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L'influence de la transgression ordinaire des règles

Si vous voulez connaître l’état réel de la France, il vous suffit de vous installer à la porte d’une école ou d’un collège et d’observer attentivement le comportement social des parents des élèves aux entrées ou aux sorties. Une étude sociologique permettrait de mesurer le rapport qu’entretiennent des parents avec la société dans laquelle ils vivent. Les comportements deviennent en effet révélateurs de la réalité de la citoyenneté. Il faut une grande patience pour ne pas réagir quand comme moi on tente de respecter des principes de vie collective. Il y a un documentaire à réaliser. D’abord quelle que soit la distance à laquelle les enfants habitent le déplacement s’effectue majoritairement en automobile. Plus cette dernière est puissante ou luxueuse, plus les attitudes sous-tendent une supériorité permettant d’enfreindre toutes les règles. Rares, dans le contexte actuel d’angoisse généralisée: rares; sont les chères petites têtes blondes ou brunes autorisées à venir vers leur établissement à pied ou à vélo ! Souvent domiciliée à moins de 500 m ou d’un kilomètre la progéniture a droit à une sorte de « Mac Drive » scolaire consistant à la déposer au plus près de l’entrée sans arrêter le moteur et en l’encourageant à faire attention en traversant ! C’est à dire en le laissant au milieu du trafic et en râlant parce que les « autres font n’importe quoi ». Pour entrer ou sortir il faudrait à la limite aménager des quais d’embarquement dans les cours de récréation avec un sens unique de dépose ou de récupération des élèves. Obésité, irresponsabilité, manque d’autonomie : le chemin vers l’école est formateur !
Ensuite les parents tellement soucieux de la sécurité de leurs enfants stationnent sans vergogne sur les trottoirs ou en double file afin d’être au plus près des élèves libérés par des enseignants qui ne les accompagnent plus comme le veut la loi jusqu’à la porte de sortie surveillée désormais parfois par le personnel communal ou par personne ! On trouve aussi l(a)e conducteur(trice) qui n’hésite pas en évitant de croiser votre regard, à s’installer sur les places réservées aux handicapés. « Je n’en ai pas pour longtemps ! » ou « Qu’est ce que ça peut vous faire ? Vous n’êtes pas handicapé ! » figurent parmi le florilège des remarques adressées à l’importun. En fait on attend l’arrivée du fils ou de la fille pour quitter les lieux avec l’assurance que demain il sera encore possible de griller tout le monde en récidivant selon le même mépris des règles.
Les sens interdits ? Aucun sens n’est interdit ! Peu importe les conséquences imposées à celles et ceux qui respectent les panneaux. Les enfants traversent devant ces conductrices ou conducteurs avides de se dégager le plus rapidement possible de la file qui lambine. Les parkings obligatoirement insuffisants durant quelques minutes feront l’objet de demandes d’agrandissement auprès des élus locaux. Et tous les obstacles destinés à éviter ces comportements et redonner de l’espace sécurisé aux enfants auront du mal à tenir en place. La signalisation au sol a le pouvoir des dessins à la craie sur un tableau noir pour certain(e)s.
En fait dans ce micmac des égoïsmes l’anormalité c’est simplement un comportement qui donne une vision positive de la vie collective. Les parents ou grands-parents qui le montrent sont largement les plus nombreux mais ils sont éclipsés, comme dans bien des domaines par celles et ceux qui ne se rendent pas compte du désastre causé par leur action débridée. Les enfants quel que soit leur âge sont en effet « imprimés » par ce manque de respect. Ils ne retiendront que dans le quotidien tout est possible sans reproche, sans sanction, sans morale. La médiatisation continuelle de faits extrêmes, de violences impardonnables engendre le sentiment que plus rien n’est grave. Elle engendre des réactions immédiates ou à retardement qui pèsent sur le présent et l’avenir. On en reparlera dans quelques décennies.
Les gendarmes ou la police municipale ont autre chose à faire. Certes quand ils débarquent pour ramener un brin de raison, ils s’attirent les foudres des contrevenants qui leur jettent à la figure le fait qu’ils « feraient mieux de s’occuper des trafiquants de drogue ou des terroristes islamistes » : « au lieu de nous empoisonner la vie vous devriez mieux de faire votre boulot en attrapant les délinquants. Moi je suis facile à attraper » . Il n’y a plus aucune retenue dans les propos et les actes dès qu’ils ont le dos tourné.
Le simple respect s’évanouit pour les élèves dès le portail franchi et la libération d’un système éducatif qui leur impose des repères décalés. La réalité s’impose. Elle frappe celui qui prend le temps de regarder autour de lui des sujets simples, des vies ordinaires, des lieux habituels. Pas besoin de reportages à sensations pour vérifier que la morale fout le camp dans ce contexte du laisser-aller et du laisser-faire. Malheur d’ailleurs à celle ou celui qui oserait le rappeler car il serait immédiatement catalogué comme « réactionnaire ». Alors…

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Cet article a 31 commentaires

  1. Bernadette

    Pauvres enfants dans le royaume de la vitesse où tout va vite et mal.

