Ce soir je serai Place de la république à Bordeaux pour témoigner de mon inquiétude à l’égard de cette désastreuse absence de repères qui frappe la société française. Je me suis personnellement exprimé sur l’antisémitisme lors d’interventions en 2018 à la synagogue https://jeanmariedarmian.fr/2018/09/08/simone-veil-et-roch-hachana-le-nouvel-an-juif/ de Bordeaux et 2019au mémorial des victimes de la rafle de 1944 en Gironde. J’ai écrit sur Roue Libre dès le 19 avril 2013 que nous entrions lentement en France dans cette triste « zone trente » qui conduisit à la montée inexorable du nazisme. J’ai maintes fois alerté sur le fait qu’après la misère matérielle il existait une autre forme plus destructrice socialement c’est celle qui est liée à l’acculturation massive qui permet aux idées les plus détestables d’envahir les esprits. Quand les deux s’ajoutent elles créent les conditions de la destruction complète de la personnalité et conduisent dans un contexte d’exacerbation des rancœurs à des positions extrémistes.
Au cours des trois dernières décennies les repères historiques ont été détruits. Le communautarisme a servi les intérêts électoraux des uns et des autres. La valorisation médiatique des actes racistes par une diffusion répétitive strictement événementielle. L’absence d’une véritable politique éducative forte. Les attaques incessantes contre la laïcité valeur nourricière de la République. La complaisance à l’égard des dérapages racistes. Et tout à coup, on convoque sur les pavés les gens les plus conscients des menaces que portent ces manquements aux vertus républicaines ! Il leur faut réparer par leur présence les offenses faites aux règles essentielles du vivre ensemble. Cette manifestation se veut dénonciatrice de l’antisémitisme et nul ne songerait à contester l’utilité de son organisation. Pour ma part j’y participerai avec une volonté de condamner absolument toutes les formes de racisme, toutes les atteintes à la fraternité, tous les manquements à la simple dignité humaine.
J’aurai en mémoire ce poème du Pasteur Martin Niemöller Président des églises réformées de Hesse-Wassau. Partisan de l’arrivée d’Hitler puis résistant il a fut déporté à Dachau de 1938 à 1945. Bien plus que tous les discours il résume le danger dramatique du renoncement à l’exercice d’une citoyenneté pédagogique, combattante, exemplaire. Son célèbre poème intitulé : «Je n’ai rien dit… » peut être paraphrasé sans trop de problème : « Quand ils ont « insulté » les communistes, Je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste ; Quand ils ont « dénigré » les syndicalistes, Je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste ; Quand ils ont « déversé leur haine » sur les juifs, Je n’ai rien dit, je n’étais pas juif. Quand ils ont « détesté les arabes. Je n’ai rien dit, je n’étais pas arabe ». Quand ils ont « attaqué » les catholiques, Je n’ai rien dit, j’étais protestant… … Puis ils sont venus m’insulter et me tuer il ne restait plus personne pour dire quelque chose ». Ne sommes nous pas tous un peu comme ça ?
Le chiendent de la haine pousse sur le terreau de l’indifférence. Les fleurs du mal s’épanouissent sur l’ignorance. Les arbres de l’intolérance enfoncent leurs racines dans le sol nourricier des idées toutes faites et des slogans simplistes. Et comme chaque jour, à chaque instant, au lieu de cultiver le jardin de l’intelligence , les responsables politiques laissent la place libre aux ronces de la médiocrité. Aucun débat n’éradiquera ces herbes folles, ces ronciers agressifs, ces poisons répandus par des professionnels de la désinformation. Des fléaux sociaux gagnent chaque jour du terrain. Ils se parent de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel au gré des événements et rapidement une tache que certains qualifient de brune et d’autres de rouge carmin s’étend sur la France, sur l’Europe et sur le monde. Pour ma part je condamne fermement et irrévocablement toutes celles et tous ceux qui contribuent à cette inondation des esprits.
Ce soir, je serai sur la place de la République de Bordeaux, un parmi beaucoup d’autres, un révolté aux côtés de tant d’autres, un sans gilet pour éviter toute confusion possible.
Ce soir je serai devant le Palais de justice avec l’espoir qu’elle soit rendue au nom d’un Peuple français fidèle à aux principes de la déclaration de l’Homme et du Citoyen.
