La tradition est tenace. Quel que soit le contexte dans lequel on se trouve il est de tradition de formuler, pour toutes celles et tous ceux que l’on croise, des voeux de bonheur, de santé et de prospérité avec en fait autant d’efficacité que les algorithmes utilisés pour confectionner les horoscopes. Je voudrais donc déroger à ce qui ressemble à des figures imposées par la bienséance. Tant pis si une fois encore mon caractère atypique va provoquer l’ire de certains d’entre vous : 2019 ne sera pas le rendez-vous attendu par chacune et chacun d’entre nous avec les bienfaits de la vie si nous ne savons pas raison garder, si nous nous désintéressons de l’Humain et de son avenir.
Nous abordons toutes et tous cet an « neuf » avec une certaine tendance individuelle, pour ne pas écrire individualiste, de la vie et toutes les cartes, les SMS, les messages s’adressent à l’autre et rarement aux autres. Plus que jamais parcellisées toutes ses strates, la société française se réfugie dans l’égoïsme ou la peur ets e recroqueville. Il faut même parler-vrai et évoquer une forte progression du « chacun pour soi » et « la haine de tous » comme élément fédérateur. Le mal gagnera encore du terrain en France, à l’ombre des clochers, au pied des immeubles ou sur l’espace public… dans les prochains mois. C’est inexorable ! Quand un Peuple n’a plus le ciment des valeurs pour consolider ses édifices réputés stables il bâtit son avenir sur du sable. Et ce sera le cas en cette nouvelle année.
On a déjà distribué des « friandises » enveloppées dans le papier rutilant des bons mots ou des bonnes promesses en guise de vœux mais la réalité sera tout autre. Les fractures se multiplieront sous l’influence de micro-tremblements de terre répétés ébranlant de principes que l’on pensaient indestructibles. La solidarité se fissure de toutes parts. La négation pure et simple de la valeur intangible de l’Homme par des barbares armés, par des barbares financiers, par des barbares religieux, par des barbares fascisants, par des barbares médiatiques nous mène droit vers le précipice. Nous en sommes tous responsables individuellement et collectivement et nous devrons en 2019 en assumer les conséquences sauf à les « transférer » sur les migrants, sur les réfugiés, sur les fonctionnaires, sur les élus, sur nos vrais ennemis que nous n’appelons pas « les autres » mais qui le sont ! Et ce besoin de transfert sera outrancièrement exploité par les « charognards » des idées qui se nourrissent sur le cadavre des démocraties. Livrée à une opinion dominante croissante gonflée par des médias vendeurs d’informations « à varier » au gré des modes, la France et plus largement le monde réservent des lendemains déchanteront pour celles et ceux qui croient en l’Homme.
C’est vrai la France est en guerre mais pas contre quelques milliers de criminels s’octroyant comme bouclier factice le droit divin alors qu’ils n’ont pour eux que le droit commun des sanguinaires, mais contre le mépris qui lui est infligé. Elle s’autodétruit en laissant mourir ses idéaux historiques pour des considérations comptables. Elle remplace l’égalité par la course effrénée au profit appelée joliment « croissance » accentuant de criantes inégalités. Elle détruit ses libertés en se repaissant de vengeance, de censure, d’intégrismes, d’une prêt à porter idéologique simpliste mais mortel comme de la ciguë. Elle n’a plus aucun sens majoritaire de la fraternité en laissant pousser le chiendent du racisme ordinaire, rampant, insidieux dans tous les interstices sociaux. Mais on continuera ces prochains jours à ponctuer les cérémonies officielles des vœux par de vibrants « vive la République », « vive la France » comme de si de rien n’était.
Le politique a laissé sa crédibilité dans la course personnalisée tous les cinq ans au pouvoir présidentiel. En 2019 qui osera prétendre que tous les esprits des gens qui se rasent (ou ne se rasent plus parfois) pour mettre leur apparence en accord avec leur ambition ne seront pas tournés vers les ides de mars 2022 ? Le sens de l’intérêt général devra une fois encore s’estomper devant des guerres de clans ou des stars du système partisan. L’indice de référence des valeurs républicaines ne sera que celui des sondages fleurissent pour transformer les idéaux ou les utopies, en ratios tordus et trpatouillés.
Alors quels vœux ? Mes souhaits sont un tantinet égoïstes afin que je ne me retrouve pas trop seul en 2019 : soyez sympas, trouvez plus que jamais la force de vous indigner, de vous révolter, de refuser la haine, de vivre en citoyen(ne), d’agir pour l’avenir et non contre lui. Je sais c’est beaucoup plus facile d’attendre que les autres le fassent pour vous. Le risque est certes plus élevé, en vous engageant sur des principes, de ruiner cette santé que l’on vous aura pourtant souhaité « bonne ». Je sais qu’il est imprudent de lutter contre la désinformation permanente car ce serait mettre en cause cette « réussite » que tout le monde espère pour vous. Vous avez tellement à perdre dans le combat quotidien pour la solidarité que vous n’atteindrez jamais cette « prospérité » estimée pourtant « indispensable » à votre bonheur. Et pourtant il faut y aller !
Désolé de casser l’ambiance. Désolé d’être réaliste. Désolé de ne pas être dans l’air du temps. Désolé de briser des douzaines de « vœux ». Désolé ne pas respirer les parfums enivrants de l’an « neuf » ! Ceux qui vivront vraiment en 2019 seront encore celles et ceux qui lutteront pied à pied pour redonner sa place à l’Humain en cette année nouvelle s’annonçant comme broyeuse de la solidarité, de la fraternité et de la laïcité !
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Triste et pourtant bine réaliste constat, que ce soit dans notre pays ou dans les monde.
Ton éditorial a quelques ressemblance avec l’Apocalypse , mais je crains malheureusement que tu ne sois dans le vrai.
Il y a longtemps que j’ai renoncé à présenter des vœux, je réponds par politesse.
Bien d’ accord avec constat , l’ avenir est bien sombre et je ne vois pas comment cela pourrait s’ arranger .
Une petite planète au ressources finies d’un coté et une croissance humaine exponentielle de l’ autre , ça pose déjà et ça posera encore plus de problèmes .
Alors , carpe diem ,profitons du présent avec notre famille et nos amis , et utilisons le temps qui nous reste du mieux possible .