LA BLESSURE D’AMOUR.– Georges Abel Joseph Vasseur fut instituteur en charge des garçons et des filles des classes de fin d’études de l’école publique de Sadirac (1919 à 1949). Il exerçait également les fonctions de secrétaire de mairie durant une bonne partie de cette période. Il vivait dans le logement de fonction et avait sa classe sur la partie droite de l’ancienne mairie. Une salle avec estrade et pupitre dans laquelle il préparait les élèves au fameux certificat d’Études. Originaire de Liévin il avait fréquenté l’Ecole normale d’Arras avant d’être mobilisé dès 1913 et envoyé dans la guerre vers le 110° Régiment d’infanterie à l’âge de 20 ans. Il devient rapidement caporal, puis sergent, puis adjudant. Il est blessé le 16 février 1915 par l’explosion d’une grenade dans le combats autour de 800 m de tranchées conquises puis reperdues. Il considérera qu’il avait eu « beaucoup de chance »… car son pied gauche est en très mauvais état (brisé et mutilé) mais il n’a aucune autre blessure grave. Il ne peut plus combattre et il est évacué dans les hôpitaux de l’arrière pour finir par arriver au célèbre l’hôtel Régina de Biarritz transformé en base arrière pour les invalides. Il y restera quelques semaines et fera la connaissance d’une très belle infirmière ayant des attaches à Sadirac Marie, Elisabteh, Mélines.
Il sera envoyé, dans les hôpitaux de Lourdes, de Tarbes, de Clignancourt à Paris et fera de la rééducation mais correspondra toujours avec Elisabeth. Il est « mis en réserve » et renvoyé en Gironde à l’école d’ Ambarés comme instituteur puis comme professeur à l’école des mutilés de Bordeaux. Il va finir par épouser « son » infirmière le 5 janvier 1918… avant la signature de l’Armistice et s’installer à Sadirac dans la villa Eole de la famille Mélines-Cazeaux pour y finir leur vie. Il marquera des générations sadiracaises comme un instituteur intransigeant, dévoué et compétent. Il répétait sans cesse que quasiment toute sa promotion de l’EN d’Arras avait été décimée par cette guerre qu’il haïssait qui l’avait vu servir,lui, sous les ordres d’un certain colonel Pétain. Il y avait cependant trouvé l’amour… (voir mon livre La Sauterelle bleue)
LE PILOTE DE SADIRAC.- André Lapaillerie était né à Sadirac le 17 février 1896 dans une petite maison familiale à la sortie du bourg de Lorient. Comme le curé de Sadirac (dont je vous conterai plus tard la guerre 14-18) et l’instituteur public Georges Vasseur il avait été appelé (classe 1916) à défendre son pays. Il fut affecté le 11 avril 1915 au 153° régiment d’infanterie où son engagement exemplaire lui valut de devenir rapidement caporal (15 mai 1916) sergent (16 juillet 1916 sur le champ de bataille de la Somme autour de Maurepas) il fut grièvement blessé par un éclat d’obus à la nuque le 30 juillet devant… le cimetière de cette commune.
Seul survivant de la section dont il était le chef il avait assure comme volontaire, durant la nuit précédente la corvée du poste de commandement de première ligne, pour apporter le matériel nécessaire grenades, poignards….Parti avec 32 hommes il ne lui en restait que 7 en fin de corvée. Il fut immédiatement proposé comme sous-lieutenant mais sa blessure lui valut une évacuation rapide sur l’arrière. Promesse lui avait été également faite pour la médaille militaire par le lieutenant commandant Le Bleu qui fut lui-aussi grièvement blessé dans les combats et ne ut tenir son engagement. De retour de l’hôpital il fut affecté le 25 janvier 1917 au régiment d’infanterie qui participa activement à l’offensive de Verdun. Il obtient une citation pour son comportement avant d’être recruté… pour devenir pilote dans l’aviation de combat. Il partit en formation à Châteauroux puis à Avord avant de rejoindre Dijon où il obtient son brevet de pilote sur Caudron le 14 septembre 1918 pour effectuer quelques missions avant l’armistice.
