Dans le fond tout n'est qu'une question de vocabulaire !

Comme il était sous-tendu par des considérations purement politiciennes, le débat sur le « mariage pour tous » a enflé, soigneusement entretenu par des exagérations volontairement provocatrices. Croire que les incidents, les manifestations violentes, les invectives relevaient d’une indignation strictement morale relève de la croyance dans la béatitude éternelle. D’ailleurs, depuis 48 heures on a mis l’éteignoir sur ces querelles d’une autre époque, pour s’attaquer au « mur des cons » du Syndicat de la Magistrature… Nicolas Sarkozy aurait remercié l’égérie Frigide Barjot comme il avait l’habitude de le faire pour ses meilleurs serviteurs, et Brice « Boutefeux » a décidé de porter plainte contre le mur des cons où il avait une place de choix. Bref, on tente de se placer sur la scène de l’actualité pour être applaudi pour des contorsions destinées à faire oublier l’essentiel : les valeurs ! Déjà, ils sont rejoints par des figurants prétendants au césar du « meilleur énième rôle ». un maire UMP sûrement décidé à exister, en Dordogne, a décidé avec ses adjoints de ne pas appliquer la loi sur le mariage, ce qui mériterait une suspension immédiate par un Préfet ayant un tant soit peu de respect pour le système Républicain. Il a rejoint le camp de celles et ceux qui n’ont jamais souhaité véritablement se plier à la réalité sociale. Par exemple, pourquoi n’a-t-on jamais fait référence à l’attitude déjà très ancienne de certains édiles qui refusent de pratiquer ce que l’on appelle le « baptême républicain », le « baptême civil », le « parrainage républicain », le parrainage civil » ? Comme pour le mariage pour tous, il concurrence, quelle que soit son appellation, la sainte onction catholique ! Il est destiné à faire entrer l’enfant dans la communauté républicaine et à le faire adhérer de manière symbolique aux valeurs qu’elle porte ; liberté de choix, égalité laïque et fraternité autour d’un enfant ! Rien d’autre que ce qui est porté par la loi Taubira sur le mariage… Historiquement, la notion remonte au décret du 20 prairial, an II (8 juin 1794) qui a décidé que les municipalités seraient les seules institutions habilitées à établir les actes de l’état civil… Une décision portée par les fondateurs de la République mais qui n’a, à ce jour, jamais été prévu par aucun texte législatif. Les maires ne sont donc pas tenus de le célébrer et il n’y a pas de cérémonial préétabli… img-1-small580Pourtant, il en existe qui n’hésitent pas et au contraire (comme moi!) sont heureux et fiers de pouvoir justement démontrer que la démocratie, détachée de considérations morales archaïques, constitue le seul rempart contre le totalitarisme intégriste des idées !
Par ailleurs, ne s’agissant pas d’un acte d’état civil, le maire n’est pas autorisé à l’inscrire sur les registres de l’état civil. Ce qui ne change rien à la valeur de la démarche voulue par des parents auxquels on ne demande absolument rien sur leur situation matrimoniale ou sur leur religion. Ainsi, rien n’oblige l’officier d’état civil à recevoir une déclaration de « baptême » ou de « parrainage civil ». Cela ne lui est pas interdit non plus, mais les certificats ou documents qu’il délivre pour l’occasion, ainsi que la tenue d’un registre officieux, ne présentent aucune valeur juridique…. mais seulement morale ! En résumé, l’engagement que prennent les parrains et marraines de suppléer les parents en cas de défaillance ou de disparition n’a qu’une valeur théorique mais ô combien symbolique. Bizarrement, il existe des maires (devinez lesquels) qui refusent cette petite cérémonie, à l’issue de laquelle je délivre un diplôme officiel et un acte original. Ce seront les mêmes qui considéreront que la liberté individuelle d’effectuer ou non une démarche publique n’engage dans le fond que celles et ceux qui souhaitent la faire !
Le « mariage » n’est qu’un acte banal engageant devant témoin deux personnes sur un avenir commun. Le « parrainage » n’est aussi qu’un acte ordinaire qui engage deux personnes supplémentaires autour d’un enfant. Il semble que, dans le fond, tout provient d’une différence qui repose sur une vision religieuse du mot mais en aucune manière sur le fondement social de la démarche. Il n’y a pas davantage de certitudes sur la fiabilité de l’engagement dans un cas comme dans l’autre… et les querelles débiles de ces derniers mois sont basées sur un parti pris moraliste sans aucun rapport avec l’Humanisme républicain. Pour faire court : il y a une arrière-goût très prononcé « d’anti-républicanisme » de toutes les gesticulations ou plus encore dans toutes les manipulations ou exploitations calculées des extrémismes de tous genres ! « Baptême » ou « mariage » doivent être selon moi simplement rayés du vocabulaire républicain et laissés aux religieux. Revenons au vocabulaire révolutionnaire de 1790 qui parlait de « contrat civil » et « parrainage républicain ». Au moins ce sera plus clair !

Cette publication a un commentaire

  1. batistin

    A propos de vocabulaire,il existe un mot dont il est particulièrement difficile de saisir le sens précis, c’est le mot _Amour.

    Pourtant, si en anglais nous pouvons différencier un gout prononcé (like) d’un amour passionné (love), en français il en est du beurre (j’apprécie) comme de sa mère (j’aime), nous aimons sans discernement !

    Les américains, Facebook en tête, nous imposent leur vision de notre langue, et ont allègrement transformé leur bouton de partage nommé chez eux « like » en un magnifique « j’aime » chez nous.

    Ou comment se faire réduire de moitié dans l’acception que nous partageons tous du sens que l’on donne à notre perception des choses.

    Ce mot, amour, religieusement, politiquement ou commercialement utilisé à des fins de paradigmes, est bel et bien tout simplement ce qui fait la force d’une union entre deux êtres… Et rien d’autre.

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