila un beau débat pour commencer le repos de fin de semaine. Si j’ai bien compris le thème il s’agit de la transition énergétique dans les transports. Par avance veuillez m’excuser pour la longueur de mon commentaire ( et encore j’ai fait l’impasse sur bien des choses…).
    Quels sont les enjeux ? La sempiternelle question de la réduction des gaz à effet de serre. Les secteurs d’activité les plus émetteurs de co2 aujourd’hui sont les transports (30 %), le bâtiment (19 %), l’agriculture (19 %) et l’industrie (17 %).Cependant, le secteur des transports s’est promis d’atteindre 0 % d’émission d’ici à 2050 grâce au remplacement de tous les véhicules légers au pétrole par des véhicules électriques, ce qui permet de gagner au passage en performance énergétique ! Pour le transport aérien, maritime ou pour les poids lourds, l’utilisation de biocarburant et la conversion à d’autres technologies bas-carbone (hydrogène notamment) seront privilégiées. Enfin, la maîtrise de la demande des transports reposera sur le recours au covoiturage,au transport en commun, au vélo, la mise en place de circuits courts, etc.
    On voit immédiatement l’enjeu que représente le transport et les bouleversements que cela implique.
    Aujourd’hui, les Français consomment 1 600 TWh d’énergie. Dans ce mix énergétique, l’électricité
    ne représente que 25 % de l’énergie consommée, tandis que les énergies fossiles ont une part de 60 %, le reste provenant de l’énergie issue des déchets, des réseaux de chaleur,etc. Pour atteindre notre objectif d’une France neutre en carbone d’ici à 2050, il va falloir sortir des énergies fossiles et donc basculer vers plus d’électrification de nos usages, que ce soit à l’échelle des industries mais aussi des consommateurs français. Cela fera augmenter la part de l’électricité dans le mix énergétique jusqu’à environ 55 % (les 45 % restants correspondent à l’utilisation de bio-énergies).
    Le problème est énorme car il se pose sous plusieurs aspects, défi de production électrique, défi environnemental, défi économique, défi d’approvisionnement en matières premières, défi de raccordement des réseaux régionaux nationaux et internationaux, défi de sécurité sur les nouvelles technologies.
    Pour les techno-rassuristes fastoche yaka et faukon sont là pour répondre sans faiblesse à tous les défis. Les solutions sont à la démesure des enjeux éolien+Photovoltaïque+ nucléaire + hydrogène et ça roule.
    C’est beau de rêver mais tout cela risque bien de se fracasser sur le mur des réalités.
    L’éolien et le photovoltaïque c’est bien sur le papier mais c’est intermittent.Et Selon les calculs,le nombre de mats éoliens devrait passer de 8 000 aujourd’hui à 15 000 ou 30 000 en 2050.
    Le nucléaire pose ses propres problèmes et son acceptabilité à grande échelle EPR reste sur la sellette. Les incertitudes pèsent sur le scénario qui prévoit une part maximale de nucléaire, souligne RTE. Il suppose en effet que l’on parvienne à la fois à maîtriser la technologie des petits réacteurs modulaires (les fameux SMR) et à mettre en place les grandes centrales EPR de deuxième génération à un rythme soutenu, cela en réussissant à prolonger la durée de vie des réacteurs actuels jusqu’à 60 ans et certains au-delà. Tout cela représente également un défi technologique et repose sur des prérequis indispensables en matière de sûreté.
    Tous les usages actuels de l’énergie ne peuvent pas facilement être électrifiés : camions et autocars pour du transport longue distance, aviation, certains procédés industriels, etc. Pour ces usages, l’hydrogène constitue tous les usages actuels de l’énergie ne peuvent pas facilement être électrifiés : camions et autocars pour du transport longue distance, aviation, certains procédés industriels, etc. Pour ces usages, l’hydrogène constitue une solution possible pour remplacer les carburants à base
    d’énergies fossiles. une solution possible pour remplacer les carburants à base d’énergies fossiles.
    Oui mais vola aujourd’hui l’hydrogène est gris et pas encore vert. Le problème est qu’à
    96 %, la production d’hydrogène gris est réalisée à partir d’énergies fossiles (essentiellement du gaz naturel, voire du charbon dans certains pays). Une activité qui débouche sur l’émission de 830 millions de tonnes de CO2 , selon l’Agence internationale de l’énergie, soit quasiment autant que le secteur aérien ou que le transport maritime. Corollaire : si la production actuelle d’hydrogène gris était remplacée par de l’hydrogène vert, la France, à elle seule, réduirait ses émissions de CO2 de 6
    millions de tonnes par an. Pourtant l’hydrogène vert souffre également d’un certain nombre d’inconvénients. Le processus de production d’hydrogène vert par électrolyse conduit à une perte énergétique de l’ordre de 30%. Lorsque cet hydrogène est ensuite utilisé pour produire de l’électricité, via une pile à combustible (par exemple pour un moteur électrique) ou une turbine (pour injecter de l’électricité sur le réseau), un volume supplémentaire d’énergie, de l’ordre de 30 % à 40 % est perdu dans la conversion. Au total, quand l’hydrogène est utilisé comme vecteur intermédiaire pour le stockage d’électricité et non une utilisation directe, les deux tiers de l’électricité sont perdus au cours des transformations. L’hydrogène est un gaz très explosif. Une caractéristique d’autant plus ennuyeuse que les risques de fuite sont plus importants qu’avec n’importe quel autre gaz et qu’il est difficile, voire impossible, de rendre totalement étanches les réservoirs qui le contiennent. De plus, il est aussi particulièrement inflammable… On imagine, ou pas, le problème du stationnement de camions à hydrogène avec des espaces suffisants pour éviter l’effet contaminant d’un véhicule en feu. La maintenance des camions ne tolérera aucune approximation.

    Mais où va-t-on trouver tout ce pognon  pour gagner le pari ? La fausse cagnotte Agirc-Arcco ne va pas suffire !

    Pas grave nous sommes dirigés par le Mozart de l’économie donc tout va bien ,,, Dormez braves gens.

    1. facon jf

      je me répond à moi même c’est bizarre … Le site a introduit des décalages dans mon texte désolé.
      Pour ce qui est du pognon personne n’est d’accord sur le montant.
      La Cour des comptes européenne estime, sur la base des travaux du HLEG (High Level European Group), à 11 200 milliards d’euros le coût de la transition énergétique à l’échelle de l’Europe entre 2021 et 2030, soit 1 120 milliards €/an. Le poids économique de la France en Europe (sur la base du rapport des PIB) étant de l’ordre de 13%, le coût national pourrait être estimé à 145 milliards €/an (dont les deux tiers pour les transports, un quart pour le secteur résidentiel et tertiaire, 7% pour les réseaux et 1,7% pour l’industrie). Mais cette première évaluation, bornée de surcroît à l’horizon 2030, semble très élevée au regard des autres chiffrages disponibles.
      Le think tank I4CE, proche de la Caisse des dépôts et de l’AFD (Agence française de développement), estime les investissements nécessaires, en supplément de ce qui existe déjà, dans une fourchette de 45 à 75 milliards €/an. Les investissements (publics et privés) actuellement tournés vers la transition énergétique étant évalués à 20 milliards € par an, le coût total serait donc, selon I4CE, de 65 à 95 milliards €/an. Pour fixer des ordres de grandeur, rappelons que la totalité des investissements industriels français est annuellement de 400 milliards € et que le PIB national avoisine 2 300 milliards €.

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