En été il faudrait rendre leur égalité aux jours de la semaine. En effet il n’y a aucune raison pour celles et ceux qui sont en vacances que l’on affronte un dimanche soir ou un lundi matin…sauf à vouloir saper le moral des inactifs voyant se rétrécir les congés. Impossible de ne pas penser qu’une semaine se termine avec ses bons ou ses mauvais souvenirs et que les débuts de l’autre peuvent être pires surtout si l’on se fie aux prévisions météorologiques ! Peu de monde au camping, dans le gîte ou dans sa maison sait qu’il doit cette préoccupation à l’empereur romain Constantin qui décida de donner du repos à ses ouailles dans le respect des doctrines astrologiques juives et gréco-romaines qui attribuent toutes deux les planètes connues – au nombre de sept avec le Soleil – à différents jours de la semaine. Un de ceux-ci est dédié à l’astre solaire, comme en atteste encore l’étymologie des mots anglais « sunday » et allemand « sonntag », littéralement « jour du Soleil ». A l’époque les astres géraient la vie et tout était plus simple.
Lors des journaux télévisés certains prédicateurs de bonne aventure céleste s’évertuent à détruire les espoirs de journées ensoleillées ou à tenter de leur expliquer que l’amélioration attendue devrait être rapide. Les cartes se succèdent avec un lundi maussade, un mardi improbable, un mercredi en progrès, un jeudi lumineux, un vendredi chaleureux avec des orages le samedi pour de la pluie le dimanche. Il faudrait interdire ces prévisions hebdomadaires le soir où justement on n’a pas envie de parler de l’avenir… surtout quand on doit compter sur les doigts d’une main les jours restant à buller à la maison ou ailleurs. L’angoisse du « jour du saigneur » des espoirs de repos parfait prend à la gorge et le moral prend un sacré coup lors de l’apparition d’un carte n’étant pas du tout vierge de signes déprimants. Un éclair par ci, des nuages par là, de l’alerte orange et un soleil qui ne situe jamais à l’endroit où on le veut et aucune certitude sur le déroulement exact des festivités pèsent sur le moral des troupes à bronzer.
Le dimanche ne diffère guère des autres jours sauf si on se fait une obligation de dévot ravi de revenir dans un lieu de culte méconnu ou nostalgique. Il n’a plus son rôle particulier dans le défilé hebdomadaire des jours de labeur. On s’est levé à la même heure que le reste de la semaine. Le petit-déjeuner n’a pas été valorisé au lit ou avec des croissants chauds… Il est similaire aux autres rendez-vous similaires de vacances car rien ne justifie une attention particulière. Et si on a traîné pour venir à table ce n’est pas parce que on a besoin de rompre avec les rythmes des journées antérieures mais tout simplement car c’est ainsi depuis son arrêt de travail. Inutile d’aller plus loin : le dimanche n’a aucun sens durant les congés sauf à rappeler qu’une semaine vient de s’achever !
Le plus terrible de tous c’est celui qui précède la reprise. La météo n’a alors plus aucune importance et on se contrefout des hectopascals et on fait un doigt d’honneur à ce foutu anticyclone des Açores qui a fait exprès de bouder dans le Golfe de Gascogne durant toutes vos vacances. Il y aurait même un petit plaisir sadique à constater que le territoire quitté est parsemé de nuages noirs ou d’orages possibles.
Dans le fond en été il ne devrait y avoir que des lundis matins. En effet qu’y-a-t-il de plus agréable que ce sentiment profond en ouvrant un œil, généré par le fait que le réveil n’a pas oublié de sonner et que rien ne vous oblige vraiment à lui demander quelle heure est-il ? Une sorte de vengeance envahit le vacancier ou simplement celui qui est en congés vis à vis de tous les mauvais moments passés en tentant de se persuader qu’il est impossible de ne pas répondre à l’appel du devoir. C’est vrai que parfois il faut tempérer avec ce qui devient malheureusement une chance : avoir du boulot et donc des congés payés ! En vous persuadant que la semaine n’est qu’un succession de lundis heureux vous embellirez votre été jusqu’au moment où il faudra revenir à la réalité.
Il arrive parfois que l’été ne soit pas la saison favorite pour les travailleurs car il existe un vrai plaisir à bosser quand il y a peu de monde sur la route, peu de monde au bureau et à l’usine. La pression baisse et on se sent beaucoup plus libre qu’antérieurement ce qui fait que l’on ne stresse pas trop le dimanche soir. Si votre supérieur a pris le large, si votre rythme de travail vous permet une terrasse des rares cafés ouverts début août avec une salade et un demi, si le téléphone ne trépigne pas sans cesse vous vivez autrement la période estivale. Le stress reviendra plus tard quand tout le monde sera devant sa télé au moment où on reparlera de la pluie ou du beau temps… pour la semaine !
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