Chaque jour le nombre d’affaires judiciaires, d’enquêtes policières médiatisées augmente de manière affolante. Il arrivera un moment où elles constitueront la quasi-totalité de l’information. Bien évidemment les « télés- perroquets » en ressassent à la nausée les cotés les plus sordides ou les plus affolants. Ainsi dans la seule journée de hier on a eu droit au procès de Cahuzac qui s’est méconduit en Suisse ; le terrible calvaire de la petite Fiona et les suites données aux condamnations de ses tortionnaires ; le procès manqué du « viol » de la fillette de 11 ans avec tous les détails sur les actes accomplis ; les contestations à venir sur l’héritage de l’évadé fiscal chantant; les doutes sur le contenu du fourgon des transporteurs de fonds suisses ; les poursuites maintenues contre Julian Assange redoutable diable des révélations ; les tribulations du marcheur Hulot diffamé qui occupent la gente politique; la balade écossaise sur les chardons de la « beaufitude » de Bleus « ronds comme des « queues de pelle » ; les soupçons avérés de corruption, fraude et abus de confiance du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu… Tous ces beaux comportements ont occupé le devant de l’actualité de 24 heures médiatiques ordinaires
Partout des juges à l’œuvre pour la défense de l’intérêt général ! Cette avalanche de titres, de reportages, de précisions de tous ordres sur des actes réputés secrets qui souvent blessent mortellement les victimes ou condamnent des « supposés » coupables, sont réputés éclairer le grand public sur les procédures en cours ou terminées, les procès entamés ou à venir, les enquêtes ouvertes ou à ouvrir. Rien n’est épargné dans les révélations. La société sombre dans le voyeurisme comme si elle voulait absolument se donner bonne conscience en dénonçant les travers les plus angoissants afin de se donner l’impression d’être parfaite. Le populisme se gave de ces tonnes de « faits divers ». Il arrive même que les événements importants pour le quotidien des milliers de « badauds » de ces turpitudes avariées soient totalement occultés.
Par exemple le procès de l’adolescente de 11 ans devenu un enjeu sociétal sur l’âge des pratiques sexuelles se tenait à huis clos mais vous avez pu bénéficier d’absolument des précisions les plus salaces sur les faits commis par son « agresseur supposé ». Jusqu’où peut-on aller dans la description d’un « viol » encore présumé ? Je l’ignore mais je suis certain que la vie de cette « enfant » sera inexorablement brisée car ces articles, ces chroniques radio, ces descriptions la suivront encore durant de longues années et au besoin on les ressortira pour illustrer un débat entre spécialistes institutionnels rémunérés.
Dans un registre beaucoup moins dramatique Cahuzac décrit à la barre les racines politiques de sa tricherie honteuse mais moins personnelle que prévu. Il ne sera pas cru puisque personne n’a intérêt à le croire et que les erreurs ultérieures qu’il a commises lui seront fatales. La sentence est faite ! Il est cuit . Et pourtant quelques « complices » plus ou moins impliqués pourraient témoigner de l’authenticité de son récit… s’ils avaient un minimum de courage. Pour la suite, par contre, le parcours le regarde et il doit l’assumer. Que retient l’opinion dominante de ces lignes, de ces sons, de ces images sur ce procès en appel : «Elus, tous pourris ! » ce qui conduira la justice à faire preuve de sévérité pour satisfaire des milliers de « juges » installés au comptoir ou sur leur canapé !
Ah j’oubliais! L’héritage de l’évadé fiscal définitif constitue également un épisode balzacien qui n’altère pas l’adoration des fans et va mobiliser les tribunaux français et américains ! Tous les témoignages recueillis sur les trottoirs sont abominables pour les comptes suisses puis exotiques de Cahuzac mais reconnaissent à Johnny le droit à l’exil testamentaire répartiteur de biens et de rentes considérables dont on ne discute même pas les origines. Les yeux dans l’œil de la caméra le « peuple » excuse le père « fouettard » libre de faire ce qu’il veut de sa fortune et de sa répartition entre ses enfants. Les juges s’inviteront là encore dans ces querelles d’un jeu des trois « famille » dans laquelle les haines semblent avoir été provisoirement masquées pour un hommage national dont on mesure maintenant tout l’intérêt ! Ce feuilleton judiciaire alimentera les unes de toute la presse et donnera probablement aux filles de l’ouvreur des portes du pénitencier des cauchemars à répétition. Qui s’en soucie ?
