Dites "Bercy" et taisez vous !

Depuis que j’ai l’opportunité de côtoyer le pouvoir parisien, je ne cesse de ressasser qu’il n’est pas où on le croit à travers le prisme médiatique. Même s’ile ne faut pas caricaturer outrancièrement le système on peut affirmer que le vrai lieu dans lequel tout se décide n’est absolument pas au château l’Elsyée mais la « forteresse » moderne de Bercy. On y fait absolument ce que l’on veut et on se moque pas mal des volontés politiques. Une trentaine de hauts fonctionnaires pond ce que j’appelle les notes de l’impossible ». Quel que soit le ministre qui demande une mesure ou qui propose une loi ou un décret il doit se soumettre au visa de ces surveillants généraux de l’orthodoxie financière. Au mieux ils alertent au pire ils s’opposent et souvent ils refusent ! Ils fournissent une masse d’arguments afin que les projets soient renvoyés aux calendes grecques…ou classés verticalement ! Ce sont eux en effet qui ont le pouvoir de faire vivre ou de tuer tout réforme sans aucun contrôle véritable. Ils publient ce qu’ils veulent diffuser. Ils oublient ce qu’ils souhaitent cacher. Ils arrangent les rapports à leur manière. Bref ils font absolument ce qui correspond à leur vision de la gestion ou à leur volonté de suivre la ligne libérale européenne. Les affronter c’est se condamner à ne plus jamais avoir le droit à exister. Ces gens formant une sorte de caste ne se plient surtout pas aux demandes politiques car ils les considèrent comme émanant d’élus n’étant pas à leur niveau ! Si par hasard les document sollicités mettent en péril la « ligne » officielle il ne faut pas attendre uen communication rapide et même une absence totale de réponse !

La rapporteur générale au budget à l’Assemblée Valérie Rabault s’est donc rendue au ministère des Finances pour obtenir des pièces qu’elle réclamait en vain depuis des semaines. En vue de préparer les discussions sur le projet de budget rectificatif 2014, examiné le 18 juin en commission des Finances, Valérie Rabault « avait posé un certain nombre de questions par écrit il y a trois semaines, puis, de nouveau, lors de l’audition (du secrétaire d’État au Budget, Christian Eckert), a déclaré sa collègue PS Karine Berger, également membre de la commission des Finances. Elle attendait que l’on daigne lui répondre ! De quoi se mêle-t-elle d’autant que son questionnement portait sur les recettes… prévues par des services ultra-compétents !

Faute de réponse et usant des « droits de contrôle » que lui confère la loi organique relative aux lois de finances, cette députée s’est rendue à Bercy pour obtenir ces données, notamment les simulations sur les mesures fiscales envisagées pour les ménages et les entreprises dans le projet de loi de finances rectificative. Interrogé, Bercy n’avait pas réagi vendredi en milieu d’après-midi. En avril 2013, le prédécesseur de Valérie Rabault, qui n’est autre que… Christian Eckert, s’y était rendu, mais pour y consulter des dossiers fiscaux (le dossier UBS et le fameux fichier HSBC). Il est désormais de l’autre coté otage des services ! Dès que l’on entre à Bercy on n’est absolument plus maître de son destin. On pense pour vous. On compte pour vous. On parle pour vous ! À la même époque, le président de la commission des Finances, Gilles Carrez, qui jouit des mêmes pouvoirs, s’y était également rendu pour vérifier des informations sur le dossier Cahuzac. Plusieurs députés PS comme Sandrine Mazetier, Yann Galut ou Daniel Goldberg ont salué la démarche de leur collègue… qui devrait être soutenue par tous les parlementaires !

Il leur faudrait en effet qu’ils fassent leur boulot en ne votant pas des chiffres non vérifiés. Dans le projet de loi de finance rectificatif, le gouvernement (disons plutôt les fonctionnaires de Bercy) a en effet revu à la baisse ses prévisions de recettes de l’année. Au total, les recettes fiscales ne seront pas de 284,4 milliards d’euros en 2014, mais de 279 milliards d’euros. Soit un écart de plus de 5 milliards d’euros… Une paille dans les prévisions ! Qui les a faites ? Mystère… Dans le détail, il apparaît en effet que c’est en particulier du côté de l’impôt sur le revenu qu’ont été surestimées les rentrées espérées. Prévues initialement à 74,4 milliards d’euros, les recettes ne devraient pas dépasser les 71,2 milliards d’euros. Un écart de 3,2 milliards d’euros qui correspond tout de même à une révision à la baisse de 4,3%…qu’il faudra assumer politiquement !

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Cette publication a un commentaire

  1. gege31

    Je connais bien les pratiques de Bercy qui sont souvent coupables … mais si cette direction met le pied sur le frein de la dette ça embête sûrement les politiques qui, au passage, nous ont coûté deux mille milliards de dette pour financer leur rééleection … Alors pas de leçon des politiques de droite ou de gauche et surtout pas de cri d’orfraie au prétexte que la démocratie serait aux mains d’élus addictes à la dépense … Pour une fois que dans ce pays la dépense est contenue tant mieux. Qu’importe le flacon pouvu qu’on ait l’ivresse

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