Élu conseiller municipal d’opposition comme radical socialiste à Sadirac en 1937 il fut révoqué par Vichy le 2 mai 1941. Il entra dans la résistance active en juin 1941, président du comité de libération de Sadirac et devint maire « pilote » de la commune en 1944 jusqu’en 1971. Il a été en tant que président girondin du parti radical (19 juillet 1947) l’un des hommes ayant permis à Jacques Chaban-Delmas de conquérir la Mairie de Bordeaux lors du scrutin de 1947. André Lapaillerie était également l’ami de l’aspirant Léon Buffet héros de la défense du fort de Vaux qui viendra en personne inaugurer le nouvel emplacement du monument aux Morts de Sadirac. »
LANGEMARIE TRAVERSE LA GUERRE.- Il arriva dans le presbytère de Sadirac quelques jour avant Noël 1933 pour succéder à un curé ayant régné sur la paroisse durant plusieurs décennies, l’abbé Peyroles. Il portait le patronyme réellement extraordinaire pour un homme d’église, de Langemarie. Issu d’une famille d’Eygurande en Dordogne, François, Alfred (dit « Jean » comme c’est indiqué sur sa tombe dans le cimetière jouxtant l’église Saint-Martin de Sadirac) est né le 1° avril 1891. Il avait exercé son ministère à Belvés de Castillon dès sa sortie du séminaire. En mauvaise santé en raison de bronchites chroniques qui le handicapent et des poumons très fragiles il sera exempté de service en 1913 et maintenu en 1914.
Comme pour beaucoup d’autres et pour pallier les ravages des offensives de fin 1916 et le 21 avril 1917, le curé est appelé dans le « service auxiliaire ». Il ne sera pas versé dans l’infanterie mais il rejoindra le 18 mai 1917 le 18° escadron du train des équipages militaires. Il bascule très vite comme « conducteur de de2° classe » au 15° escadron du train le 9 octobre 1917 pour soutenir les régiments engagés sur le chemin des Dames/. il assure le transport du ravitaillement (munitions, nourriture et l’évacuation des blessés) au plus fort des offensives et contre-offensives allemandes de Verdun.
Au cours de l’une de ces missions le prêtre François Langemarie se retrouve au poste de commandement du Général Mangin qui repousse les Allemands sur le chemin des Dames avec le concours des tirailleurs sénégalais impitoyables. Sous un bombardement violent il avouait avoir eu très peur et s’être attiré cette remarque de Mangin : « viens là mon petit, mets toi à coté de moi. Ici tu ne risques rien ! » Il répétait sans cesse cette anecdote alors qu’il était curé de Sadirac comme étant pour lui un événement décisif dans son parcours de combattant « aumônier » officieux.
Son état pulmonaire se dégradant, après l’armistice il fut muté le 26 novembre 1917 dans l’armée d’Orient où il est victime du paludisme. Il fut évacué depuis la base navale de Lemnos vers l’hôpital des Armées d’Antibes le 29 décembre 1918 où il resta plus d’un an (sortie le janvier 1919). Il deviendra prêtre à Bègles dès sa démobilisation. Il termina misérablement sa vie après avoir servi la population sadiracaise sans aucune retenue comme infirmier et même parfois médecin. Ses colères restent mémorables.
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Que de destins héroïques, de vies brisées, mais d’exemples de courage aussi.
Comme le petit écolier du monument aux morts de Gentioux, je crie : maudite soit la guerre !
Aucun rapport avec ce grave sujet mais intéressant quand même : https://www.legrandsoir.info/le-grand-assechement.html
Une pensée pour ceux qui plus fragiles ou n’ ayant pas l’ âme guerrière avaient le choix entre y aller en crevant de peur ou crever face au peloton d’exécution… Mon grand-père maternel me racontait ainsi sa 14/18: « Le premier jour nous avons creusé une tranchée pour tireur couché. Le lendemain nous avons continué pour une tranchée pour tireur à genou Le troisième jour nous avons arrêté, c’était fini pour nous, parce que les Allemands étaient passés en nous contournant et heureusement pour toi, sinon tu ne serais pas né. Nous n’ aurions eu aucune chance, visibles que l’ on était avec nos vêtements rouges et bleus!