  2. lallemand

    il y a + de 30 ans que cela existe , les enfants de cette époque font la meme chose 1 x parents , c très rarement des personnes qui doivent travailler pour vivre , femme de ……

  3. François

    Bonkour !
    Et oui, J-M ! Quitte à passer pour réactionnaire, je vais argumenter ton brillant exposé d’observateur du proche environnement de l’entrée d’une école à l’heure H de la rentrée ou de la sortie !
    « Plus cette dernière est puissante ou luxueuse, plus les attitudes sous-tendent une supériorité »: mais oui si bien que, si le véhicule est plus modeste, soit l’enfant le refuse ( une 107 est ridicule pour aller à l’école dixit mon petit-neveu, fils d’agent Peugeot ! ! ), soit le conducteur va se garer loin de ta ligne de vue te leurrant ainsi par sa bonne conduite citoyenne !
    « au plus près des élèves libérés par des enseignants qui ne les accompagnent plus »: là, tu fais dans le rétro car il y a longtemps qu’ils sont dans leurs autos fuyant cet endroit où, autrefois, ils vivaient faisant preuve d’insertion !
    « Les sens interdits ? Aucun sens n’est interdit ! Peu importe les conséquences imposées à celles et ceux qui respectent les panneaux. » Le téléphone ! Les stops ! Les feux rouges ! Les ronds-points coupés ! D’ailleurs, pour ces derniers, j’ajouterai « avec ta complicité …passive » car, quand je vois les bus arborant un « transport d’enfants » ( donc formateurs ) aux couleurs du Conseil Départemental ( dont tu es le grand argentier ), ces bus jouant allégrement du clignotant … pour couper ces ronds-points, je me dis que là, oui vraiment, que font les gendarmes occupés à piéger avec les lunettes électroniques si ce n’est faire du chiffre ! Où est la prévention ?
    Un dernier point pour le lecteur: si vous passez à Créon, évitez le carrefour de la maternelle vers 9 h ou 17 h: en plus de la perte de temps, vous risquez d’être habillés pour les hivers prochains !
    Cordialement.

    1. Bernadette

      La dette de la France s’élève à plus de 2000 milliards d’euros, les gendarmes ont pour mission de renflouer les caisses. Quant au vécu sur le territoire, c’est toujours la loi du plus fort, du plus riche, du plus beau, du plus svelte, de la plus grande gueule….c’est du développement personnel utilisé par nombre d’élus et forcément par la population.

      1. BASTIERE Joël

        Certes vous avez un peu raison, mais n’oubliez pas que ceux-ci aujourd’hui sont moins nombreux qu’hier , voire plan d’anciens gouvernants, et qu’ils sont pour un grand nombre dans l’ombre très exposés. je n’évoquerai pas plus leur durée de travail journalière, hebdomadaire , etc….
        Un peu d’indulgemment à leur égard et beaucoup plus de sens civique pour autrui, en particulier dans l’éducation de nos enfants à travers nos propres comportements . Notamment à la sortie des écoles………..

  4. J.J.

    En tant que vieux machin, je vais vous parler d’un temps que les plus de etc… ne peuvent pas connaître.
    J’ai donc connu un temps où, lorsque nous rentrions dans la cour de notre école, l’agent de ville chargé de surveiller l’entrée (et oui, ça a existé !) saluait les enseignants au garde à vous, et nous serrait même la cuillère !
    Ça nous gênait un petit peu, mais alors personne n’aurait eu l’idée de se garer sur les passages piétons où dans des zones interdites.

    Puis j’ai vu les dégradations des comportements s’accentuer de jours en jours .

  5. Cubitus

    Que je suis content de lire ça. J’ai pesté intérieurement plusieurs années durant en allant chercher mon gamin à la sortie du collège de Créon en constatant l’incivisme, l’indiscipline, l’inconscience et l’irresponsabilité même parfois de ces parents. Si certains avaient pu entrer avec leur putain de bagnole à l’intérieur même du collège, ils l’auraient fait sans sourciller. Allant même parfois jusqu’à menacer verbalement ou à manquer de renverser volontairement les ASVP chargés d’assurer la sécurité des enfants. Il y a vraiment par moment des baffes qui se perdent.

  6. Bernadette

    Monsieur Darmian,

    Oui cela fait déjà longtemps que j’ai observé le.comportement différencié.
    A cela, j’ai besoin de questionner les élus sur leur choix d’aménagement de leur commune.
    Dans plusieurs communes.de Gironde, la valorisation du patrimoine local s’est réalisé en supprimant nombre de parkings, construction de petites ruelles, suppression.des pissotières etc…Non l’homme n’a pas sa place dans cette société qui coûte cher aux
    contribuables. Le handicapé est de plus en plus oublié.

  7. C. Coulais

    Lors de mes deux précédentes mandatures, comme conseiller municipal d’une commune de 1 915 hab., en charge des affaires scolaires, j’avais sollicité l’association des parents d’élèves afin de leur proposer de les aider à mettre en place ensemble un pédibus et un vélibus pour les enfants plus éloignés.
    http://www.reseaumillepattes.org/pedibus/commentcreerpedibus/?PHPSESSID=898343cc3a89423cc932655fd9e888fc
    Fin de non recevoir, par deux fois pour cette commune « argentée »*, dont 70% à 80% des enfants pouvaient venir à pieds ou à vélo. Les parents sont bien trop pressés pour conduire à l’école leurs progénitures, pour ensuite papoter devant le portail ou au café du village…ou aller faire les magasins.
    *revenu fiscal / pop INSEE 2015 = 17 143€
    Autre cas de danger, les retardataires qui ne roulent ni au pas, ni à 30km/h aux abords des écoles !

  8. Bernadette

    A libourne, près du Cefil, du Lycee , des quais, il est de plus en plus difficile de se garer.
    Autour du CHR de Libourne, j’espère que des parkings sont prévus. Aucune information
    A st André de Cubzac même chose, venir à des obsèques pour une personne âgée, le parking de proximité a été supprimé. La personne âgée qui se déplace avec son véhicule doit aller se garer à quelque part. La marche c’est bien pour quelqu’un qui peut marcher.

    1. François

      Je tiens à vous signaler que ces « parents  » ont été enfants donc élèves ! Je vous l’accorde: ce n’est pas une réussite ! !
      Amicalement.

    1. Bernadette

      Entièrement d’accord, dévier momentanement la circulation pour permettre aux parents de déposer leurs enfants.

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