Le dégrèvement de la taxe d’habitation qui doit être compensé par une dotation équivalente de l’Etat a peut-être constitué la meilleure annonce du début de ce quinquennat pour le Président jupitérien. Simple donc populaire elle a vite donné l’impression que le pouvoir actuel allait protéger les contribuables locaux les plus faibles en leur permettant d’accéder aux services communaux ou intercommunaux de proximité sans avoir à… en assumer le coût. En fait les élus se retrouvent ficelés puisqu’on ne les voit pas augmenter le taux de TH de 2017 et imposer à nouveau les contribuables exonérés par un supplément de taxation ainsi créé ou ils hésiteront à pressurer encore plus celles et ceux dont les revenus les privent du cadeau de Macron surtout s’ils sont actifs. Ceux qui sont par contre retraités auront droit eux, selon leurs ressources, à la double peine (TH maintenue et ponction CSG) et même à la triple s’ils sont propriétaires de leur logement puisqu’ils acquitteront la taxe sur le foncier bâti qui ne sera pas atténuée. Déjà privé du levier taxe professionnelle par Nicolas sarkozy, voici les conseillers municipaux ou communautaires dans la seringue car ils n’ont plus qu’une seule possibilité d’adapter leurs recettes aux dépenses nécessaires au maintien des services : taper dans la poche de tous les possesseurs de leur maison ou de leur logement principal !
On peut s’attendre à ce que peu d’élu(e)s acceptent cette perspective deux ans avant le renouvellement des assemblées municipales. Il n’y a donc que deux manières d’échapper à ce piège électoral : améliorer les bases d’imposition en faisant plancher plein pot la commission locale des impôts (révision des catégories, recensement systématique des aménagements supplémentaires, résiliation des dégrèvements légaux possibles…) ou en urbanisant au maximum pour récolter des taxes supplémentaires. On n’aura pourtant pas d’effet réel en 2018 car il faudra se contenter de ce qui a été « bâti » en 2017 mais par contre il y a de fortes chances que la machine à construire se déploie en 2019. Or certaines collectivités sont en difficulté après les ponctions sur la dotation globale de Fonctionnement (DGF) effectuées par le gouvernement précédent. La baisse du niveau d’autofinancement sera effective cette année et s’accentuera pour ralentir ou même détruire les investissements envisagés. Les remboursements anticipé des dettes souscrites pour tenir les promesses électorales va ajouter à ces difficultés latentes nées de réformes fiscales brutales. Alors il est indispensable de trouver d’urgence d’autres pistes de recettes.
L’une d’entre elles réside dans la recherche de subsides annexes qui ne correspondent pas à des impôts directs. L’idée c’est d’atténuer l’impact médiatique néfaste de la majoration des taxes (habitation, foncier bâti) par une création de produits nouveaux ou d’optimisation de ceux qui existent. Il est par exemple possible pour des élu(e)s « d’ajuster » les tarifs de tous les services municipaux (accueils périscolaires, restauration, repas à domicile, piscines, garde d’enfants, centre de loisirs, location de salles par exemple), d’en supprimer d’autres au prétexte qu’ils coutent cher (activités liées aux rythmes scolaires). C’est qu’en cumulant toutes ces participations aux « services » annexes qu’il sera possible de récupérer en 2019 des sommes convenables sur les exonérés de la TH même si c’est minime ou pour compenser les amendes de dépassement du 1,2 % mais la meilleure rentabilité vient des redevances de stationnement. Elles peuvent être supérieures à celle d’une lourde augmentation des taux d’imposition locale toujours impopulaire. Ainsi une enquête effectuée à Bordeaux estime les rentrées procurées avec le réajustement des tarifs et l’extension des zones payantes à 8 millions d’euros (2,7 points de fiscalité sur le Foncier bâti sur tout le département) contre près de 6,5 millions antérieurement. Certes il faut retirer les investissements (traçage, horodateur) et les frais de fonctionnement (personnel de contrôle) mais le bénéfice reste substantiel. En fait il pourrait s’avérer possible qu’en cumulant la ponction CSG, les obligations de règlement du droit à stationner sur le domaine public (ou la recherche d’un garage privé) un retraité locataire sur Bordeaux soit largement pénalisé.
