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Amsterdam

Amsterdam, la ville où les vélos font le trottoir

« Bicyclettes » pour les plus huppées, « vélos » pour les classes moyennes et « bécanes » pour les prolétaires de la mobilité : à Amsterdam les deux roues à pédales constituent le plus extraordinaire des bestiaires mécanisés. Ils ont envahi la ville la rendant imprévisible quand ils sont massivement en mouvement ou à l’arrêt dans les moindre recoins, le long des façades, dans des espaces réservés ou des lieux de stockage géants. Impossible pour le piéton d’échapper à cette omniprésence du « deux roues pédalisés ». D’ailleurs il faut sans cesse être sur ses gardes pour éviter d’être télescopé par un fou pédalant à la Don Quichotte sur une Rossinante poussive ou comme un Alexandre un Bucéphale triomphant. Le solitaire dévalant sous la pluie froide une piste noire ouverte à tous les pratiquants reste le plus dangereux surtout s’il n’est pas Amstellodamois.
Encapuchonné(e) vous avez en effet bien du mal à entendre le timbre sautillant qu’il agite en fondant sur vous comme l’épervier sur sa proie. Le seul espoir réside dans le fait que l’autochtone sait éviter les intrus quand le touristes eux paniquent, ne pratiquant pas la technique de l’écarteur de vaches hollandaises permettant d’éviter d’encorner l’égaré dans le dur berceau du guidon. Ici le vélo ne plaisante pas. Il se sait dans son royaume. Quasiment tous respectueux des règles de circulation les cyclistes ordinaires ont pris possession d’une belle part de la rue et ils ne sont pas décidés à la l’abandonner aux automobilistes minoritaires. Sûrs de leur droit il balance un appel guttural à dégager ou ils frôlent le contrevenant aux us et coutumes d’un autre monde. Raides face au vent mauvais venu des polders, les plus téméraires s’offrent un grand bol d’air quand les plus besogneux, courbés sur leur machine tentent recherchent désespérément leur énième souffle pour achever une longue ligne droite allant vers un ciel si bas qu’un canal risque de se pendre. Peu importe le temps pourvu que l’on ait cette ivresse que donne l’utilisation de ces « montures » de tous types. Lorsqu’elles ne sont pas utilisées elles peuplent les trottoirs. La très grande majorité des vélos appartiennent aux SDF, sans domicile fixe, puisqu’ils dorment dans la rue par milliers exposés à la pluie, au froid ou au vent. Ils s’entassent sous les ponts ou dans les moindres recoins un tant soit peu abrités pour préserver les fesses de leur utilisateur(trice)s au moment où ils devront aller à la selle ! Attachés aussi serré que possible à tout ce qui peut les retenir d’aller gambader sous la « pédalée » d’un(e) usurpateur (trice) ils attendent le bon vouloir de leurs propriétaires sous la pluie, la neige, le vent ou certainement le soleil.
A l’image des sorties des coffee shop il arrive souvent que la chute d’un l’un d’entre eux peu stable sur ses cannes ou déséquilibré par un courant d’air frais entraîne toute la cordée sur le pavé ! Couchés les uns sur les autres dans des positions ambiguës, pédaliers dans les guidons, roues dressées vers le ciel, selles dans les rayons du voisin les bicyclettes, les vélos et les bécanes s’occupent comme elles peuvent car elles s’ennuient. Certaines bénéficient d’un emplacement confortable sur un rail porteur comme c’est le cas dans ces immenses parcs spécialisés où il faut au cycliste une sacrée mémoire pour retrouver son bien. Mais les SDF sont nombreux sans que personne ne s’offusque de les voir étalés au milieu d’une place, abandonnés sur la rambarde d’un pont comme si l’on avait voulu leur offrir la distraction de voir passer les bateaux, en chaînés à un réverbère ou dissimulés dans un jardinet.
Robustes avec des porte-bagages avancés portant diverses caisses ou réserves, maigrichons avec un squelette sur lequel se greffent le minimum d’accessoires, dotés de fauteuils pour bambins qui auront le nez dans le vent ou dans le dos du parent pédaleur, équipés de sacoches multicolores ou transformés en triporteur pour famille précoce et nombreuse, élégants ou racés dans des habits colorés, de services, de livraison, de transport, les cycles amstellodamois constituent une véritable vélodiversité sociale. Ils illustrent une mentalité que peu de pays ont, puisque l’on compte presque autant de bicyclettes que d’habitants ( 99 %). Il est vrai que la platitude des pistes aide considérablement aux déplacements mais il faut une belle volonté pour sortir sous la pluie pour aller à l’école, au boulot ou faire ses courses. Le tram ou les bateaux pour piétons et vélos contribuent également à cette mobilité consentie qui fait d’Amsterdam un contre-exemple détruisant tous les poncifs sur l’impossibilité de développer des alternatives à l’automobile symbole de la réussite. La vraie liberté… Elle est où la vraie liberté ?

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Cet article a 5 commentaires

  1. J.J.

    Quelle superbe épopée tu nous contes là ! C’est la pédalée des Walkyries !

    1. Saubi Jean Jacques

      C’est exactement ce que j’ai ressenti lors d’une balade récente à Amsterdam et j’ai souvent regretté de ne pas avoir fait un stage d’écarteur dans les Landes!…..

  2. Michel Frindel

    Dimension Data et ASO ont placé des boitiers sous la selle des coureurs. L’objectif est de proposer un suivi en temps réel de la position des coureurs. Le public peut suivre le positionnement des 198 coursiers au sein de la compétition, chaque jour.

    A propos de selle…! Pour nos cyclistes du dimanche qui se perdent en ville les journées sans voitures à Créon comme à Bordeaux!

  3. mlg

    j’aime aussi!

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