Ce soir je redeviendrai un élève fidèle à la promesse que j’ai faite à André Meynier à quelques heures de sa mort quand il m’a remis un Monde Diplomatique de mai 2002 avec un éditorial intitulé « La peste » d’Ingnacio Ramonet. Il l’avait conservé pour moi, avec l’espoir que j’arriverais à temps pour cette transmission. L’article débute par cette interrogation : « Pourquoi 5,5 millions de Français ont-il voté le 21 avril dernier, lors du premier tour de l’élection présidentielle, pour deux partis d’extrême-droite xénophobes, antisémites, racistes et ultranationalistes?(…) » Pauvre Monsieur Meynier, là où vous êtes, je dois vous avouer mon échec total… Le 23 avril 2017 ils étaient 7,6 millions ! A Créon même il étaient 237 en 2002 et 798 15 ans plus tard ! « Si les mêmes partis de toujours (…) poursuivaient (…) le démantèlement des services publics, d’acceptation des licenciements de convenance boursière-bref s’ils continuent de heureter de front les aspirations populaires à une société plus juste, plus fraternelle et plus solidaire rien ne dit que le néofascisme, allié à ses collaborateurs de toujours, ne parviendra pas à l’emporter la prochaine fois. ». Ce soir je serai là avant tout pour lui car je le lui dois !
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Merci pour ce billet ! Pour les mêmes raisons, je serai là, à Mont-de-Marsan avec beaucoup d’autres je l’espère pour dire NON à la haine.
Amitiés à Maria.
J’ai mis en ligne et commenté sur ma page fesse-bouc, à partir entre autres de la vision de l’historien Georges Bensoussan qui « recaractérise » bien la nature de notre vieux fond d’antisémitisme.
Amitiés Bruno ! Peut-être nos routes se croiseront un jour…
Il est tellement plus simple d’être raciste, antisémite ou anti-tout quand on est dans une situation difficile, plutôt que de réfléchir à sa propre responsabilité de son propre sort.
Les extrémistes de tout bord surfent sur cette faiblesse, bien aidés par les réseaux sociaux qui confortent les simples d’esprit dans leur paranoïa.
On ne peut lutter que par la culture au sens large, et c’est l’école qui doit à travers l’histoire, et en priorité l’histoire du 20ème siècle, expliquer les dérives et conséquences mortelles de toutes les exclusions.
J’y serais, sans gilet, juste « moi » ..parce que un con, reste un con sans qu’il ne soit pour moi, question de religion, de culture, de couleur de peau, d’orientation sexuelle ou de choix de vie.
J’y serais pour défendre les valeurs auxquelles je tiens, Liberté, Égalité, Fraternité…. gravées dans toutes les villes, jusqu’au moindre village, mais oh combien dévoyées, reniées, souillées.
Donc j’y serais, et je « nous » espère nombreux.
Tout à fait d’accord sur ce constat d’acculturation de masse avec ses conséquences dont la porosité vis-à-vis de la circulation d’idées « corrosives » leur permet de s’imposer et de profiter de l’extrême viralité des réseaux sociaux, dont également une perte totale des repères historiques, culturels, économiques… nécessaires au jugement et à la raison…
Tout en partageant le contenu, et le combat contre le racisme, je ne comprends pas que les uns et les autres participiez à cette opération politico-médiatique. N’est-elle pas destinée avant tout à tenter d’assimiler les gilets jaunes, tous ceux qui manifestent, au racisme, à l’antisémitisme ? La violence des propos n’est-elle pas d’abord du côté de ceux (Ferrand, Castaner, Griveaux…) qui multiplient les déclarations provocatrices et menaçantes (reprises en chœur par tous les partis et débris de partis de gauche et de droite) pour dénoncer (il faut le faire !) un climat de violence inouïe, le danger pour les institutions, les factieux, le péril du populisme etc. Ne s’agit-il pas de justifier la répression impitoyable organisée par l’État, appeler à son amplification et tenter d’instaurer une sorte d’union sacrée pour protéger Macron ? Protéger la Vème République ? Et cela alors que, exactement au même moment, le gouvernement donne un coup d’accélérateur à ses contre-réformes : la même semaine, sont présentés le projet de réforme de la fonction publique, le projet Blanquer et le projet Buzyn, (qui tous s’imbriquent pour liquider totalement l’existence de la fonction publique). S’y ajoutent : la loi Pacte qui engage la privatisation des secteurs et services publics et le retour le 12 mars au Sénat de la loi anti-manifestants. Sans oublier l’intention de modifier la loi de Séparation de Églises et de l’État, et le coup de pouce conséquent qui vient d’être donné à l’école confessionnelle avec la scolarité obligatoire à 3 ans.
Non, je ne serai pas de cette union sacrée.
Ce qui me gêne beaucoup, c’est l’assimilation que font volontairement certains, je le crains, entre antisémitisme et anti sionisme.