Dans les quartiers où les ressources sont les plus élevées c’est une certitude la « douloureuse » sera élevée. Surtout que souvent les foyers fiscaux concernés possèdent plusieurs véhicules… et verront quelques suppléments arriver. Ce n’est pas pour rien que la révolte est vive à Saint-Augustin et caudéran ! L’autre avantage c’est qu’il faut rappeler que les principaux contributeurs à ce redressement des comptes bordelais sont aussi des automobilistes venant de l’extérieur par nécessité de centralisation des services ou pour apporter la richesse économique à Bordeaux via leur travail ou leurs achats.. Or eux ne votent pas aux municipales sur la ville où ils viennent et subissent une décision qu’ils ne peuvent pas critiquer puisqu’ils sont considérés comme les responsables des maux de la ville centre. En fait ils sont otage d’une partie de poker menteur qui ne les concerne pas ! Eux ne manifesteront pas et donc on peut nevisager d’augmenter leurs tarifs pour épargner les locaux ! Une question d’équilibre.
En savoir plus sur Roue Libre - Le blog de Jean-Marie Darmian
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
Merci. Aller à la ville pour les ruraux est d’une complexité effrayante surtout pour y travailler. Les transports en commun n’ont pas pris la relève. Les ruraux sont issus pour beaucoup de familles paysannes. Lorsque l’on voit ce qui se passe chez les éleveurs comme chez les viticulteurs et autres leur nombre s’est profondément restreint. Je comprends les jeunes qui ont préféré exercé un autre metier. Tous ces habitants ont subi un changement important dans leur vie quotidienne mais aussi dans leur métier.
Je trouve logique que les habitants du quartier St Augustin ont rejeté le stationnement payant
Normal effectivement que les habitants de St Augustin et de Caudéran manifestent surtout qu » ils sont déjà assommés par des taxes foncières et habitation surréalistes. Si bien des habitants de ces quartiers sont aisés, il y en a de modestes et taxés aveuglément comme les autres. Avoir plusieurs véhicules par foyer fiscal n’ a rien d’ absurde. Veut-on nous faire revenir à la société des années 50/60, l’ homme salarié et la femme au foyer? Actuellement je vois aussi des parkings sur les zones de bailleurs sociaux où il n’ y avait aucun problème de stationnement être récupérés pour construction de parkings payants. Gens modestes et immigrés vont passer à la caisse! Des communes ne reculent devant rien, prévoyant des baisses de ressources mais ne renonçant pas à gaspiller au travers de construction de ronds-points inutiles, de leur déco, d’ œuvres d’ art imbécilement coûteuses,… On veut bien payer des impôts mais encore faudrait-il qu’ il en soit fait bon usage. Là-dessus, une anecdote. Éric Woerth chez Bourdin avant hier, avant de réclamer des réductions de dépenses publiques, avait expliqué que la dizaine de milliards d’ euros de recette générée par de la reprise économique pourrait permettre de construire 3 ou 4 porte- avions… Sans commentaire.
La reprise économique est un mot souvent employé qui ne veut rien dire. Il est facile de manipuler les chiffres mais il est moins facile de les faire apparaître dans une réalité où chacun paierait la juste part en fonction des depenses accumulées par les differents pouvoirs politiques.
Il devient imperatif que chaque élu sache comment s’articule un budget et la signification de la DGF. Ces elus ne peuvent pas faire supporter aux habitants ces erreurs. Les élus des quartiers ou des communes en sont entièrement responsables. C’est à eux de comprendre et faire comprendre aux habitants le budget et sa DGF.
« Le dégrèvement de la taxe d’habitation qui doit être compensé par une dotation équivalente de l’Etat a peut-être constitué la meilleure annonce du début de ce quinquennat pour le Président jupitérien. »
Cette même annonce en a peut être trompé quelques uns, mais la ficelle était trop grosse !
Un homme politique de droite, et de surcroît banquier pour aggraver son cas, qui annonce une réduction d’impôts ?
Il faut vraiment être naïf pour y croire et se poser la question : quel est le coup tordu en gestation ?
Maintenant nous sommes au courant.