A Londres le tribunal a maintenu dans sa prison dorée de l’ambassade d’Équateur Julian Assange coupable de dénonciation des crimes ou délits divers puisque grâce à lui WikiLeaks avait publié en 2010 des milliers de documents secrets de l’armée américaine. En avril, le ministre de la justice américain actuel, Jeff Sessions, avait assuré qu’arrêter Julian Assange était une « priorité » tandis que le directeur de la CIA avait qualifié WikiLeaks de « service de renseignement non étatique hostile, souvent soutenu par des acteurs étatiques comme la Russie » (sic). Un seul juge anglais leur a donné raison ! Un autre aura en Israël à décider de la mise en examen de Netanyahu…pour des faits peu glorieux ! Il prendra son temps…
Même la bande de « joyeux » rugbymen bleus partis mettre en bière leur défaite en Écosse n’a pas échappé aux sanctions sans autre procès que leur élimination de la liste des futurs battus potentiels par les Italiens. A leur place je porterai plainte car aucun juge ne les a mis en cause ! Ils sont réputés vraiment… innocents !
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« Il prendra son temps… »
C’est ce que l’on peut reprocher à la justice. Sans être expéditive, il faudrait que la dite justice « se magne un peu le train ».
Au lieu de permettre à une certaine presse d’étaler au grand jour avec une gourmandise de mauvais aloi, des détails dont le public n’a théoriquement rien à faire, il vaudrait mieux me semble-t-il accélérer les procédures.
Cahuzac, c’est du réchauffé. L’affaire Fiona, hélas, il n’y a plus rien à faire et que changera à cette lamentable histoire une décision de justice ?
Par contre on attend avec impatience, avant que des arguties de procédures permettent de noyer le poisson, la mise en examen du premier ministre, honte d’Israël, l’accélération d’une enquête sur un certain personnage aux douteuses manœuvres financières et proche du pouvoir, la comparution du phœnix de Sablé et d’autres brillants magouilleurs. J’en passe….
J’ai omis un détail, la justice manquant cruellement de moyens, des dépenses plus futiles semblant avoir la priorité, les dossiers sommeillent, dans l’espoir inavoué qu’on les oublie.
Je partage ce billet, ce que je ne partage pas c’est la critique mal veillante en citant les prenoms ou les noms de personnes qui sont mortes par souffrance physique et psychologique.
Les affaires médiatisées relèvent quand même de problèmes sociétaux réels, c’ est leur juxtaposition dans un temps minime sans analyse autre que superficielle qui pose problème. Dans un journal télévisé (ou radiodiffusé) le temps de réflexion entre deux nouvelles est quasiment nul entraînant un résultat proche de la manipulation subliminale. Le choix d’infos légitimes sur des faits réels, choisies au milieu d’ infos qui seraient tout aussi légitimes d’ autres faits réels permet toutes les manipulations. Première guerre en Irak, arrivée du nazisme au pouvoir, tous pourris… L’ excuse « nous le présentons parce que les autres chaînes vont le présenter » est insuffisante. Un temps pris à la fin de chacun de ses journaux, pour le retour sur info d’ un des « événements » avec analyse et contradiction mêmes pas trop longs (réalisme) aurait un effet désintox mais c’est loin du but recherché dans le système de la gouvernance et de la contre-gouvernance.
Tout va vite au journal TV, aucune réflexion ne peut être émise par le telespectateur reste les images avec leur belle couleur.
14 février c’est la St Valentin. Les roses rouges sont à l’honneur. Selon la Tv ces roses sont cultivées au Kenya dans des serres chauffées et expédiées par avion à 12 centimes, passent par un nombre moyen d’intermédiaires pour être revendues au commerce 3 euros.
L’OMC et la rose c’est toute une histoire d’amour.