J’ai été témoin, pendant l’occupation des rafles et arrestations de juifs, j’ai vécu le chagrin de la disparition de personnes familières.
Je ressens toujours une grande émotion et une profonde tristesse lorsque je me remémore ces instants, mais je déplore que l’on considère comme antisémites des personnes qui n’acceptent pas de cautionner les exactions exécrables, organisées par certains responsables de l’état d’Israël.
Le gouvernement israélien, qui a tenté de nouer de sulfureuses liaisons avec quelques états européens, porte d’ailleurs un tort considérable à la cause des juifs « ordinaires ».
C’est comme si on disait, si vous êtes anti nazis, c’est que vous êtes anti allemands.
Je renouvelle ma condamnation de tout acte de haine, qu’elle soit anti sémite (pourquoi aurais-je de la haine contre eux, ils ne m’on rien fait !), homophobe (ça ne ma regarde pas), étranger (on est toujours l’étranger de quelqu’un) et à l’encontre de tout autre porteur de différence, propice à créer des conflits.
Je ne suis pas le seul à déplorer cette confusion :
https://www.legrandsoir.info/nous-sommes-juifs-et-nous-sommes-antisionistes.html
Attention ! Le sionisme tel que nous en parlons aujourd’hui, et notamment en raison de la politique menée par Netanyahou, le Likoud et l’extrême-droite israélienne, n’est qu’un avatar d’une doctrine, voire une perversion de cette doctrine. Lorsqu’on relit ce que Ben Gourion et les « pères fondateurs » de l’État d’Israël, laïcs et socialistes, ont écrit dans les années 20 et 30 (il y a près de cent ans) de ce que pourrait être, de ce que serait, de ce que devra être, un État « juif », on constate que même la dimension « frustration » de la population bédouine était envisagée, prévue, et Ben Gourion exhortait ses compagnons à y réfléchir et à savoir faire la place un jour à une entité territoriale et politique arabe en même temps que savoir inclure totalement les populations « enfermées » dans le futur territoire du futur État juif…
J’ai eu un pote (décédé en 2018) ashkénaze (émigré de Pologne) qui a servi Tsahal et a travaillé quelques années en kibboutz, qui avait la double nationalité française et israélienne, qui se revendiquait sioniste au sens quasi biblique du terme mais violemment antisioniste par rapport à l’idéologie véhiculée aujourd’hui et matérialisée par la politique israélienne… Avec lui et son vieux pote… Iranien (eh oui !), nous avons eu des conversations triangulaires passionnantes et… passionnées !
Cela dit, qu’on le veuille ou non, à partir du moment où les dires et écrits de Finkielkraut sont invoqués pour « excuser » les « sale sioniste », « va à Tel Aviv », etc… on exprime réellement un rejet antisémite sous l’alibi d’antisionisme.
Tout en partageant le contenu, et le combat contre le racisme, je ne comprends pas que les uns et les autres participiez à cette opération politico-médiatique. N’est-elle pas destinée avant tout à tenter d’assimiler les gilets jaunes, tous ceux qui manifestent, au racisme, à l’antisémitisme ? La violence des propos n’est-elle pas d’abord du côté de ceux (Ferrand, Castaner, Griveaux…) qui multiplient les déclarations provocatrices et menaçantes (reprises en chœur par tous les partis et débris de partis de gauche et de droite) pour dénoncer (il faut le faire !) un climat de violence inouïe, le danger pour les institutions, les factieux, le péril du populisme etc. Ne s’agit-il pas de justifier la répression impitoyable organisée par l’État, appeler à son amplification et tenter d’instaurer une sorte d’union sacrée pour protéger Macron ? Protéger la Vème République ? Et cela alors que, exactement au même moment, le gouvernement donne un coup d’accélérateur à ses contre-réformes : la même semaine, sont présentés le projet de réforme de la fonction publique, le projet Blanquer et le projet Buzyn, (qui tous s’imbriquent pour liquider totalement l’existence de la fonction publique). S’y ajoutent : la loi Pacte qui engage la privatisation des secteurs et services publics et le retour le 12 mars au Sénat de la loi anti-manifestants. Sans oublier l’intention de modifier la loi de Séparation de Églises et de l’État, et le coup de pouce conséquent qui vient d’être donné à l’école confessionnelle avec la scolarité obligatoire à 3 ans.
Non, je ne serai pas de cette union sacrée.
Il est cruel de laisser des milliers de gens dans la pauvreté et c’est ainsi que la colère a monté jusqu’à ‘insulter le passé par des persécutions verbales face à une personne d’origine d’étrangère qui selon moi n’aurait pas dû apparaître.
L’homme est ainsi exploité par des exploiteurs de haut vol.
Les actes antisémites sont passés de 851 en 2014 à 800 en 2015, 335 en 2016, 311 en 2017, et 541 en 2018. Ce sont les chiffres du Ministère de l’Intérieur. Certes il y a une augmentation, mais de là à mener cette campagne… Alors, tout en partageant le contenu, et le combat contre le racisme, je ne comprends pas que les uns et les autres participiez à cette opération politico-médiatique. N’est-elle pas destinée avant tout à tenter d’assimiler les gilets jaunes, tous ceux qui manifestent, au racisme, à l’antisémitisme ? La violence des propos n’est-elle pas d’abord du côté de ceux (Ferrand, Castaner, Griveaux…) qui multiplient les déclarations provocatrices et menaçantes (reprises en chœur par tous les partis et débris de partis de gauche et de droite) pour dénoncer (il faut le faire !) un climat de violence inouïe, le danger pour les institutions, les factieux, le péril du populisme etc. Ne s’agit-il pas de justifier la répression impitoyable organisée par l’État, appeler à son amplification et tenter d’instaurer une sorte d’union sacrée pour protéger Macron ? Protéger la Vème République ? Et cela alors que, exactement au même moment, le gouvernement donne un coup d’accélérateur à ses contre-réformes : la même semaine, sont présentés le projet de réforme de la fonction publique, le projet Blanquer et le projet Buzyn, (qui tous s’imbriquent pour liquider totalement l’existence de la fonction publique). S’y ajoutent : la loi Pacte qui engage la privatisation des secteurs et services publics et le retour le 12 mars au Sénat de la loi anti-manifestants. Sans oublier l’intention de modifier la loi de Séparation de Églises et de l’État, et le coup de pouce conséquent qui vient d’être donné à l’école confessionnelle avec la scolarité obligatoire à 3 ans.
Non, je ne serai pas de cette union sacrée.
Moi non plus
Merci JJ. Voici le texte :
Nous sommes juifs et nous sommes antisionistes
Nous sommes Juifs, héritiers d’une longue période où la grande majorité des Juifs ont estimé que leur émancipation comme minorité opprimée, passait par l’émancipation de toute l’humanité.
Nous sommes antisionistes parce que nous refusons la séparation des Juifs du reste de l’humanité.
Nous sommes antisionistes parce la Nakba, le nettoyage ethnique prémédité de la majorité des Palestiniens en 1948-49 est un crime qu’il faut réparer.
Nous sommes antisionistes parce que nous sommes anticolonialistes.
Nous sommes antisionistes par ce que nous sommes antiracistes et parce que nous refusons l’apartheid qui vient d’être officialisé en Israël.
Nous sommes antisionistes parce que nous défendons partout le « vivre ensemble dans l’égalité des droits ».
Au moment où ceux qui défendent inconditionnellement la politique israélienne malgré l’occupation, la colonisation, le blocus de Gaza, les enfants arrêtés, les emprisonnements massifs, la torture officialisée dans la loi … préparent une loi liberticide assimilant l’antisémitisme qui est notre histoire intime à l’antisionisme,
Nous ne nous tairons pas.
La Coordination nationale de l’UJFP, le 18 février 2019
https://www.legrandsoir.info/nous-sommes-juifs-et-nous-sommes-antisionistes.html
Bonjour,
“Le boxeur, la vidéo qu’il fait avant de se rendre… il a été briefé par un avocat d’extrême gauche. Ça se voit ! Le type, il n’a pas les mots d’un gitan. Il n’a pas les mots d’un boxeur gitan.” Les propos du méprisant suintant le plus abject racisme en vers une communauté dont 240 000 membres ont été massacré par les nazis … Des propos dénoncés par qui ??? Il y aurait ainsi des « bonnes et des mauvaises victimes » dans l »esprit de Charlie ?
Un comportement hélas récurent chez l’élite de la nation où le « bien » parler et les diplômes prévaudraient sur des classes inférieures ( ceux qui ne sont riens) . Une forme de racisme social au-delà du périphérique? Des prétendus philosophes dont les discours et les écrits dégoulinent d’une islamophobies évidente que personne ne démonte ni ne combat sans risquer le pilori… Comment ne pas voir le venin (communauté contre communauté) ainsi distillé dans notre société?
STOP au racisme sous toutes ses formes!
STOP au mépris de classe!
STOP aux manipulations médiatiques!
STOP à la haine!
Non je ne manifesterai pas aujourd’hui aux cotés de gens aux vertus à géométrie variable.
Salutations républicaines